Chers compatriotes, tel a été le sujet proposé lors de la finale du championnat interuniversitaire DEBATTONS organisé par le Cabinet 2SC dirigé par Serge Sylva. Cette compétition réunit à chaque édition plus d’une dizaine d’équipes. Ces dernières sont invitées à débattre sur un sujet portant sur les politiques publiques ou sur les questions d’actualité. Chaque équipe est constituée de trois joueurs et a droit à sept passages de trois minutes pour convaincre de la validité de sa position. Elle a mis aux prises l’équipe de SUPDECO et celle de l’UGB. Au terme de cette campagne victorieuse, les débatteurs de l’UGB que nous sommes ont jugé nécessaire de contribuer modestement au débat sur l’émergence du Sénégal. À travers ces lignes, nous faisons état des doutes légitimes qui pèsent sur le projet sénégalais d’émergence.
En soi, le terme « émergence » n’est pas une nouveauté du lexique politico-économique sénégalais. En clair, le 8 décembre 1962 à Dakar, le président Mamadou Dia, dans un discours sur Les politiques de développement prônait une « mutation totale vers une économie de développement ». Le 23 mai 1963 le Président Senghor affirmait que « le but que nous devons nous assigner (…) ne peut être que (…) le développement par la croissance économique ». Mamadou Lamine Loum, dernier premier ministre sous Diouf, en fait mention dans son discours de Déclaration de politique générale. Plus récemment, dans son discours à la nation de 2011, le président Wade déclara : « les fondamentaux de notre économie restent solides… nous permettant de réaliser notre ambition pour un Sénégal émergent ». D’ailleurs, le DPES (Document de politique économique et sociale), mis en place en 2011, jetait les bases de l’émergence pour le Sénégal après les politiques de réduction de la pauvreté (DSRP I, DSRP II et SCA).
Si aujourd’hui encore l’équation de l’accès à l’émergence du Sénégal se pose, c’est que les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Mais fort opportunément, dirait-on non sans réticence, le président Macky Sall, après avoir mis en place la SNDES (Stratégie nationale de développement économique et sociale), l’a rapidement « enterrée » pour annoncer en 2013, le PSE, résolument destiné à trouver la voie de l’émergence. Mais d’abord, que renferme la notion d’émergence ?
La paternité du terme « émergence » est attribuée en 1981 à l’économiste néerlandais Antoine van Agtmael, de la Société financière internationale. Le qualificatif renvoyait aux pays en voie de développement offrant des opportunités pour les investisseurs. Malgré les ambigüités actuelles du concept, un fort taux de croissance, des entreprises très fortes, des économies ouvertes, une place centrale pour la monnaie... ont notamment gagné l’adhésion de bien des économistes. Globalement, on retiendra avec l’économiste Moubarack LÔ que l’émergence est multidimensionnelle ; elle est notamment économique et sociale.
Mais à y voir de plus près, en soumettant la théorie à l’analyse pratique, les discours à l’épreuve des faits, l’on est tenté de donner raison à l’enseignant-chercheur Mamadou DIMÉ, dans son article, « L’émergence en lieu et place du développement au Sénégal : changement cosmétique, nouvelle mode institutionnelle ou (r)évolution paradigmatique ? », préparé pour la 14e Assemblée générale du CODESRIA, où il nous renseigne, à la page 14, que « l’émergence est devenue, actuellement au Sénégal, une notion marketing, un slogan politique et un concept clef dans la phraséologie gouvernementale ».
En outre, il n’est pas d’utilité à rappeler que la situation économique est peu reluisante. Le Sénégal appartient à la zone-franc où les quatre principes fondateurs (fixité des parités, liberté transférabilité, convertibilité illimitée et compte d’opération) n’ont fait que rendre notre économie agonisante contrairement à ce qui est prétendu de samaritain. Le Sénégal est frontalier avec des régions sous la menace constante du terrorisme. Le Sénégal appartient à un environnement communautaire des affaires qui souffre encore d’insécurité juridique et judiciaire. C’est le pays où les réformes structurelles et institutionnelles semblent se faire à coup de tâtonnement, de forcing et de bras de fer ; le pays où des acquis constitutionnels sont insidieusement bafoués. C’est aussi le pays où le secteur privé est aux abois, le système éducatif malade, l’agriculture sous perfusion, la balance commerciale déficitaire, où le taux de croissance laisse à désirer. C’est le pays où, sous le masque de l’attraction des investisseurs et des accords de partenariat, on cache les affres de l’aide publique au développement et de la dette. Décidément, le Sénégal réunit toutes les conditions qui nous permettent de penser avec Jean-Michel Severino et Olivier Ray dans Le temps de l’Afrique publié à Odile Jacob en 2010, que la croissance économique actuelle et tous les discours sur l’émergence s’apparentent à un leurre.
La vérité est que le gouffre qui sépare le Sénégal des pays émergents est si large qu’il sera extrêmement difficile qu’un pont, eusse-t-il les allures d’un plan d’émergence -à l’efficacité suspecte-, puisse en réunir les rives. Les obstacles sont dirimants et ce, à tous les niveaux.
À propos où est ce secteur privé sénégalais fort, moderne et dynamique capable de relever notre productivité et de financer notre émergence ? La réponse à cette question est simple : il n’existe pas. La réalité du secteur privé, c’est un impôt sur les sociétés de l’ordre de 30%, une offre de financement inadaptée avec une floraison de banques dont les objectifs ne cadrent pas avec les exigences de développement ; une électricité chère (115 francs le kilowatt heure), une faible insertion dans la commande publique... Que dire enfin d’un secteur privé dominé à 90% par l’informel à l’heure où les entreprises du monde émergent se sont modernisées et opèrent sur les modèles B.O.O.T (Build our operate transfer) ?
Par ailleurs, avec l’étroitesse de notre marché économique et financier, le salut devrait venir de nos contributions aux échanges extérieurs comme l’ont compris tous les pays émergents. Mais là encore, point d’espoir. Le Sénégal a une balance commerciale déficitaire depuis 1967. Une tendance qui ne s’estompe pas. La DPEE dans le rapport Situations économiques 2014 et perspectives 2015 paru en octobre 2014 annonçait un déficit de 82,5 milliards. Et cette tendance aussi n’est pas prête de s’estomper, vu que notre secteur primaire ne nous permet pas d’exporter des matières brutes, vu que notre appareil de production ne permet pas de contribuer aux échanges de produits manufacturés.
Ce tableau sombre ce renforce d’autant plus que les flottements budgétaires laissent suinter un véritable problème de financement. En effet, l’axe 1 du PSE, le plus important, concerne la Transformation structurelle de l’économie et croissance et concentre 65,1% des dépenses en capital selon la Loi de finances 2015 ; loi qui établit le budget à 2.869,032 milliards et en alloue 215 aux projets du PSE. Ainsi, pour le financement effectif des PAP (Plan d’action prioritaire), le gouvernement mise sur deux voies : l’investissement public et le secteur privé. Soit.
Mais, on peut émettre de sérieux doutes sur leurs capacités de financement. Comment le gouvernement parviendra à l’investissement public avec une masse salariale ahurissante (1 348. 44504 milliards, soit 47% du budget), un service de la dette élevé (500 milliards), un IDE faible (à peine 2% du PIB) et un budget d’une soutenabilité faible selon le Dr Youssoupha Diagne de la DPEE ? En ce qui concerne le secteur privé, nous venons de démontrer les contraintes monstres qui le cernent. Certes, le document de travail de la DPEE portant sur Le financement de l’économie au Sénégal paru en Septembre 2014 fait état des structures étatiques d’aide au financement à savoir le FONSIS, le FONGIP et la BNDE. Mais là aussi, cette multiplication/inflation de structures à l’approche hyper institutionnaliste reproduit le problème de connaissance, de reconnaissance, d’accessibilité et d’accountability de la plupart de nos services publics. Verra-t-on jamais la consécration des missions assignées ? Nous sommes dubitatifs vu les expériences.
D’un autre côté, l’on assiste à un retour en force de la dette publique. Le Sénégal revient à un niveau d’endettement proche de la situation de 2006 au titre de l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale (IADM). En toute logique, quand la balance commerciale est déficitaire, la balance des capitaux est excédentaire. Cela témoigne d’une extraversion de l’économie. Partant, plus la balance commerciale est en déficit, plus l’État s’endette. Par conséquent, les flux financiers pour assurer la continuité de l’accumulation de la dette sont-ils mis en œuvre vu les sentiers de l’émergence en cours ou annoncés (autosuffisance en riz, UNIDAK 2, USSK, Autoroute Ila Touba, les emplois jeunes, l’enveloppe des régions…) par le Président Sall lors de son discours à la nation le 31 décembre 2014 ou ses sorties officielles?
Toutes choses égales par ailleurs, la souveraineté économique est une exigence à la réussite de tout projet de développement. Les pays émergents sont ceux qui ont su se dépêtrer de la toile tissée par les institutions financières internationales. À ce propos, Alain Piveteau et Éric Rougier (2010) dans leur article « Émergence, l’économie du développement interpellée », nous apprennent que « le modèle des pays émergents correspondrait à une forme d’économie mixte, tant ces pays ont su raisonnablement s’éloigner des règles libérales du consensus de Washington ». Or, le carcan du FMI et de la Banque mondiale nous ôte toute marge de manœuvre en matière de politique publique. De telles institutions nous maintiennent dans un système tel que nous subissons plus que nous ne décidons. L’Instrument de soutien à la politique économique (ISPE) du FMI n’est-il pas déconcertant pour le rétablissement de la balance des paiements ? Madame Christine Lagarde, dans son allocution à l’Assemblée nationale le 31 janvier 2015, ne pose-t-elle pas encore des conditions ?
Loin de nous l’idée de jeter le « bébé émergence » avec l’eau du bain mais, en l’absence de réponses concrètes à ces questions, l’émergence ne cessera d’appartenir au monde des utopies, des rêves, des calendes grecques et autres fantasmagories.
Le PSE, il est vrai, prône un équilibrage de notre balance commerciale. Mais que ferons-nous du joug de l’OMC et des APE ? Le libre-échange prôné par l’OMC et matérialisé par les APE est une des nombreuses causes du déficit de notre balance commerciale. En fait ces règles empêchent notre pays d’écouler sa production locale dans le marché international. Un marché dont les règles sont fixées à l’avance par nos concurrents directs, des concurrents qui subventionnent leurs produits et qui nous empêchent d’en faire autant ? L’inspecteur des impôts, Ousmane Sonko, et non moins membre du « Collectif Non aux APE », invité à l’Émission Grand Jury du 15 février 2015 à la RFM, n’a que trop raison de nous rappeler que « les APE nous font abandonner les recettes souveraines. Ainsi, ce sont 130 milliards de recettes par an abandonnées ». En outre, Phillip English, économiste en chef de la Banque mondiale au Sénégal (lors du Point économique mensuel organisée par la DPEE le 11 février), remarque que le problème principal, c’est qu’il n’y a pas assez d’exportations au Sénégal.
Eu égard à de pareilles considérations, l’on ne peut s’empêcher de donner raison à Moustapha KASSE dans son ouvrage, Le développement par l’intégration, NEAS, 1991, où l’auteur mentionne à la page 4 que, malgré les déclarations d’intention pour l’émergence, les résultats sont partout mitigés. C’est dire que le décollage faussé du Sénégal résulte de causes parfois insoupçonnées. L’on conviendra certainement qu’on ne peut prétendre au développement si nous n’avons pas le contrôle de notre commerce et de notre industrie. D’ailleurs, le 20e président des États-Unis, James Garfield, a dit un jour que « dans un pays, celui qui contrôle la monnaie devient le maitre absolu de toute industrie et de tout commerce ». Or, nous n’avons pas le contrôle de notre monnaie. Ainsi notre espoir d’émergence est enlisé, notamment par un mécanisme de la zone franc : celui du compte d’opération. Nous tendons la main à travers le monde. Nous courons les marchés financiers pour emprunter de l’argent. Nous ne pouvons pas construire par nous-même écoles, autoroutes ou hôpitaux, ni faire vivre décemment l’écrasante majorité de nos concitoyens faute de liquidités. Mais, nous sommes obligés de déposer 50% de notre argent dans un compte situé à la Rue Croix des Petits Champs dans le 1er arrondissement de Paris !
En outre, une émergence ne peut s’accommoder que de réformes de qualités. Mais la qualité c’est aussi bien dans le fond que dans la forme, dans le contenu et la démarche. Malheureusement, pour cause de précipitations, de calculs et de casting politiques et politiciens, l’on n’est presque stupéfait devant les incohérences internes de nos réformes. Quant à la démarche, on sera d’intelligence avec la logique et l’évidence que le succès d’une stratégie dépend de l’adhésion des principaux acteurs du secteur. C’est encore dommage, mais le Rapport de la CNRI (Commission nationale de réforme des institutions) de décembre 2013 est formel même s’il y a des points à revoir. Le dialogue social est dans l’impasse dans plusieurs secteurs notamment l’éducation.
Pourtant, la Banque mondiale est formelle : « sans une meilleure éducation, l’Afrique ne peut espérer imiter le miracle asiatique.» Or, à tous les niveaux de l’éducation, le système est en crise et n’arrive pas à s’adapter aux mutations de la société et aux évolutions du monde. Les faits sont largement révélateurs du désarroi de notre pays en mal de chercher sans jamais trouver la voie de l’émergence. Qui n’est pas témoin des bras de fer incessant entre l’administration centrale qui étend outre mesure ses tentacules sur les franchises universitaires et les syndicats d’enseignants dont l’autonomie est très souvent débordante ? Qu’en est-il de l’Acte III de la décentralisation aux allures de stratégie politicienne ? Qu’en est-il du statut des dahras à l’unilatéralisme déconcertant ? Et d’autres !
Et les sénégalais dans tout cela ? Avons-nous compris les enjeux de l’émergence ? Y-a-t-il une réappropriation du concept par tous, partout et déjà ? Nos comportements sont-ils en phase avec l’émergence ? L’histoire récente nous a appris que l’émergence appelle une véritable révolution. Or, la matière première de toute révolution c’est l’être humain, l’homme. L’émergence est portée par des leaders justes, intègres capables de tracer des politiques publiques claires et objectives dénuées de toute considération politicienne et partisane. L’émergence n’a de sens que si le sénégalais de la rue s’approprie, fait sienne cette exigence et s’efforce de la rendre possible chaque jour. Malheureusement les comportements des dirigeants, cadres et simples citoyens que nous sommes ne cadrent pas encore avec les exigences de l’émergence.
Combien sommes-nous à arriver en retard au travail, à l’école, à nos rendez-vous d’affaire ? Combien sommes-nous à cultiver la facilité, le manque de rigueur, à préférer l’amitié aux compétences, la parenté à la connaissance ? Combien sommes-nous à nous complaire dans le maasla, le yallah bakhna et le taf yeungueul ?
Voilà des attitudes presque banales qui rythment notre quotidien et qui nous coûtent chers, trop chers. Justement, dans son Rapport sur le développement de 2013, la Banque mondiale nous apprend que les lacunes humaines et autres lenteurs bureaucratiques coutent chaque année au Sénégal 1,7 % de son P.I.B, soit 125 milliards de F CFA.
Le Sénégal est malade de lui-même, d’un mal incompatible avec toute idée d’émergence. Une émergence ne va pas de pair avec la politique sans principe. Emergence ne rime pas avec richesse sans travail ou plaisir sans conscience. Point d’émergence, si nous traitons les affaires sans morale, si nous voulons acquérir la connaissance sans volonté ni sacrifice. Tels sont les maux dont nous devons d’abord guérir. Alors, cessons de mettre éternellement les charrues avant les bœufs !
Arrêtons de décréter des politiques publiques qui ne font l’objet d’aucune compréhension ni appropriation de la part de la majorité des sénégalais. De grâce arrêtons, le temps d’un instant ce bal des mots et mettons-nous à la quête des germes de notre émergence. Respirons profondément et mettons-nous à la quête de remède, les germes, les graines de notre émergence car d’après un proverbe chinois, « pour que les fleurs tiennent leurs promesses, il faut veiller à ensemencer la bonne graine »
En définitive, on l’aura sûrement perçu, ce sur quoi se fonde cette émergence ne porte qu’un nom, un seul: l’espoir. L’espoir de voir fleurir un jour les potentialités du pays. Mais devons-nous nous résigner et attendre ? Assurément pas ! Surtout lorsque la Côte d’Ivoire et le Rwanda, malgré leurs crises sociopolitiques renversantes, ont désormais des taux de croissance de l’ordre de 7-8% au moment où notre pays connait des régressions incessantes sur son taux, à peine 4%, et un classement à l’IDH du PNUD à la 163e place sur 183 pays en 2014.
Emergence. C’est aujourd’hui le maitre-mot. Mais pour cela, point d’onction, il faut se faire violence pour l’atteindre vaillamment. Notre pays a besoin de réformes fortes pour l’établissement de ce qu’Elinor Ostrom, première femme Prix Nobel d’Économie, appelle « les règles de choix collectif » : celles qui définissent le consensus social autour des principes permettant de réguler les biens communs. Mais quelle réforme ? Pour quelle application ? Car il semble y avoir, dans ce pays, une crise du consensus et de la confiance. On n’est même pas d’accord sur ce sur quoi on n’est pas d’accord ! Vous imaginez ?
A-t-on dialogué depuis les indépendances de manière sincère sur le Sénégal que nous voulons réellement ? Non. A-t-on évalué notre modèle bureaucratique pour la mise en œuvre des politiques publiques ? Non. A-t-on discuté de l’insécurité culturelle déconcertante résultant du régime de la pensée unique de la mondialisation ? Des contre-valeurs qui agissent comme une métastase tueuse de l’élixir de notre population ? Non. Au lieu de partir des dynamiques territoriales du Sénégal d’en bas pour extraire la sève nourricière du développement, le PSE, qui se dit un projet de société, nous sort tout droit des officines d’un cabinet étranger ! Où est la self-reliance ? l’autonomie sociale ? la souveraineté ?
Pour la productivité de notre commun vouloir de vie commune, il faut impérativement un changement de comportement et plus de responsabilité démocratique de nos institutions. Car, autrement, tout projet, fut-il pertinent, est voué à l’échec. Dès lors, ce déclic pour façonner notre manière de penser et d’agir, c’est nous, chacun d’entre nous, patriote jusqu’au bout des ongles, imbu de vertu et moulé d’éthique inébranlables, fortement attaché à cette chose honorable, harmonieuse et élégante que l’on nomme res publica !
Chers compatriotes, voilà ce que fut l’assise de notre position. Cependant, nous avons pris plaisir à apprendre de nos co-débatteurs, tout aussi admirables. Car, l’objectif de tout débat, pour nous, c’est la recherche d’une voie consensuelle, une synthèse des vues divergentes pour trouver ensemble le salut. « Mon frère, si tu diffères de moi, écrivit Antoine de Saint-Exupéry, loin de me léser, tu m’enrichis ». C’est dans cette dynamique que nous nous sommes employés au cours des cinq matchs qui nous ont conduits en finale. Nous avons toujours eu une grandeur d’esprit qui nous fait concilier bienheureusement le sceau de la scientificité et le poing du patriotisme. Oui, c’est possible et là, nous nous adressons à ces débats, à la radio et à la télévision, qui obstruent la vérité au nom des couleurs politiques. Fort heureusement, Vincit omnia veritas !
Malgré notre jeune âge, nous sommes conscients des enjeux et des défis de l’heure et ceux futurs, et nous ne demandons, n’attendons, n’aspirons qu’à servir. Servir sous peine de déchoir !
Par : DJIBY BA, MOUHAMADOU NDIAYE SARR et SERIGNE MOMAR SARR,
Équipe des Débatteurs de l’UGB, 2013-2014.
Papedjibyba87@gmail.com
mouhndsarr@hotmail.com
smomarsarr@gmail.com
En soi, le terme « émergence » n’est pas une nouveauté du lexique politico-économique sénégalais. En clair, le 8 décembre 1962 à Dakar, le président Mamadou Dia, dans un discours sur Les politiques de développement prônait une « mutation totale vers une économie de développement ». Le 23 mai 1963 le Président Senghor affirmait que « le but que nous devons nous assigner (…) ne peut être que (…) le développement par la croissance économique ». Mamadou Lamine Loum, dernier premier ministre sous Diouf, en fait mention dans son discours de Déclaration de politique générale. Plus récemment, dans son discours à la nation de 2011, le président Wade déclara : « les fondamentaux de notre économie restent solides… nous permettant de réaliser notre ambition pour un Sénégal émergent ». D’ailleurs, le DPES (Document de politique économique et sociale), mis en place en 2011, jetait les bases de l’émergence pour le Sénégal après les politiques de réduction de la pauvreté (DSRP I, DSRP II et SCA).
Si aujourd’hui encore l’équation de l’accès à l’émergence du Sénégal se pose, c’est que les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Mais fort opportunément, dirait-on non sans réticence, le président Macky Sall, après avoir mis en place la SNDES (Stratégie nationale de développement économique et sociale), l’a rapidement « enterrée » pour annoncer en 2013, le PSE, résolument destiné à trouver la voie de l’émergence. Mais d’abord, que renferme la notion d’émergence ?
La paternité du terme « émergence » est attribuée en 1981 à l’économiste néerlandais Antoine van Agtmael, de la Société financière internationale. Le qualificatif renvoyait aux pays en voie de développement offrant des opportunités pour les investisseurs. Malgré les ambigüités actuelles du concept, un fort taux de croissance, des entreprises très fortes, des économies ouvertes, une place centrale pour la monnaie... ont notamment gagné l’adhésion de bien des économistes. Globalement, on retiendra avec l’économiste Moubarack LÔ que l’émergence est multidimensionnelle ; elle est notamment économique et sociale.
Mais à y voir de plus près, en soumettant la théorie à l’analyse pratique, les discours à l’épreuve des faits, l’on est tenté de donner raison à l’enseignant-chercheur Mamadou DIMÉ, dans son article, « L’émergence en lieu et place du développement au Sénégal : changement cosmétique, nouvelle mode institutionnelle ou (r)évolution paradigmatique ? », préparé pour la 14e Assemblée générale du CODESRIA, où il nous renseigne, à la page 14, que « l’émergence est devenue, actuellement au Sénégal, une notion marketing, un slogan politique et un concept clef dans la phraséologie gouvernementale ».
En outre, il n’est pas d’utilité à rappeler que la situation économique est peu reluisante. Le Sénégal appartient à la zone-franc où les quatre principes fondateurs (fixité des parités, liberté transférabilité, convertibilité illimitée et compte d’opération) n’ont fait que rendre notre économie agonisante contrairement à ce qui est prétendu de samaritain. Le Sénégal est frontalier avec des régions sous la menace constante du terrorisme. Le Sénégal appartient à un environnement communautaire des affaires qui souffre encore d’insécurité juridique et judiciaire. C’est le pays où les réformes structurelles et institutionnelles semblent se faire à coup de tâtonnement, de forcing et de bras de fer ; le pays où des acquis constitutionnels sont insidieusement bafoués. C’est aussi le pays où le secteur privé est aux abois, le système éducatif malade, l’agriculture sous perfusion, la balance commerciale déficitaire, où le taux de croissance laisse à désirer. C’est le pays où, sous le masque de l’attraction des investisseurs et des accords de partenariat, on cache les affres de l’aide publique au développement et de la dette. Décidément, le Sénégal réunit toutes les conditions qui nous permettent de penser avec Jean-Michel Severino et Olivier Ray dans Le temps de l’Afrique publié à Odile Jacob en 2010, que la croissance économique actuelle et tous les discours sur l’émergence s’apparentent à un leurre.
La vérité est que le gouffre qui sépare le Sénégal des pays émergents est si large qu’il sera extrêmement difficile qu’un pont, eusse-t-il les allures d’un plan d’émergence -à l’efficacité suspecte-, puisse en réunir les rives. Les obstacles sont dirimants et ce, à tous les niveaux.
À propos où est ce secteur privé sénégalais fort, moderne et dynamique capable de relever notre productivité et de financer notre émergence ? La réponse à cette question est simple : il n’existe pas. La réalité du secteur privé, c’est un impôt sur les sociétés de l’ordre de 30%, une offre de financement inadaptée avec une floraison de banques dont les objectifs ne cadrent pas avec les exigences de développement ; une électricité chère (115 francs le kilowatt heure), une faible insertion dans la commande publique... Que dire enfin d’un secteur privé dominé à 90% par l’informel à l’heure où les entreprises du monde émergent se sont modernisées et opèrent sur les modèles B.O.O.T (Build our operate transfer) ?
Par ailleurs, avec l’étroitesse de notre marché économique et financier, le salut devrait venir de nos contributions aux échanges extérieurs comme l’ont compris tous les pays émergents. Mais là encore, point d’espoir. Le Sénégal a une balance commerciale déficitaire depuis 1967. Une tendance qui ne s’estompe pas. La DPEE dans le rapport Situations économiques 2014 et perspectives 2015 paru en octobre 2014 annonçait un déficit de 82,5 milliards. Et cette tendance aussi n’est pas prête de s’estomper, vu que notre secteur primaire ne nous permet pas d’exporter des matières brutes, vu que notre appareil de production ne permet pas de contribuer aux échanges de produits manufacturés.
Ce tableau sombre ce renforce d’autant plus que les flottements budgétaires laissent suinter un véritable problème de financement. En effet, l’axe 1 du PSE, le plus important, concerne la Transformation structurelle de l’économie et croissance et concentre 65,1% des dépenses en capital selon la Loi de finances 2015 ; loi qui établit le budget à 2.869,032 milliards et en alloue 215 aux projets du PSE. Ainsi, pour le financement effectif des PAP (Plan d’action prioritaire), le gouvernement mise sur deux voies : l’investissement public et le secteur privé. Soit.
Mais, on peut émettre de sérieux doutes sur leurs capacités de financement. Comment le gouvernement parviendra à l’investissement public avec une masse salariale ahurissante (1 348. 44504 milliards, soit 47% du budget), un service de la dette élevé (500 milliards), un IDE faible (à peine 2% du PIB) et un budget d’une soutenabilité faible selon le Dr Youssoupha Diagne de la DPEE ? En ce qui concerne le secteur privé, nous venons de démontrer les contraintes monstres qui le cernent. Certes, le document de travail de la DPEE portant sur Le financement de l’économie au Sénégal paru en Septembre 2014 fait état des structures étatiques d’aide au financement à savoir le FONSIS, le FONGIP et la BNDE. Mais là aussi, cette multiplication/inflation de structures à l’approche hyper institutionnaliste reproduit le problème de connaissance, de reconnaissance, d’accessibilité et d’accountability de la plupart de nos services publics. Verra-t-on jamais la consécration des missions assignées ? Nous sommes dubitatifs vu les expériences.
D’un autre côté, l’on assiste à un retour en force de la dette publique. Le Sénégal revient à un niveau d’endettement proche de la situation de 2006 au titre de l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale (IADM). En toute logique, quand la balance commerciale est déficitaire, la balance des capitaux est excédentaire. Cela témoigne d’une extraversion de l’économie. Partant, plus la balance commerciale est en déficit, plus l’État s’endette. Par conséquent, les flux financiers pour assurer la continuité de l’accumulation de la dette sont-ils mis en œuvre vu les sentiers de l’émergence en cours ou annoncés (autosuffisance en riz, UNIDAK 2, USSK, Autoroute Ila Touba, les emplois jeunes, l’enveloppe des régions…) par le Président Sall lors de son discours à la nation le 31 décembre 2014 ou ses sorties officielles?
Toutes choses égales par ailleurs, la souveraineté économique est une exigence à la réussite de tout projet de développement. Les pays émergents sont ceux qui ont su se dépêtrer de la toile tissée par les institutions financières internationales. À ce propos, Alain Piveteau et Éric Rougier (2010) dans leur article « Émergence, l’économie du développement interpellée », nous apprennent que « le modèle des pays émergents correspondrait à une forme d’économie mixte, tant ces pays ont su raisonnablement s’éloigner des règles libérales du consensus de Washington ». Or, le carcan du FMI et de la Banque mondiale nous ôte toute marge de manœuvre en matière de politique publique. De telles institutions nous maintiennent dans un système tel que nous subissons plus que nous ne décidons. L’Instrument de soutien à la politique économique (ISPE) du FMI n’est-il pas déconcertant pour le rétablissement de la balance des paiements ? Madame Christine Lagarde, dans son allocution à l’Assemblée nationale le 31 janvier 2015, ne pose-t-elle pas encore des conditions ?
Loin de nous l’idée de jeter le « bébé émergence » avec l’eau du bain mais, en l’absence de réponses concrètes à ces questions, l’émergence ne cessera d’appartenir au monde des utopies, des rêves, des calendes grecques et autres fantasmagories.
Le PSE, il est vrai, prône un équilibrage de notre balance commerciale. Mais que ferons-nous du joug de l’OMC et des APE ? Le libre-échange prôné par l’OMC et matérialisé par les APE est une des nombreuses causes du déficit de notre balance commerciale. En fait ces règles empêchent notre pays d’écouler sa production locale dans le marché international. Un marché dont les règles sont fixées à l’avance par nos concurrents directs, des concurrents qui subventionnent leurs produits et qui nous empêchent d’en faire autant ? L’inspecteur des impôts, Ousmane Sonko, et non moins membre du « Collectif Non aux APE », invité à l’Émission Grand Jury du 15 février 2015 à la RFM, n’a que trop raison de nous rappeler que « les APE nous font abandonner les recettes souveraines. Ainsi, ce sont 130 milliards de recettes par an abandonnées ». En outre, Phillip English, économiste en chef de la Banque mondiale au Sénégal (lors du Point économique mensuel organisée par la DPEE le 11 février), remarque que le problème principal, c’est qu’il n’y a pas assez d’exportations au Sénégal.
Eu égard à de pareilles considérations, l’on ne peut s’empêcher de donner raison à Moustapha KASSE dans son ouvrage, Le développement par l’intégration, NEAS, 1991, où l’auteur mentionne à la page 4 que, malgré les déclarations d’intention pour l’émergence, les résultats sont partout mitigés. C’est dire que le décollage faussé du Sénégal résulte de causes parfois insoupçonnées. L’on conviendra certainement qu’on ne peut prétendre au développement si nous n’avons pas le contrôle de notre commerce et de notre industrie. D’ailleurs, le 20e président des États-Unis, James Garfield, a dit un jour que « dans un pays, celui qui contrôle la monnaie devient le maitre absolu de toute industrie et de tout commerce ». Or, nous n’avons pas le contrôle de notre monnaie. Ainsi notre espoir d’émergence est enlisé, notamment par un mécanisme de la zone franc : celui du compte d’opération. Nous tendons la main à travers le monde. Nous courons les marchés financiers pour emprunter de l’argent. Nous ne pouvons pas construire par nous-même écoles, autoroutes ou hôpitaux, ni faire vivre décemment l’écrasante majorité de nos concitoyens faute de liquidités. Mais, nous sommes obligés de déposer 50% de notre argent dans un compte situé à la Rue Croix des Petits Champs dans le 1er arrondissement de Paris !
En outre, une émergence ne peut s’accommoder que de réformes de qualités. Mais la qualité c’est aussi bien dans le fond que dans la forme, dans le contenu et la démarche. Malheureusement, pour cause de précipitations, de calculs et de casting politiques et politiciens, l’on n’est presque stupéfait devant les incohérences internes de nos réformes. Quant à la démarche, on sera d’intelligence avec la logique et l’évidence que le succès d’une stratégie dépend de l’adhésion des principaux acteurs du secteur. C’est encore dommage, mais le Rapport de la CNRI (Commission nationale de réforme des institutions) de décembre 2013 est formel même s’il y a des points à revoir. Le dialogue social est dans l’impasse dans plusieurs secteurs notamment l’éducation.
Pourtant, la Banque mondiale est formelle : « sans une meilleure éducation, l’Afrique ne peut espérer imiter le miracle asiatique.» Or, à tous les niveaux de l’éducation, le système est en crise et n’arrive pas à s’adapter aux mutations de la société et aux évolutions du monde. Les faits sont largement révélateurs du désarroi de notre pays en mal de chercher sans jamais trouver la voie de l’émergence. Qui n’est pas témoin des bras de fer incessant entre l’administration centrale qui étend outre mesure ses tentacules sur les franchises universitaires et les syndicats d’enseignants dont l’autonomie est très souvent débordante ? Qu’en est-il de l’Acte III de la décentralisation aux allures de stratégie politicienne ? Qu’en est-il du statut des dahras à l’unilatéralisme déconcertant ? Et d’autres !
Et les sénégalais dans tout cela ? Avons-nous compris les enjeux de l’émergence ? Y-a-t-il une réappropriation du concept par tous, partout et déjà ? Nos comportements sont-ils en phase avec l’émergence ? L’histoire récente nous a appris que l’émergence appelle une véritable révolution. Or, la matière première de toute révolution c’est l’être humain, l’homme. L’émergence est portée par des leaders justes, intègres capables de tracer des politiques publiques claires et objectives dénuées de toute considération politicienne et partisane. L’émergence n’a de sens que si le sénégalais de la rue s’approprie, fait sienne cette exigence et s’efforce de la rendre possible chaque jour. Malheureusement les comportements des dirigeants, cadres et simples citoyens que nous sommes ne cadrent pas encore avec les exigences de l’émergence.
Combien sommes-nous à arriver en retard au travail, à l’école, à nos rendez-vous d’affaire ? Combien sommes-nous à cultiver la facilité, le manque de rigueur, à préférer l’amitié aux compétences, la parenté à la connaissance ? Combien sommes-nous à nous complaire dans le maasla, le yallah bakhna et le taf yeungueul ?
Voilà des attitudes presque banales qui rythment notre quotidien et qui nous coûtent chers, trop chers. Justement, dans son Rapport sur le développement de 2013, la Banque mondiale nous apprend que les lacunes humaines et autres lenteurs bureaucratiques coutent chaque année au Sénégal 1,7 % de son P.I.B, soit 125 milliards de F CFA.
Le Sénégal est malade de lui-même, d’un mal incompatible avec toute idée d’émergence. Une émergence ne va pas de pair avec la politique sans principe. Emergence ne rime pas avec richesse sans travail ou plaisir sans conscience. Point d’émergence, si nous traitons les affaires sans morale, si nous voulons acquérir la connaissance sans volonté ni sacrifice. Tels sont les maux dont nous devons d’abord guérir. Alors, cessons de mettre éternellement les charrues avant les bœufs !
Arrêtons de décréter des politiques publiques qui ne font l’objet d’aucune compréhension ni appropriation de la part de la majorité des sénégalais. De grâce arrêtons, le temps d’un instant ce bal des mots et mettons-nous à la quête des germes de notre émergence. Respirons profondément et mettons-nous à la quête de remède, les germes, les graines de notre émergence car d’après un proverbe chinois, « pour que les fleurs tiennent leurs promesses, il faut veiller à ensemencer la bonne graine »
En définitive, on l’aura sûrement perçu, ce sur quoi se fonde cette émergence ne porte qu’un nom, un seul: l’espoir. L’espoir de voir fleurir un jour les potentialités du pays. Mais devons-nous nous résigner et attendre ? Assurément pas ! Surtout lorsque la Côte d’Ivoire et le Rwanda, malgré leurs crises sociopolitiques renversantes, ont désormais des taux de croissance de l’ordre de 7-8% au moment où notre pays connait des régressions incessantes sur son taux, à peine 4%, et un classement à l’IDH du PNUD à la 163e place sur 183 pays en 2014.
Emergence. C’est aujourd’hui le maitre-mot. Mais pour cela, point d’onction, il faut se faire violence pour l’atteindre vaillamment. Notre pays a besoin de réformes fortes pour l’établissement de ce qu’Elinor Ostrom, première femme Prix Nobel d’Économie, appelle « les règles de choix collectif » : celles qui définissent le consensus social autour des principes permettant de réguler les biens communs. Mais quelle réforme ? Pour quelle application ? Car il semble y avoir, dans ce pays, une crise du consensus et de la confiance. On n’est même pas d’accord sur ce sur quoi on n’est pas d’accord ! Vous imaginez ?
A-t-on dialogué depuis les indépendances de manière sincère sur le Sénégal que nous voulons réellement ? Non. A-t-on évalué notre modèle bureaucratique pour la mise en œuvre des politiques publiques ? Non. A-t-on discuté de l’insécurité culturelle déconcertante résultant du régime de la pensée unique de la mondialisation ? Des contre-valeurs qui agissent comme une métastase tueuse de l’élixir de notre population ? Non. Au lieu de partir des dynamiques territoriales du Sénégal d’en bas pour extraire la sève nourricière du développement, le PSE, qui se dit un projet de société, nous sort tout droit des officines d’un cabinet étranger ! Où est la self-reliance ? l’autonomie sociale ? la souveraineté ?
Pour la productivité de notre commun vouloir de vie commune, il faut impérativement un changement de comportement et plus de responsabilité démocratique de nos institutions. Car, autrement, tout projet, fut-il pertinent, est voué à l’échec. Dès lors, ce déclic pour façonner notre manière de penser et d’agir, c’est nous, chacun d’entre nous, patriote jusqu’au bout des ongles, imbu de vertu et moulé d’éthique inébranlables, fortement attaché à cette chose honorable, harmonieuse et élégante que l’on nomme res publica !
Chers compatriotes, voilà ce que fut l’assise de notre position. Cependant, nous avons pris plaisir à apprendre de nos co-débatteurs, tout aussi admirables. Car, l’objectif de tout débat, pour nous, c’est la recherche d’une voie consensuelle, une synthèse des vues divergentes pour trouver ensemble le salut. « Mon frère, si tu diffères de moi, écrivit Antoine de Saint-Exupéry, loin de me léser, tu m’enrichis ». C’est dans cette dynamique que nous nous sommes employés au cours des cinq matchs qui nous ont conduits en finale. Nous avons toujours eu une grandeur d’esprit qui nous fait concilier bienheureusement le sceau de la scientificité et le poing du patriotisme. Oui, c’est possible et là, nous nous adressons à ces débats, à la radio et à la télévision, qui obstruent la vérité au nom des couleurs politiques. Fort heureusement, Vincit omnia veritas !
Malgré notre jeune âge, nous sommes conscients des enjeux et des défis de l’heure et ceux futurs, et nous ne demandons, n’attendons, n’aspirons qu’à servir. Servir sous peine de déchoir !
Par : DJIBY BA, MOUHAMADOU NDIAYE SARR et SERIGNE MOMAR SARR,
Équipe des Débatteurs de l’UGB, 2013-2014.
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