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CONTRIBUTION: Il en faut combien de naufrages pour que les politiques réagissent ? Par Prof. Aly Tandian

Mercredi 22 Avril 2015

Les images de migrants repêchés ou interceptés par les garde-côtes européens avant de pouvoir débarquer à l’île de Lampedusa et celles des centaines de migrants enjambant, au péril de leur vie, les barbelés de Ceuta et Melilla ne cessent d’être des images-chocs, révélateurs des drames et des tragédies mais surtout de l’ampleur des migrations irrégulières.
 
Ces images rythment et nourrissent des négociations politiques entre les pays d’Afrique subsaharienne, le Maghreb et l’Europe. La progression rapide des migrations irrégulières est sans doute l’une des caractéristiques majeures de ces dernières années qui symbolisent les bouleversements politiques et la porosité des frontières qu’ils soient les Etats du Sud ou du Nord.
 
Au niveau de certains États d’Afrique et d’Europe, des mesures drastiques ont été prises comme le dispositif FRONTEX pour contrecarrer en amont les migrations irrégulières vers l’Europe. Avec le naufrage au large de Lampedusa, l’Opération TRITON, mise en route depuis le 1er novembre 2014 sous l’égide de l’agence européenne FRONTEX pour surveiller et tenter de sécuriser les routes migratoires vers l’Italie en provenance de Libye et d’Egypte, connaît un réel dysfonctionnement d’où d’ailleurs l’intérêt de se demander si les mesures sécuritaires sont réellement efficientes ?
 
Le phénomène est beaucoup plus complexe pour être géré que par des politiques. L’envie de se réaliser, le besoin d’échapper aux incessantes formes d’injustice, la quête d’un emploi réconfortant, une gouvernance angélique et un avenir alléchant sont, entre autres, autant de raisons qui justifient la recrudescence du phénomène des embarcations.
 
Les embarcations de fortune, les grillages de Ceuta ou les barrages des Canaries ou d’ailleurs ne décourageront pas tous ceux pour qui la galère d’un clandestin en Europe vaut mieux que de croupir dans un village sans espoir du Sahel ou la banlieue oubliée d’une mégalopole africaine. Les politiques de codéveloppement tant vantées ces dernières années, et qui devaient fixer les candidats au départ chez eux, semblent être  piteusement échouées. La situation des candidats à la migration est-elle une priorité pour les politiques d'ici ou d'ailleurs ? Je ne suis pas sûr. Afin, peut-être, je me trompe !

Prof. Aly Tandian
Université Gaston Berger de Saint-Louis
Directeur du GERM -  www.germ.sn


Prof. Aly Tandian est Maître de Conférences en Sociologie. Il a soutenu une thèse de Doctorat à l’Université de Toulouse 2 Le Mirail en France. Il enseigne à la Section de Sociologie de l’Université Gaston Berger (Sénégal) où il est le Directeur du Groupe d’Etudes et de Recherches sur les Migrations & Faits de Sociétés (http://www.germ.sn). Il est l'auteur de plusieurs publications scientifiques.
 


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