Au milieu de tous ses regards hagards d’étudiants, il y a un jeune homme, un papier à la main gauche, un stylo à la main droite. Il citait des noms : ceux de ceux-là qui l’entourent. Et, je les regarde ! Je les observe. Cette scène, vous savez Macky Sall, ne peut laisser indifférent celui qui a tant entendu parler de la corruption, sans jamais n’avoir été témoin d’un événement où elle se pratiquerait. « Pratiquerait ? ». Non, je ne suis pas dans le dubitatif. J’affirme : la corruption des étudiants, elle se pratique bel et bien.
Vous, Macky Sall, et votre parti, déboursez des liasses d’argent pour que la masse estudiantine vienne gonfler vos meetings. Poursuivons avec ces étudiants-là qui sont dessous le pavillon D du campus universitaire, et desquels je vous entretenais. Parmi cette foule, à un certain moment, s’est levée une voix féminine. Elle disait : « nous sommes cinq, donnez-nous dix mille francs.» Un petit calcul mental : dix-mille francs divisés par cinq. Deux mille francs ! C’est tout ? Si, pour toi qui t’offusquerais de la morbidité de la somme ! La tête d’un étudiant, elle ne coûte que deux mille francs !
Mais, monsieur Sall, je m’en vais vous dire que tous ceux qui monnaient leur présence par un billet bleu ne sont pas inscrits. Et, vous savez que tous ceux qui sont inscrits ne voteront pas. Tout l’électorat, aussi, ne vous est acquis. C’est une évidence ! Quant à ces autres-là que j’ai vus s’amasser autour du jeune homme qui distribue l’argent de la honte et de la corruption et de l’achat des consciences, je dis : ils ont tout juste faim. Je ne les blâme pas. Mais, avant tout le monde, je vous félicite, président de l’achat des consciences. C’est un très bon début pour l’émergence. Très sincèrement !
Moussa Seck - La Viesenegalaise