Barack Hussein Obama et Macky Sall symbolisent eux-mêmes la remarquable jeunesse des dirigeants d’un monde en mutation profonde. Né tous les deux après les années 1960, période charnière des Indépendances africaines, ils sont des acteurs importants, chacun dans sa sphère politique et dans un environnement mondial traversé par des secousses politiques et économiques sans précédent.
C’est assurément la rencontre entre la première démocratie du monde et celle de l’Afrique francophone qui a triomphé de peu, il y a juste quinze mois, des démons de la dictature et de la banalisation du vote citoyen. Que de points communs pourtant entre deux nations aux vécus historique et politique différents, mais dont l’attachement commun à la Démocratie et au respect des droits de l’homme représente un trait d’union à nul autre pareil.
Cette troisième visite officielle du Président américain en Afrique intervient après celles effectuées en juin 2009 en Egypte, puis un mois plus tard au Ghana. Des séjours mémorables car le discours prononcé par Obama le 4 juin 2009 à l'Université du Caire et intitulé « Un nouveau départ » (A New Beginning), adressé au monde musulman, avait ouvert un nouvel espace de dialogue et permis de dissiper les malentendus autres attitudes agressives qui avaient caractérisé l’administration américaine sous l’ère Bush. Le 12 juillet de la même année, le discours tenu au Parlement ghanéen, à Accra, était d’une forte intensité.
Le président américain avait rappelé avec raison que « l’Occident a souvent traité avec l’Afrique avec condescendance, à la quête de ressources plutôt qu’en partenaire », et que : « Chaque nation façonne la démocratie à sa manière, conformément à ses traditions.
Mais l’histoire prononce un verdict clair : les gouvernements qui respectent la volonté de leur peuple, qui gouvernent par le consentement et non par la coercition, sont plus prospères, plus stables et plus florissants que ceux qui ne le font pas ». Et, enfin, il avait tenu ces propos désormais entrés dans l’Histoire : « L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais de fortes institutions », après avoir fustigé les dirigeants qui « se servent de coups d’État ou qui modifient les constitutions pour rester au pouvoir ».
Le passage de Barack Obama à Dakar, même si ce n’est pas une première pour un chef d’Etat américain – Roosevelt (1945), Bill Clinton (1998) et Georges Bush (2003), apparaît comme une volonté affirmée de magnifier la démocratie sénégalaise qui évolue, malgré des impairs et des insuffisances, dans un océan de troubles et de « chaos ». Plus qu’un simple voyage d’agrément, c’est l’illustration grandeur nature de son engagement à « soutenir les démocraties puissantes et durables ».
Mais c’est aussi, il faut bien le reconnaître, un succès diplomatique pour le Sénégal, et surtout pour le président Macky Sall et son équipe gouvernementale. Rappelons le, cette visite intervient après le départ de l’ancien Président Abdoulaye Wade qui n’avait pas réussi à entrer dans « les bonnes grâces » du président américain malgré ses multiples tentatives. Et aussi, à cause de maladresses survenues sous son magistère comme la convocation de l’ambassadeur Maria Bernicat et ses prises de position ouvertes contre tout diktat extérieur lors des évènements post électoraux. Mais cet épisode peu glorieux de nos rapports avec la première puissance mondiale est derrière nous.
Même s’il cherche encore ses marques dans la gestion des affaires intérieures du Sénégal, notamment la prise en compte des urgences (pénuries, inondations) et une meilleure réponse à la demande sociale, Macky Sall a, incontestablement, réussi à faire retrouver à la diplomatie de son pays la place qui est la sienne sur la scène mondiale et, également, à rétablir la confiance avec les partenaires extérieurs traditionnels.
Entre autres dossiers qui meubleront le séjour de Barack Obama à Dakar, certes la coopération économique ne sera pas occultée. Mais les aspects sécuritaires et la lutte contre le terrorisme et la criminalité sous toutes ses formes prendront, sans doute, une place importante. Considéré à juste titre comme la tête de pont de l’Occident en Afrique francophone, mais aussi comme le dernier hub de l’Afrique de l’Ouest, la porte d’entrée vers l’Europe ou les Etats Unis, le Sénégal n’est pas à l’abri des soubresauts du terrorisme islamiste qui frappe à ses frontières nord et est.
Il y a également la lutte menée contre les trafics de toutes sortes (drogue, armes, contrebande, etc) dont le Sénégal constitue, en dépit des efforts entrepris par ses forces de sécurité, une plaque tournante. Des actions souvent entravées par le phénomène de la corruption. Les Etats-Unis et le Sénégal, ce sont aussi la coopération au plan social (présence du Corps américain de la Paix), au plan militaire avec la formation d’officiers sénégalais dans les grandes écoles de guerre US, mais aussi au plan culturel avec le passage obligé à Gorée, l’île mémoire, chaque année, de centaines de touristes africains - américains venus se recueillir et partager le supplice de leurs aïeux.
Karim DIAKHATE
C’est assurément la rencontre entre la première démocratie du monde et celle de l’Afrique francophone qui a triomphé de peu, il y a juste quinze mois, des démons de la dictature et de la banalisation du vote citoyen. Que de points communs pourtant entre deux nations aux vécus historique et politique différents, mais dont l’attachement commun à la Démocratie et au respect des droits de l’homme représente un trait d’union à nul autre pareil.
Cette troisième visite officielle du Président américain en Afrique intervient après celles effectuées en juin 2009 en Egypte, puis un mois plus tard au Ghana. Des séjours mémorables car le discours prononcé par Obama le 4 juin 2009 à l'Université du Caire et intitulé « Un nouveau départ » (A New Beginning), adressé au monde musulman, avait ouvert un nouvel espace de dialogue et permis de dissiper les malentendus autres attitudes agressives qui avaient caractérisé l’administration américaine sous l’ère Bush. Le 12 juillet de la même année, le discours tenu au Parlement ghanéen, à Accra, était d’une forte intensité.
Le président américain avait rappelé avec raison que « l’Occident a souvent traité avec l’Afrique avec condescendance, à la quête de ressources plutôt qu’en partenaire », et que : « Chaque nation façonne la démocratie à sa manière, conformément à ses traditions.
Mais l’histoire prononce un verdict clair : les gouvernements qui respectent la volonté de leur peuple, qui gouvernent par le consentement et non par la coercition, sont plus prospères, plus stables et plus florissants que ceux qui ne le font pas ». Et, enfin, il avait tenu ces propos désormais entrés dans l’Histoire : « L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais de fortes institutions », après avoir fustigé les dirigeants qui « se servent de coups d’État ou qui modifient les constitutions pour rester au pouvoir ».
Le passage de Barack Obama à Dakar, même si ce n’est pas une première pour un chef d’Etat américain – Roosevelt (1945), Bill Clinton (1998) et Georges Bush (2003), apparaît comme une volonté affirmée de magnifier la démocratie sénégalaise qui évolue, malgré des impairs et des insuffisances, dans un océan de troubles et de « chaos ». Plus qu’un simple voyage d’agrément, c’est l’illustration grandeur nature de son engagement à « soutenir les démocraties puissantes et durables ».
Mais c’est aussi, il faut bien le reconnaître, un succès diplomatique pour le Sénégal, et surtout pour le président Macky Sall et son équipe gouvernementale. Rappelons le, cette visite intervient après le départ de l’ancien Président Abdoulaye Wade qui n’avait pas réussi à entrer dans « les bonnes grâces » du président américain malgré ses multiples tentatives. Et aussi, à cause de maladresses survenues sous son magistère comme la convocation de l’ambassadeur Maria Bernicat et ses prises de position ouvertes contre tout diktat extérieur lors des évènements post électoraux. Mais cet épisode peu glorieux de nos rapports avec la première puissance mondiale est derrière nous.
Même s’il cherche encore ses marques dans la gestion des affaires intérieures du Sénégal, notamment la prise en compte des urgences (pénuries, inondations) et une meilleure réponse à la demande sociale, Macky Sall a, incontestablement, réussi à faire retrouver à la diplomatie de son pays la place qui est la sienne sur la scène mondiale et, également, à rétablir la confiance avec les partenaires extérieurs traditionnels.
Entre autres dossiers qui meubleront le séjour de Barack Obama à Dakar, certes la coopération économique ne sera pas occultée. Mais les aspects sécuritaires et la lutte contre le terrorisme et la criminalité sous toutes ses formes prendront, sans doute, une place importante. Considéré à juste titre comme la tête de pont de l’Occident en Afrique francophone, mais aussi comme le dernier hub de l’Afrique de l’Ouest, la porte d’entrée vers l’Europe ou les Etats Unis, le Sénégal n’est pas à l’abri des soubresauts du terrorisme islamiste qui frappe à ses frontières nord et est.
Il y a également la lutte menée contre les trafics de toutes sortes (drogue, armes, contrebande, etc) dont le Sénégal constitue, en dépit des efforts entrepris par ses forces de sécurité, une plaque tournante. Des actions souvent entravées par le phénomène de la corruption. Les Etats-Unis et le Sénégal, ce sont aussi la coopération au plan social (présence du Corps américain de la Paix), au plan militaire avec la formation d’officiers sénégalais dans les grandes écoles de guerre US, mais aussi au plan culturel avec le passage obligé à Gorée, l’île mémoire, chaque année, de centaines de touristes africains - américains venus se recueillir et partager le supplice de leurs aïeux.
Karim DIAKHATE