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Baisse des loyers : Volonté réelle de ‘’soulager les populations’’, ou décision populiste ?

Lundi 13 Janvier 2014

Depuis quelques temps, il est question de la baisse des loyers. Mais les sénégalais, à juste titre, sont partagés quant à la l’applicabilité ou non de cette mesure. Mais aussi rarement sont ceux qui se posent des questions pour savoir si réellement ce projet est un projet politicien, racoleur ou une initiative qui vise à changer le vécu quotidien des citoyens dans la détresse.



Notre ami Jean Paul Pougala, disait que : ‘’Un populiste, par définition dit ce que tout le monde a envie d'entendre’’. A à 6 mois des élections locales de juin 2014, élection d’un test grandeur nature vers les présidentielles de (2019 ??), tout indique que le gouvernement cherche à plaire les citadins des régions, plutôt que de vouloir régler sérieusement ce problème qui date depuis très longtemps.

Mais ne devrait-on pas faire un saut dans l’histoire récente, pour mieux comprendre d’où vient le problème, contrairement à une décision irréfléchie que le gouvernement semble faire passer en force à l’Assemblée Nationale.

La société pionnière dans la construction de logements, est la SICAP (Société Immobilière du Cap Vert), dès les années 50’. Et avec comme rayon d’activités, Dakar. Seulement, les maisons qu’elle construisait n’étaient pas à accessibles à tous les salariés.

A fortiori, aux Goor-goorlu (besogneux) de la région de Dakar. Cette situation amena le gouvernement, dès notre l’indépendance, à mettre sur pieds la SNHLM (Société Nationale à Loyer Modéré). Effectivement, le loyer était abordable, comparé aux prix et types de logements de la Sicap, proposés à l’époque. Cependant, très tôt, on assista au phénomène des logements conventionnés, initié et amplifié par les pratiques des régimes Ps et Pds. On le devine naturellement, une clientèle politique composée, (députés, porteurs de voix, notabilités, hauts fonctionnaires), bénéficièrent largement de ce bamboula qui a eu pour effet de renchérir le prix du loyer. Il se racontait dans les couloirs du ministère des Finances, que de Directeur du service du logement de l’époque, protégé d’un grand dignitaire, se permettait de signer un contrat à prix faramineux, dès le commencement des fondations du bâtiment. Par la suite, les paiements tombaient avant même l’achèvement des travaux. Moralité ?

C’est l’Etat qui payait le prix de la location de son propre logement ! D’autre part, de Hauts fonctionnaires proches du pouvoir s’engouffrèrent dans la brèche pour obtenir des prêts, à la faveur du ‘’Robinet bancaire’’ du ‘’Compte K2 ‘’de la BNDS, pour construire un logement pour être conventionné sans difficulté. Parmi ceux-là, la plupart, occupaient déjà un logement de fonction à travers un bâtiment de l’Etat où d’un logement conventionné, à son bénéfice. Cette situation combinée au ralentissement, (provoqué ou non, des activités de la SN-HLM), favorisa la flambée du prix des loyers, à Dakar. Car, ce ralentissement était provoqué par des impayés accumulés par des locataires protégés par le pouvoir. Ce mettaient en difficultés la Trésorerie de la Société et limiter ses possibilités.

Face au boom du ‘’marché du sommeil ’’ la BHS, et des promoteurs de toute sorte, dont certains étaient de véritables arnaqueurs se lancèrent dans la construction avec des fortunes diverses. Des sénégalais se souviennent, sans doute, de cet ex-employé de la Sn-Hlm (M. P.M.Diop. ???), condamné pour avoir arnaqué 500 millions de fcfa à des sénégalais qui voulaient un toit. Attrait devant le tribunal il fut jugé et condamné. Mais après le procès, il se refugia chez son marabout. Le gendarmes venus le chercher n’ont pu franchir les portes de la cité. De là, il a pu obtenir un sauf conduit pour lui permettant de trouver refuge à Paris. Alors, c’est dans cette ‘’ville de 1789’’, qu’un des locataires arnaqués, dans une des rues de la ville historique, tomba nez-à-nez avec notre gars. Il le prit au collet et l’amena à un poste police, en vue de son extradition. Que sa déception fut grande ! On lui rétorqua après vérifications qu’un mandat d’arrêt international n’a pas été décerné contre le délinquant.

Notons au passage, sous le régime Pds, l’affaire non élucidée de ce promoteur arnaqueur, coupable de faits similaires, dans la Zone de Tivaouane-Peulh, devenu introuvable.

Mais au moment où les gens courraient derrière un logement, des dignitaires du Parti Socialiste se partageaient, à des prix préférentiels, pour ne pas dire à vils prix, des bâtiments administratifs, à Fann Résidence. Le journal ‘’And Sopi’’, codirigé par feu le Président Mamadou Dia et M.Magatte Thiam (actuel SG du PIT), avait dénoncé vivement cette vente. De même que journal ‘’JDB ‘’(Jaay Doole Bi). Par ailleurs pendant que d’autres sénégalais, dans l’attente de recevoir leurs logement, un directeur de l’ex-Orts (Office de Radio Télévision du Sénégal), s’est vu attribuer à Liberté 6 , deux logements qu’il a fait jumeler en un seul, après transformation. Au lycée Maurice Delafosse, c’est un directeur de département à qui on attribua 2 logements, laissant sur les carreaux son collègue. La forfaiture dénoncée par une Association citoyenne, le logement sera libéré sur le champ.

Voila le désordre qui régnait dans le secteur de l’habitat, sous les régimes Ps/Pds. Nous en parlons pour permettre à nos jeunes compatriotes, de mieux cerner les mœurs politiques décadentes et la corruption, qui sont à la base de ce qui nous arrivent, aujourd’hui. Car dans notre pays les politiciens et les analystes de service, parlent de la balle ou de l’incendie, en oubliant le percuteur et le doigt qui a actionné la gâchette ainsi que le départ de feu.
C’est de ce point de vue qu’on aborde la question de la baisse des loyers, en le laissant, en ‘’jachère’’ dans tous les discours, le terrain des Matériaux de construction dont le marché est entre les mains des puissances d’argent, locaux et internationaux.

Alors, comment peut-on parler de la baisse des loyers et laisser de coté, le prix de vente du mètre carré M2 du terrain, celui du ciment, du sable, du fer, de la plomberie, de la serrurerie, et les autres articles qui entre dans la finition du bâtiment ? L’électricité, carreaux etc. Sous ce rapport, une société franco-sénégalaise centenaire qui fait dans le ciment, pratique des prix comme elle l’entend. Ensuite, elle s’offusque du fait qu’on ose laisser un investisseur africain venir s’installer sur ‘’ses terres’’, pour faire dans le ciment. Qui va lui demander, pourquoi ? Les députés, les conseillers CESE ou le Premier ministre ou les ‘’droits de l’hommiste ?

Cela dit, d’autres problèmes sous-jacents, corolaires à ce projet de loi, risque d’en faire un projet mort-né, étant donné son manque d’objectivité. Intervenant à la radio Sudfm, le 10 janvier dernier, M.Farba Diène, agent immobilier, a fustigé l’absence de concertation avec les acteurs du secteur et une étude sérieuse permettant de fixer judicieusement les prix, par quartier et par type de bâtiment. Pour lui ces impairs font, par ailleurs, peser des risques sociaux, notamment la perte d’emplois dans le secteur.

Il faut dire que ces remarques de M. Diène ne manquent de pertinence. Car ce secteur, depuis longtemps, a fini d’emprunter les contours d’une ‘’puissance économico-électoraliste’’. Cela, eu égard au nombre de familles qu’il fait vivre et le nombre d’emplois qu’il crée.

Mais si l’on sait que tout ce grabuge constaté est le fait, pour l’essentiel, d’une classe politique qui nous dirige, depuis les années 60’, à nos jours et si l’on sait également que le secteur charrie des intérêts économiques colossaux d’une catégorie de clientèle politique, de propriétaires, de politiciens affairistes, de hauts fonctionnaires, de la notabilité coutumière et religieuses, liés à tous les régimes (Ps,Pds, Apr), on peut douter de l’effectivité de l’application de la loi sur la baisse des loyers.

Quel a été le sort réservé à la ‘’ loi sur les cérémonies familiales ‘’? Que signifie la part belle faite aux propriétaires, situés dans les quartiers huppés les Almadies et autres, au plan de la taxe fiscale ?
Des sénégalais ‘’initiés’’ en ‘’histoire politique du Sénégal’’, ont du piquer un sourire en coin, en prenant connaissance de la déclaration du secrétaire général de l’URD, sur le sujet, lorsqu’il parle ‘’d’abus qui ont couté cher au pays financièrement et moralement’’.

Maintenant, on ne peut que déplorer les dégâts collatéraux, les amalgames que cette loi risque de provoquer auprès d’honnêtes gens qui comptent sur le produit de leur location, considéré comme une pension complémentaire pour vivre, d’une part. Et d’autre part, la résiliation hâtive des logements conventionnés au bénéfice de certains hauts fonctionnaires.

Si le gouvernement ‘’socialiste ‘’ du premier ministre veut faire du social dans un système libéral, où la loi du marché, est régulée par le jeu de ‘’ l’offre et de la demande’’, sans effaroucher ses alliés libéraux de l’Apr, il devra pour s’en sortir, subventionner la Sn HLM, détaxer les matériaux de construction et faire de sorte que l’investisseur Dangote travaille en paix et que son ‘’concurrent centenaire’’, soit rappelé à l’ordre. Que l’on nous accuse pas de faire de la Pub (pour quelqu’un que nous ne connaissons même pas), mais tous les sénégalais conscients pensent la dernière-née des cimenteries, peut contribuer à réguler le prix du ciment.
On a assisté à la baisse du prix des marchandises manufacturées venant des pays de l’Asie du Sud-est, avec la mise sur pied de ce porte-conteneur, ce ‘’ géant de la mer’’ qui embarque 18.000 conteneurs.
On ne peut pas vouloir une chose et son contraire !


Dakar le 12 janvier 2014.
Ababacar Fall- Barros
Ancien conseiller municipal


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