Si l’année précédant la fixation de l’objectif d’autosuffisance en riz, le Sénégal n’avait en effet produit que 436.150 tonnes et importé plus de 900.000 tonnes de la céréale, l’ambition était bien de quadrupler la production en plaçant la barre à 1,6 million de tonnes en 2017. Ce que d’aucuns ont jugé utopique. Mais, le maître d’œuvre, en l’occurrence le ministre de l’Agriculture, Pape Abdoulaye Seck, qui est aussi homme de l’art en tant qu’ancien Directeur général du Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice), a vite rejeté ce qu’il a appelé la «dictature de ceux qui ne savent pas», jugeant des plus réalisables l’objectif d’autosuffisance.
«Ceux qui nous disent que l’autosuffisance est impossible parce qu’on doit faire un bond important avec un coefficient multiplicateur de 4 sont en déconnexion avec ce qui se passe à travers le monde. Il faut qu’ils interrogent l’histoire. Et ils sont en train de sous-estimer les intelligences des Sénégalais et des Sénégalaises. C’est ce que j’appelais tantôt la dictature de ceux qui ne savent pas et nous imposent leur point de vue et que nous devons collectivement refuser», indiquait le ministre de l’Agriculture.
Selon Pape Abdoulaye Seck, le choix de l’autosuffisance s’explique par la nécessité d’adapter le pays, gros consommateur de riz, à la perspective inquiétante du changement de statut de l’Asie. Cette partie du monde actuellement première productrice et exportatrice de riz, pourrait devenir importatrice de la céréale à l’horizon 2020, conduisant ainsi à une réduction de l’approvisionnement et à une nouvelle crise mondiale du riz. «Je sais qu’on n’est jamais prophète chez soi, mais je pense que je dois être écouté. Je suis le premier chercheur au monde à avoir prédit la crise rizicole de 2008. C’est vérifiable sur le site de l’Académie mondiale des Sciences. C’est dire donc que je parle de choses que je maîtrise. Nous allons vers une autre crise», prédisait-il.
Crise du riz à l’horizon 2020
Voilà qui est clair. Pour les autorités sénégalaises, il n’y a pas d’autre choix que de tenter l’aventure. Il faut impérativement atteindre cette autosuffisance en riz, à défaut de changer nos habitudes alimentaires, ce qui semble beaucoup plus difficile. En effet, le Sénégalais est si attaché au «ceebu jën» (riz au poisson) devenu le plat national, que le priver de cette céréale pourrait conduire à l’émeute.
Mais le challenge est de taille, car la production de riz était jusque-là principalement confinée au nord et au sud du pays. Une production vivrière en Casamance, où les exploitations familiales font surtout dans la subsistance, car la denrée reste un des biens les plus précieux du paysan sudiste. Même que certaines familles se glorifient de vous sortir un riz vieux de plus de cinquante ans. Malheureusement, la crise dans cette région du pays, avec l’irrédentisme des combattants du Mfdc, a rendu les rizières incultivables à cause des mines antipersonnel. Les choses ont certes évolué et la production reprend petit à petit, surtout avec les aménagements de la vallée de l’Anambé.
Quant au nord, la vallée du fleuve sert de laboratoire au développement de la culture du riz. Les rendements atteints finissent par concurrencer sinon damer le pion aux plus grands producteurs mondiaux. Les périmètres de Guédé Chantier ont toujours été impressionnants, donnant au visiteur le sentiment d’être quelque part en Chine.
Et c’est la Société d’aménagement et d’exploitation des terres du delta du fleuve Sénégal et des vallées du Fleuve et de la Falémé (Saed) qui va jouer le rôle principal dans le développement de la culture du riz. Et selon son Directeur général, Samba Ndiobène Ka, elle va contribuer à hauteur de 60% de la production nationale nécessaire à l’atteinte de l’autosuffisance en riz. «Nous savons que le président de la République a injecté beaucoup d’argent au cours des trois dernières années afin d’arriver à cet objectif», a récemment dit M. Ka, se félicitant de la présence massive du riz de la vallée dans les grandes surfaces dakaroises.
Mais le challenge est de taille, car la production de riz était jusque-là principalement confinée au nord et au sud du pays. Une production vivrière en Casamance, où les exploitations familiales font surtout dans la subsistance, car la denrée reste un des biens les plus précieux du paysan sudiste. Même que certaines familles se glorifient de vous sortir un riz vieux de plus de cinquante ans. Malheureusement, la crise dans cette région du pays, avec l’irrédentisme des combattants du Mfdc, a rendu les rizières incultivables à cause des mines antipersonnel. Les choses ont certes évolué et la production reprend petit à petit, surtout avec les aménagements de la vallée de l’Anambé.
Quant au nord, la vallée du fleuve sert de laboratoire au développement de la culture du riz. Les rendements atteints finissent par concurrencer sinon damer le pion aux plus grands producteurs mondiaux. Les périmètres de Guédé Chantier ont toujours été impressionnants, donnant au visiteur le sentiment d’être quelque part en Chine.
Et c’est la Société d’aménagement et d’exploitation des terres du delta du fleuve Sénégal et des vallées du Fleuve et de la Falémé (Saed) qui va jouer le rôle principal dans le développement de la culture du riz. Et selon son Directeur général, Samba Ndiobène Ka, elle va contribuer à hauteur de 60% de la production nationale nécessaire à l’atteinte de l’autosuffisance en riz. «Nous savons que le président de la République a injecté beaucoup d’argent au cours des trois dernières années afin d’arriver à cet objectif», a récemment dit M. Ka, se félicitant de la présence massive du riz de la vallée dans les grandes surfaces dakaroises.
Le cap du million de tonnes atteint
Toutefois, il est patent aujourd’hui que l’objectif d’autosuffisance en 2017 n’a pas été atteint, malgré les énormes moyens mobilisés et les grands pas accomplis. Ainsi interpellé sur la question de l’autosuffisance en riz, en marge d’une cérémonie de remise de bourses pédagogiques à des élèves du lycée Blaise Diagne de Diagne de Dakar, le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural n’a pas gâché son plaisir, réitérant ce qu’il avait dit récemment aux députés lors du vote du budget 2018 de son département. «Nous avons estimé, au niveau du gouvernement, que nous avons réalisé un travail extraordinaire. Il y a quelques années, personne ne pouvait s’imaginer qu’on soit dans une logique de chercher à nous nourrir nous-mêmes sur une base endogène. Car, lorsqu’on démarrait ce programme en 2011, on était à 450.000 tonnes de riz paddy, nous sommes aujourd’hui à 1.015.344 tonnes. Soit plus d’un million de tonnes et cela pour la première fois dans l’histoire de notre pays», s’est-il glorifié. Non sans ajouter : «Par conséquent, nous pouvons dire, sans risque de nous tromper, que l’actuel gouvernement a fait ce qu’aucun gouvernement a eu à faire».
Macky Sall : «nous allons y arriver vers fin 2018, début 2019»
Son patron, le chef de l’Etat Macky Sall, qui avait lancé le défi de l’autosuffisance, reconnait le gap. «Evidemment, nous avons des efforts à faire malgré les résultats positifs», a-t-il soutenu, lundi dernier, en conseil présidentiel de validation des résultats de la Revue annuelle conjointe. Avant d’avouer que l’autosuffisance en riz sera finalement atteinte en 2019. «J’avais énoncé l’année 2017 pour l’atteinte de l’autosuffisance en riz, mais avec la double culture, nous allons y arriver vers fin 2018, début 2019», a soutenu Macky Sall.
Restant optimiste, le Président Sall trace à nouveau les sillons de la réussite de son challenge. «L’objectif en matière de production de riz reste à 1,6 millions de tonnes de paddy pour atteindre l’autosuffisance en riz. Je suis convaincu qu’avec le Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise (Pracas II) et les nouvelles formulations, nous devrions y arriver» a dit le chef de l’Etat.
Il faudra simplement espérer que derrière ce nouveau deadline fixé par le chef de l’Etat, ne se cachent des calculs politiciens, puisque 2019 est l’année électorale durant laquelle il devra briguer son second et dernier mandat. Alors, le couteau risque d’être à double tranchant, si jamais, à l’arrivée, le Sénégal continuait à importer du riz au moment où on entrera en campagne pour cette présidentielle de 2019.
Mansour KANE
JOTAY
Restant optimiste, le Président Sall trace à nouveau les sillons de la réussite de son challenge. «L’objectif en matière de production de riz reste à 1,6 millions de tonnes de paddy pour atteindre l’autosuffisance en riz. Je suis convaincu qu’avec le Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise (Pracas II) et les nouvelles formulations, nous devrions y arriver» a dit le chef de l’Etat.
Il faudra simplement espérer que derrière ce nouveau deadline fixé par le chef de l’Etat, ne se cachent des calculs politiciens, puisque 2019 est l’année électorale durant laquelle il devra briguer son second et dernier mandat. Alors, le couteau risque d’être à double tranchant, si jamais, à l’arrivée, le Sénégal continuait à importer du riz au moment où on entrera en campagne pour cette présidentielle de 2019.
Mansour KANE
JOTAY