Dans un pays à majorité jeune où les sujets commencent à fumer dès l'âge de 11 ans, les pneumologues inquiets de cette proportion alarmante ont décidé d’interpeler directement les pouvoirs publics en commençant par le président de la République, les religieux, la société civile, les médias. Ils veulent contenir au plus vite ce tueur de l’ombre qui est en train de décimer à grande vitesse les populations africaines. En effet, interdit sur les places publiques en Europe et en Amérique, le tabac est la cause principale de nombreuses maladies du poumon, de la gorge et du cœur en Afrique. Le Sénégal ne fait pas exception. Il ne tue pas à grande vitesse le consommateur qui commence à fumer pour une première fois, mais il l’élimine petit à petit. Si la fumée entre dans les poumons, aucun organe n’est épargné.
De la tête au pied, tous les organes sont atteints. C’est du moins l’avertissement solennel de Dr Khady Thiam et Dr Fatimata Mbaye. Spécialistes des maladies infectieuses au Chu de Fann, elles sont bien décidées à tirer la sonnette d’alarme pour les besoins de la de la journée mondiale anti tabac célébrée aujourd’hui, jeudi 31 mai. Histoire de contrer ce fléau mortifère. Les spécialistes de la lutte contre le tabagisme font d’ailleurs remarquer une prolifération des maladies infectieuses avec la multiplication des maladies liées au tabac largement supérieures à la norme depuis les années 90.
Elles relèvent que les cancers actuels comme celui de broncho-pulmonaires sont de plus en plus fréquents chez les sujets jeunes. Ces derniers «commencent à fumer très tôt alors qu’auparavant les cancers pulmonaires étaient décelés chez les sujets de 60 ans. Aujourd’hui, la tranche d’âge la plus atteinte est entre 35 à 50 ans. » Pour faire face à cette problématique mondiale, les deux pneumologues ont lancé un message fort aux jeunes à ne surtout pas fumer. « Car si on démarre cela va être difficile à arrêter », ont–elles averties.
Parce que le tabac constitue encore une drogue contenant de la nicotine permettant à ses consommateurs d’être dépendants. Pire encore, l’accessibilité par la vente au détail, finit par créer un phénomène de dépendance. «Et c’est cette dépendance, ont –elles poursuivi, qui fait que pendant plusieurs années, le fumeur devient accroc en accumulant autant de maladies qui lui seront fatales durant sa vie.»
NON RESPECT DE LA CONVENTION CADRE DE L’OMS
Dr Khady Thiam et Dr Fatimata Mbaye interpellent les autorités sur l’application stricte de la Convention cadre de l’OMS sur le tabac de 2005 dont le Sénégal fait partie des premiers pays qui l’ont ratifié. Cette dite convention mondiale même si elle impose les mentions légales sur le tabac, interdit en outre aux pays signataires la publicité du tabac et stipule l’interdiction de fumer dans les endroits publics. Et dans le cas du Sénégal, on fume encore en tout impunité, dans les espaces publics et il existe très peu d’endroits où il est interdit de fumer, regrettent les deux pneumologues.
« Il n’y a que le ministère de la Santé qui est un endroit nom fumeur », s’insurgent les deux spécialistes. Mais, ce qui est grave c’est qu’on est en train de voir des lieux comme dans des hôpitaux où les gens continuent de fumer. Idem pour les restaurants ou autres lieux public en ville. Et pourtant, le tabagisme passif est beaucoup plus nocif que le tabagisme actif. Autrement dit, ceux qui ne fument pas sont involontairement exposés par les fumeurs. D’où selon toujours les spécialistes l’appel au respect strict des dispositions juridiques de la Convention cadre.
DES CHIFFRES QUI FONT PEUR
En l’absence d’étude nationale pour mesurer l’ampleur des méfaits du tabac, une étude sur le personnel soignant qui fume, réalisée en 2010 par les étudiants en fin de cycle au niveau de quatre grands hôpitaux de Dakar (Aristide Le Dantec, Principal, Hoggy et Fann) a révélé que «près de 13 % soit 12 ; 8% du personnel soignant de ces structures sanitaires les plus fréquentées du public fument.» Une autre étude concernant les élèves infirmiers et aides infirmiers des Ecoles d’Institut de santé Service et de l’Endss établit que «7, 4 % de ses futurs agents de santé fument » selon toujours les deux pneumologues de Dantec.
Quant à l’étude en cours regroupant 27 écoles d’enseignement général public comme privé de la région de Dakar et de sa banlieue, il n’y a pas encore de prévalence, précisent les deux pneumologues, « le plus jeune parmi ces élèves qui fume décelé avait 11 ans. » Une problématique alarmante pour ces deux spécialistes qui rapellent également que sur les 600 000 décès enregistrés dans le monde parmi ceux qui ne fument pas, selon le rapport de l’Organisation de la Santé (Oms) de 2005, 80 % vivaient dans les pays en voie de développement.
Pour ceux qui fumaient, le rapport a dévoilé 5 millions de décès par an. Et le rapport de l’Organisation mondiale de la santé en 2012 est encore plus accablant. Il révèle que, « 6 millions de décès par an sont enregistrés au plan mondial. Et si rien n’est fait pour contrer ce fléau, l’on risque de tomber à 8 millions de morts par an ont averti» , les Dr Thiam et Mbaye.
Le péril jeune
100 millions de morts dans le 20e siècle. En 2000 on a dénombré 4 millions de morts dans les pays en développement. 83% du tabac fumé dans le monde est le fait des pays en développement.
Si ? des Africains fument, il se trouve que ce sont les moins éduqués qui sont au premier chef les plus touchés. 64 % des illettrés fument. Ils sont 58% à avoir fait 6 ans d’étude. 42% moins de 12 ans et 21% plus de 12 ans. Il est donc établi selon le Dr Abdoul Aziz Kassé, cancérologue président de Ligue Sénégalaise de lutte contre le tabac (Listab), que ce sont ceux qui ont le moins fréquenté les bancs de l’école qui sont les plus touchés par le tabagisme. On constate une tendance baissière de la consommation chez les plus éduqués. Aussi s’est-il offusqué du fait de vendre la cigarette à un prix modique. D’autant plus que les jeunes sont une cible vulnérable.
80% des jeunes qui fument commencent à l’âge du secondaire. C’est bien là où il faut agir. C’est ainsi qu’il a commencé à mener des actions dans les écoles. Il s’agit pour lui d’insister sur la prévention en milieu scolaire car c’est l’endroit le plus approprié.
Ils constatent que la lutte contre tabac a donné des résultats dans les pays développés, c’est pour cela que les grandes compagnies se sont reliées en Afrique. Ils utilisent ainsi des artistes, des sportifs Selon les projections ils seront 10 millions de tués chaque année en 2030. C’est une drogue dure. C’est un véritable génocide.
EXERGUE
Un centre de sevrage à Fann
Méconnues du grand public, des consultations de sevrage du tabac sont effectuées tous les lundis au service pneumologie de l’hôpital de Fann depuis deux ans. Un local aménagé dans ce service dont ceux qui se font consulter, déboursent une petite somme ou sont pris en charge. Le centre est équipé d’appareils de testeur de monoxyde de carbone permettant de connaitre l’heure de la dernière prise de cigarette et d’appareils pour regarder le degrés d’oxygène du sang de même qu’un autre pour évaluer la fonction ventilatoire du poumon.
Selon les deux médecins de Fann, «il faut d’abord que le consommateur veuille arrêter de fumer et prenne conscience qu’il est en danger sous l’emprise de la drogue et après il pourra être aidé et accompagné par eux pour cesser de fumer. » Environ 5 malades sont accueillis par mois dans ce centre et proviennent de la région de Dakar et de l’intérieur du pays. La plupart des malades suivis se sont rapprochés de ce centre parce qu’ils ont senti la gravité progressive de leur cas. Et la moyenne actuellement de 7 malades sur 10 arrêtent de fumer après leur première ou deuxième consultation, rassurent les deux spécialistes de Fann.
Cheikh Tidiane MBENGUE (Sud quotidien)
De la tête au pied, tous les organes sont atteints. C’est du moins l’avertissement solennel de Dr Khady Thiam et Dr Fatimata Mbaye. Spécialistes des maladies infectieuses au Chu de Fann, elles sont bien décidées à tirer la sonnette d’alarme pour les besoins de la de la journée mondiale anti tabac célébrée aujourd’hui, jeudi 31 mai. Histoire de contrer ce fléau mortifère. Les spécialistes de la lutte contre le tabagisme font d’ailleurs remarquer une prolifération des maladies infectieuses avec la multiplication des maladies liées au tabac largement supérieures à la norme depuis les années 90.
Elles relèvent que les cancers actuels comme celui de broncho-pulmonaires sont de plus en plus fréquents chez les sujets jeunes. Ces derniers «commencent à fumer très tôt alors qu’auparavant les cancers pulmonaires étaient décelés chez les sujets de 60 ans. Aujourd’hui, la tranche d’âge la plus atteinte est entre 35 à 50 ans. » Pour faire face à cette problématique mondiale, les deux pneumologues ont lancé un message fort aux jeunes à ne surtout pas fumer. « Car si on démarre cela va être difficile à arrêter », ont–elles averties.
Parce que le tabac constitue encore une drogue contenant de la nicotine permettant à ses consommateurs d’être dépendants. Pire encore, l’accessibilité par la vente au détail, finit par créer un phénomène de dépendance. «Et c’est cette dépendance, ont –elles poursuivi, qui fait que pendant plusieurs années, le fumeur devient accroc en accumulant autant de maladies qui lui seront fatales durant sa vie.»
NON RESPECT DE LA CONVENTION CADRE DE L’OMS
Dr Khady Thiam et Dr Fatimata Mbaye interpellent les autorités sur l’application stricte de la Convention cadre de l’OMS sur le tabac de 2005 dont le Sénégal fait partie des premiers pays qui l’ont ratifié. Cette dite convention mondiale même si elle impose les mentions légales sur le tabac, interdit en outre aux pays signataires la publicité du tabac et stipule l’interdiction de fumer dans les endroits publics. Et dans le cas du Sénégal, on fume encore en tout impunité, dans les espaces publics et il existe très peu d’endroits où il est interdit de fumer, regrettent les deux pneumologues.
« Il n’y a que le ministère de la Santé qui est un endroit nom fumeur », s’insurgent les deux spécialistes. Mais, ce qui est grave c’est qu’on est en train de voir des lieux comme dans des hôpitaux où les gens continuent de fumer. Idem pour les restaurants ou autres lieux public en ville. Et pourtant, le tabagisme passif est beaucoup plus nocif que le tabagisme actif. Autrement dit, ceux qui ne fument pas sont involontairement exposés par les fumeurs. D’où selon toujours les spécialistes l’appel au respect strict des dispositions juridiques de la Convention cadre.
DES CHIFFRES QUI FONT PEUR
En l’absence d’étude nationale pour mesurer l’ampleur des méfaits du tabac, une étude sur le personnel soignant qui fume, réalisée en 2010 par les étudiants en fin de cycle au niveau de quatre grands hôpitaux de Dakar (Aristide Le Dantec, Principal, Hoggy et Fann) a révélé que «près de 13 % soit 12 ; 8% du personnel soignant de ces structures sanitaires les plus fréquentées du public fument.» Une autre étude concernant les élèves infirmiers et aides infirmiers des Ecoles d’Institut de santé Service et de l’Endss établit que «7, 4 % de ses futurs agents de santé fument » selon toujours les deux pneumologues de Dantec.
Quant à l’étude en cours regroupant 27 écoles d’enseignement général public comme privé de la région de Dakar et de sa banlieue, il n’y a pas encore de prévalence, précisent les deux pneumologues, « le plus jeune parmi ces élèves qui fume décelé avait 11 ans. » Une problématique alarmante pour ces deux spécialistes qui rapellent également que sur les 600 000 décès enregistrés dans le monde parmi ceux qui ne fument pas, selon le rapport de l’Organisation de la Santé (Oms) de 2005, 80 % vivaient dans les pays en voie de développement.
Pour ceux qui fumaient, le rapport a dévoilé 5 millions de décès par an. Et le rapport de l’Organisation mondiale de la santé en 2012 est encore plus accablant. Il révèle que, « 6 millions de décès par an sont enregistrés au plan mondial. Et si rien n’est fait pour contrer ce fléau, l’on risque de tomber à 8 millions de morts par an ont averti» , les Dr Thiam et Mbaye.
Le péril jeune
100 millions de morts dans le 20e siècle. En 2000 on a dénombré 4 millions de morts dans les pays en développement. 83% du tabac fumé dans le monde est le fait des pays en développement.
Si ? des Africains fument, il se trouve que ce sont les moins éduqués qui sont au premier chef les plus touchés. 64 % des illettrés fument. Ils sont 58% à avoir fait 6 ans d’étude. 42% moins de 12 ans et 21% plus de 12 ans. Il est donc établi selon le Dr Abdoul Aziz Kassé, cancérologue président de Ligue Sénégalaise de lutte contre le tabac (Listab), que ce sont ceux qui ont le moins fréquenté les bancs de l’école qui sont les plus touchés par le tabagisme. On constate une tendance baissière de la consommation chez les plus éduqués. Aussi s’est-il offusqué du fait de vendre la cigarette à un prix modique. D’autant plus que les jeunes sont une cible vulnérable.
80% des jeunes qui fument commencent à l’âge du secondaire. C’est bien là où il faut agir. C’est ainsi qu’il a commencé à mener des actions dans les écoles. Il s’agit pour lui d’insister sur la prévention en milieu scolaire car c’est l’endroit le plus approprié.
Ils constatent que la lutte contre tabac a donné des résultats dans les pays développés, c’est pour cela que les grandes compagnies se sont reliées en Afrique. Ils utilisent ainsi des artistes, des sportifs Selon les projections ils seront 10 millions de tués chaque année en 2030. C’est une drogue dure. C’est un véritable génocide.
EXERGUE
Un centre de sevrage à Fann
Méconnues du grand public, des consultations de sevrage du tabac sont effectuées tous les lundis au service pneumologie de l’hôpital de Fann depuis deux ans. Un local aménagé dans ce service dont ceux qui se font consulter, déboursent une petite somme ou sont pris en charge. Le centre est équipé d’appareils de testeur de monoxyde de carbone permettant de connaitre l’heure de la dernière prise de cigarette et d’appareils pour regarder le degrés d’oxygène du sang de même qu’un autre pour évaluer la fonction ventilatoire du poumon.
Selon les deux médecins de Fann, «il faut d’abord que le consommateur veuille arrêter de fumer et prenne conscience qu’il est en danger sous l’emprise de la drogue et après il pourra être aidé et accompagné par eux pour cesser de fumer. » Environ 5 malades sont accueillis par mois dans ce centre et proviennent de la région de Dakar et de l’intérieur du pays. La plupart des malades suivis se sont rapprochés de ce centre parce qu’ils ont senti la gravité progressive de leur cas. Et la moyenne actuellement de 7 malades sur 10 arrêtent de fumer après leur première ou deuxième consultation, rassurent les deux spécialistes de Fann.
Cheikh Tidiane MBENGUE (Sud quotidien)