Dernière année du magistère du président Macky Sall, 2023 a été fortement marquée par plusieurs événements politiques d’envergure. Parmi ceux-ci, nous pouvons citer la décision du président Macky Sall de se conformer aux deux mandats, les affaires politico-judiciaires impliquant le maire de Ziguinchor avec la remise en question de l’autorité judiciaire par l’administration publique mais aussi le dialogue politique qui a permis à Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall de retrouver leur éligibilité
La décision du président de se conformer aux deux mandats présidentiels conformément aux dispositions de la Constitution du Sénégal a été certainement l’un des événements les plus marquants de cette année2023. En effet, alors que le spectre de sa troisième candidature avait fini d’installer le Sénégal dans une situation de tension politique sans précédent, Macky Sall a finalement annoncé le 3 juillet dernier sa « décision longuement et mûrement réfléchie » « de ne pas être candidat à la prochaine élection du 25 février 2024 ». Suite à cette décision prise au lendemain de sa rencontre avec 475 maires et 37 présidents de Conseil départemental, signataires d’une pétition pour lui demander de briguer une troisième candidature, il a désigné l’actuel Premier ministre comme son dauphin après un processus de sélection conduit par l’ancien président de l’Assemblée nationale Moustapha Niasse.
Autre fait politique ayant marqué cette année 2023, les affaires politico-judiciaires impliquant Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor et leader du parti Pastef dissout par un décret présidentiel du 31 juillet 2023 qui fait l’objet d’un recours devant la Cour suprême avec leur lot de violences et de bilan catastrophique en termes de décès et de dégâts matériels. Il s’agit entre autres du procès pour diffamation dans l’affaire Prodac suite à une plainte de l’actuel ministre du Tourisme et des Loisirs, Mame Mbaye Niang, et de l’affaire de « viols et menaces de mort ». L’instruction de ces deux affaires considérées par les partisans du maire de Ziguinchor mais aussi par certains observateurs et intellectuels, comme une instrumentalisation de la justice en vue de rendre Ousmane Sonko inéligible pour la présidentielle de 2024, a déclenché une série de manifestations meurtrières avec d’importants dégâts matériels. Plus de 1000 arrestations ont été également dénombrées parmi les proches du maire de Ziguinchor suite à ces violences qui ont également entrainé la dissolution de son parti Pastef par décret présidentiel du 31 juillet, quelques heures après son placement sous mandat de dépôt. Dans un rapport publié suite aux cinq jours de manifestations qui ont suivi l’annonce le 1er juin dernier de la condamnation par contumace de Sonko pour corruption de la jeunesse, Amnesty international accuse les autorités d’avoir réprimé les manifestations dans la violence avec un usage excessif de la force, tirs de grenades lacrymogènes et tirs à balles réelles. Loin de s’en tenir-là, l’organisation de défense des droits de l’homme a également fait état dans ce document d’un bilan de 23 personnes tuées dont plusieurs par balles, enregistrés à Dakar et Ziguinchor, lors des manifestations violentes du 1er et 2 juin et plus de 500 blessés.
LE JEU TROUBLE DE L’ADMINISTRATION AVEC A LA CLE LA REMISE EN QUESTION DE L’AUTORITE JUDICIAIRE
Toujours dans cette liste des évènements politico-juridiques qui ont marqué cette année 2023, nous pouvons également citer l’affaire de la radiation du fichier électoral du maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko, le 11 juillet dernier en application de l’arrêt de sa condamnation par contumace par la Chambre criminelle le 1er juin dernier après son arrestation le 28 juillet dernier. Initiée par l’ancien ministre en charge de la Justice, Pr Ismaïla Madior Fall, agrégé en Droit public à travers une liste de personnes à radier du fichier électoral du fait de la perte de leur qualité d’électeur suite à leur condamnation définitive qu’il avait adressée à son collègue en charge à l’époque de l’Intérieur, Felix Antoine Abdoulaye Diome, magistrat de fonction, cette radiation a été annulée respectivement par les tribunaux d’instance de Ziguinchor(12 octobre) puis de grande instance hors classe de Dakar (12 décembre). Seulement, ces décisions de justice ont été remises en question par l’administration publique à travers le refus de la Direction générale des élections d’exécuter la réintégration de Sonko sur les listes électorales.
Outre fait politique qui a marqué cette année finissante de 2023, c’est également l’intervention controversée de certains administrateurs civils dans le jeu électoral à travers l’interdiction systématique des manifestations projetées par des organisations politiques mais aussi par la société civile pour dénoncer les violations de l’Etat de droit au Sénégal. Idem pour le blocage des caravanes. Plusieurs leaders de l’opposition, de Khalifa Ababacar Sall à Malick Gakou en passant par le maire de Thiès Dr Babacar Diop, Anta Babacar Ngom, leader du mouvement Alternative pour la Relève Citoyenne (ARC) pour ne citer que ceux-là, ont tous vu leur caravane gazée par les forces de défense et de sécurité suite à des mesures d’interdiction des autorités préfectorales.
LE DIALOGUE POLITIQUE POUR L’ELIGIBILITE DE KARIM WADE ET KHALIFA ABABACAR SALL
Autre événement politique qui a marqué cette année 2023, le dialogue politique. Tenues dans le cadre du dialogue national lancé le 31 mai dernier, les concertations politiques boycottées par Ousmane Sonko et ses camarades de la coalition Yewwi askan wi, ont permis de valider 12 points d’accords dont l’un des plus importants reste la modification de l’article L 28-3 du code électoral pour permettre à Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall de retrouver leur éligibilité perdue suite à leur condamnation à l’origine de la non-validation de leur candidature lors de la présidentielle de 2019.
L’autre accord non moins important porte sur la baisse du nombre de signatures nécessaires pour le parrainage de la candidature à la présidentielle. Du taux de 1% des inscrits sur le fichier électoral, le nombre de signatures nécessaires passe désormais entre 0,6% et 0,8%, ainsi que le parrainage de 8 % des députés correspondant à 13 parlementaires pour l’actuelle législature, mais également celui portant sur le parrainage de 20 % des chefs d’exécutifs territoriaux correspondant à 120 maires et présidents de conseil départemental.
Nando Cabral GOMIS
La décision du président de se conformer aux deux mandats présidentiels conformément aux dispositions de la Constitution du Sénégal a été certainement l’un des événements les plus marquants de cette année2023. En effet, alors que le spectre de sa troisième candidature avait fini d’installer le Sénégal dans une situation de tension politique sans précédent, Macky Sall a finalement annoncé le 3 juillet dernier sa « décision longuement et mûrement réfléchie » « de ne pas être candidat à la prochaine élection du 25 février 2024 ». Suite à cette décision prise au lendemain de sa rencontre avec 475 maires et 37 présidents de Conseil départemental, signataires d’une pétition pour lui demander de briguer une troisième candidature, il a désigné l’actuel Premier ministre comme son dauphin après un processus de sélection conduit par l’ancien président de l’Assemblée nationale Moustapha Niasse.
Autre fait politique ayant marqué cette année 2023, les affaires politico-judiciaires impliquant Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor et leader du parti Pastef dissout par un décret présidentiel du 31 juillet 2023 qui fait l’objet d’un recours devant la Cour suprême avec leur lot de violences et de bilan catastrophique en termes de décès et de dégâts matériels. Il s’agit entre autres du procès pour diffamation dans l’affaire Prodac suite à une plainte de l’actuel ministre du Tourisme et des Loisirs, Mame Mbaye Niang, et de l’affaire de « viols et menaces de mort ». L’instruction de ces deux affaires considérées par les partisans du maire de Ziguinchor mais aussi par certains observateurs et intellectuels, comme une instrumentalisation de la justice en vue de rendre Ousmane Sonko inéligible pour la présidentielle de 2024, a déclenché une série de manifestations meurtrières avec d’importants dégâts matériels. Plus de 1000 arrestations ont été également dénombrées parmi les proches du maire de Ziguinchor suite à ces violences qui ont également entrainé la dissolution de son parti Pastef par décret présidentiel du 31 juillet, quelques heures après son placement sous mandat de dépôt. Dans un rapport publié suite aux cinq jours de manifestations qui ont suivi l’annonce le 1er juin dernier de la condamnation par contumace de Sonko pour corruption de la jeunesse, Amnesty international accuse les autorités d’avoir réprimé les manifestations dans la violence avec un usage excessif de la force, tirs de grenades lacrymogènes et tirs à balles réelles. Loin de s’en tenir-là, l’organisation de défense des droits de l’homme a également fait état dans ce document d’un bilan de 23 personnes tuées dont plusieurs par balles, enregistrés à Dakar et Ziguinchor, lors des manifestations violentes du 1er et 2 juin et plus de 500 blessés.
LE JEU TROUBLE DE L’ADMINISTRATION AVEC A LA CLE LA REMISE EN QUESTION DE L’AUTORITE JUDICIAIRE
Toujours dans cette liste des évènements politico-juridiques qui ont marqué cette année 2023, nous pouvons également citer l’affaire de la radiation du fichier électoral du maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko, le 11 juillet dernier en application de l’arrêt de sa condamnation par contumace par la Chambre criminelle le 1er juin dernier après son arrestation le 28 juillet dernier. Initiée par l’ancien ministre en charge de la Justice, Pr Ismaïla Madior Fall, agrégé en Droit public à travers une liste de personnes à radier du fichier électoral du fait de la perte de leur qualité d’électeur suite à leur condamnation définitive qu’il avait adressée à son collègue en charge à l’époque de l’Intérieur, Felix Antoine Abdoulaye Diome, magistrat de fonction, cette radiation a été annulée respectivement par les tribunaux d’instance de Ziguinchor(12 octobre) puis de grande instance hors classe de Dakar (12 décembre). Seulement, ces décisions de justice ont été remises en question par l’administration publique à travers le refus de la Direction générale des élections d’exécuter la réintégration de Sonko sur les listes électorales.
Outre fait politique qui a marqué cette année finissante de 2023, c’est également l’intervention controversée de certains administrateurs civils dans le jeu électoral à travers l’interdiction systématique des manifestations projetées par des organisations politiques mais aussi par la société civile pour dénoncer les violations de l’Etat de droit au Sénégal. Idem pour le blocage des caravanes. Plusieurs leaders de l’opposition, de Khalifa Ababacar Sall à Malick Gakou en passant par le maire de Thiès Dr Babacar Diop, Anta Babacar Ngom, leader du mouvement Alternative pour la Relève Citoyenne (ARC) pour ne citer que ceux-là, ont tous vu leur caravane gazée par les forces de défense et de sécurité suite à des mesures d’interdiction des autorités préfectorales.
LE DIALOGUE POLITIQUE POUR L’ELIGIBILITE DE KARIM WADE ET KHALIFA ABABACAR SALL
Autre événement politique qui a marqué cette année 2023, le dialogue politique. Tenues dans le cadre du dialogue national lancé le 31 mai dernier, les concertations politiques boycottées par Ousmane Sonko et ses camarades de la coalition Yewwi askan wi, ont permis de valider 12 points d’accords dont l’un des plus importants reste la modification de l’article L 28-3 du code électoral pour permettre à Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall de retrouver leur éligibilité perdue suite à leur condamnation à l’origine de la non-validation de leur candidature lors de la présidentielle de 2019.
L’autre accord non moins important porte sur la baisse du nombre de signatures nécessaires pour le parrainage de la candidature à la présidentielle. Du taux de 1% des inscrits sur le fichier électoral, le nombre de signatures nécessaires passe désormais entre 0,6% et 0,8%, ainsi que le parrainage de 8 % des députés correspondant à 13 parlementaires pour l’actuelle législature, mais également celui portant sur le parrainage de 20 % des chefs d’exécutifs territoriaux correspondant à 120 maires et présidents de conseil départemental.
Nando Cabral GOMIS