RFI : Youssou N’Dour, merci d’avoir accepté de répondre aux questions de RFI et France 24. Il y a quelques mois, vous annonciez à la radio et à la télévision que vous ne brigueriez pas de mandat. Vous avez finalement déclaré votre candidature à la présidentielle de février prochain. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?
Youssou N’Dour : La candidature, c’est un appel d’une grande majorité du peuple Sénégalais. J’ai eu, depuis une année maintenant, à rencontrer plusieurs personnes, plusieurs centaines de milliers de personnes, directement ou indirectement, qui ont demandé que j’arrive dans la scène politique. Pourquoi ? Parce qu’ils ont vu comment on a géré le pays. Ils veulent un vrai changement. Ça, c’est la première chose.
La deuxième chose : je me suis rendu compte qu’on est en train de bafouer les règles du jeu de la démocratie. Et je me suis dit, avec l’appel du peuple, avec ce que je suis en train de voir se dessiner pour un lendemain flou, je n’ai pas le droit de rester tranquille, les bras croisés. Certes, il y a d’autres conditions qui sont arrivées vers moi, qui m’ont poussé à prendre cette décision.
RFI : Lesquelles, justement ?
Y.N. : D’abord, je crois qu’en regardant le Sénégal, je vois deux Sénégal : le Sénégal d’en haut et le Sénégal d’en bas. On est sur la Corniche, aujourd’hui on voit ça, c’est le rêve... On va dans la banlieue, on voit que les gens sont dans la pauvreté. Ça, c’est la réalité. Moi, je veux faire un Sénégal ! Pas deux Sénégal !
RFI : Mais est-ce que cela veut dire, Youssou N’Dour, que vous arrêtez vos activités artistiques? Vous entrez définitivement en politique ?
Y.N. : Le Sénégal est plus important que l’artiste Youssou N’Dour, que la personne même Youssou N’Dour. Je mets entre parenthèses toutes mes activités, pour montrer que mon engagement est un engagement très, très sérieux.
France 24 : Mais justement, est-ce que vous avez suffisamment mesuré les risques, au cas où vous seriez un candidat malheureux à l’élection présidentielle ?
Y.N. : Je gagne ces élections. Je ne serai pas malheureux. Sortons ! Allons dans la rue tout de suite, si vous voulez ! La majorité des Sénégalais m’ont demandé de me présenter. Je gagne au premier tour !
F24 : Vos détracteurs disent que c’est un gros coup commercial que vous faites. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Y.N. : Je pense qu’ils devraient dire que c’est une action citoyenne que je suis en train de faire. Il n’y a jamais eu autant d’engouement de la presse internationale sur le Sénégal. Déjà ça, ça nous aide à avoir des élections beaucoup plus transparentes. Ca permet aussi au monde entier de suivre ce qui se passe au Sénégal.
RFI : Est-ce que vous pensez, Youssou N’Dour, qu’on peut gagner une élection au Sénégal, en entrant en politique moins de deux mois avant le scrutin et sans avoir de parti derrière soi ?
Y.N. : D’abord, je pense que le temps ne joue pas contre moi. On me parle d’appareil. J’ai le plus vieux et robuste et coordonné appareil dans ce pays. Moi, j’ai des amis partout. Depuis trente ans, c’est une carrière qui se forge. J’ai des gens qui peuvent être là pour moi, au vrai sens du mot. Par contre, il y a une chose importante : c’est que Wade, il n’a pas le droit de se présenter. Je ne sais pas s’il y a une question par rapport à ça, mais j’aimerais bien évoquer cette question...
RFI : Allez-y, on peut d’ores et déjà en parler. Qu’et-ce que vous pensez de cette candidature d’Abdoulaye Wade, qui à priori sera votre principal challenger, si sa candidature est retenue ?
Y.N. : Je le dis sereinement, sérieusement, la Constitution ne lui permet pas de se présenter pour un troisième mandat. Ça, c’est la première chose. Et je crois que la communauté internationale, qui veille, qui normalement doit plus prévenir que guérir, doit parler à Abdoulaye Wade. Aujourd’hui, les bases de la démocratie sont en train d’être bafouées par son entourage, les gens le poussent. Il est en train de faire quelque chose qui amène des risques au Sénégal. J’interpelle la communauté internationale pour qu'elle ui parle. Ce n’est pas une ingérence intérieure. Quand il est allé à Benghazi pour parler à Kadhafi, vous l’avez cautionné ! Quand il bafoue la démocratie ici, il faut le lui dire ! Abdoulaye Wade mérite d’avoir une sortie par la grande porte !
F24 : Et que proposez-vous alors, aux Sénégalais ?
Y.N. : Il y a, effectivement, des priorités. Ma première priorité, c’est diminuer le train de vie de l’Etat, arriver à injecter ces économies dans les secteurs prioritaires, qui sont la santé, qui sont l’éducation, l’agriculture, etc..., des choses qui sont vitales. Chaque jour, je rends compte aux Sénégalais. Nous en sommes là, par rapport à ce point. Nous savons que le conflit de la Casamance est un conflit qui inquiète les Sénégalais. On va inviter tout le monde à discuter pour régler le problème de la Casamance, etc., etc.
RFI : Vous avez un parcours original, Youssou N’Dour. Qu’est-ce que vous pouvez apporter de différent au débat politique Sénégalais ?
Y.N. : Mais je pense que j’aborde les choses beaucoup plus simplement. Je crois que nous avons eu des modèles. Moi, je dis : oui, ils ont fait des études et ils sont parvenus à communiquer avec les Sénégalais. Ils sont en déphasage avec les Sénégalais. Moi, je propose un discours simple. Un truc pratique et j’ai – je ne dis pas que tout le monde n’a pas les mains propres – moi j’ai les mains propres. J’ai prouvé des choses. Je suis pour la bonne gouvernance. Je veux un Etat fort et simple. Que les gens voient et se rendent compte comment ça fonctionne, qu’on ait l’impression que l’on est dans un royaume. Le chef, il décide tout. Moi, je veux rendre le pouvoir au peuple. Je veux fonctionner et que le peuple comprenne.
Youssou N’Dour : La candidature, c’est un appel d’une grande majorité du peuple Sénégalais. J’ai eu, depuis une année maintenant, à rencontrer plusieurs personnes, plusieurs centaines de milliers de personnes, directement ou indirectement, qui ont demandé que j’arrive dans la scène politique. Pourquoi ? Parce qu’ils ont vu comment on a géré le pays. Ils veulent un vrai changement. Ça, c’est la première chose.
La deuxième chose : je me suis rendu compte qu’on est en train de bafouer les règles du jeu de la démocratie. Et je me suis dit, avec l’appel du peuple, avec ce que je suis en train de voir se dessiner pour un lendemain flou, je n’ai pas le droit de rester tranquille, les bras croisés. Certes, il y a d’autres conditions qui sont arrivées vers moi, qui m’ont poussé à prendre cette décision.
RFI : Lesquelles, justement ?
Y.N. : D’abord, je crois qu’en regardant le Sénégal, je vois deux Sénégal : le Sénégal d’en haut et le Sénégal d’en bas. On est sur la Corniche, aujourd’hui on voit ça, c’est le rêve... On va dans la banlieue, on voit que les gens sont dans la pauvreté. Ça, c’est la réalité. Moi, je veux faire un Sénégal ! Pas deux Sénégal !
RFI : Mais est-ce que cela veut dire, Youssou N’Dour, que vous arrêtez vos activités artistiques? Vous entrez définitivement en politique ?
Y.N. : Le Sénégal est plus important que l’artiste Youssou N’Dour, que la personne même Youssou N’Dour. Je mets entre parenthèses toutes mes activités, pour montrer que mon engagement est un engagement très, très sérieux.
France 24 : Mais justement, est-ce que vous avez suffisamment mesuré les risques, au cas où vous seriez un candidat malheureux à l’élection présidentielle ?
Y.N. : Je gagne ces élections. Je ne serai pas malheureux. Sortons ! Allons dans la rue tout de suite, si vous voulez ! La majorité des Sénégalais m’ont demandé de me présenter. Je gagne au premier tour !
F24 : Vos détracteurs disent que c’est un gros coup commercial que vous faites. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Y.N. : Je pense qu’ils devraient dire que c’est une action citoyenne que je suis en train de faire. Il n’y a jamais eu autant d’engouement de la presse internationale sur le Sénégal. Déjà ça, ça nous aide à avoir des élections beaucoup plus transparentes. Ca permet aussi au monde entier de suivre ce qui se passe au Sénégal.
RFI : Est-ce que vous pensez, Youssou N’Dour, qu’on peut gagner une élection au Sénégal, en entrant en politique moins de deux mois avant le scrutin et sans avoir de parti derrière soi ?
Y.N. : D’abord, je pense que le temps ne joue pas contre moi. On me parle d’appareil. J’ai le plus vieux et robuste et coordonné appareil dans ce pays. Moi, j’ai des amis partout. Depuis trente ans, c’est une carrière qui se forge. J’ai des gens qui peuvent être là pour moi, au vrai sens du mot. Par contre, il y a une chose importante : c’est que Wade, il n’a pas le droit de se présenter. Je ne sais pas s’il y a une question par rapport à ça, mais j’aimerais bien évoquer cette question...
RFI : Allez-y, on peut d’ores et déjà en parler. Qu’et-ce que vous pensez de cette candidature d’Abdoulaye Wade, qui à priori sera votre principal challenger, si sa candidature est retenue ?
Y.N. : Je le dis sereinement, sérieusement, la Constitution ne lui permet pas de se présenter pour un troisième mandat. Ça, c’est la première chose. Et je crois que la communauté internationale, qui veille, qui normalement doit plus prévenir que guérir, doit parler à Abdoulaye Wade. Aujourd’hui, les bases de la démocratie sont en train d’être bafouées par son entourage, les gens le poussent. Il est en train de faire quelque chose qui amène des risques au Sénégal. J’interpelle la communauté internationale pour qu'elle ui parle. Ce n’est pas une ingérence intérieure. Quand il est allé à Benghazi pour parler à Kadhafi, vous l’avez cautionné ! Quand il bafoue la démocratie ici, il faut le lui dire ! Abdoulaye Wade mérite d’avoir une sortie par la grande porte !
F24 : Et que proposez-vous alors, aux Sénégalais ?
Y.N. : Il y a, effectivement, des priorités. Ma première priorité, c’est diminuer le train de vie de l’Etat, arriver à injecter ces économies dans les secteurs prioritaires, qui sont la santé, qui sont l’éducation, l’agriculture, etc..., des choses qui sont vitales. Chaque jour, je rends compte aux Sénégalais. Nous en sommes là, par rapport à ce point. Nous savons que le conflit de la Casamance est un conflit qui inquiète les Sénégalais. On va inviter tout le monde à discuter pour régler le problème de la Casamance, etc., etc.
RFI : Vous avez un parcours original, Youssou N’Dour. Qu’est-ce que vous pouvez apporter de différent au débat politique Sénégalais ?
Y.N. : Mais je pense que j’aborde les choses beaucoup plus simplement. Je crois que nous avons eu des modèles. Moi, je dis : oui, ils ont fait des études et ils sont parvenus à communiquer avec les Sénégalais. Ils sont en déphasage avec les Sénégalais. Moi, je propose un discours simple. Un truc pratique et j’ai – je ne dis pas que tout le monde n’a pas les mains propres – moi j’ai les mains propres. J’ai prouvé des choses. Je suis pour la bonne gouvernance. Je veux un Etat fort et simple. Que les gens voient et se rendent compte comment ça fonctionne, qu’on ait l’impression que l’on est dans un royaume. Le chef, il décide tout. Moi, je veux rendre le pouvoir au peuple. Je veux fonctionner et que le peuple comprenne.