Pour le deuxième soir consécutif, de violents affrontements ont opposé dimanche à Beyrouth des manifestants antigouvernementaux et les forces de l’ordre. Des renforts de l'armée et de la police anti-émeutes ont été déployés dans le centre-ville où des centaines de manifestants se sont une nouvelle fois rassemblés à l'entrée d'une avenue menant au Parlement. Des contestataires ont jeté des pierres et des pétards sur des barrages de la police anti-émeute. Les forces de l'ordre ont répliqué avec des balles en caoutchouc, en activant un canon à eau et en tirant des gaz lacrymogènes. La Croix-Rouge libanaise a annoncé un bilan provisoire de 70 blessés, dont 30 transportés vers des hôpitaux.
Une crise qui s'aggrave
Deux mois après la démission du Premier ministre, Saad Hariri, et quatre semaines après la désignation de son successeur, Hassan Diab, il n’y a toujours pas de gouvernement. Les dirigeants n’apportent à l’opinion publique aucune explication convaincante pour expliquer ce retard. Les médias parlent de disputes sur la répartition des portefeuilles entre les partis qui ont soutenu le nouveau Premier ministre, et qui sont censés être tous alliés.
Pourtant, le Liban n’a pas le luxe du temps. Chaque jour qui passe apporte son lot de mauvaises nouvelles : licenciements collectifs, flambée des prix, chute de la valeur de la livre libanaise, pénurie de liquidités dans les banques…
Inaction sociale et réponse sécuritaire
L’inertie des dirigeants a amplifié la colère des manifestants dont certaines franges sont clairement en train de se radicaliser au niveau du discours, mais aussi des actions. Le degré de violence atteint ces derniers jours en atteste. Les autorités se contentent d’apporter une réponse sécuritaire en durcissant la répression et n’offrent aucune perspective politique ou sociale.
Comme l’explique Hani Fayad, qui bat le pavé chaque soir depuis le début de la révolte. Pour lui, c'est la détresse économique croissante qui attire davantage de Libanais résidant loin de la capitale. « Tout cela témoigne d’une révolte populaire pour la première fois, estime-t-il. Le besoin économique des Libanais, c’est une chose nouvelle par rapport aux manifestations précédentes de 2011, 2015 et début 2019. Ce qui se passe, c’est que maintenant ce sont des Libanais de la périphérie qui viennent. Ce besoin économique est beaucoup plus féroce dans les zones lointaines de Beyrouth. Et ces Libanais qui viennent de la périphérie libanaise sont plus féroces que les Libanais habitant dans les grandes cités. »
« On ne peut pas avoir à l'usure des ventre creux »
« Les gouvernements libanais ont toujours utilisé la procrastination, l’évitement. Or, cette fois-ci, l’évitement, la remise à plus tard des problèmes de l’heure ne peuvent pas marcher parce qu’on ne peut pas avoir à l’usure des ventres creux, confirme Youssef Mouawad, spécialiste du Liban. Les gens ont faim. On ne peut pas leur dire : on verra ça dans deux, trois, quatre mois. C’est un problème qui est devenu essentiel. Dans la vie de tous les jours, les gens n’ont plus les moyens de se déplacer ni de se nourrir, ou encore, pire, de payer l’école de leurs enfants. La classe moyenne a été paupérisée, les classes économiquement faibles sont vraiment dans la misère la plus totale. On ne peut pas faire une "révolution de velours" à Beyrouth. Il y aura confrontation et, à mon sens, l’État libanais veut la confrontation. L’État libanais cherche un prétexte pour tabasser les jeunes. On n’est pas en Syrie. On ne tire pas dans le tas. Mais l’État libanais, ça ne l’arrange pas d’avoir en face de lui des gens qui proclament qu’ils sont pour une révolution douce, qui n’a pas prise sur eux. »
Même dans le domaine de la sécurité, les divergences ne manquent pas entre les dirigeants. Le Premier ministre démissionnaire, Saad Hariri, qui gère les affaires courantes, a refusé la convocation du Conseil supérieur de la défense pour débattre des derniers événements, comme le souhaitait le président de la République. Michel Aoun se contentera donc, ce lundi 20 janvier, de réunir les chefs de l’armée et des services de sécurité pour une rencontre ordinaire.
RFI
Une crise qui s'aggrave
Deux mois après la démission du Premier ministre, Saad Hariri, et quatre semaines après la désignation de son successeur, Hassan Diab, il n’y a toujours pas de gouvernement. Les dirigeants n’apportent à l’opinion publique aucune explication convaincante pour expliquer ce retard. Les médias parlent de disputes sur la répartition des portefeuilles entre les partis qui ont soutenu le nouveau Premier ministre, et qui sont censés être tous alliés.
Pourtant, le Liban n’a pas le luxe du temps. Chaque jour qui passe apporte son lot de mauvaises nouvelles : licenciements collectifs, flambée des prix, chute de la valeur de la livre libanaise, pénurie de liquidités dans les banques…
Inaction sociale et réponse sécuritaire
L’inertie des dirigeants a amplifié la colère des manifestants dont certaines franges sont clairement en train de se radicaliser au niveau du discours, mais aussi des actions. Le degré de violence atteint ces derniers jours en atteste. Les autorités se contentent d’apporter une réponse sécuritaire en durcissant la répression et n’offrent aucune perspective politique ou sociale.
Comme l’explique Hani Fayad, qui bat le pavé chaque soir depuis le début de la révolte. Pour lui, c'est la détresse économique croissante qui attire davantage de Libanais résidant loin de la capitale. « Tout cela témoigne d’une révolte populaire pour la première fois, estime-t-il. Le besoin économique des Libanais, c’est une chose nouvelle par rapport aux manifestations précédentes de 2011, 2015 et début 2019. Ce qui se passe, c’est que maintenant ce sont des Libanais de la périphérie qui viennent. Ce besoin économique est beaucoup plus féroce dans les zones lointaines de Beyrouth. Et ces Libanais qui viennent de la périphérie libanaise sont plus féroces que les Libanais habitant dans les grandes cités. »
« On ne peut pas avoir à l'usure des ventre creux »
« Les gouvernements libanais ont toujours utilisé la procrastination, l’évitement. Or, cette fois-ci, l’évitement, la remise à plus tard des problèmes de l’heure ne peuvent pas marcher parce qu’on ne peut pas avoir à l’usure des ventres creux, confirme Youssef Mouawad, spécialiste du Liban. Les gens ont faim. On ne peut pas leur dire : on verra ça dans deux, trois, quatre mois. C’est un problème qui est devenu essentiel. Dans la vie de tous les jours, les gens n’ont plus les moyens de se déplacer ni de se nourrir, ou encore, pire, de payer l’école de leurs enfants. La classe moyenne a été paupérisée, les classes économiquement faibles sont vraiment dans la misère la plus totale. On ne peut pas faire une "révolution de velours" à Beyrouth. Il y aura confrontation et, à mon sens, l’État libanais veut la confrontation. L’État libanais cherche un prétexte pour tabasser les jeunes. On n’est pas en Syrie. On ne tire pas dans le tas. Mais l’État libanais, ça ne l’arrange pas d’avoir en face de lui des gens qui proclament qu’ils sont pour une révolution douce, qui n’a pas prise sur eux. »
Même dans le domaine de la sécurité, les divergences ne manquent pas entre les dirigeants. Le Premier ministre démissionnaire, Saad Hariri, qui gère les affaires courantes, a refusé la convocation du Conseil supérieur de la défense pour débattre des derniers événements, comme le souhaitait le président de la République. Michel Aoun se contentera donc, ce lundi 20 janvier, de réunir les chefs de l’armée et des services de sécurité pour une rencontre ordinaire.
RFI