Le Recensement Général de la Population et de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Elevage (RGPHAE) de 2013, publié il y a de cela quelques mois, a révélé que la population sénégalaise s’établit à 13 508 715 habitants dont 6 735 421 d’hommes et 6 773 294 de femmes. Le rapport révèle un niveau de fécondité toujours élevé et constant, depuis 2002, avec en moyenne 5,1 enfants par femme. Toutefois, des disparités sont constatées entre les milieux urbain et rural (4,1 et 6,2 enfants par femme respectivement). Dakar se singularise avec un Indice synthétique de fécondité (ISF) relativement faible (3,7 enfants par femme). Suivent les régions de Saint-Louis et Thiès (4,9 enfants par femme). A l’opposé, les régions de Sédhiou (7,2 enfants par femme), Matam (6,8 enfants par femme), Kaffrine et Tambacounda (6,9 enfants par femme) conservent un niveau de fécondité relativement élevé.
Depuis 2002, selon le rapport, le niveau de la fécondité est resté stable et tourne autour de 5 enfants par femme, bien qu’il ait connu une baisse, entre 1978 et 2002 (respectivement 7,1 et 5,3). Les résultats ont aussi montré une baisse continue de la fécondité des adolescentes (15-19 ans), passant de 189‰ en 1978 à 78‰ en 2013. Autres révélations, les femmes actuellement en union présentent une forte fécondité avec 7,3 enfants par femme mariée et 4,1 chez celles qui vivent en concubinage ou qui sont en union libre. D’ailleurs, plus 95 % des naissances sont issues de mères mariées, ce qui atteste le cadre essentiellement légitime de la fécondité au Sénégal. ‘’La fécondité est très précoce aux âges 15-19 ans, augmente significativement entre 20-29 ans, avant de décroître de manière régulière à 45-49 ans, sauf pour celle de 2013, dû certainement à une mauvaise déclaration des enfants biologiques chez les femmes âgées’’. En effet, selon le rapport, ‘’des considérations sociologiques plus ancrées chez les générations anciennes feraient qu’elles considèrent, en plus de ceux qu’elles ont eus, les autres enfants confiés comme étant les leurs et, par conséquent, ne distinguent pas les enfants biologiques à ceux confiés’’.
Différences de fécondité très nettes entre milieu urbain et milieu rural
Quelle que soit la région de résidence considérée, les différences de fécondité sont très nettes entre le milieu urbain et le milieu rural. Le niveau de fécondité est nettement plus faible en milieu urbain qu’en milieu rural (4,1 et 6,2 enfants par femme respectivement). Les écarts les plus importants sont observés dans les régions de Kaffrine (2,5), de Kaolack (2,0), de Sédhiou (1,8) et de Tambacounda (1,6) où, en fin de vie féconde, une femme rurale donnerait en moyenne 2 enfants de plus que celle urbaine. Dans la région de Matam, il n’existe pratiquement pas de différence entre citadines et rurales (7,2 et 6,7 respectivement). En outre, l’ISF varie de façon très importante, selon la région de résidence. A part Dakar (3,7 enfants par femme), le nombre moyen d’enfants par femme varie d’un minimum de 4,9 à Saint Louis à un maximum de 7,2 dans la région de Sédhiou, soit un écart de plus de 2 enfants entre ces deux extrêmes. Saint Louis (4,9 enfants par femme), Thiès (4,9) et Louga (5,0) sont les régions où la fécondité est la plus faible.
‘’Les résultats du RGPHAE de 2013 mettent en évidence des variations significatives des taux d’infécondité, selon la région de résidence. On voit que dans l’ensemble, les taux d’infécondité totale sont plus élevés dans les régions de Kédougou (10,2%), Tambacounda (7,8%), Louga (7,7%) et Sédhiou (7,7%). En matière d’infécondité initiale, les régions de Dakar, Thiès et Ziguinchor enregistrent les taux les plus élevés, avec respectivement 48,2%, 41,6% et 40,1%’’, lit-on dans le rapport.
95% des célibataires en âge de procréer sont sans enfants
Le rapport a aussi montré que, quel que soit le type d’infécondité considéré, la proportion des femmes sans enfants est plus élevée chez les célibataires que chez les autres femmes. Dans ce cadre, le rapport montre que 95% des célibataires en âge de procréer sont sans enfants, au moment de l’enquête. Par ailleurs, parmi les femmes âgées de 50 ans et qui vivent dans le célibat, 48% d’entre elles n’ont pas eu d’enfant au cours de leur vie féconde. ‘’Les taux d’infécondité totale les plus faibles s’observent chez les femmes vivant dans les ménages polygames (4%) et monogames (5%) ainsi que les veuves (5%). C’est dire que la propension à concevoir est surtout favorisée par l’existence d’un cadre social légitime pour la fécondité (le mariage)’’ selon le rapport.
‘’Rares sont les femmes de plus de 49 ans qui restent sans enfant’’
Par ailleurs, le rapport montre que l’infécondité initiale, mesurée par la proportion des femmes en âge de procréer sans enfants nés vivants, révèle qu’une femme (15-49 ans) sur trois n’a pas encore eu une naissance vivante au moment du Recensement (soit un taux de 38%). Les régions fortement urbanisées telles que Dakar et Thiès sont plus concernées par le phénomène. L’infécondité totale qui s’apparente à la stérilité primaire définitive se retrouve surtout dans les régions de Kédougou, Tambacounda et Louga. En fin de vie féconde, le taux d’infécondité finale apparaît faible (6%) et montre que rares sont les femmes de plus de 49 ans qui restent sans enfant et ce, quel que soit le milieu de résidence. ‘’Cela traduit, au Sénégal, le caractère marginal du phénomène de stérilité définitive en matière de procréation’’, renseigne le rapport du RGPHAE.
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