Connectez-vous
NDARINFO.COM
NDARINFO.COM NDARINFO.COM
NDARINFO.COM
Accueil
Envoyer à un ami
Version imprimable
Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte

Quand la gauche perd ses idées, ses valeurs : Que vaut la politique au Sénégal ?

Jeudi 26 Novembre 2020

Une véritable problématique aujourd’hui au Sénégal. La lutte des idées dans les différents courants politiques est vouée aux gémonies. L’alternance politique intervenue en 2000 et en 2012, a balafré le visage de la politique au Sénégal. Il a occasionné le phénomène de la transhumance tous azimuts et des coalitions contre nature.


Quand la gauche perd ses idées, ses valeurs : Que vaut la politique au Sénégal ?


Désormais, des responsables de partis politiques de peur de s’ombrer dans une opposition sans issue se retrouvent dans le cadre d’une alliance avec le parti au pouvoir afin de pouvoir bénéficier des dividendes. Mieux, certains trouvent la maline idée de dissoudre leurs formations politiques dans le parti au pouvoir. Ils y viennent avec armes et bagages pour les beaux yeux du Président en place.

 Des idées et valeurs perdues  

Oui. La gauche historique, de l’indépendance aux années 1990, était contestataire. Ses leaders ont participé aux luttes sociales, à Mai 68, et beaucoup ont été emprisonnés, ont survécu dans la clandestinité avant l’instauration du multipartisme intégral en 1981. Des leaders comme Landing Savané ou Abdoulaye Bathily ont combattu dans des partis qui prônaient le respect des libertés individuelles et la lutte contre les inégalités.

Dans les années 1980, ils ont dénoncé les politiques d’ajustements structurels imposées par les institutions internationales qui fragilisaient les plus pauvres de la société. Cette gauche-là s’est d’ailleurs alliée à d’autres gauches africaines ou à l’international pour mener le combat. Mais depuis la fin des années 1990, les partis de gauche réagissent peu aux attaques contre les libertés individuelles.

Au fait, les ralliements des socialistes brouillent encore un peu plus la scène politique. Depuis 20 ans, la gauche ne propose pas de projet. Elle collabore avec les libéraux. Dans les centres urbains, les élites, traditionnellement socialistes, cèdent aux sirènes du parti au pouvoir.

On perçoit aussi cette tendance au niveau local. Dans le cadre de mes recherches dans les régions de Louga et de Saint-Louis, j’ai constaté ce phénomène de transhumance chez nombre de maires et de leaders religieux. Toutefois, ce serait une erreur de résumer la gauche à ses dinosaures politiques. Mieux vaut parler de « gauches ».

Pour la première fois dans l’histoire politique du Sénégal, le Parti socialiste (PS) ne présentera pas de candidat au scrutin présidentiel du 24 février 2019. Au pouvoir de 1960 à 2000, sous Léopold Sédar Senghor puis Abdou Diouf, le PS dirigé par Ousmane Tanor Dieng soutient la coalition du président sortant Macky Sall.

 Cependant, cela a eu comme conséquence du résultat d’un long processus dont le tournant se situe en 2000 avec l’élection d’Abdoulaye Wade. Jusqu’à cette date, l’échiquier politique sénégalais était polarisé entre libéraux et socialistes.

C’est sous les mandats d’Abdou Diouf [de 1981 à 2000], président pourtant socialiste, que les programmes d’ajustements structurels du FMI seront appliqués, le franc CFA dévalué. Puis arrive Abdoulaye Wade en 2000.

Il contribue à brouiller encore plus ces lignes traditionnelles en impulsant une politique sociale alors qu’il est un libéral. Le chantre du « sopi » [« changement » en wolof], son projet de transformation sociale, accroît l’intervention de l’Etat dans l’économie en subventionnant l’agriculture et l’énergie. Avait écrit nos confères du Monde.

Il y a des années marquées par des luttes internes dans les partis de gauche : au PS, au Rassemblement national démocratique et à l’And-Jëf [Parti africain pour la démocratie et le socialisme].

La fragmentation de la gauche politique est parachevée avec la participation de certaines de ses figures comme Mamadou Diop Decroix, Amath Dansokho, Djibo Ka ou Abdoulaye Bathily aux gouvernements d’ouverture menés par des premiers ministres libéraux. Et demain reste sombre pour les luttes politiques au Sénégal. Parce que sans issue.

Pape Alassane Mboup


 


Nouveau commentaire :
Twitter

Merci d'éviter les injures, les insultes et les attaques personnelles. Soyons courtois et respectueux et posons un dialogue positif, franc et fructueux. Les commentaires injurieux seront automatiquement bloqués. Merci d'éviter les trafics d'identité. Les messages des faiseurs de fraude sont immédiatement supprimés.