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Profil - Femme travailleuse de Guet-Ndar : Binta Sarr transformée par le poisson

Jeudi 10 Mars 2016

Ame bien née au service du développement, Binta Sarr fait partie des femmes qui comptent à Saint-Louis et particulièrement à Guet-Ndar. Cette reconnaissance est le fruit d'un travail de longue haleine d'une femme transformatrice de poisson depuis l'âge de 8 ans. Un métier qu'elle a appris auprès de sa défunte mère, Adja Sokhna Teuw, l'une des précurseurs de la transformation du poisson à Guet-Ndar, le célèbre quartier des pêcheurs de la capitale du nord.


1,75 environ, de teint noir, Binta Sarr ne passe jamais inaperçue à Guet-Ndar. Vous n’avez pas besoin de demander à deux ou trois personnes pour la retrouver parmi les milliers d’âmes vivant dans ce quartier présenté comme la cinquième concentration mondiale en termes de densité. Elle est, en effet, connue de tous, même des petits enfants qui traînent dans la rue. Cela, Binta Sarr le doit à son dynamisme et à son amour pour le travail. Comme la plupart des femmes de son quartier, elle n’est pas allée à l’école. Mais malgré tout, elle fait partie aujourd’hui des femmes qui comptent à Saint-Louis et particulièrement à Guet-Ndar. Cette reconnaissance est, en effet, le fruit d’un travail de longue haleine. Femme transformatrice, depuis l’âge de 8 ans, elle a appris ce métier auprès de sa défunte mère, Adja Sokhna Teuw, l’une des précurseurs de la transformation du poisson à Geut-Ndar.

 
As de la transformation

Agée aujourd’hui de 56 ans, elle a fait plus et même mieux que sa défunte mère pour avoir révolutionné le secteur grâce surtout à son génie créateur. Avec l’expérience capitalisée au cours de ses 49 ans d’exercice du métier, elle finit par devenir un véritable as de la transformation.


L’ambition d’aller loin et l’amour pour le travail bien fait en bandoulière, elle pousse l’audace au point de faire le tour du Sénégal pour des stages de formation qui lui permettront d’approfondir ses connaissances pour ensuite les partager avec ses sœurs de Guet-Ndar. «J’ai participé à de nombreuses rencontres notamment des stages à Mpal, Rao, Gandiol, Matam, Kayar, Lompoul, Fass Boye, Dakar, Kahone, Bignona, Ziguinchor, entre autres, pour apprendre de nouvelles techniques que j’ai partagées à mon retour à Saint-Louis avec mes camarades», fait-elle savoir.
Grande battante, Binta Sarr a été témoin de toutes les péripéties vécues par les femmes transformatrices, mais en véritable leader elle a su par des démarches obtenir  auprès de l’administration et des Ongs des sessions de formations pour les nombreuses femmes évoluant dans le secteur, mais aussi leur faire bénéficier de financements dans le cadre de la modernisation des infrastructures de transformation du poisson frais en poison fumé, séché ou autres produits dérivés permettant ainsi de récupérer les milliers de tonnes de poissons, surtout de sardinelles invendues et qui n’eût été ces femmes seraient tout simplement jetées à l’eau.

 
Investir le marché étranger


Partie presque de rien, Binta Sarr a aujourd’hui mis en place une véritable industrie de transformation qui alimente tout l’intérieur du pays. Un marché qui, selon elle, ne permet pas de réaliser ses véritables ambitions. La Guet-Ndarienne, qui n’hésite pas à prendre la parole pour défendre son activité devant les autorités, veut en effet investir le marché étranger. Pour cela, elle dit compter sur l’aide des autorités au plus haut niveau à qui elle a lancé un appel pour qu’elles mettent en place des mécanismes leur permettant d’exporter leurs produits vendus à un bien meilleur prix sur le marché international.
Chef d’entreprise, Binta Sarr n’en est pas moins femme leader, ses interventions répétées en faveur de la promotion des femmes transformatrices et ses nombreuses initiatives lui ont valu la confiance de ses autres sœurs, qui l’ont portée à la tête de l’Association des femmes transformatrices de Guet-Ndar, une structure regroupant officiellement plus de mille femmes  qui se sont fixées pour objectif, selon Binta Sarr, de travailler pour l’émergence du Sénégal au-delà de leur vœu de faire de leur quartier un pôle économique incontournable et aller du coup au-delà des ambitions de leurs parents. «Nous voulons faire mieux que nos parents qui nous ont légué ce savoir», martèle Binta comme l’appellent affectueusement ses camarades. Mais pour cela, ajoute-t-elle, il leur faut certes du cran ce qui ne fait pas défaut, mais surtout un appui plus conséquent des autorités. Car pour elle, l’activité de transformation du poisson et des produits halieutiques, en général, constitue une alternative permettant d’éviter les pertes, mais aussi de mieux gérer les ressources en évitant le gaspillage.


cndiongue@lequotidien.sn


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