Birima Ndiaye a deux choses pour lui. Sa fougue et son impertinence. Du reste, le «socialiste» de 47 ans ne doit sa popularité qu’à ses délires dans l’émission «Jakarlo bi» de la Tfm.
Ses sorties font polémiques. Son personnage aussi. Birima Ndiaye, 47 ans, volubile chroniqueur à l’émission «Jakarlo bi» sur la Télévision Futurs Medias (Tfm), aime attirer la lumière. Quand ses co-animateurs choisissent précautionneusement leurs mots avant de les sortir, lui, agit en truculent hors-la-loi.
Sans censure, ni mesure, ni pondération. Ce qui lui vaut, à tort ou à raison, d’être voué aux gémonies par ses détracteurs. Birima, un antipathique ? On serait tenté de le croire. Simple impression. Car, hormis Charles Faye qui le peint sous les traits d’un «invité d’un type nouveau», difficile d’arracher un témoignage sur l’homme.
Ni le tonitruant avocat, Me El Hadj Diouf, ni Khalifa Diakhaté, présentateur de l’émission, ne mouftent. Encore moins Birame Ndeck Ndiaye, son ancien directeur au Crous, avec qui, il a eu une violente altercation qui fait encore résonner les murs de l’université Gaston Berger de Saint-Louis.
Un bras de fer qui coûtera son poste à Birame Ndeck Ndiaye, relevé par décret présidentiel. Un coup du destin dont Birima s’enorgueillit. Il dit : «La bataille syndicale était rude. Nous avons lutté becs et ongle pour défendre les droits des travailleurs. Finalement, nous avons eu gain de cause.»
Birima est ainsi. Un condensé de passion et d’authenticité. D’impertinence et d’innocence. «C’est ma nature profonde. Je suis très écumeux, quand je revêts le manteau du syndicaliste», embraie-t-il. Faire monter la température lors de l’émission, pousser ses hôtes jusque dans leurs derniers retranchements, c’est sa marque de fabrique dans «Jakarlo bi».
Un rôle qu’il surjoue à merveille, même si cela lui vaut, une fois à la maison, les remontrances de sa dame.
Il confie : «Après chaque émission, ma 2e femme me critique, sans ménagement. Je me défends, en lui faisant savoir que je suis ainsi.» Ça, c’est du Birima pur jus ! Lui demander de ne pas être authentique sur le plateau serait…contre-nature. Et pourtant, sous ses airs de fauve prêt à sauter sur sa proie, Birima serait un homme très doux.
C’est sa 2e femme, Soxna Diaw Diagne, qui le dit : «Il m’arrive parfois de ne pas regarder, jusqu’à la fin, ses émissions. Tant, son comportement me fait sortir de mes gonds. Je lui demande de parler sans s’énerver, car on le comprend mieux, quand il s’exprime doucement. Et pourtant, à la maison, il est tout sucre, tout miel.»
On le lui concède. Lui, coincé dans un costume bleu de nuit sur une chemise bleue claire rehaussée par une cravate rouge vif, s’étrangle de rire sur le sofa beige de son salon décoré avec sobriété. L’homme qui revendique son amitié avec le président Macky Sall, abhorre le syndicalisme de salon ou les contestataires qui deviennent aphones, une fois, leur part du gâteau en bouche.
«C’est ce syndicalisme mou qui fausse les débats au Sénégal. Souvent, les débatteurs, au lieu de défendre leurs convictions profondes, préfèrent développer des arguments de complaisance, dans le but de se faire remarquer et d’obtenir, à la fin, un poste. Je ne mange pas de ce pain-là. Macky Sall est mon ami, mais je lui ai toujours dit que je ne voulais ni poste ni faveurs. Je veux juste être libre». On est tenté de le croire…
«Ni virulent ni insolent». Birima est arrivé à la télé au hasard d’une rencontre avec Ndiaga Ndour, directeur de la Tfm. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, le meurtre de l’étudiant Bassirou Faye va le propulser au-devant de la petite lucarne.
Il explique : «Après le décès de Bassirou Faye, je voulais faire une sortie, au nom de mon syndicat. On m’a mis en rapport avec Aïssatou Diop Fall de la Tfm. Mais, comme elle était réticente, cela ne s’est pas fait. En quittant la Tfm, mon ami et moi sommes tombés sur Ndiaga Ndour. Nous avons échangé et mon personnage l’a intéressé. Il m’a proposé de participer à la toute nouvelle émission de la Tfm, «Jakarlo bi» qui devait démarrer le soir-même et m’a mis en rapport avec Khalifa Diakhaté.»
Le syndicaliste ne pouvait rêver meilleure tribune. Sa prestation accroche. Trois jours après, de retour à sa ville d’adoption, Saint-Louis, il reçoit le coup de fil de Khalifa Diakhaté qui lui propose une pige comme chroniqueur dans l’émission.
L’idée l’agrée. C’est le début de l’aventure…sans bourse délier. «Je ne suis pas rémunéré pour ma participation à l’émission Jakarlo bi. Ma prestation est gratuite, car j’ai dit à Youssou Ndour que je ne voulais pas de salaire encore moins d’indemnité», précise-t-il.
Un «altruisme» désintéressé, même si Birima y trouve pleinement son compte. «Jakarlo bi» est une occasion de participer au développement de mon pays. Je le fais sans rien attendre en retour et je me sens libre d’exprimer mon opinion. Telle que je la sens», précise-t-il.
Une liberté qui cautionne sa virulence et son impertinence ? Lui se défend et rétorque : «Non ! Je ne suis ni virulent ni insolent. Un invité m’a insulté en plein plateau. Je n’ai pas répondu et j’ai pardonné. Mon tempérament lors de l’émission n’est pas importé. Ce n’est pas un masque de façade. Je suis comme tel et cela, dans la vie de tous les jours.» Soit !
Socialiste. Chez Birima, le syndicalisme et la politique collent comme une seconde peau. Allaité au lait de la politique dès sa tendre enfance, il effectue ses humanités entre Sandiara et Mbour, mais décroche en classe de Terminale, sans passer le bac, pour cause de maladie. En 1985, il s’établit à Ngékhokh, pour y suivre une formation en métallurgie.
Trois ans plus tard, son diplôme de technicien supérieur en poche, sans emploi, il débarque dans la capitale, Dakar et s’installe à Pikine Icotaf puis à Tally bou Mack, chez une de ses sœurs. Dans la populeuse banlieue, il est happé par le virus de la politique.
Le jeune adolescent se plait à la chose. Il retourne dans son terroir natal, bastion des socialistes, à l’époque, et milite activement au sein de la section socialiste de Mbour.
Fougueux jusqu’à la moelle et acteur vitaminé du mouvement navétane, Birima qui a grandi dans un environnement très politisé, est élu, de 1988 à 1993, secrétaire chargé de la vie politique au sein des jeunesses socialistes à Sandiara, sous la coupe réglée d’André Sonko, ancien ministre (Fonction publique et Éducation nationale) sous Abdou Diouf.
Après la victoire de Diouf à la Présidentielle de 1993, Birima est recruté au Centre régional des œuvres universitaires (Crous) de l’université Gaston Berger de Saint-Louis, comme chef de résidence. Il avait 24 ans. Son charisme attire l’attention du président Diouf (de 1980 à 2000) qui en fait son ouaille.
«Je l’ai rencontré pour la première fois, en 1993 et le lien s’est établi aussitôt entre nous. J’allais souvent lui rendre visite au palais», ergote-t-il, fier comme un paon.
A l’université Gaston Berger, Birima se découvre une autre passion : le syndicalisme. Il raconte : «Au bout de 6 mois d’exercice au Crous de Saint-Louis, les responsables universitaires menaçaient de compresser le personnel. Je m’y suis opposé farouchement. Et c’est ainsi que j’ai adhéré à la Cnts dirigée, à l’époque, par Feu Madia Diop.»
Nous sommes en 1994. Quelques temps après, à la faveur d’une élection, Birima est élu secrétaire général de la section du Syndicat des travailleurs de l’université de Saint-Louis (Stsu)/Cnts (confédération nationale des travailleurs du Sénégal) de l’université Gaston Berger (Ugb).
Deux années plus tard, «affecté» au service comptable, le délégué du personnel de l’Ugb, de 1994 à 2006, devient, en 2006, le secrétaire général national de la Stsu. Mody Guiro, tout puissant patron de la Cnts, le nomme président du comité des jeunes de la Cnts.
Il occupera le poste jusqu’en 2010. Rattrapé par la limite d’âge, il est élu, à 40 ans, secrétaire général adjoint de la Cnts. Un exploit pour celui qui se targue d’être le plus jeune secrétaire général dans l’histoire de la Cnts ! Il dit : «C’est un groupe restreint et il n’est pas donné à tout le monde d’y accéder», fanfaronne-t-il. Exit le syndicalisme, le conseiller technique N°2 du directeur du Crous qui oscille entre son job au Crous et ses affaires, revendique sa totale loyauté aux différents secrétaires généraux du Ps.
«Si Abdou Diouf chante les louanges de Macky Sall, qu’Ousmane Tanor Dieng lui joue du xalam, moi, je fais du riti», exulte-t-il, dans un fou rire. C’est dit !
Le drame de sa vie. Nous sommes en 1969. Ce jour-là, à Sandiara (département de Mbour, arrondissement de Sessène), les premières douleurs de l’enfantement cueilleront Aston. Elle avait 49 ans. Mais, malgré son âge avancé, elle tiendra bon et donnera naissance à un jeune mâle tout frétillant.
Son mari, 60 ans, aux anges et ravi de perpétuer sa lignée, le nommera Birima. Cadet d’une fratrie de 6 enfants, Birima poussera comme un épi de mil, couvé par l’attention d’une maman commerçante et la rigueur d’un pater paysan qui sera arraché à son affection alors qu’il avait 17 ans.
Môme têtu, ado turbulent, ce grand chahuteur voue une affection inconditionnelle à sa mère. «Il m’arrivait de sécher les cours pour rester à ses côtés», confesse-t-il. Raison pour laquelle, sa disparition brutale, en 2007, l’a profondément marqué. Au point de lui valoir une hospitalisation à Saint-Louis, luttant entre son devoir de vivre la perte de sa mère dans la dignité et l’impossibilité d’envisager une vie sans elle.
Il se relèvera 2 mois plus tard, mais n’en sortira jamais indemne. «Je garde toujours des séquelles», lâche-t-il, des trémolos dans la voix, la tête lourde de souvenirs, mais les pieds bien ancrés dans la réalité.
Une réalité qui le pousse à envisager l’avenir avec plein d’optimisme, pour sa famille. Mais, surtout pour ses enfants et ses deux épouses. «Je les aime plus que tout. J’ai fait de mes femmes des reines», avoue cet inconditionnel de Youssou Ndour. Papa rigoureux, parfois poule, Birima qui a titillé les arts martiaux «pour (se) défendre», aime aller en boîte et se shooter aux sons du mbalakh. Friand de ceebu jën, «c’est un gros gourmand», souffle sa femme, ce ceedo, pure souche qui cite comme référence, Abdou Diouf, est fier de ses origines et va même jusqu’à s’autoproclamer Damel. Sans prétention aucune !
NDÈYE FATOU SECK
Ses sorties font polémiques. Son personnage aussi. Birima Ndiaye, 47 ans, volubile chroniqueur à l’émission «Jakarlo bi» sur la Télévision Futurs Medias (Tfm), aime attirer la lumière. Quand ses co-animateurs choisissent précautionneusement leurs mots avant de les sortir, lui, agit en truculent hors-la-loi.
Sans censure, ni mesure, ni pondération. Ce qui lui vaut, à tort ou à raison, d’être voué aux gémonies par ses détracteurs. Birima, un antipathique ? On serait tenté de le croire. Simple impression. Car, hormis Charles Faye qui le peint sous les traits d’un «invité d’un type nouveau», difficile d’arracher un témoignage sur l’homme.
Ni le tonitruant avocat, Me El Hadj Diouf, ni Khalifa Diakhaté, présentateur de l’émission, ne mouftent. Encore moins Birame Ndeck Ndiaye, son ancien directeur au Crous, avec qui, il a eu une violente altercation qui fait encore résonner les murs de l’université Gaston Berger de Saint-Louis.
Un bras de fer qui coûtera son poste à Birame Ndeck Ndiaye, relevé par décret présidentiel. Un coup du destin dont Birima s’enorgueillit. Il dit : «La bataille syndicale était rude. Nous avons lutté becs et ongle pour défendre les droits des travailleurs. Finalement, nous avons eu gain de cause.»
Birima est ainsi. Un condensé de passion et d’authenticité. D’impertinence et d’innocence. «C’est ma nature profonde. Je suis très écumeux, quand je revêts le manteau du syndicaliste», embraie-t-il. Faire monter la température lors de l’émission, pousser ses hôtes jusque dans leurs derniers retranchements, c’est sa marque de fabrique dans «Jakarlo bi».
Un rôle qu’il surjoue à merveille, même si cela lui vaut, une fois à la maison, les remontrances de sa dame.
Il confie : «Après chaque émission, ma 2e femme me critique, sans ménagement. Je me défends, en lui faisant savoir que je suis ainsi.» Ça, c’est du Birima pur jus ! Lui demander de ne pas être authentique sur le plateau serait…contre-nature. Et pourtant, sous ses airs de fauve prêt à sauter sur sa proie, Birima serait un homme très doux.
C’est sa 2e femme, Soxna Diaw Diagne, qui le dit : «Il m’arrive parfois de ne pas regarder, jusqu’à la fin, ses émissions. Tant, son comportement me fait sortir de mes gonds. Je lui demande de parler sans s’énerver, car on le comprend mieux, quand il s’exprime doucement. Et pourtant, à la maison, il est tout sucre, tout miel.»
On le lui concède. Lui, coincé dans un costume bleu de nuit sur une chemise bleue claire rehaussée par une cravate rouge vif, s’étrangle de rire sur le sofa beige de son salon décoré avec sobriété. L’homme qui revendique son amitié avec le président Macky Sall, abhorre le syndicalisme de salon ou les contestataires qui deviennent aphones, une fois, leur part du gâteau en bouche.
«C’est ce syndicalisme mou qui fausse les débats au Sénégal. Souvent, les débatteurs, au lieu de défendre leurs convictions profondes, préfèrent développer des arguments de complaisance, dans le but de se faire remarquer et d’obtenir, à la fin, un poste. Je ne mange pas de ce pain-là. Macky Sall est mon ami, mais je lui ai toujours dit que je ne voulais ni poste ni faveurs. Je veux juste être libre». On est tenté de le croire…
«Ni virulent ni insolent». Birima est arrivé à la télé au hasard d’une rencontre avec Ndiaga Ndour, directeur de la Tfm. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, le meurtre de l’étudiant Bassirou Faye va le propulser au-devant de la petite lucarne.
Il explique : «Après le décès de Bassirou Faye, je voulais faire une sortie, au nom de mon syndicat. On m’a mis en rapport avec Aïssatou Diop Fall de la Tfm. Mais, comme elle était réticente, cela ne s’est pas fait. En quittant la Tfm, mon ami et moi sommes tombés sur Ndiaga Ndour. Nous avons échangé et mon personnage l’a intéressé. Il m’a proposé de participer à la toute nouvelle émission de la Tfm, «Jakarlo bi» qui devait démarrer le soir-même et m’a mis en rapport avec Khalifa Diakhaté.»
Le syndicaliste ne pouvait rêver meilleure tribune. Sa prestation accroche. Trois jours après, de retour à sa ville d’adoption, Saint-Louis, il reçoit le coup de fil de Khalifa Diakhaté qui lui propose une pige comme chroniqueur dans l’émission.
L’idée l’agrée. C’est le début de l’aventure…sans bourse délier. «Je ne suis pas rémunéré pour ma participation à l’émission Jakarlo bi. Ma prestation est gratuite, car j’ai dit à Youssou Ndour que je ne voulais pas de salaire encore moins d’indemnité», précise-t-il.
Un «altruisme» désintéressé, même si Birima y trouve pleinement son compte. «Jakarlo bi» est une occasion de participer au développement de mon pays. Je le fais sans rien attendre en retour et je me sens libre d’exprimer mon opinion. Telle que je la sens», précise-t-il.
Une liberté qui cautionne sa virulence et son impertinence ? Lui se défend et rétorque : «Non ! Je ne suis ni virulent ni insolent. Un invité m’a insulté en plein plateau. Je n’ai pas répondu et j’ai pardonné. Mon tempérament lors de l’émission n’est pas importé. Ce n’est pas un masque de façade. Je suis comme tel et cela, dans la vie de tous les jours.» Soit !
Socialiste. Chez Birima, le syndicalisme et la politique collent comme une seconde peau. Allaité au lait de la politique dès sa tendre enfance, il effectue ses humanités entre Sandiara et Mbour, mais décroche en classe de Terminale, sans passer le bac, pour cause de maladie. En 1985, il s’établit à Ngékhokh, pour y suivre une formation en métallurgie.
Trois ans plus tard, son diplôme de technicien supérieur en poche, sans emploi, il débarque dans la capitale, Dakar et s’installe à Pikine Icotaf puis à Tally bou Mack, chez une de ses sœurs. Dans la populeuse banlieue, il est happé par le virus de la politique.
Le jeune adolescent se plait à la chose. Il retourne dans son terroir natal, bastion des socialistes, à l’époque, et milite activement au sein de la section socialiste de Mbour.
Fougueux jusqu’à la moelle et acteur vitaminé du mouvement navétane, Birima qui a grandi dans un environnement très politisé, est élu, de 1988 à 1993, secrétaire chargé de la vie politique au sein des jeunesses socialistes à Sandiara, sous la coupe réglée d’André Sonko, ancien ministre (Fonction publique et Éducation nationale) sous Abdou Diouf.
Après la victoire de Diouf à la Présidentielle de 1993, Birima est recruté au Centre régional des œuvres universitaires (Crous) de l’université Gaston Berger de Saint-Louis, comme chef de résidence. Il avait 24 ans. Son charisme attire l’attention du président Diouf (de 1980 à 2000) qui en fait son ouaille.
«Je l’ai rencontré pour la première fois, en 1993 et le lien s’est établi aussitôt entre nous. J’allais souvent lui rendre visite au palais», ergote-t-il, fier comme un paon.
A l’université Gaston Berger, Birima se découvre une autre passion : le syndicalisme. Il raconte : «Au bout de 6 mois d’exercice au Crous de Saint-Louis, les responsables universitaires menaçaient de compresser le personnel. Je m’y suis opposé farouchement. Et c’est ainsi que j’ai adhéré à la Cnts dirigée, à l’époque, par Feu Madia Diop.»
Nous sommes en 1994. Quelques temps après, à la faveur d’une élection, Birima est élu secrétaire général de la section du Syndicat des travailleurs de l’université de Saint-Louis (Stsu)/Cnts (confédération nationale des travailleurs du Sénégal) de l’université Gaston Berger (Ugb).
Deux années plus tard, «affecté» au service comptable, le délégué du personnel de l’Ugb, de 1994 à 2006, devient, en 2006, le secrétaire général national de la Stsu. Mody Guiro, tout puissant patron de la Cnts, le nomme président du comité des jeunes de la Cnts.
Il occupera le poste jusqu’en 2010. Rattrapé par la limite d’âge, il est élu, à 40 ans, secrétaire général adjoint de la Cnts. Un exploit pour celui qui se targue d’être le plus jeune secrétaire général dans l’histoire de la Cnts ! Il dit : «C’est un groupe restreint et il n’est pas donné à tout le monde d’y accéder», fanfaronne-t-il. Exit le syndicalisme, le conseiller technique N°2 du directeur du Crous qui oscille entre son job au Crous et ses affaires, revendique sa totale loyauté aux différents secrétaires généraux du Ps.
«Si Abdou Diouf chante les louanges de Macky Sall, qu’Ousmane Tanor Dieng lui joue du xalam, moi, je fais du riti», exulte-t-il, dans un fou rire. C’est dit !
Le drame de sa vie. Nous sommes en 1969. Ce jour-là, à Sandiara (département de Mbour, arrondissement de Sessène), les premières douleurs de l’enfantement cueilleront Aston. Elle avait 49 ans. Mais, malgré son âge avancé, elle tiendra bon et donnera naissance à un jeune mâle tout frétillant.
Son mari, 60 ans, aux anges et ravi de perpétuer sa lignée, le nommera Birima. Cadet d’une fratrie de 6 enfants, Birima poussera comme un épi de mil, couvé par l’attention d’une maman commerçante et la rigueur d’un pater paysan qui sera arraché à son affection alors qu’il avait 17 ans.
Môme têtu, ado turbulent, ce grand chahuteur voue une affection inconditionnelle à sa mère. «Il m’arrivait de sécher les cours pour rester à ses côtés», confesse-t-il. Raison pour laquelle, sa disparition brutale, en 2007, l’a profondément marqué. Au point de lui valoir une hospitalisation à Saint-Louis, luttant entre son devoir de vivre la perte de sa mère dans la dignité et l’impossibilité d’envisager une vie sans elle.
Il se relèvera 2 mois plus tard, mais n’en sortira jamais indemne. «Je garde toujours des séquelles», lâche-t-il, des trémolos dans la voix, la tête lourde de souvenirs, mais les pieds bien ancrés dans la réalité.
Une réalité qui le pousse à envisager l’avenir avec plein d’optimisme, pour sa famille. Mais, surtout pour ses enfants et ses deux épouses. «Je les aime plus que tout. J’ai fait de mes femmes des reines», avoue cet inconditionnel de Youssou Ndour. Papa rigoureux, parfois poule, Birima qui a titillé les arts martiaux «pour (se) défendre», aime aller en boîte et se shooter aux sons du mbalakh. Friand de ceebu jën, «c’est un gros gourmand», souffle sa femme, ce ceedo, pure souche qui cite comme référence, Abdou Diouf, est fier de ses origines et va même jusqu’à s’autoproclamer Damel. Sans prétention aucune !
NDÈYE FATOU SECK