Dans une lettre ouverte de 22 pages appuyée sur de nombreux passages du Coran, les signataires condamnent les meurtres, tortures et exactions commises par les djihadistes au nom de l'Islam.
L'initiative est inédite. Plus de 120 musulmans sunnites du monde entier ont adressé une lettre ouverte à Ibrahim Awwad Al-Badri, alias «Abu Bakr Al-Baghdadi», le chef autoproclamé des djihadistes de l'Etat islamique. Dans ce texte d'une vingtaine de pages rédigé en arabe et traduit notamment en anglais, ils condamnent l'ensemble des crimes commis par les djihadistes du groupe État islamique.
Tous les signataires sont sunnites, comme les terroristes de Daech, et ils viennent de nombreux pays tels que l'Egypte, la Jordanie, le Liban, l'Irak, le Pakistan, l'Indonésie, le Soudan, l'Arabie saoudite ou encore de pays européens.
En 24 points, ils accusent le groupe Etat islamique d'avoir sali l'Islam par ses crimes commis en son nom. «Vous avez fourni d'abondantes munitions à tous ceux qui veulent qualifier l'Islam de barbare par la mise en ligne de vos actes barbares soi-disant perpétrés pour le bien de l'Islam. Vous avez donné au monde un bâton pour battre l'Islam alors qu'en réalité, l'Islam est complètement innocente de ces actes, et les prohibe», écrivent-ils.
«Ce que vous avez fait est incontestablement interdit»
Les signataires n'ont pas de mots assez durs pour qualifier les exactions commises par les terroristes contre les non-sunnites, particulièrement les yazidis et les chrétiens. «Concernant les chrétiens arabes, vous leur avez donné trois choix: la jizah (impôts réservés aux non-musulmans), l'épée ou la conversion à l'Islam.
Vous avez peint leurs maisons en rouge, détruit leurs églises, et dans certains cas, pillés leurs maisons et leurs biens. Vous avez tué certain d'entre eux, et poussé de nombreux autres à à fuir leurs maisons avec rien d'autre que leurs vies et les vêtements qu'ils avaient sur le dos.» Or, le jihad ne s'applique pas aux chrétiens d'un point de vue légal, écrivent-ils, en vertu d'un accord vieux de 1400 ans. «En résumé, ils ne sont pas des étrangers sur ces terres, au contraire, ils sont les natifs de ces terres depuis les temps pré-islamiques. Ils ne sont pas des ennemis, mais des amis.»
Concernant les yazidis, les signataires estiment que «sans l'intervention américaine et kurde, des dizaines de milliers d'hommes, de femmes, d'enfants et de vieillards auraient été tués». Ils concluent par une citation du prophète, enjoignant de les traiter «comme on traite les Gens du Livre», c'est-à-dire les chrétiens et les juifs.
Le traitement des enfants enrôlés dans les brigades de combats, ainsi que la pratique de l'esclavage sont condamnés sans équivoques par le texte. Les dernières exécutions de journalistes et humanitaires occidentaux sont également réprouvées. Les auteurs rappellent que «toutes les religions interdisent le meurtre des émissaires. «Les journalistes -s'ils sont honnêtes et ne sont bien évidemment pas des espions- sont des émissaires de la vérité, parce que leur travail consiste à exposer la vérité aux gens.
Vous avez impitoyablement tué les journalistes James Foley et Steven Sotloff, quand bien même la mère de Sotloff avait plaidé pour votre cause, et imploré votre pitié.» Les travailleurs humanitaires sont également considérés comme des émissaires de «miséricorde et de gentillesse», poursuivent-ils. «Et pourtant, vous avez tué l'humanitaire David Haines», rappellent-ils, avant de conclure: «Ce que vous avez fait est incontestablement interdit («haraam»).
Le texte explique également que l'Islam interdit d'émettre des fatwas «sans toutes les connaissances nécessaires exigées.» «il est également interdit de citer une portion ou un verset du Coran -ou une partie d'un verset- pour en tirer une règle sans regarder tout ce que le Coran et l'Hadîth [traditions tirés des paroles de Mahomet, NDLR] enseignent sur la question.
Il faut également une maîtrise parfaite de l'arabe, langue de l'Islam. «Cela signifie maîtriser la grammaire arabe, la syntaxe, la morphologie, la rhétorique, la poésie, l'étymologie et l'exégèse du Coran», détaille le texte. Les signataires dénoncent ainsi l'interprétation extrêmement simpliste des textes religieux faite par les terroristes de Daech.
Ils visent nommément les propos d'Abu al-Baraa' al-Hindi sur le jihad. Dans une vidéo postée en juillet dernier, il conseillait une lecture littérale du Coran sur la guerre sainte, sans s'embarrasser des interprétations des érudits. Les auteurs de la lettre martèlent donc qu'il interdit de «constamment parler de ‘simplifier les choses'. [...] Il n'est pas non plus permis de dire: ‘L'Islam est simple, le prophète et ses nobles compagnons étaient simples, alors pourquoi compliquer l'Islam?'».
Source: Le Figaro
L'initiative est inédite. Plus de 120 musulmans sunnites du monde entier ont adressé une lettre ouverte à Ibrahim Awwad Al-Badri, alias «Abu Bakr Al-Baghdadi», le chef autoproclamé des djihadistes de l'Etat islamique. Dans ce texte d'une vingtaine de pages rédigé en arabe et traduit notamment en anglais, ils condamnent l'ensemble des crimes commis par les djihadistes du groupe État islamique.
Tous les signataires sont sunnites, comme les terroristes de Daech, et ils viennent de nombreux pays tels que l'Egypte, la Jordanie, le Liban, l'Irak, le Pakistan, l'Indonésie, le Soudan, l'Arabie saoudite ou encore de pays européens.
En 24 points, ils accusent le groupe Etat islamique d'avoir sali l'Islam par ses crimes commis en son nom. «Vous avez fourni d'abondantes munitions à tous ceux qui veulent qualifier l'Islam de barbare par la mise en ligne de vos actes barbares soi-disant perpétrés pour le bien de l'Islam. Vous avez donné au monde un bâton pour battre l'Islam alors qu'en réalité, l'Islam est complètement innocente de ces actes, et les prohibe», écrivent-ils.
«Ce que vous avez fait est incontestablement interdit»
Les signataires n'ont pas de mots assez durs pour qualifier les exactions commises par les terroristes contre les non-sunnites, particulièrement les yazidis et les chrétiens. «Concernant les chrétiens arabes, vous leur avez donné trois choix: la jizah (impôts réservés aux non-musulmans), l'épée ou la conversion à l'Islam.
Vous avez peint leurs maisons en rouge, détruit leurs églises, et dans certains cas, pillés leurs maisons et leurs biens. Vous avez tué certain d'entre eux, et poussé de nombreux autres à à fuir leurs maisons avec rien d'autre que leurs vies et les vêtements qu'ils avaient sur le dos.» Or, le jihad ne s'applique pas aux chrétiens d'un point de vue légal, écrivent-ils, en vertu d'un accord vieux de 1400 ans. «En résumé, ils ne sont pas des étrangers sur ces terres, au contraire, ils sont les natifs de ces terres depuis les temps pré-islamiques. Ils ne sont pas des ennemis, mais des amis.»
Concernant les yazidis, les signataires estiment que «sans l'intervention américaine et kurde, des dizaines de milliers d'hommes, de femmes, d'enfants et de vieillards auraient été tués». Ils concluent par une citation du prophète, enjoignant de les traiter «comme on traite les Gens du Livre», c'est-à-dire les chrétiens et les juifs.
Le traitement des enfants enrôlés dans les brigades de combats, ainsi que la pratique de l'esclavage sont condamnés sans équivoques par le texte. Les dernières exécutions de journalistes et humanitaires occidentaux sont également réprouvées. Les auteurs rappellent que «toutes les religions interdisent le meurtre des émissaires. «Les journalistes -s'ils sont honnêtes et ne sont bien évidemment pas des espions- sont des émissaires de la vérité, parce que leur travail consiste à exposer la vérité aux gens.
Vous avez impitoyablement tué les journalistes James Foley et Steven Sotloff, quand bien même la mère de Sotloff avait plaidé pour votre cause, et imploré votre pitié.» Les travailleurs humanitaires sont également considérés comme des émissaires de «miséricorde et de gentillesse», poursuivent-ils. «Et pourtant, vous avez tué l'humanitaire David Haines», rappellent-ils, avant de conclure: «Ce que vous avez fait est incontestablement interdit («haraam»).
Le texte explique également que l'Islam interdit d'émettre des fatwas «sans toutes les connaissances nécessaires exigées.» «il est également interdit de citer une portion ou un verset du Coran -ou une partie d'un verset- pour en tirer une règle sans regarder tout ce que le Coran et l'Hadîth [traditions tirés des paroles de Mahomet, NDLR] enseignent sur la question.
Il faut également une maîtrise parfaite de l'arabe, langue de l'Islam. «Cela signifie maîtriser la grammaire arabe, la syntaxe, la morphologie, la rhétorique, la poésie, l'étymologie et l'exégèse du Coran», détaille le texte. Les signataires dénoncent ainsi l'interprétation extrêmement simpliste des textes religieux faite par les terroristes de Daech.
Ils visent nommément les propos d'Abu al-Baraa' al-Hindi sur le jihad. Dans une vidéo postée en juillet dernier, il conseillait une lecture littérale du Coran sur la guerre sainte, sans s'embarrasser des interprétations des érudits. Les auteurs de la lettre martèlent donc qu'il interdit de «constamment parler de ‘simplifier les choses'. [...] Il n'est pas non plus permis de dire: ‘L'Islam est simple, le prophète et ses nobles compagnons étaient simples, alors pourquoi compliquer l'Islam?'».
Source: Le Figaro