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Notes de campagne. Par Aly SAMBOU

Jeudi 7 Novembre 2024

Les dernières sorties, encore malheureuses, de deux plumes émoussées de l’ancien régime, me donnent l’occasion de partager ici une brève réflexion sur une perception personnelle de la nouvelle réalité socio-politique du Sénégal. Il est étonnant, il faut le dire, de constater à quel point et avec quelles vaines énergies des voix connues de tous ne cessent de pousser des cris d’orfraie contre ce que toute intelligence active considère comme une vague irréversible de transformations systémiques dans la gouvernance du pays.


Notes de campagne. Par Aly SAMBOU
Depuis le 2 avril 2024, une nouvelle ère s’est ouverte au Sénégal. Un président, porté au sommet par un désir ardent de changement, incarne un projet de développement qui cristallise tous les espoirs. Il n’a de maître que le peuple lui-même, de programme que l’Agenda national de transformation Sénégal 2050, guidé par un objectif salutaire : construire un État souverain, juste et prospère !

Sur tous les sujets, toutes les questions de société, une approche différente est appliquée. Rien d’étonnant. Il hérite d’un pays où nombre de fondements structurels sont à reconstruire : les valeurs immatérielles en premier. 

Le pouls du Sénégal des profondeurs

Dans les campagnes sénégalaises, le rythme affolant des querelles citadines laisse indifférents la plupart de nos honnêtes concitoyens. Les rigueurs de la vie appellent à concentrer les énergies productives sur la gestion des intendances du quotidien. Si vous leur parlez de politique, de grâce donnez au terme son sens le plus noble et hissez votre discours au-dessus des contingences partisanes.

Depuis soixante-quatre ans que nous avons accédé à la « souveraineté internationale », le monde rural regarde la ville depuis les basses altitudes auxquelles les politiques l’ont confiné ; tant de campagnes électorales se sont succédé depuis sans que l’on ne puisse vraiment en mesurer les effets positifs sur la perception que les Diola de Boutégol, les Mandingue de Samé, les Peuls de Woudourou, les Sereer de Niodior, les Soninké de Nogo ou encore les Wolofs de Nguith ont de la politique. Les promesses ont toujours émaillé les discours électoraux. Ce n’est pas une particularité sénégalaise ; mais ce qui distingue celles de nos vaillants politiques c’est certainement leur incapacité pluridécennale à se traduire en un semblant de début de réalisation. Que n’a-t-on promis pour lutter contre l’extrême pauvreté, cette tueuse silencieuse des masses indigentes. En 2022, elle a été plus accentuée en milieu rural avec un taux de 53,3% contre 20,0% pour le milieu urbain (ANSD).

En valeur absolue, il suffit de considérer que des centaines de milliers de nos compatriotes n’ont une idée sonnante de l’argent qu’à hauteur de 186 869 Fcfa par … année ! Les statistiques sur l’accès aux soins de santé sont encore plus alarmantes, alors que le système de couverture maladie touche moins de 20% de ruraux. Encore rien d’étonnant. En 2022, le Sénégal se classait au 170e rang sur 191 pays sur l’indice de développement humain, bien en dessous de la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne. 

Et pendant ce temps, dans nos villes, politiques et hommes d’affaires rivalisent dans les dépenses somptuaires. Le niveau de mobilisation des fonds publics au cours des dernières années a offert des champs d’action illimités à toutes les dérives. Tenez, par exemple, 2 500 milliards de nos francs auraient été allègrement dépensés entre 2019 et 2023 sous le joli sceau du secret-défense ! Donc, sans le moindre respect d’aucune procédure légale ou règlementaire de décaissement et d’utilisation de fonds publics. Mais ces déclarations du Premier ministre Ousmane Sonko semblent n’être que le début d’une imminente séries de dévoilements sur l’ampleur des détournements de deniers publics savamment opérés par de grands prédateurs des biens du peuple.

Au moment où j’écris ce texte, je ne doute point de l’ampleur du remords qui ronge la plupart d’entre eux. « Le sentiment d’une mauvaise conscience est l’enfer des vivants » (J. Calvin). Ils auraient dû écouter le fonds de ce qui leur reste de leurs consciences ; ils auraient dû laisser agir la confiance que le peuple a placée en eux. Mais, comme toujours dans notre histoire, lorsqu’une élite (que les principes de la morale laissent complètement indifférente) s’empare du pouvoir, son quotidien est littéralement rythmé par trois actions : piller les ressources du pays, s’allier avec des forces extérieures adoratrices de leurs seuls intérêts et persécuter tout individu qui s’oppose à la pérennité de son pouvoir. Le Sénégal a malheureusement vécu de tristes épisodes de la persécution systématique orchestrée contre un opposant. 

Seul contre tous

Il y a cinquante ans, au carrefour des trois anciens royaumes du Baol, du Cayor et du Djolof, sur la terre de la capitale du rail, naît Ousmane Sonko. Le Sénégal ne l’aurait peut-être pas connu et lui-même aurait sans doute quitté l’arène politique avant son temps de gloire, s’il n’eût été le centre de tant de détestations depuis presque dix années. Pour Ousmane, les épreuves se sont succédé à une telle frénésie que le temps s’était figé dans les esprits de ses millions de souteneurs. En dépit de tout, son endurance et sa patience sont restées intactes. L’homme a même gagné en résilience. Toute sa force réside dans sa foi en Dieu. Et, comme l’écume de la mer sur les rochers secs, les vagues d’attaques incessantes contre sa personne perdent de leur force dès qu’elles l’atteignent. Pendant trois longues années, il a été la cible de calomnies des plus folles, l’objet de détestations et de haine jamais portées contre un homme politique au Sénégal. Hier, l’imperturbable opposant qu’il était pouvait silencieusement souffrir tout ce martyre, sans appeler à l’aide, ni en attendre de qui que ce fût. Mais aujourd’hui, sa personne et son honneur ne lui appartiennent plus à lui tout seul. Il est le Premier ministre de la république du Sénégal. Sur ses frêles épaules et la force de son patriotisme repose la réalisation de la vision du Président de la république. Pour cela, et pour tous les sacrifices qu’il a consentis, la nation tout entière lui doit le minimum de respect citoyen.

Dans les querelles politiques, les opinions personnelles, il y a nécessairement des limites que l’on ne doit pas franchir, un code de courtoisie républicaine à respecter. Dans le cas échéant, il est clair que les auteurs de propos discourtois et insultants (de plus en plus) méritent toute notre pitié. Nombre d’entre eux sont soit amèrement nostalgiques d’une époque de bombance dont ils refusent de faire calmement le deuil, soit ils entretiennent la très naïve illusion que l’époque Faye-Sonko n’est qu’un malheureux intermède de l’ère Faye-Sall…

Tous pour le Sénégal

En définitive, je crois en la force de chaque Sénégalais à comprendre les enjeux du moment, à se concentrer sur le chemin de l’essentiel dont nous avions longtemps dévié, dans la plus grande dispersion. L’homo senegalensis a quelque chose d’ingénieux dans sa façon de tourner les pages de l’histoire ; mais la plupart des professionnels de la politique ne le savent pas. Lorsqu’il porte son choix sur un homme, c’est avec la plus grande passion et un élan d’empathie rare qu’il lui témoigne son adhésion à son discours, à sa vision, y compris à sa personne. La présente campagne électorale nous en administre la preuve chaque jour. Les immenses foules de militants et sympathisants que draine le leader du PASTEF à chaque étape, y compris dans les campagnes dépeuplées par l’exode rural, ne sont pas seulement étonnantes ; elles sont surtout inquiétantes, dans la mesure où elles portent un message clair : nous vous donnerons tous les pouvoirs et ne demandons qu’une chose en contrepartie : rendez-nous à nouveau fiers d’être sénégalais ! 


Aly SAMBOU
Enseignant-chercheur
Université Gaston Berger de Saint-Louis

 


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