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Lettre ouverte à la jeunesse sénégalaise !

Mercredi 30 Janvier 2019

Jeunes du Sénégal,
Chers frères, chères sœurs,
Le Sénégal est à la croisée des chemins. Aujourd’hui, tous les observateurs avertis conviendront avec nous qu’au cours de ces dix dernières années, notre pays a reçu des atteintes graves à son intégrité sociale, politique, économique et judiciaire. Le constat est accablant. Les faits parlent d’eux-mêmes.


Cette récente décennie a été le théâtre dans notre pays, d’une disparition de valeurs éthiques, morales et républicaines qui caractérisent les principes fondamentaux d’un état de droit. Les secteurs essentiels qui devraient permettre une vie harmonieuse dans notre société sont essentiellement à genoux : L’école ne garantit plus une insertion professionnelle. La santé est profondément malade.

La justice ne joue plus son rôle de régulateur social et de gardienne des libertés. L’agriculture est incapable d’assurer une autosuffisance alimentaire. La politique-politicienne à travers le népotisme, la transhumance, le reniement est désormais le projet de société que nos dirigeants nous imposent.

Ces tares sont incontestablement engendrées par l’incompétence de nos élites qui perpétuent successivement la survie d’un système colonial prédateur de nos ressources, mais surtout, il faut le dire, par la posture d’une jeunesse absente, muette et inactive ! Oui une jeunesse immature, parfois manipulée, parfois exploitée à des fins peu orthodoxes.


Il est temps de se ressaisir ! Mieux, il est temps de renaître afin de devenir une jeunesse engagée, consciente de ce qu’elle vaut comme de ce qu’elle veut et désireuse d’être considérée à sa juste valeur ! Comme le disait Thomas MANN : « Etre jeune, c’est être spontané, rester proche de ses sources de vie, pouvoir se dresser et secouer les chaines de civilisation périmée, oser ce que d’autres n’ont pas eu le courage d’entreprendre » . C’est avec cette précieuse spontanéité que nous entendrons, vous, moi et d’autres jeunes comme nous, apporter notre pierre à l’édifice.


Mes chers frères et sœurs, si j’ai choisi de vous interpeller par cette présente, c’est parce que je sais que notre pays a besoin de nous car notre esprit n’est pas souillé par la corruption ni imbibé d’animosité. Témoins des dérives du pouvoir, de la violence brutale, de la confiscation des libertés, levons-nous immédiatement pour débarrasser notre pays de la gabegie et de la manipulation !

Nos paires nous ont déjà balisés le terrain ; je veux citer Mamadou DIOP et Bassirou FAYE, tombés sous les balles au combat de l’injustice. Alors pour que leur mort ne soit pas vaine, nous n’avons pas le droit d’être de simples spectateurs au fonctionnement de notre pays. Nous devons cesser de rester silencieux. L’urgence réclame l’action !
Ne vendons pas nos âmes au diable. Ne la vendons pas non plus aux politiciens prompts à acheter notre conscience, notre liberté, nos actions. Car ils croient que tout s’achète dans la vie : L’électorat, le pouvoir, la conscience. Ce sont là les bases d’une société corrompue.

N’acceptons pas le marionnettisme politique, ne cautionnons plus par l’inaction, la duperie, la manipulation, la délation, la corruption, ces goulots qui étranglent le pays.

Montrons aux dirigeants et à tous ces politiciens perdus dans des déclarations creuses qu’ils ne peuvent hypothéquer notre avenir. Que les politiciens comprennent que désormais nous voulons prendre toute notre place au sein des sphères politiques, juridiques, économiques et sociales, dans toutes les instances de décision.

En cette veille de joutes électorales, nous devons être conséquents ! Citoyens, nous ne militerons que pour notre peuple. Nous n’aurons de parti que celui de l’intérêt général. Méfions-nous des anarchistes, des politiciens qui ont tout cautionné dans le passé et qui aujourd’hui s’affichent en messie, des directeurs de conscience et des marchands de rêve qui nous promettent monts et merveilles. Il s’agit de ceux-là dont les actes d'aujourd’hui ne reflètent pas ceux d’hier. Ces usurpateurs de principe qui, une fois au pouvoir, oublient leurs engagements, s’accommodent avec le système et posent des mécanismes de conservation du pouvoir quel qu’en soit le prix.


Il faudra aussi nous méfier des trompeurs qui, les larmes aux yeux, prêchent une moralité et une honnêteté sans faille et qu’ils sont les premiers, la nuit tombée, à comploter contre leur peuple, à pactiser avec le diable et à mener une vie indigne de qui respecte le genre humain, la cellule familiale et la patrie. On les retrouve partout : Dans les plateaux télévisés, dans les cérémonies religieuses, dans les foyers, dans les espaces éducatifs. Mes frères et sœurs, toutes ces raisons doivent nous faire ouvrir les yeux et dresser la tête !

Le 24 février 2019, nous aurons un autre rendez-vous avec l’histoire comme celui manqué de 2012 où la jeunesse avait aveuglément participé à une seconde alternance.

Cette-fois ci nous n’avons pas le droit de répéter la même erreur. Notre responsabilité historique serait engagée si toutefois nous nous laissons abuser. Le peuple ne le mérite pas ! Marquons notre empreinte par l’opération d’un choix minutieux ! Que personne ne nous utilise ! Ne suivons pas les spéculations irréfléchies de la masse ! Soyons intolérants contre toutes formes d’exploitations intellectuelles ! Et sachons en définitive, que notre pays a aujourd’hui plus que jamais besoin de nous !

J’ose espérer que ces mots seront à l’instar d’autres appels, le déclic d’une alternative à la rupture tant promise mais jamais acquise !

Par M. Adama KANE
Enseignant
Administrateur scolaire
Adamakane2850@gmail.com


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