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La vie d'EL Hadj Salif MBENGUE: le parcours d'un pieux à la générosité légendaire.

Samedi 11 Avril 2015

La vie d'EL Hadj Salif MBENGUE: le parcours d'un pieux à la générosité légendaire.
Né à Bokhol (village situé au Nord de Dagana) en 1866, de Ramata Diall et Idrissa Mbengue, Salif sera, très tôt, initié au Coran par son oncle Alpha Samba Coki Dieng. A l’âge de 7 ans, il est confié à une famille de grands traitants Saint-Louisiens : celle de khayar MBENGUE au quartier Nord de l’île. Dans cette mégapole religieuse, Salif Mbengue a poursuivi et consolidé sa formation auprès des grands érudits qui y séjournaient. Ainsi, il a commencé à enseigner aussitôt sa formation terminée.

Pour gagner sa vie, il a opté pour le commerce où il eut un grand succès : il était un des rares traitants de l’époque à disposer de 3 bateaux (appelés « Taara »). Ces bateaux, qui portaient respectivement le nom de ses 3 épouses (Aïssatou Name, Marie Ma Dièye et Fatou Ndiaye Adama) sillonnaient le fleuve Sénégal pour convoyer diverses marchandises. Les capitaines de ces bateaux avaient reçu comme consigne d’embarquer gratuitement les walo walo qui voulaient se rendre à Saint-Louis où El Hadj Salif les accueillait chez lui, sans discrimination. Sa première boutique était sise face au lycée Cheikh Oumar Foutiyou TALL (actuel Rogna). El Hadj Salif et El Hadj Malick Sy se sont retrouvés à Saint-Louis.

Sur recommandation de leur ami commun El Hadj Baba Ndiongue de Podor, Maodo s’adressa à El Hadj Salif pour préfinancer les travaux de construction de sa maison sise à l’ancienne rue André Lebon (devenue rue Khalifa Ababacar Sy). Non seulement Salif a honoré toutes les dépenses qui lui étaient soumises, mais il a catégoriquement refusé tout remboursement. Son amitié avec El Hadj Malick était rehaussée par le fait que ce dernier lui a dit qu’il a séjourné à Bokhol pour son initiation coranique et, à l’époque, c’est Ramata Diall, la mère d’El Hadj Salif qui était sa « ndèyou Dara » (mère protectrice). Pour recevoir le « wird », El Hadji Salif est allé trouver Seydi El Hadji Malick Sy (auprès de qui il a trouvé Tafsir Oumar Sall, venu avec la même intention). Maodo leur a dit : « je n’ose pas donner le wird dans une localité où se trouve un descendant de Cheikh et, présentement, un petit-fils de Cheikh Ahmet Tidjane du nom de Moulaye Wakil est à Saint-Louis : allons le voir »

C’est El Hadji Malick lui-même qui a demandé à Moulaye Wakil de bien vouloir initier ses deux amis à la « Tarikha Tidjane ». Mawdo Malick, par la suite, lui renouvela son affiliation confrérique (Sîlsîla) puis l’éleva d’un cran dans la hiérarchie spirituelle en lui décernant une « Idiaza » (Diplôme montrant qu’il a gravi un échelon important dans la spiritualité Tidjane). En outre, El Hadji Malick fit d’El Hadji Salif son représentant dans toute la Région du Fleuve. A ce titre, El Hadj Salif a décerné, au nom de Maodo, 34 « Idiaza » à des disciples venant de divers horizons mais principalement à ses parents walo walo.

Lors de la construction en dur de la Zawiyya de Saint-Louis en 1922, il faisait partie des muqadems responsabilisés auprès de Serigne Babacar SY chargés de veiller sur la bonne marche des travaux jusqu’ à la finition. El Hadji Salif a effectué trois fois le pèlerinage à la Mecque. La première fois, en 1921, ils étaient 14 pèlerins sénégalais et les conditions de sécurité n’étaient pas des meilleures : El Hadj Salif a été victime d’un vol sur la route de Médine et 65 livres d’or destinés à l’achat de livres pour sa bibliothèque lui ont été enlevés. Même si les voleurs ont été arrêtés, l’or n’a jamais été retrouvé. (Voir Thèse du Doctorat de Khadim MBACKE IFAN).


Lors de son premier voyage à la Mecque, il fit la connaissance de Hachim TALL fils de El Hadji Oumar qui lui a décerné une « Idjaza » à Médine et une autre « Idjiaza » que son frère Bachir TALL lui a décernée lors de son deuxième voyage aux lieux Saints de l’Islam. Le grand maître disparu, il fit un pacte d’allégeance au nouveau Khalif Seydi Ababacar Sy alors âgé seulement de trente-sept ans. Celui –là fit de lui son porte-parole à Saint –Louis et dans toute la Région. Ainsi il n’hésita pas à renvoyer un riche traitant venu du Fouta avec un camion chargé de mil à titre d’ « Adiya ». Seydi Babacar, après avoir constaté qu’il n’avait pas fait escale à Saint-Louis, lui demanda de retourner et livrer la cargaison à El Hadj Salif. Les villages de Dielle Mbam, Keur Barka et Doune Baba Dièye avaient reçu de Khalifa Ababacar Sy cette consigne : Si vous avez besoin de moi, inutile de venir à Tivaouane. Allez voir El Hadj Salif Mbengue : ce qu’il vous recommandera, considéez que c’est Khalifa qui vous le recommande ; ce que vous voulez donner à Khalifa, remettez-le lui.


Le Khalif Ababacar SY mettait un cachet particulier aux correspondances qu’il adressait à El Hadji Salif en ajoutant sur l’entête : «Illà al Haji Salih arifil masalih » qu’on pourrait traduire par : « A El Hadji Salih, le vertueux aux courtoisies exemplaires ». Il aimait aussi signifier son importance en le comparant au « Sàatir » (bâton que le musulman plante devant lui, en direction de la « qibla » au moment de la prière). Quant à ses relations avec ses contemporains celles qui le liaient à El Hadji Rawane NGOM étaient vraiment empreintes d’une grande cordialité. Ils étaient des amis intimes. Pour preuve, le tombeau d’El Hadji Salif se trouve dans l’enceinte même de la mosquée construite par El Hadji Rawane NGOM au quartier Léona dans le faubourg de Sor dont il fut le premier Imam. Il a fallu, au préalable, qu’El Hadji Rawane accompagne El Hadji Salif jusqu’à Bokhol, pour solliciter l’autorisation de ses proches.


Ce mausolée fait l’objet d’un titre foncier et d’une autorisation spéciale d’inhumer, délivrée par le Gouverneur de l’A.O.F. El Hadji Salif MBENGUE entretenait aussi de bons rapports avec El Hadji Abdoulaye SOW (1866-1963) de Dagana qui fit de lui ce témoignage : « Walaquad balawtu nàssa turan Walam adjid muta adibane mutahamilane muta addibane bika Salif». En voici une traduction : « j’ai éprouvé un nombre important de savants mais je n’en ai vu plus courtois et plus en mesure d’endosser toutes les préoccupations d’autrui que Salih ». Et El Hadj Ablaye Sow d’ajouter : « Si vous venez chez lui, pensif et préoccupé, vous ne décèlerez jamais chez lui un air de dédain car la haute moralité a déteint sur lui. De par sa qualité joviale, sa générosité et son humilité, il a su rassembler tout le monde. De par son savoir et son caractère charitable, le Très Haut l’a élevé jusqu’à la station la plus prisée des gnostiques. Il en sera ainsi aussi longtemps qu’il prodiguera, gracieusement, à son ami, de généreux dons accompagnés d’affection et d’esprit de partage. Ses relations humaines se mesurent à l’aune de son intelligence, de ses espoirs et de ses idées géniales. »


Cheikh Alioune Bâ de Guéoul a dédié, lui aussi, un poème à El Hadj Salif Mbengue de retour du pèlerinage à la Mecque : « J’ai bel et bien reçu des pèlerins la meilleure des visites. Alors, qu’ils vivent éternellement en paix. Pourquoi pas ô El Hadj Salif, hôte de marque, reçois de ma modeste personne toute sorte de compliments. Je ne cesse de m’enquérir de la Péninsule Arabique, de ses habitants, de tout musulman ayant eu le privilège de faire face à la Sainte Kaaba ; De l’eau bénite « Zam Zam », du coin tribord de la pierre noire qui fait l’objet de rush de la part des fidèles, de l’entre Safaa et Marwa ; De la station d’Abraham, l’élu du SEIGNEUR, et de tout pèlerin y ayant obtenu la félicité par une prière sincère. Il en est de même d’Arafat, de son jour mémorable et de son aire de stationnement ; De Mina où convergent les petits cailloux de lapidation Et, enfin, de tous les résidents de Médine, la cité lumineuse et de son prestigieux parrain, le meilleur être de l’Humanité. Que la paix et le salut soient sur lui, sur sa famille et ses compagnons, les meilleurs de leur génération. Que tous les efforts déployés pour un pèlerinage exaucé soient agréés. »


Parmi ses amis, nous pouvons citer El Hadji Ahmed Gora DIOP qui lui avait confié la mosquée Minbar où il dirigeait les cinq prières. De même, El Hadji Baba Ndiongue de Podor, qui est son cousin, comptait parmi ses meilleurs amis et confidents. C’est d’ailleurs El Hadj Salif qui a représenté Khalifa Ababacar Sy aux funérailles d’El Hadj Baba Ndiongue. Le plus connu de ses disciples, par son dévouement et sa détermination, c’est, sans conteste, El Hadj Amdy Gaye de Guet Ndar qui a composé un long et émouvant poème pour rendre hommage à son Guide. En voici la traduction: «Je magnifie mon maître spirituel El Hadj Salif. Qu’ALLAH fasse du Paradis sa dernière demeure. Amine ô SEIGNEUR ! Par le rang et le prestige de notre sauveur Muhammad (P.S.L.) Par le rang accordé à Aboul Abass Cheikh Ahmed Tidjane Amine ô SEIGNEUR ! Par le grade octroyé à El Hadj Malick Ibn Ousmane Il était doté d’une barbe clairsemée et d’un nez imposant. Le savoir et la sagesse semblaient jeter l’ancre sur l’océan de son cœur. Il ne se déplaçait que pour aller à la mosquée, pour accomplir l’obligatoire et le surérogatoire. Je le jure par ALLAH !


Toute requête adressée à son éminence était promptement résolue. En dépit d’une certaine consolation, le jour de l’adieu nous a plongés dans une profonde consternation. Le sérieux et l’effort soutenu sont les traits caractéristiques qui le symbolisaient. Aussitôt le patriarche disparu, ces qualités s’éclipsèrent avec lui. L’on ne reverra jamais un maître de cette envergure car il était l’interface spirituelle dans ce monde et dans l’autre. Ses actes, dans leur totalité, relevaient de la longanimité et de la libéralité. Il en fut de même de son rappel à DIEU, empreint de religiosité et de foi inébranlable. » L’on peut compter parmi les disciples d’El Hadj Salif presque tous les oulémas de son village natal (Bokhol). Car, dans leur écrasante majorité, leur affiliation confrérique spirituelle de même que leurs « Idiàzàts » passaient généralement par lui. On peut également citer quelques disciples de renom comme Birago Diop et Amadou Mocktar Mbow. Son domaine de spécialité était sans conteste la jurisprudence et le Droit successoral musulman à telle enseigne qu’on lui proposa un jour le poste de Qàdi.


Il déclina l’offre, selon notre informateur, pour des raisons personnelles. Il a été tour à tour iman de la mosquée Minbar de Sindoné, premier Imam de la Grande mosquée Mawdo SYLLA de Ndar toute avant de devenir Iman de la Grande Mosquée El Hadj Rawane Ngom de Léona. Enfin, en ce qui concerne son œuvre, il avait opté de ne pas taquiner la muse. Cela, à l’instar de quelques muqadams affiliés à Tivaouane qui, par respect pour le Grand Maître (El Hadji Malick SY), se contentaient des écrits de ce dernier. Ainsi, ne voulant pas être considérés comme des rivaux potentiels en poésie comme en prose, ils ont préféré vivre sous son ombre protectrice dans la quiétude et la sérénité spirituelles.


El Hadji Salif MBENGUE rendit l’âme le dernier vendredi de ramadan de l’année 1959 dans des circonstances qui méritent d’être rapportées : c’était un peu avant la prière d’Asr ; El Hadji Salif disait à son entourage qu’il attendait Serigne Babacar qui avait promis de venir à ses funérailles. Or, nous savons que Khalifa n’était plus de ce monde. Tout le monde était perplexe et, à cet instant, Serigne Mansour Sy (l’actuel Khalife) arriva et on le laissa seul avec El Hadji Salif qui rendit l’âme moins d’un quart d’heure après. Serigne Mansour informa alors l’assistance que son père Khalifa lui était apparu (en vision diurne) et lui avait demandé de se rendre auprès d’El Hadji Salif Mbengue toutes affaires cessantes.


Le premier Khalife d’El Hadj Salif Mbengue fut son fils El Hadj Amadou Mbengue Salif, connu pour sa piété et sa générosité légendaire. Il assuma cette mission de 1959 à 1997. A son rappel à DIEU, en 1997, le Khalifa échut à Cheikh Tidjane Mbengue, ancien cheminot, résidant à Thies. Ce dernier, avant même son décès survenu cinq ans plus tard, avait délégué sa charge à son frère cadet El Hadj Adama Mbengue, plus connu sous le nom de Baye Mbengue. C’est l’actuel Khalife d’El Hadj Salif Mbengue. Qu’ALLAH le Tout Puissant lui accorde longévité et bonne santé.


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1.Posté par Ndiongue l''''or le 12/07/2018 16:50
Merci pour cette histoire sur El Salif c'est très intéressante.
Un peu de ratification sur le nom de sa mère c'était Poulo Ndiongue au lieu de Ramata Diallo,et son oncle c'était Alpha Samba koki Ndiongue au lieu Dieu.merci.

2.Posté par FATOU SOW SARR le 21/02/2021 17:10 (depuis mobile)
Sa mére est bien Ramata Dial qui est aussi la mère de marieme fedjor Mbengue , mere de mon propre grand-père Babacar Sarr. Marieme Fedjor Mbengue et

El Hadj Salif Mbengue ont même pere et même mère

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