Une fois n’est pas coutume. Les candidats à l’élection présidentielle de 2019 rivalisent, non plus d’invectives et de quolibets, comme habituellement, mais d’offres programmatiques. A chacun le sien. A chacun sa méthode pour séduire l’électeur, objet de toutes les convoitises. Dans cette guerre des prétendants, Ousmane Sonko semble s’être bien démarqué. D’abord par le choix de la rédaction d’un ouvrage : ‘’Solutions pour un Sénégal nouveau’’, ensuite par sa manière originale de présenter ses propositions. Adoubé par le public, Sonko est devenu la cible privilégiée des gens du régime. Richard Kinkpé, observateur averti, membre de la société civile, salue sa démarche qu’il juge innovante. ‘’Par rapport à ce qu’on avait l’habitude de voir, témoigne-t-il, il apporte vraiment sa touche nouvelle. Il y a des ruptures très intéressantes dans la démarche. Et c’est une très bonne chose pour notre démocratie’’.
Ousmane Sonko, le catalyseur
Ayant le vent en poupe, d’aucuns ont même pensé que le leader de Pastef est précurseur dans cette nouvelle tendance consistant à présenter des programmes. Tellement il a réussi son coup de communication. Pourtant, bien avant lui, d’autres candidats à la candidature avaient fait plus, parcourant le pays, rencontrant beaucoup de Sénégalais dans l’optique de mettre en place leur programme de société.
Le leader de Gueum Sa Bopp, Bougane Guèye Dani, lui, dit avoir parcouru plus de 67 000 km pour écouter les doléances des Sénégalais, afin de faire des propositions de sortie de crise. Le président du Grand parti, Malick Gakou, aussi, a fait le Sénégal. Mieux, il a le mérite d’être le premier à avoir présenté publiquement son programme dénommé Pass : Programme alternatif Suxxali Senegaal. C’était le 11 avril dernier.
Mouhamadou Sow fait partie de la Convention des cadres du Gp. Il précise : ‘’Notre démarche a été, dans un premier temps, de faire le tour des 45 départements du Sénégal pour recueillir l’avis et les besoins des citoyens. Puis, de retour, nous avons élaboré notre projet. Là, nous sommes en train de refaire le tour du pays pour le présenter.’’
Quelques jours seulement après la présentation du Pass par Malick Gakou, Idrissa Seck conviait les responsables de son parti, Rewmi, et la presse pour un weekend à Saly. L’objectif était également de réfléchir sur les grands axes de son Programme de gouvernance, même si la version finale tarde encore à être livrée. Au moment où les acteurs de l’opposition se battent pour avoir une base de campagne, le pouvoir, lui, aura surtout l’obligation de défendre le bilan de son Plan Sénégal émergent (Pse).
C’est donc bien après tous ces évènements qu’Ousmane Sonko est venu avec ses solutions consignées dans un livre. Avec le succès éclatant qui s’en est suivi, le leader de Pastef place la barre très haut. ‘’Sa présentation a vraiment un effet catalyseur. Le paysage en avait grand besoin. C’est de bon augure pour le futur. Sa démarche ne manquera certainement pas d’inspirer les autres. Ceux qui n’ont pas encore de programme sont maintenant dans l’obligation de le faire et d’aller même plus loin en termes d’innovation’’. Déjà, Pape Diop et Abdoul Mbaye ont, à leur tour, organisé leur show pour mieux vulgariser leurs propositions pour un Sénégal différent.
L’analphabétisme et la confiance, obstacles majeurs à la vulgarisation
Cependant, même si les acteurs saluent la démarche, il faudra du temps et une stratégie beaucoup plus percutante pour aspirer à atteindre l’électeur, généralement analphabète. Et le moins que l’on puisse dire est que, pour le moment, en dehors des coups d’éclat, il reste des efforts à faire, de ce point de vue. Les citoyens, même les plus avisés, ne sont pas encore bien imprégnés des offres des différents candidats. A fortiori le Sénégalais lambda. Saourou Sène est le secrétaire général du Saems (syndicat d’enseignants). Il confie : ‘’Honnêtement, nous ne sommes pas encore bien imprégnés des offres des uns et des autres. Il ne faut surtout pas s’attendre à ce que notre syndicat évalue les programmes, parce que nous sommes apolitiques, mais je pense qu’il serait intéressant, pour chaque enseignant pris individuellement et, au-delà, pour chaque Sénégalais, de jeter un coup d’œil à ces programmes pour pouvoir apprécier. Mais le principal problème, à mon avis, c’est que les gens ne font plus confiance aux politiques. C’est peut-être pourquoi il n’y a pas un engouement pour leurs discours.’’
Malgré cet obstacle majeur de la crise de confiance, le membre de Legs (Leadership, éthique, gouvernance et stratégie) Kinkpé, salue les efforts qui sont en train d’être faits. ‘’Au moins, cela permettra d’évaluer les présidents au bout de leur mandat, analyse-t-il. Et puis, c’est comme ça que ça doit se passer dans un pays qui se respecte. Malheureusement, cela n’a souvent pas été le cas. Autrefois, il y avait vraiment une carence dans ce domaine. Les Sénégalais ont toujours voté contre, et non en fonction d’un programme alternatif. Il en a ainsi été pour 2000 et 2012’’.
Cependant, si l’on se fie à son analyse, une chose est d’avoir un programme, mais c’en est une autre de savoir le vulgariser. Et c’est là un des maillons faibles de la classe politique, en ce moment.
La société civile pour jouer les régulateurs et rendre accessibles les projets de société
Pour Kinkpé, la société civile a son mot à dire, dans cette guerre des programmes, car, estime-t-il, cela contribue à la formation du citoyen et entre ainsi dans ses prérogatives. ‘’Les questions de développement ne sont pas toujours à la portée de toutes les populations. Certains ne pourront jamais comprendre les questions techniques. Il revient donc aux membres de cette société civile de les aider à comprendre les propositions’’. Pour ce faire, renchérit-il, il faut des profils neutres et qualifiés qui vont écouter tout le monde et rendre compte aux citoyens. ‘’Ceux-là, dit-il, doivent être des personnalités dont la neutralité ne souffre d’aucun doute’’.
Aux partis, il conseille de rabaisser le niveau du discours pour atteindre les véritables cibles.
SENEPLUS
Ousmane Sonko, le catalyseur
Ayant le vent en poupe, d’aucuns ont même pensé que le leader de Pastef est précurseur dans cette nouvelle tendance consistant à présenter des programmes. Tellement il a réussi son coup de communication. Pourtant, bien avant lui, d’autres candidats à la candidature avaient fait plus, parcourant le pays, rencontrant beaucoup de Sénégalais dans l’optique de mettre en place leur programme de société.
Le leader de Gueum Sa Bopp, Bougane Guèye Dani, lui, dit avoir parcouru plus de 67 000 km pour écouter les doléances des Sénégalais, afin de faire des propositions de sortie de crise. Le président du Grand parti, Malick Gakou, aussi, a fait le Sénégal. Mieux, il a le mérite d’être le premier à avoir présenté publiquement son programme dénommé Pass : Programme alternatif Suxxali Senegaal. C’était le 11 avril dernier.
Mouhamadou Sow fait partie de la Convention des cadres du Gp. Il précise : ‘’Notre démarche a été, dans un premier temps, de faire le tour des 45 départements du Sénégal pour recueillir l’avis et les besoins des citoyens. Puis, de retour, nous avons élaboré notre projet. Là, nous sommes en train de refaire le tour du pays pour le présenter.’’
Quelques jours seulement après la présentation du Pass par Malick Gakou, Idrissa Seck conviait les responsables de son parti, Rewmi, et la presse pour un weekend à Saly. L’objectif était également de réfléchir sur les grands axes de son Programme de gouvernance, même si la version finale tarde encore à être livrée. Au moment où les acteurs de l’opposition se battent pour avoir une base de campagne, le pouvoir, lui, aura surtout l’obligation de défendre le bilan de son Plan Sénégal émergent (Pse).
C’est donc bien après tous ces évènements qu’Ousmane Sonko est venu avec ses solutions consignées dans un livre. Avec le succès éclatant qui s’en est suivi, le leader de Pastef place la barre très haut. ‘’Sa présentation a vraiment un effet catalyseur. Le paysage en avait grand besoin. C’est de bon augure pour le futur. Sa démarche ne manquera certainement pas d’inspirer les autres. Ceux qui n’ont pas encore de programme sont maintenant dans l’obligation de le faire et d’aller même plus loin en termes d’innovation’’. Déjà, Pape Diop et Abdoul Mbaye ont, à leur tour, organisé leur show pour mieux vulgariser leurs propositions pour un Sénégal différent.
L’analphabétisme et la confiance, obstacles majeurs à la vulgarisation
Cependant, même si les acteurs saluent la démarche, il faudra du temps et une stratégie beaucoup plus percutante pour aspirer à atteindre l’électeur, généralement analphabète. Et le moins que l’on puisse dire est que, pour le moment, en dehors des coups d’éclat, il reste des efforts à faire, de ce point de vue. Les citoyens, même les plus avisés, ne sont pas encore bien imprégnés des offres des différents candidats. A fortiori le Sénégalais lambda. Saourou Sène est le secrétaire général du Saems (syndicat d’enseignants). Il confie : ‘’Honnêtement, nous ne sommes pas encore bien imprégnés des offres des uns et des autres. Il ne faut surtout pas s’attendre à ce que notre syndicat évalue les programmes, parce que nous sommes apolitiques, mais je pense qu’il serait intéressant, pour chaque enseignant pris individuellement et, au-delà, pour chaque Sénégalais, de jeter un coup d’œil à ces programmes pour pouvoir apprécier. Mais le principal problème, à mon avis, c’est que les gens ne font plus confiance aux politiques. C’est peut-être pourquoi il n’y a pas un engouement pour leurs discours.’’
Malgré cet obstacle majeur de la crise de confiance, le membre de Legs (Leadership, éthique, gouvernance et stratégie) Kinkpé, salue les efforts qui sont en train d’être faits. ‘’Au moins, cela permettra d’évaluer les présidents au bout de leur mandat, analyse-t-il. Et puis, c’est comme ça que ça doit se passer dans un pays qui se respecte. Malheureusement, cela n’a souvent pas été le cas. Autrefois, il y avait vraiment une carence dans ce domaine. Les Sénégalais ont toujours voté contre, et non en fonction d’un programme alternatif. Il en a ainsi été pour 2000 et 2012’’.
Cependant, si l’on se fie à son analyse, une chose est d’avoir un programme, mais c’en est une autre de savoir le vulgariser. Et c’est là un des maillons faibles de la classe politique, en ce moment.
La société civile pour jouer les régulateurs et rendre accessibles les projets de société
Pour Kinkpé, la société civile a son mot à dire, dans cette guerre des programmes, car, estime-t-il, cela contribue à la formation du citoyen et entre ainsi dans ses prérogatives. ‘’Les questions de développement ne sont pas toujours à la portée de toutes les populations. Certains ne pourront jamais comprendre les questions techniques. Il revient donc aux membres de cette société civile de les aider à comprendre les propositions’’. Pour ce faire, renchérit-il, il faut des profils neutres et qualifiés qui vont écouter tout le monde et rendre compte aux citoyens. ‘’Ceux-là, dit-il, doivent être des personnalités dont la neutralité ne souffre d’aucun doute’’.
Aux partis, il conseille de rabaisser le niveau du discours pour atteindre les véritables cibles.
SENEPLUS