La statut de l'ancien gouverneur de l'Afrique occidentale française, Louis Faidherbe, à Saint-Louis. Photo Fatou Kiné Sène
Doudou Ngom: "Je n'appelle pas à déboulonner la statue, je souhaite juste créer un débat"
Début septembre, Doudou Ngom, un blogueur et cyberactiviste originaire de Dakar, se rend pour la première fois de sa vie à Saint-Louis dans le cadre d’une formation. Au détour d’une promenade, il découvre la statue.
Ce n’est pas la statue en elle-même qui m’a posé problème, mais plutôt l’inscription "À Louis Faidherbe, le Sénégal reconnaissant". C’est une inscription qui pose la question "est-ce que la colonisation a été préjudiciable ou positive pour le Sénégal ?", et c’est évidemment une question à laquelle on ne peut pas répondre par oui ou par non. C’est un avis totalement personnel, mais qui me semble mériter un débat beaucoup plus large, et c’est pour ça que j’ai publié cette tribune pour prendre position sur Facebook. Je suis pour le maintien des personnages historiques qui font partie de l’histoire du Sénégal, mais pas pour l’interprétation qui en est faite dans cette inscription.
J’ai constaté que je n’étais pas le seul à avoir des réserves vis-à-vis de cette statue lorsque j’ai relayé ce post dans des groupes de Saint-Louis sur Facebook. Actuellement, nous prévoyons de lancer une pétition pour recueillir au moins 5 000 signatures et présenter nos doléances à la mairie de la ville. Cette initiative est totalement pacifique, il n’est pas question de s’en prendre à un monument ou de le déboulonner mais plutôt de créer un débat.
Une statue déjà décriée par le passé
Doudou Ngom n’est pas le premier à lancer une telle initiative vis-à-vis de cette statue : entre 2011 et 2012, un mouvement panafricaniste (SeMett) avait mené plusieurs actions avec des habitants de la ville de Saint-Louis en lançant des œufs sur la statue ou en l’habillant avec des costumes traditionnels sénégalais. Des photomontages de rouleaux de papier toilette "Faidherbe" avaient même été diffusés sur la Toile pour exprimer leur indignation.
Contactés par France 24, des représentants de la mairie de Saint-Louis affirment ne pas être au courant de ces débats sur les réseaux sociaux. Aly Sene, directeur adjoint des services techniques municipaux de la ville de Saint-Louis, explique :
La statue appartient à une zone classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, qui fait partie d’un ensemble culturel intégré à la ville de Saint-Louis. Cependant, cela ne lui confère pas une protection particulière car elle n'est pas classée au titre de "monument historique" selon nos inventaires.
Si à ma connaissance, aucun projet ne prévoit de déplacer ou d'enlever une partie ou l'ensemble de la statue pour le moment, c'est le droit le plus total de ces citoyens de déposer une pétition qui pourrait être un nouveau point de départ pour mieux poser le débat sur le "patrimoine colonial".
Plusieurs autres monuments sénégalais portent le nom de Louis Faidherbe, notamment le principal pont de la ville de Saint-Louis. En 2011, Abdoulaye Wade avait expliqué lors de la rénovation du pont que ces édifices étaient des "symboles de l’amitié et de la coopération entre la France et le Sénégal".
Observers.france24.com
Début septembre, Doudou Ngom, un blogueur et cyberactiviste originaire de Dakar, se rend pour la première fois de sa vie à Saint-Louis dans le cadre d’une formation. Au détour d’une promenade, il découvre la statue.
Ce n’est pas la statue en elle-même qui m’a posé problème, mais plutôt l’inscription "À Louis Faidherbe, le Sénégal reconnaissant". C’est une inscription qui pose la question "est-ce que la colonisation a été préjudiciable ou positive pour le Sénégal ?", et c’est évidemment une question à laquelle on ne peut pas répondre par oui ou par non. C’est un avis totalement personnel, mais qui me semble mériter un débat beaucoup plus large, et c’est pour ça que j’ai publié cette tribune pour prendre position sur Facebook. Je suis pour le maintien des personnages historiques qui font partie de l’histoire du Sénégal, mais pas pour l’interprétation qui en est faite dans cette inscription.
J’ai constaté que je n’étais pas le seul à avoir des réserves vis-à-vis de cette statue lorsque j’ai relayé ce post dans des groupes de Saint-Louis sur Facebook. Actuellement, nous prévoyons de lancer une pétition pour recueillir au moins 5 000 signatures et présenter nos doléances à la mairie de la ville. Cette initiative est totalement pacifique, il n’est pas question de s’en prendre à un monument ou de le déboulonner mais plutôt de créer un débat.
Une statue déjà décriée par le passé
Doudou Ngom n’est pas le premier à lancer une telle initiative vis-à-vis de cette statue : entre 2011 et 2012, un mouvement panafricaniste (SeMett) avait mené plusieurs actions avec des habitants de la ville de Saint-Louis en lançant des œufs sur la statue ou en l’habillant avec des costumes traditionnels sénégalais. Des photomontages de rouleaux de papier toilette "Faidherbe" avaient même été diffusés sur la Toile pour exprimer leur indignation.
Contactés par France 24, des représentants de la mairie de Saint-Louis affirment ne pas être au courant de ces débats sur les réseaux sociaux. Aly Sene, directeur adjoint des services techniques municipaux de la ville de Saint-Louis, explique :
La statue appartient à une zone classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, qui fait partie d’un ensemble culturel intégré à la ville de Saint-Louis. Cependant, cela ne lui confère pas une protection particulière car elle n'est pas classée au titre de "monument historique" selon nos inventaires.
Si à ma connaissance, aucun projet ne prévoit de déplacer ou d'enlever une partie ou l'ensemble de la statue pour le moment, c'est le droit le plus total de ces citoyens de déposer une pétition qui pourrait être un nouveau point de départ pour mieux poser le débat sur le "patrimoine colonial".
Plusieurs autres monuments sénégalais portent le nom de Louis Faidherbe, notamment le principal pont de la ville de Saint-Louis. En 2011, Abdoulaye Wade avait expliqué lors de la rénovation du pont que ces édifices étaient des "symboles de l’amitié et de la coopération entre la France et le Sénégal".
Observers.france24.com