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​Hommages à Pathé DIAGNE et Arame FAL : Deux enfants de NDAR, pionniers de la linguistique africaine (vidéo)

Mardi 4 Décembre 2018

​Hommages à Pathé DIAGNE et Arame FAL : Deux enfants de NDAR, pionniers de la linguistique africaine (vidéo)
De vibrants hommages ont été rendus aux linguistes Pathé DIAGNE et Arame FAL, en marge du lancement, hier, de l’institut d’Études Avancées (IEA) de Saint-Louis, au Centre de Recherche et de Documentation du Sénégal (CRDS). Une consécration pour deux enfants de NDAR dont le combat pour la promotion des langues nationales comme outil d’identité nationale et moyen de développement des potentiels des populations africaines a été fulgurant.

« Ces deux figures ont poursuivi, dans le Sénégal post colonial, la combat mené par deux générations d’intellectuels (une lettrée en arabe, une seconde en français), pendant la colonisation », a expliqué le professeur Babacar FALL, le directeur de IEA.

« Elles ont inspiré et accompagné la nouvelle génération qui poursuit l’armement linguistique pour faire reculer les ténèbres de l’aliénation et du mal développement », a-t-il rappelé. 

Poursuivant, le professeur FALL note que « ces artisans de la langue ont mené des recherches pointues et produit des textes théoriques. Elles ont illustré, par leurs livres, l’usage concret que l’on peut faire des langues, pour faire connaître le passé, transformer, améliorer le présent et participe à dessiner le futur ».

Une conférence internationale a regroupé à cette occasion plusieurs chercheurs sur le thème « la globalisation, langues nationales en Afrique et développement ».

L’institut d’Études Avancées veut coordonner les efforts des universitaires et les professionnels sur la question de la recherche, en plus d’œuvrer pour la valorisation de ces résultats. Il veut stimuler le dialogue entre les décideurs et les chercheurs.

>>> Les explications du Professeur FALL
 

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1.Posté par Sakhéwar le 04/12/2018 23:20
Hommage hautement mérité, pour ces deux éminents chercheurs qui ont contribué à la promotion des langues nationales africaines en général et du Wolof en particulier.
Pathé Diagne, déjà jeune étudiant, avait participé à l'élaboration de Ijjib Wolof, premier syllabaire de la principale langue du Sénégal, établi sur des bases scientifiques. C'était en 1960. L'ouvrage, publié par l'Association des Étudiants Sénégalais en France (AESF) et la Fédération des Étudiants d'Afrique Noire en France (FEANF), était édité par Présence Africaine, sous la direction de Alioune Diop. Parmi ses nombreuses oeuvres, Pathé Diagne nous a livré ensuite La Grammaire du Wolof Moderne et la traduction intégrale du Coran en Wolof.
Arame Fall, professeur à l'Université de Dakar, chercheuse à l'IFAN et au Centre de Linguistique Appliquée de Dakar (CLAD), est l'auteur de nombreuses publications : un dictionnaire Wolof-Français, des manuels d'apprentissage, la traduction en Wolof de la Constitution du Sénégal etc. Ajoutons-y sa participation à la fondation de l'Organisation Sénégalaise d'Aide au Développement (OSAD) qui édite dans nos langues nationales un grand nombre d'ouvrages d'auteurs sénégalais.
Pathé Diagne et Arame Fall se sont investis dans la renaissance linguistique et culturelle de l'Afrique dans son ensemble et du Sénégal. Nous leur devons une pleine reconnaissance.
C'est l'occasion de les associer à leurs deux illustres devanciers, dans ce domaine, que sont Cheikh Anta Diop et Ousmane Sembène. Nous avons, tous, en mémoire leur combat pour diffuser et illustrer le Wolof dans leurs oeuvres et leur engagement politique, subissant même l'interdiction du journal Siggi pour le premier et du film Ceddo pour le second, sous le prétexte fallacieux que ces deux titres étaient mal orthographiés. La vérité est que ces deux mots étaient parfaitement écrits et que c'est Léopold Senghor qui se trompait. Il est vrai que ce dernier n'était pas agrégé en grammaire wolof, mais en grammaire française.
Nous associons aussi, à Pathé Diagne et à Arame Fall, des écrivains qui ont richement servi la langue Wolof dans leurs créations : Cheikh Aliou Ndao, Mame Younouss Dieng, Aboubacry Moussa Lam et Boubacar Boris Diop.
Enfin Seydou Nourou Ndiaye, directeur des éditions Papyrus-Afrique, est à féliciter également pour la constance de son action en faveur du Pular et du Wolof.
Le chemin est encore long pour que les peuples africains rétablissent l'entière souveraineté de leurs langues nationales. L'impact de la colonisation est toujours présent.
Au Sénégal, le Wolof subit l'invasion massive de mots français qui le défigurent.
Et pourtant les linguistes Pathé Diagne et Arame Fall, aux côtés de leurs collègues, ont travaillé sans cesse à démontrer que nos langues sont capables d'exprimer tous les concepts du savoir moderne.
Comment peut-on éviter la créolisation de nos langues ?
Nous proposons modestement quelques idées :
1) L'alphabétisation massive de la population dans nos langues nationales.
2) La mise au point et la diffusion de lexiques des mots d'usage courant, mis à la disposition des journalistes, administrateurs, enseignants et hommes politiques afin que, dans les médias, ils s'expriment vraiment dans nos langues au lieu de les mélanger constamment avec le Français.
3) La création de concours pour récompenser la bonne pratique de nos langues, à l'oral comme à l'écrit.
D'autres propositions seront évidemment les bienvenues.

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