Les villages sérères continuent de fêter Yékini, qu'ils considèrent toujours comme le roi incontesté des arènes. Après Joal, c'était au tour des Iles du Saloum de se réunir à Ndagane pour une belle fête. EnQuête a profité de l’occasion pour un entretien inédit avec l’enfant de Bassoul.
Que représente Ndagane Sambou pour vous ?
Ndagane, c'est moi. En tant que sérère et fils des Îles du Saloum. Après ma retraite, c'est sûr que j'aurai à passer beaucoup de temps ici. Quand je suis à Ndagane, je me sens bien, et je suis très à l'aise.
Pouvez-vous évoluer en dehors du milieu sérère ?
Si cela arrive un jour, c'est que je n'aurais pas le choix.
Qu'est-ce que cela représente pour vous d'être sérère ?
Le Sérère, c'est une ethnie comme toutes les autres. Mais pour une personne, je précise bien, une personne normale, ce que tu es représente tout pour toi ; je suis fier de ce que je suis, ce n'est pas une croyance ou quoi que ce soit d'autre, mais c'est dans mon sang.
Au quotidien, comment vivez-vous cette "sérérité" que vous revendiquez tant ?
Je le vis comme tous les autres Sérères. On ne peut pas vivre ce qu'on n’est pas, cela n'est pas possible. Je vis comme un Sérère normal, je fais ce que les Sérères font d'habitude.
Rachidi Yékini (Ndlr : ancien footballeur nigérian qui lui a inspiré son surnom dans l’arène) est mort récemment, comment avez-vous reçu la nouvelle et quelle a été votre réaction ?
C'est une nouvelle qui m'a fait mal. Et malheureusement nous n'avons pas fait connaissance. Quand j'ai appris sa mort, j'ai tout de suite adressé une lettre de condoléances que j'ai envoyée au consul du Nigeria au Sénégal pour qu'il puisse la remettre à la famille du défunt. Au moment de sa mort, j'étais très occupé à courir un peu partout, c'est mon moniteur Moussa qui me l'a appris, on était ensemble quand il m'a dit : "Mais toi là, ton gars est décédé". Je lui ai demandé quel gars, il m'a dit : "Rachid Yékini". Et là, j'ai eu peur. Comme j'ai peur de la mort (rires) ! Puisque c'est un musulman, j'ai prié pour lui.
Vous êtes lutteur et vous avez réussi votre vie grâce à cela, accepteriez-vous que votre fils suive vos pas ?
Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'il ne le soit pas.
Quel genre d'éducation lui avez-vous donné ?
Une éducation normale. Je le pousse à être studieux. Pour moi, c'est ce qui est le plus important, qu'il réussisse dans les études.
Est-ce que votre carrière de lutteur vous a coûté des amis ?
Il y en a qui sont restés et il y en a qui sont partis, que je ne vois plus.
Pourquoi ?
L'amitié n'est pas une chose simple. Et quand vous cheminez ensemble jusqu'à ce que l'un de vous réussisse sa vie, pour certains, cela signe la fin de la relation. Je ne dis pas que c'est de leur faute ou de la mienne, mais Dieu est meilleur juge. Tout ce que je peux vous dire, c'est que je me suis séparé de beaucoup d'amis. Mais la majorité est restée avec moi. Je ne rejette la faute sur personne.
On vous connaît avec une force de caractère phénoménale ; c'est inné en vous ou vous l'avez forgé en vous au fil des ans ?
Le vrai caractère d'une personne est inné. C'est naturel ; c'est en moi, ce caractère.
Vos relations avec les femmes ?
Comme tous les hommes normaux (rires)
Pendant 15 ans vous êtes resté au sommet, quels sont les sacrifices que vous avez faits pour rester invincible?
Dieu est Celui qui nous a tous créés, et pourtant tout le monde ne l'aime pas. Il n'y a que les fous qui traînent dans la rue qui sont aimés de tous. Les sacrifices, cela me ramène à la question sur mes amis. Avant, je pouvais les voir autant que je voulais, les appeler au téléphone et tout, mais c'est devenu chose impossible. S'ils ne te comprennent pas, cela devient compliqué. Parce que certains peuvent penser que vous les minimisez, ou que vous les avez oubliés, alors que ce n'est pas le cas.
Est-ce que la défaite contre Balla Gaye 2 vous a coûté des amis ?
Non, pas du tout. Je ne veux pas trop en parler.
Et qu'est-ce qui peut faire oublier une défaite ?
La défaite, je l'ai oubliée. La preuve, je suis en train de faire la fête aujourd'hui.
Qu'est-ce qui vous a permis d'oublier ?
Quand on a une bonne éducation, quand on est un bon musulman, et qu'on a un mental pour faire face à tout, bonheur comme malheur, on a tout. Vous voyez le Prophète Mahomet (Psl), ce qu'il a traversé comme épreuve dans sa vie, aucun humain ne peut le supporter. J'ai appris le Coran, et tout ce que le Prophète a traversé. Donc si quelque chose d'aussi insignifiant qu'une défaite m'arrive, cela ne peut m'ébranler, je l'ai oubliée aussi vite que c'est venu.
À quand remontent les pleurs de Yékini ?
Je ne pleure presque jamais. Mais j'ai pleuré cette année quand j'ai perdu ma grand-mère Sabelle. Elle représentait tout pour moi. Et quand elle est décédée, j'étais encore, aux États Unis. Cela s'est passé deux semaines avant mon retour au bercail. On m'a appelé pour me le dire et ce que j'ai ressenti ce jour-là, je ne l'ai jamais ressenti dans ma vie. Elle ne m'a pas éduqué, mais j'allais souvent en vacances à Bassoul pour être avec elle. C'était mon amie. Parfois j'entends les femmes dire qu'une mère représente tout pour son enfant. Contrairement à moi, je suis un fan inconditionnel de mon père, je ne le connais pas parce qu'il est mort quand je n'étais encore qu'un enfant, mais c'est à travers tout ce qu'on m'a raconté sur lui que je l'estime beaucoup, que je l'aime beaucoup. Je suis sûr que s'il vivait encore aujourd'hui, il serait mon meilleur ami.
Récemment, la presse a fait état de votre prochain combat ?
Non, je ne vais pas lutter maintenant, et je ne sais pas quand je redescendrai dans l'arène. La suite de ma carrière même n'est pas sûre. C'est ce que je dis ; et ce que dit un autre le concerne. Tout ce que je peux vous dire, c'est que je ne compte pas redescendre dans l'arène tout de suite.
Une fois que vous aurez pris votre retraite, croyez-vous que vous reprendrez une vie normale ?
J'ai l'espoir que oui. Je suppose qu'une fois que j'aurai pris la retraite, les gens m'oublieront un peu. Je ne ferai plus l'actualité.
Lors de cette fête de Ndagane, les femmes de Niodior ont entonné une chanson en disant : "Le jour du combat, quand vous avez mis le genou à terre, Robert vous a parlé, vous avez souri et senti que c'était la fin, les ennemis avaient réussi à vous atteindre". Qu'est-ce que cela vous a fait ?
Comme je l'avais dit dans mes autres interventions après le combat, et une personne honnête ne doit jamais se dédire, j'avais dit que je ne salirais pas la victoire de mon adversaire. J'ai entendu les paroles comme vous, pleines de sens. C'est à cela que sert une chanson. Je ne vais pas m'étendre là-dessus.
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Que représente Ndagane Sambou pour vous ?
Ndagane, c'est moi. En tant que sérère et fils des Îles du Saloum. Après ma retraite, c'est sûr que j'aurai à passer beaucoup de temps ici. Quand je suis à Ndagane, je me sens bien, et je suis très à l'aise.
Pouvez-vous évoluer en dehors du milieu sérère ?
Si cela arrive un jour, c'est que je n'aurais pas le choix.
Qu'est-ce que cela représente pour vous d'être sérère ?
Le Sérère, c'est une ethnie comme toutes les autres. Mais pour une personne, je précise bien, une personne normale, ce que tu es représente tout pour toi ; je suis fier de ce que je suis, ce n'est pas une croyance ou quoi que ce soit d'autre, mais c'est dans mon sang.
Au quotidien, comment vivez-vous cette "sérérité" que vous revendiquez tant ?
Je le vis comme tous les autres Sérères. On ne peut pas vivre ce qu'on n’est pas, cela n'est pas possible. Je vis comme un Sérère normal, je fais ce que les Sérères font d'habitude.
Rachidi Yékini (Ndlr : ancien footballeur nigérian qui lui a inspiré son surnom dans l’arène) est mort récemment, comment avez-vous reçu la nouvelle et quelle a été votre réaction ?
C'est une nouvelle qui m'a fait mal. Et malheureusement nous n'avons pas fait connaissance. Quand j'ai appris sa mort, j'ai tout de suite adressé une lettre de condoléances que j'ai envoyée au consul du Nigeria au Sénégal pour qu'il puisse la remettre à la famille du défunt. Au moment de sa mort, j'étais très occupé à courir un peu partout, c'est mon moniteur Moussa qui me l'a appris, on était ensemble quand il m'a dit : "Mais toi là, ton gars est décédé". Je lui ai demandé quel gars, il m'a dit : "Rachid Yékini". Et là, j'ai eu peur. Comme j'ai peur de la mort (rires) ! Puisque c'est un musulman, j'ai prié pour lui.
Vous êtes lutteur et vous avez réussi votre vie grâce à cela, accepteriez-vous que votre fils suive vos pas ?
Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'il ne le soit pas.
Quel genre d'éducation lui avez-vous donné ?
Une éducation normale. Je le pousse à être studieux. Pour moi, c'est ce qui est le plus important, qu'il réussisse dans les études.
Est-ce que votre carrière de lutteur vous a coûté des amis ?
Il y en a qui sont restés et il y en a qui sont partis, que je ne vois plus.
Pourquoi ?
L'amitié n'est pas une chose simple. Et quand vous cheminez ensemble jusqu'à ce que l'un de vous réussisse sa vie, pour certains, cela signe la fin de la relation. Je ne dis pas que c'est de leur faute ou de la mienne, mais Dieu est meilleur juge. Tout ce que je peux vous dire, c'est que je me suis séparé de beaucoup d'amis. Mais la majorité est restée avec moi. Je ne rejette la faute sur personne.
On vous connaît avec une force de caractère phénoménale ; c'est inné en vous ou vous l'avez forgé en vous au fil des ans ?
Le vrai caractère d'une personne est inné. C'est naturel ; c'est en moi, ce caractère.
Vos relations avec les femmes ?
Comme tous les hommes normaux (rires)
Pendant 15 ans vous êtes resté au sommet, quels sont les sacrifices que vous avez faits pour rester invincible?
Dieu est Celui qui nous a tous créés, et pourtant tout le monde ne l'aime pas. Il n'y a que les fous qui traînent dans la rue qui sont aimés de tous. Les sacrifices, cela me ramène à la question sur mes amis. Avant, je pouvais les voir autant que je voulais, les appeler au téléphone et tout, mais c'est devenu chose impossible. S'ils ne te comprennent pas, cela devient compliqué. Parce que certains peuvent penser que vous les minimisez, ou que vous les avez oubliés, alors que ce n'est pas le cas.
Est-ce que la défaite contre Balla Gaye 2 vous a coûté des amis ?
Non, pas du tout. Je ne veux pas trop en parler.
Et qu'est-ce qui peut faire oublier une défaite ?
La défaite, je l'ai oubliée. La preuve, je suis en train de faire la fête aujourd'hui.
Qu'est-ce qui vous a permis d'oublier ?
Quand on a une bonne éducation, quand on est un bon musulman, et qu'on a un mental pour faire face à tout, bonheur comme malheur, on a tout. Vous voyez le Prophète Mahomet (Psl), ce qu'il a traversé comme épreuve dans sa vie, aucun humain ne peut le supporter. J'ai appris le Coran, et tout ce que le Prophète a traversé. Donc si quelque chose d'aussi insignifiant qu'une défaite m'arrive, cela ne peut m'ébranler, je l'ai oubliée aussi vite que c'est venu.
À quand remontent les pleurs de Yékini ?
Je ne pleure presque jamais. Mais j'ai pleuré cette année quand j'ai perdu ma grand-mère Sabelle. Elle représentait tout pour moi. Et quand elle est décédée, j'étais encore, aux États Unis. Cela s'est passé deux semaines avant mon retour au bercail. On m'a appelé pour me le dire et ce que j'ai ressenti ce jour-là, je ne l'ai jamais ressenti dans ma vie. Elle ne m'a pas éduqué, mais j'allais souvent en vacances à Bassoul pour être avec elle. C'était mon amie. Parfois j'entends les femmes dire qu'une mère représente tout pour son enfant. Contrairement à moi, je suis un fan inconditionnel de mon père, je ne le connais pas parce qu'il est mort quand je n'étais encore qu'un enfant, mais c'est à travers tout ce qu'on m'a raconté sur lui que je l'estime beaucoup, que je l'aime beaucoup. Je suis sûr que s'il vivait encore aujourd'hui, il serait mon meilleur ami.
Récemment, la presse a fait état de votre prochain combat ?
Non, je ne vais pas lutter maintenant, et je ne sais pas quand je redescendrai dans l'arène. La suite de ma carrière même n'est pas sûre. C'est ce que je dis ; et ce que dit un autre le concerne. Tout ce que je peux vous dire, c'est que je ne compte pas redescendre dans l'arène tout de suite.
Une fois que vous aurez pris votre retraite, croyez-vous que vous reprendrez une vie normale ?
J'ai l'espoir que oui. Je suppose qu'une fois que j'aurai pris la retraite, les gens m'oublieront un peu. Je ne ferai plus l'actualité.
Lors de cette fête de Ndagane, les femmes de Niodior ont entonné une chanson en disant : "Le jour du combat, quand vous avez mis le genou à terre, Robert vous a parlé, vous avez souri et senti que c'était la fin, les ennemis avaient réussi à vous atteindre". Qu'est-ce que cela vous a fait ?
Comme je l'avais dit dans mes autres interventions après le combat, et une personne honnête ne doit jamais se dédire, j'avais dit que je ne salirais pas la victoire de mon adversaire. J'ai entendu les paroles comme vous, pleines de sens. C'est à cela que sert une chanson. Je ne vais pas m'étendre là-dessus.
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