Se rendre à Mbolo Birane, une commune de Saint-Louis, n’est pas de tout repos. Panne à Médina Ndiathbé, route cahoteuse et poussière à foison, en sus de la chaleur d’étuve… Trop d’ingrédients pour rendre le voyage difficile ! Mais comparé à notre dernière visite, l’on a l’impression que les choses bougent depuis quelque temps car l’état de la route s’est beaucoup amélioré. Le voyageur se complait à admirer toutes ces contrées qui s’étalent le long de la Nationale 2. Il y a toujours quelque chose d’enivrant avec la nature, surtout en cette période d’hivernage. Sur les routes plates qui mènent à Mbolo Birane, le voyageur ne se lasse jamais. Un beau mélange pour l’ouïe et l’odorat ! Le temps est à la fois bon et doux durant tout le périple, notamment avec cette fine pluie qui a davantage rendu le voyage amusant dans cette contrée du Fouta caractérisée par des températures, le plus souvent, loin d’être clémentes. De part et d’autre de la route, dans les champs, les braves dames, ces véritables travailleuses de la terre, sont bien visibles. La réussite est ici dans les prairies. À l’horizon, le ciel dialogue aisément avec le tapis herbacé, offrant un gracieux spectacle.
Mbolo Birane, une contrée chargée d’histoires
De Taredji, croisement qui mène à Podor, le voyageur traverse une partie des 22 collectivités territoriales qui composent le département. On continue à en prendre plein les yeux. Pêle-mêle on dépasse les communes de Ndioum, de Dodel, de Madina Ndiathbé et son pont célèbre hérité du régime libéral. Puis Mery pointe le bout de son nez, ensuite Boké Dialloubé et finalement Mbolo Birane, dernière localité de la région de Saint-Louis. Un parcours sans grande difficulté alors qu’il y a peu cette route était difficile avec les travaux menés par l’État pour le désenclavement du département de Podor.
Arrivé à Mbolo Birane, on explore les belles étendues d’eau rappelant la proximité du fleuve Sénégal, avec des aménagements faits ici et là pour l’agriculture et le maraîchage, « les deux mamelles de notre économie avec l’élevage », signale Abdoulaye Agne, une habitant de la zone.
Du point de vue historique, souligne le parolier de Mbolo et guide religieux Amadou Louty Kane, le village a été fondé par Birane Aly Hammet Djiouldo Kane. En quittant Dimath dans la zone sénégalo-mauritanienne, poursuit-il, les fondateurs de Mbolo étaient 14, mais d’autres parlent de 13 dont des frères. L’objectif de ces précurseurs était de faire la promotion de l’islam car, « pour des questions raciales, ils étaient combattus en Mauritanie », souligne Amadou Louty Kane. Ainsi, après un séjour de six ans en terre mauritanienne, dans des zones comme Bababé ou Haymédad pour convertir des populations à l’islam, en 1519, ils enjambèrent le fleuve Sénégal du côté de « Mayo Mbagne », frontière entre le Sénégal et la Mauritanie située au Nord-est du village.
Dans leur voyage, poursuit Amadou Louty Kane, de Diaba actuel village et frontière entre la région de Saint-Louis et Matam, ils se dirigèrent vers l’Ouest pour enfin arriver à Mbolo Birane. Une fois sur place, ils y trouvèrent Wolofs et Sérères aux pratiques païennes. « Comme beaucoup de sociétés, Mbolo Birane se subdivisait en six quartiers occupés par différentes composantes de la population », fait savoir Alpha Ousmane Kane, Chef du village. D’après lui, « cette commune a fait partie des sept premiers villages qui ont construit des mosquées au Fouta ». Depuis 2005, lit-on dans la presse, une « ziarra » permet les retrouvailles de tous les descendants d’Aly Hammet Djiouldo Kane disséminés un peu partout. De Tivaouane à Kaolack, beaucoup d’érudits y sont passés ou ont des attaches à Mbolo Birane, selon le chef de village.
Dans les champs, les femmes aux manettes
Dans les périmètres aménagés, les femmes, dans une « belle galère », essayent de dompter la terre. Tout y passe. Engagement, dextérité et respect envers cette terre qui leur donne aubergine, navet et autres cultures maraîchères. Absa Thiam a les mains rêches et s’échine à débarrasser les plants des mauvaises herbes. Le travail est certes pénible, « mais j’y trouve mon compte », avoue-t-elle. C’est pourquoi, fait savoir Nafy Kane, adjointe au maire de Mbolo Birane, l’objectif est d’accompagner les femmes de la commune et de les organiser afin qu’elles s’épanouissent dans ces activités qu’elles aiment et aient des ressources. C’est dans ce sens que des projets ont été mis en place dont la création de fédérations de femmes « afin de leur faire bénéficier des formations professionnelles pour une meilleure gestion de leurs activités et ressources qui en découlent », assure l’adjointe au maire. Ce qui permettra, selon elle, de diminuer le taux de chômage des jeunes.
Une autre lueur d’espoir des femmes reste la rénovation par la Fondation sud-coréenne Saemaul de 104 hectares de périmètres rizicoles inondés en période de pluie et la construction d’un centre polyvalent. Le coût global de ces réalisations estimé à 300 millions de FCfa va certainement permettre un bon épanouissement des femmes dans les champs.
Percée des filles à l’école
À côté des activités économiques, les filles font de plus en plus une belle percée dans le milieu de l’éducation. En effet, pour l’examen du Cfee de cette année, à l’Inspection de l’éducation et de la formation (Ief) de Pété dont dépend la localité, sur 935 filles inscrites, les 914 étaient présentes, soit seulement 21 absences. Ce qui correspond à un taux de présence de 97,75%.
Dans les classes de Troisième et de Terminale, on note une présence soutenue des jeunes filles. Ainsi, informe Nafy Kane, cette assiduité des jeunes filles du Fouta à l’école explique les raisons pour lesquelles elles dament le pion aux hommes lors des examens.
Aussi, à l’Ief de Pété, un réseau apolitique des femmes enseignantes a été mis en place pour contrôler les conditions d’étude des filles, informe Nafy Kane. Mais, tout n’est pas rose, souligne-t-elle, « car nous luttons chaque jour contre les mariages précoces qui amoindrissent le taux d’achèvement des filles ».
Les figures emblématiques
Mbolo Birane compte en son sein beaucoup de figures emblématiques parmi lesquelles le grand marabout Thierno Daouda Sy, né en 1897 dans cette localité. Assoiffé de sciences religieuses, il s’initie à la charia et aujourd’hui compte des adeptes à Rebeuss Dakar et son « ziarra » annuel se déroule à Keur Yakham à Khombole. Aussi, Oumar Demba Ba, ancien conseiller diplomatique du chef de l’État Macky Sall et actuel Secrétaire général adjoint de la présidence de la République avec siège au Conseil des ministres, est ressortissant de Mbolo Birane. Parmi ces fils célèbres, on note la présence du journaliste, présentateur d’émissions littéraires Sada Kane.
Mbolo Birane, une contrée chargée d’histoires
De Taredji, croisement qui mène à Podor, le voyageur traverse une partie des 22 collectivités territoriales qui composent le département. On continue à en prendre plein les yeux. Pêle-mêle on dépasse les communes de Ndioum, de Dodel, de Madina Ndiathbé et son pont célèbre hérité du régime libéral. Puis Mery pointe le bout de son nez, ensuite Boké Dialloubé et finalement Mbolo Birane, dernière localité de la région de Saint-Louis. Un parcours sans grande difficulté alors qu’il y a peu cette route était difficile avec les travaux menés par l’État pour le désenclavement du département de Podor.
Arrivé à Mbolo Birane, on explore les belles étendues d’eau rappelant la proximité du fleuve Sénégal, avec des aménagements faits ici et là pour l’agriculture et le maraîchage, « les deux mamelles de notre économie avec l’élevage », signale Abdoulaye Agne, une habitant de la zone.
Du point de vue historique, souligne le parolier de Mbolo et guide religieux Amadou Louty Kane, le village a été fondé par Birane Aly Hammet Djiouldo Kane. En quittant Dimath dans la zone sénégalo-mauritanienne, poursuit-il, les fondateurs de Mbolo étaient 14, mais d’autres parlent de 13 dont des frères. L’objectif de ces précurseurs était de faire la promotion de l’islam car, « pour des questions raciales, ils étaient combattus en Mauritanie », souligne Amadou Louty Kane. Ainsi, après un séjour de six ans en terre mauritanienne, dans des zones comme Bababé ou Haymédad pour convertir des populations à l’islam, en 1519, ils enjambèrent le fleuve Sénégal du côté de « Mayo Mbagne », frontière entre le Sénégal et la Mauritanie située au Nord-est du village.
Dans leur voyage, poursuit Amadou Louty Kane, de Diaba actuel village et frontière entre la région de Saint-Louis et Matam, ils se dirigèrent vers l’Ouest pour enfin arriver à Mbolo Birane. Une fois sur place, ils y trouvèrent Wolofs et Sérères aux pratiques païennes. « Comme beaucoup de sociétés, Mbolo Birane se subdivisait en six quartiers occupés par différentes composantes de la population », fait savoir Alpha Ousmane Kane, Chef du village. D’après lui, « cette commune a fait partie des sept premiers villages qui ont construit des mosquées au Fouta ». Depuis 2005, lit-on dans la presse, une « ziarra » permet les retrouvailles de tous les descendants d’Aly Hammet Djiouldo Kane disséminés un peu partout. De Tivaouane à Kaolack, beaucoup d’érudits y sont passés ou ont des attaches à Mbolo Birane, selon le chef de village.
Dans les champs, les femmes aux manettes
Dans les périmètres aménagés, les femmes, dans une « belle galère », essayent de dompter la terre. Tout y passe. Engagement, dextérité et respect envers cette terre qui leur donne aubergine, navet et autres cultures maraîchères. Absa Thiam a les mains rêches et s’échine à débarrasser les plants des mauvaises herbes. Le travail est certes pénible, « mais j’y trouve mon compte », avoue-t-elle. C’est pourquoi, fait savoir Nafy Kane, adjointe au maire de Mbolo Birane, l’objectif est d’accompagner les femmes de la commune et de les organiser afin qu’elles s’épanouissent dans ces activités qu’elles aiment et aient des ressources. C’est dans ce sens que des projets ont été mis en place dont la création de fédérations de femmes « afin de leur faire bénéficier des formations professionnelles pour une meilleure gestion de leurs activités et ressources qui en découlent », assure l’adjointe au maire. Ce qui permettra, selon elle, de diminuer le taux de chômage des jeunes.
Une autre lueur d’espoir des femmes reste la rénovation par la Fondation sud-coréenne Saemaul de 104 hectares de périmètres rizicoles inondés en période de pluie et la construction d’un centre polyvalent. Le coût global de ces réalisations estimé à 300 millions de FCfa va certainement permettre un bon épanouissement des femmes dans les champs.
Percée des filles à l’école
À côté des activités économiques, les filles font de plus en plus une belle percée dans le milieu de l’éducation. En effet, pour l’examen du Cfee de cette année, à l’Inspection de l’éducation et de la formation (Ief) de Pété dont dépend la localité, sur 935 filles inscrites, les 914 étaient présentes, soit seulement 21 absences. Ce qui correspond à un taux de présence de 97,75%.
Dans les classes de Troisième et de Terminale, on note une présence soutenue des jeunes filles. Ainsi, informe Nafy Kane, cette assiduité des jeunes filles du Fouta à l’école explique les raisons pour lesquelles elles dament le pion aux hommes lors des examens.
Aussi, à l’Ief de Pété, un réseau apolitique des femmes enseignantes a été mis en place pour contrôler les conditions d’étude des filles, informe Nafy Kane. Mais, tout n’est pas rose, souligne-t-elle, « car nous luttons chaque jour contre les mariages précoces qui amoindrissent le taux d’achèvement des filles ».
Les figures emblématiques
Mbolo Birane compte en son sein beaucoup de figures emblématiques parmi lesquelles le grand marabout Thierno Daouda Sy, né en 1897 dans cette localité. Assoiffé de sciences religieuses, il s’initie à la charia et aujourd’hui compte des adeptes à Rebeuss Dakar et son « ziarra » annuel se déroule à Keur Yakham à Khombole. Aussi, Oumar Demba Ba, ancien conseiller diplomatique du chef de l’État Macky Sall et actuel Secrétaire général adjoint de la présidence de la République avec siège au Conseil des ministres, est ressortissant de Mbolo Birane. Parmi ces fils célèbres, on note la présence du journaliste, présentateur d’émissions littéraires Sada Kane.