Etaient-ce la proximité de l’océan ou les abords du fleuve qui les avaient galvanisés ? En tout cas, la communauté qui s’active dans la pêche, de Doune Baba Dièye à Tassinère, a exprimé, de vive voix, au président Macky Sall, ses doléances pour optimiser les potentialités de la pêche à Saint-Louis, sans oublier d’adresser des remerciements au chef de l’Etat pour sa diligence dans la gestion des relations avec la Mauritanie, chaque fois que des Sénégalais ont maille à partir avec les garde-côtes de notre voisin du Nord. A l’instar d’El Hadj Ousseynou Guèye (mareyeur depuis 1966), la méthode du président Macky Sall pour diligenter la solution aux conflits qui opposent souvent la marine mauritanienne aux pêcheurs de Guet-Ndar a été saluée par tous les intervenants.
Par contre, les représentants des « petites pirogues » comme Pathé Fall ont renouvelé leur plaidoyer auprès du chef de l’Etat pour qu’eux-aussi bénéficient de licences ou autorisations auprès des autorités de Nouakchott. Il a été suivi, dans ses propos, par Ibrahima Seck, responsable au quai de pêche. Selon la plupart d’entre eux, les pêcheurs saint-louisiens devraient pouvoir aller exercer leur activité jusqu’au Maroc.
Le forum présidé, hier, à l’Hydrobase par le président de la République, a révélé que la finition du projet de réhabilitation et d’aménagement du port de pêche de Saint-Louis est prévue en début 2016. Dans son exposé préliminaire, Yérim Thioub, directeur de l’Agence nationale des affaires maritimes, a d’abord présenté le tableau qui a poussé le gouvernement à inscrire ce projet de grand port de pêche dans cette partie de la vieille ville, à côté de l’embouchure du Sénégal dans son agenda immédiat.
Selon Ibrahima Lô, inspecteur régional des pêches, Saint-Louis et environs comptent 22.450 pêcheurs et plus de 3.000 transformatrices des produits de la mer et du fleuve, avec seulement deux usines. D’ici le mois de décembre prochain, le taux d’immatriculation des pirogues devrait avoisiner 100 %. C’est connu, Guet-Ndar et cette partie de la Langue de Barbarie sont une zone de pêche par excellence et les hommes y sont durs à la tâche. Le gouvernement a listé les contraintes qui retardent l’émergence de ce pôle. Ils ont pour noms, « faiblesse dans la gestion des infrastructures, difficultés de mises aux normes de l’Union européenne toujours premier marché d’exportation de la pêche au Sénégal, et des conditions d’hygiène défavorables ». Pour Yérim Thioub, « l’insalubrité » n’est pas la dernière des préoccupations des autorités.
Il a déploré le fait que des stations de carburant pour pirogues soient installées à l’intérieur des habitations. Dans tous les cas, la volonté politique a été clairement exprimée. D’un coût global de 4 milliards de FCfa, les travaux du port de pêche vont débuter en juillet 2015, avec une durée d’un an et demi ; l’infrastructure devrait être réceptionnée en février 2016. Avec plus de 1.000 emplois à la clé. Question annexe (voire primordiale) dans la recherche du moindre risque pour les pêcheurs, le balisage du chenal. Sur le site de l’Hydrobase, d’une superficie de 13 hectares, un ponton sera aménagé. Il va permettre de gagner 6 hectares sur le fleuve. L’Etat va faire augmenter les zones de débarquent des produits de la pêche, valoriser le conditionnement et booster le micro-mareyage. S’y ajoutent les nécessaires parkings pour les camions frigorifiques et véhicules de transport en commun.
Déjà, une dizaine d’investisseurs privés qui tiennent à monter des entreprises sur le nouveau port ont manifesté leurs intentions. En termes d’infrastructures et de nouveaux aménagements, beaucoup reste à faire. La fluidité pour l’accès entre le pont Moustapha Malick Guèye (qui relie le petit bras du fleuve à la langue de Barbarie) et les quartiers adjacents au futur port, en particulier Guet-Ndar, est une nécessité.
Le SOLEIL