Si Saint-Louis était perçue à l’époque coloniale comme le centre de l’élégance et du bon goût, l’instant Takussanu Ndar était l’occasion pour les habitants de l’ancienne capitale de l’Afrique occidentale française de le démontrer, à travers les promenades dans les grandes artères de la ville
Lundi, fin octobre. Saint-Louis se réveille enveloppée d’un climat douillet, fruit du mélange du vent frisquet s’échappant de l’océan et de l’air humide émanant des eaux saumâtres des deux bras du fleuve qui ceinturent l’île. Cœur de la ville, la Place Faidherbe bat déjà au rythme des va-et-vient incessants des élèves et des travailleurs pressés alors que le soleil vient juste de laisser entrevoir quelques lueurs timides.
A l’image de la circulation piétonne, la circulation automobile est dense en cette heure de la matinée sur le pont Faidherbe et sur les deux voies parallèles du jardin public niché au cœur de la place du même nom. A un jet de pierre de là, l’enfilade de pirogues sur le bras du fleuve qui sépare l’île et le populeux quartier de Guet Ndar posé sur la Langue de Barbarie, ajoute une dose de charme à cette carte postale matinale.
De cartes postales, Saint-Louis en a plusieurs. Dressées par des originaires de l’île ou par de simple visiteurs de passage subjugués par la beauté de cette « ville aux mille visages » comme l’ont décrit Félix Brigaud et Jean Vast. Quant au Colonel et écrivain Moumar Guèye, il voit en Saint-Louis « la ville de l’élégance qui semble flotter éternellement sur le Fleuve ».
Aujourd’hui encore et comme dans le temps, la mythique Place Faidherbe occupe une place centrale dans la vie de Saint-Louis et de ses habitants.
En plus d’être le germe de ville et de l’histoire coloniale de l’île d’où tout est parti, cet endroit fut de tout temps le lieu de célébration d’événements qui ont participé à asseoir la renommée de Saint-Louis. Parmi ces événements que le Directeur du Tourisme, de la culture et du patrimoine de la commune de Saint-Louis, Ahmadou Cissé, appelle « marqueurs identitaires », figure en bonne place le célèbre « Takussanu Ndar ».
Lundi, fin octobre. Saint-Louis se réveille enveloppée d’un climat douillet, fruit du mélange du vent frisquet s’échappant de l’océan et de l’air humide émanant des eaux saumâtres des deux bras du fleuve qui ceinturent l’île. Cœur de la ville, la Place Faidherbe bat déjà au rythme des va-et-vient incessants des élèves et des travailleurs pressés alors que le soleil vient juste de laisser entrevoir quelques lueurs timides.
A l’image de la circulation piétonne, la circulation automobile est dense en cette heure de la matinée sur le pont Faidherbe et sur les deux voies parallèles du jardin public niché au cœur de la place du même nom. A un jet de pierre de là, l’enfilade de pirogues sur le bras du fleuve qui sépare l’île et le populeux quartier de Guet Ndar posé sur la Langue de Barbarie, ajoute une dose de charme à cette carte postale matinale.
De cartes postales, Saint-Louis en a plusieurs. Dressées par des originaires de l’île ou par de simple visiteurs de passage subjugués par la beauté de cette « ville aux mille visages » comme l’ont décrit Félix Brigaud et Jean Vast. Quant au Colonel et écrivain Moumar Guèye, il voit en Saint-Louis « la ville de l’élégance qui semble flotter éternellement sur le Fleuve ».
Aujourd’hui encore et comme dans le temps, la mythique Place Faidherbe occupe une place centrale dans la vie de Saint-Louis et de ses habitants.
En plus d’être le germe de ville et de l’histoire coloniale de l’île d’où tout est parti, cet endroit fut de tout temps le lieu de célébration d’événements qui ont participé à asseoir la renommée de Saint-Louis. Parmi ces événements que le Directeur du Tourisme, de la culture et du patrimoine de la commune de Saint-Louis, Ahmadou Cissé, appelle « marqueurs identitaires », figure en bonne place le célèbre « Takussanu Ndar ».
Survivance de l’époque où Saint-Louis était perçue comme le centre de « l’élégance et du bon goût », le Takussanu Ndar renvoie à l’ambiance qui régnait dans les artères de la ville en cette période de l’après-midi comprise entre 17 heures et le crépuscule à « l’heure où le soleil, telle une boule d’or, décline à l’horizon derrière les cases de Guet-Ndar et de Santhiaba », pour reprendre les propos du Colonel Moumar Guèye.
Ce spectacle quotidien était l’occasion, pour les « belles femmes Saint-Louisiennes, richement parées de boubous harmonieux et de bijoux étincelants de venir assister à des jeux, à des danses et d’écouter de la musique dans des kiosques dédiées sur la Place Faidherbe », ajoute l’ancien Directeur du Centre de recherche et de documentation du Sénégal (Crds), Abdoul Hadir Aidara. Toutefois, note-t-il, le véritable motif de ce rassemblement mondain était « l’envie de montrer sa toilette du soir ».
En effet, « regroupées au sein de leur mbotaay, les femmes étaient fidèles au rendez-vous. Elles venaient rivaliser de toilette, papoter, se communiquer les dates et les lieux d’organisation de leur taneber, leur simb. Parées de leurs plus beaux bijoux et de boubous aux teints harmonieux, exhalant des parfums suaves et voluptueux, elles perpétuent ainsi le charme des Signares dont les yeux surréels étaient comme un clair de lune sur la grève », écrit M. Aidara dans son ouvrage « Saint-Louis du Sénégal d’hier à aujourd’hui ».
Le Colonel Moumar Guèye ne dit pas autre chose quand il explique que le terme Takussanu Ndar vient d’une « certaine habitude qu’avaient les gracieuses femmes et les Saasumaan de Saint-Louis de se promener en grande toilette ».
Mais il n’y avait pas que les dames des quartiers Sud et Nord de Sindoné et de Lodo et celles de la Langue de Barbarie et de Sor qui profitaient de cette ambiance crépusculaire pour parader, les hommes aussi s’y mettaient si l’on en croit Alioune Badara Diagne Golbert, l’une des figures marquantes de la ville. « Ceux qui travaillaient dans l’administration coloniale aussi avaient l’habitude, après la descente, de se saper et de se promener dans les grandes artères de la ville comme la rue André Lebon, la rue Boufflers », raconte le journaliste et artiste-comédien.
Cependant, plus qu’un moment d’exhibition de signes extérieurs de richesse pour les uns et d’étalement de charme pour les autres, l’instant Takussanu Ndar transformait la Place Faidherbe en un lieu de socialisation, de rencontre et d’échanges d’amabilités, de civilités, de courtoisie, explique Fatima Fall, actuelle Directrice du Crds.
« La place Faidherbe était un carrefour et un lieu de brassage. Tous les corps sociaux s’y retrouvaient le temps d’une soirée. Ceux qui quittaient la Langue de barbarie pour aller à Sor ou ceux qui quittaient le Nord pour aller dans le sud, s’y croisaient dans une ambiance conviviale bercée par la musique jouée par les militaires et les tirailleurs sénégalais. Ils discutaient de certaines questions, échangeaient des nouvelles avant de poursuivre leur chemin », explique-t-elle.
En tant que capitale de l’Afrique occidentale française (Aof), Saint-Louis était devenue, par la force des choses, un lieu de convergence et de métissage. Si bien que même si le Takussanu Ndar magnifie, avant tout, l’élégance saint-louisienne, il n’en demeure pas moins que, souligne Ahmadou Cissé, qu’il constitue un moment où la diversité ethnique, religieuse et raciale de la ville se dévoile au grand jour.
De ce Takussanu Ndar magnifié et célébré dans le temps, qu’en reste-il ? Rien ou presque. Juste quelques réminiscences que les Saint-Louisiens essaient de faire revivre en certaines occasions de l’année comme lors des fêtes de fin d’année ou lors du Festival de jazz de Saint-Louis. Cet événement a même perdu son essence et n’existe plus que de nom, selon Golbert Diagne.
« Les gens n’ont plus le temps entre 17 heures et 18 heures d’aller se pavaner pour juste se pavaner à travers les artères de la ville. Actuellement, on s’affaire à la productivité, à des occupations qui ont un rendement économique permettant d’avoir un niveau de vie assez élevé et d’être bien ». Autre temps, autres mœurs donc. Pour dire que le Takussanu Ndar a, depuis longtemps, perdu son aspect ponctuel et n’est plus qu’occasionnel.
Toutefois, il reste un patrimoine immatériel auquel les Saint-Louisiens restent encore attachés. « Dans le programme du Fanal, nous faisons revivre le « Takussanu Ndar » mais aussi d’autres activités sur une semaine qui reflètent la spécificité de la culture saint-louisienne. Nous y avons apporté notre touche pour en faire un produit touristique », explique Marie Madeleine Diallo. Cet œuvre de pérennisation est également portée par l’association « Nd’art » dirigée par Fatima Fall.
Elle organise des concours de confection de costumes historiques qui rappellent les habits que portaient les gens à l’époque du Takussanu Ndar. « C’est une façon de restituer, de mettre en scène ce patrimoine. Les costumes relatent l’historique du Takussanu Ndar. Cela permet de montrer la diversité culturelle qui a toujours existé et qui continue d’exister à Saint Louis. Lors de ces Takussanu Ndar, on essaye de faire participer toutes les associations, toute la communauté. Nous voulons une recomposition de cette histoire de façon réelle telle qu’elle a existé car le Takussanu Ndar était facteur de cohésion sociale », souligne-t-elle.
SOURCE TEXTE ET PHOTOS: WWW.LESOLEIL.SN
Ce spectacle quotidien était l’occasion, pour les « belles femmes Saint-Louisiennes, richement parées de boubous harmonieux et de bijoux étincelants de venir assister à des jeux, à des danses et d’écouter de la musique dans des kiosques dédiées sur la Place Faidherbe », ajoute l’ancien Directeur du Centre de recherche et de documentation du Sénégal (Crds), Abdoul Hadir Aidara. Toutefois, note-t-il, le véritable motif de ce rassemblement mondain était « l’envie de montrer sa toilette du soir ».
En effet, « regroupées au sein de leur mbotaay, les femmes étaient fidèles au rendez-vous. Elles venaient rivaliser de toilette, papoter, se communiquer les dates et les lieux d’organisation de leur taneber, leur simb. Parées de leurs plus beaux bijoux et de boubous aux teints harmonieux, exhalant des parfums suaves et voluptueux, elles perpétuent ainsi le charme des Signares dont les yeux surréels étaient comme un clair de lune sur la grève », écrit M. Aidara dans son ouvrage « Saint-Louis du Sénégal d’hier à aujourd’hui ».
Le Colonel Moumar Guèye ne dit pas autre chose quand il explique que le terme Takussanu Ndar vient d’une « certaine habitude qu’avaient les gracieuses femmes et les Saasumaan de Saint-Louis de se promener en grande toilette ».
Mais il n’y avait pas que les dames des quartiers Sud et Nord de Sindoné et de Lodo et celles de la Langue de Barbarie et de Sor qui profitaient de cette ambiance crépusculaire pour parader, les hommes aussi s’y mettaient si l’on en croit Alioune Badara Diagne Golbert, l’une des figures marquantes de la ville. « Ceux qui travaillaient dans l’administration coloniale aussi avaient l’habitude, après la descente, de se saper et de se promener dans les grandes artères de la ville comme la rue André Lebon, la rue Boufflers », raconte le journaliste et artiste-comédien.
Cependant, plus qu’un moment d’exhibition de signes extérieurs de richesse pour les uns et d’étalement de charme pour les autres, l’instant Takussanu Ndar transformait la Place Faidherbe en un lieu de socialisation, de rencontre et d’échanges d’amabilités, de civilités, de courtoisie, explique Fatima Fall, actuelle Directrice du Crds.
« La place Faidherbe était un carrefour et un lieu de brassage. Tous les corps sociaux s’y retrouvaient le temps d’une soirée. Ceux qui quittaient la Langue de barbarie pour aller à Sor ou ceux qui quittaient le Nord pour aller dans le sud, s’y croisaient dans une ambiance conviviale bercée par la musique jouée par les militaires et les tirailleurs sénégalais. Ils discutaient de certaines questions, échangeaient des nouvelles avant de poursuivre leur chemin », explique-t-elle.
En tant que capitale de l’Afrique occidentale française (Aof), Saint-Louis était devenue, par la force des choses, un lieu de convergence et de métissage. Si bien que même si le Takussanu Ndar magnifie, avant tout, l’élégance saint-louisienne, il n’en demeure pas moins que, souligne Ahmadou Cissé, qu’il constitue un moment où la diversité ethnique, religieuse et raciale de la ville se dévoile au grand jour.
De ce Takussanu Ndar magnifié et célébré dans le temps, qu’en reste-il ? Rien ou presque. Juste quelques réminiscences que les Saint-Louisiens essaient de faire revivre en certaines occasions de l’année comme lors des fêtes de fin d’année ou lors du Festival de jazz de Saint-Louis. Cet événement a même perdu son essence et n’existe plus que de nom, selon Golbert Diagne.
« Les gens n’ont plus le temps entre 17 heures et 18 heures d’aller se pavaner pour juste se pavaner à travers les artères de la ville. Actuellement, on s’affaire à la productivité, à des occupations qui ont un rendement économique permettant d’avoir un niveau de vie assez élevé et d’être bien ». Autre temps, autres mœurs donc. Pour dire que le Takussanu Ndar a, depuis longtemps, perdu son aspect ponctuel et n’est plus qu’occasionnel.
Toutefois, il reste un patrimoine immatériel auquel les Saint-Louisiens restent encore attachés. « Dans le programme du Fanal, nous faisons revivre le « Takussanu Ndar » mais aussi d’autres activités sur une semaine qui reflètent la spécificité de la culture saint-louisienne. Nous y avons apporté notre touche pour en faire un produit touristique », explique Marie Madeleine Diallo. Cet œuvre de pérennisation est également portée par l’association « Nd’art » dirigée par Fatima Fall.
Elle organise des concours de confection de costumes historiques qui rappellent les habits que portaient les gens à l’époque du Takussanu Ndar. « C’est une façon de restituer, de mettre en scène ce patrimoine. Les costumes relatent l’historique du Takussanu Ndar. Cela permet de montrer la diversité culturelle qui a toujours existé et qui continue d’exister à Saint Louis. Lors de ces Takussanu Ndar, on essaye de faire participer toutes les associations, toute la communauté. Nous voulons une recomposition de cette histoire de façon réelle telle qu’elle a existé car le Takussanu Ndar était facteur de cohésion sociale », souligne-t-elle.
SOURCE TEXTE ET PHOTOS: WWW.LESOLEIL.SN