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Sécurisation de la brèche de Saint-Louis : ​un problème crucial de choix

Samedi 8 Décembre 2018

On ne sait toujours pas en quoi consiste le dragage et le balisage. Ce que l'on sait à coup sûr, c'est que ces deux opérations ne peuvent résorber la brèche large de plusieurs kilomètres, ouverte depuis 15 ans. Il s'agit alors, à l'intérieur de cette brèche géante, de draguer et baliser un chenal par lequel passeraient les pirogues pour aller du fleuve à l'océan et vice versa, sans risquer d'accrocher les hauts fonds rocheux qui sont la cause principale des naufrages.

En dehors de ce chenal, la mer continuerait donc d'occuper une vaste étendue de la Langue de Barbarie qu'elle a envahie depuis 2003.

Le mal réside dans une communication entre le fleuve et l'océan, en dehors de l'embouchure naturelle située à Gandiole, que la géographie a bâtie pendant des millénaires, dans un jeu d'équilibre entre les flux et les reliefs.
Par cette embouchure, l'océan n'a jamais été invasif. On ne pouvait déplorer, autrefois, que la remontée de l'eau salée dans le lit du fleuve, sur des centaines de kilomètres, mais ce problème a été résolu par le barrage de Diama.

Le gouvernement aurait pu choisir le projet ambitieux de réparer l'ensemble de la brèche pour récupérer toute la Langue de Barbarie dont l'inondation est un accident, dû à une erreur humaine, et non une fatalité définitive.
Cette option salutaire n'aurait pas été un chantier pharaonique. Elle est du même ordre de grandeur que les travaux entrepris par des pays comme la Hollande ou le Japon pour se préserver de l'avancée marine, et par Monaco pour gagner des terres sur la Méditerranée.

Ce projet aurait alors été couplé avec la construction d'un mur de protection le long des secteurs urbains de Saint-Louis où les habitations ont été endommagées. Car la Langue de Barbarie s'est défendue toute seule, au fil des temps, dans tous les autres secteurs où elle avait conservé ses dunes et ses filaos. Elle n'a été atteinte que par le fait de la brèche mal conçue, installée en 2003, sans un système d'écluses qui était d'une nécessité impérative. Ces écluses n'auraient été ouvertes qu'à marée basse, pour évacuer à sens unique l'eau du fleuve vers l'océan, et seulement en période d'inondation.

Oui, mais il semble bien que la brèche initiale n'avait pas été seulement prévue pour abaisser le niveau du fleuve, mais aussi pour permettre le passage des pirogues du fleuve à l'océan et vice versa. Or toute communication entre le fleuve et l'océan, sans un système protégeant le premier, ne peut aboutir qu'à son invasion par l'océan car les forces des deux flots sont sans commune mesure.

L'actuel projet de dragage et de balisage n'est pas exposé dans son détail.
On ne sait pas s'il prévoit une protection du fleuve face à la mer. Si c'est le cas, cela doit être dit clairement devant le public.

DOMOU NDAR
 


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1.Posté par Sakhéwar le 08/12/2018 13:19
Entièrement d'accord avec cette analyse.
Les personnes qui se sont exprimées à Guet Ndar, sur le projet gouvernemental de dragage et de balisage, n'ont pas manqué de dire leur manque de confiance. Un projet rendu public à seulement deux mois de l'élection présidentielle ne peut que susciter interrogation et réserve. Il y a eu, en effet, une litanie de promesses non suivies d'effet, depuis 15 ans.
Cela dit, lorsque les représentants des pêcheurs de Guet Ndar réclament une sécurisation de "l'embouchure", pour mettre fin aux naufrages, cela appelle des remarques.
Ils désignent par le mot embouchure la brèche qui est l'aboutissement d'une grave erreur commise en perçant le canal non sécurisé de 4 m de largeur, en 2003.
Il n'y a jamais eu d'embouchure à cet endroit-là et il ne pouvait pas y en avoir.
Il y aurait eu, tout au plus, un canal de délestage pour évacuer le trop-plein du fleuve vers l'océan, à condition d'installer de très fortes écluses pour interdire la remontée du flot marin dans ce canal.
On ne crée pas une embouchure avec de petits moyens, compte tenu des gigantesques forces hydrodynamiques d'un océan qui ne cesse d'avancer depuis des siècles.
Aujourd'hui le Sénégal fait appel de nouveau au Maroc pour les travaux dits de dragage et de balisage.
Il n'y a aucune raison de mettre en doute, à priori, la compétence de la nouvelle entreprise marocaine choisie.
Le problème est ailleurs : faut-il sécuriser la brèche ou fermer complètement la brèche ?
La seconde option nous semble être la meilleure.
Elle permettrait de réparer la Langue de Barbarie qui est une barrière naturelle de protection sur la côte nord-ouest du Sénégal. Cette bande de terre est depuis toujours un bouclier face à l'océan, pour les provinces du Walo et du Cayor. La Mauritanie elle-même est concernée. C'est un grand problème d'environnement régional qui est posé, au delà de la préoccupation légitime des pêcheurs de Guet Ndar.

2.Posté par Sakhéwar le 09/12/2018 18:16
Qu'est ce que la brèche exactement ?
Le public sénégalais ne le sait pas avec précision.
On sait seulement qu'elle est située au sud de l'Hydrobase et qu'elle a coupé en deux la Langue de Barbarie.
C'est très peu et c'est vague (sans jeu de mot).
Les autorités de la région, ni du pays, ne l'ont jamais donnée à voir en vraie grandeur.
Ce sont toujours des photos, en plan rapproché, qui sont publiées, lorsque des pirogues sont naufragées.
Je propose que Ndarinfo réalise un reportage filmé sur la totalité de la brèche.
Les images seraient prises depuis le fleuve, depuis la mer et aussi en vue aérienne.
Ainsi, on saura où commence la brèche, où elle finit et quelle est son étendue réelle.
Cela sera très utile aux lecteurs de Ndarinfo qui commentent souvent les articles consacrés à ce sujet d'une importance capitale.
Et surtout, cette brèche sera vue telle qu'elle est, par le public sénégalais, à l'heure où elle fait l'objet d'un projet du Gouvernement.

3.Posté par Souley le 10/12/2018 01:09
Sakhewar, pour avoir une idée de l'étendue de la brèche, il suffit d'aller sur Google Maps, de taper St Louis (Senegal), et de "zoomer" sur la Langue de Barbarie. Vous verrez nettement l'énormité de la brèche sur la carte ou l'image satellite.

4.Posté par Momo le 10/12/2018 09:10
Refermer la brèche? C'est impossible !

5.Posté par Sakhéwar le 10/12/2018 20:11
Réponse à Momo :
Vous dites : Refermer la brèche ? C'est impossible !
Discuter, c'est argumenter.
Vous devez justifier votre affirmation.
Sinon, elle sera considérée comme péremptoire et gratuite, donc irrecevable.

6.Posté par Sakhéwar le 10/12/2018 20:31
Réponse à Souley :
Merci de m'avoir donné des indications concernant la brèche, sur Google Maps.
Je les connaissais.
Ces images sont aujourd'hui insuffisantes. Elles ne sont pas récentes et doivent donc être actualisées.
Un film réalisé maintenant, au moment où le Gouvernement avance son projet contesté sur la brèche, permettrait au public sénégalais d'être mieux informé pour s'exprimer.
Le tournage de ce film nécessite, bien sûr, des moyens importants, y compris sans doute la location d'un hélicoptère pour les vues aériennes.
J'ai présenté la proposition à Ndarinfo en espérant que ce média pourrait disposer de ces moyens.

7.Posté par Souley le 11/12/2018 04:09
Sakhewar,
Un film documentaire serait en effet une tres bonne idee. En attendant de mobiliser les moyens, l'utilisation de drones pourrait etre un prealable moins couteux.
Mais vous avez raison : il est temps de mieux informer les populations sur ce probleme serieux car, en fin de compte, l'avenir de la ville de Saint-Louis est en question.

8.Posté par Momo le 11/12/2018 09:49
Sakhéwar, si vous voulez ne pas la recevoir, et d'autres avec vous, cela ne me dérange aucunement. Recréer artificiellement 8km de bande de sable avec les moyens financiers du Sénégal...soyons sérieux!

9.Posté par Momo le 11/12/2018 09:58
Concernant le film sur les 8km de brèche, adressez-vous à Philippe Le Grand des hôtels Mermoz et Diamarek: il dispose d'un autogire, qu'il a déjà mis à disposition des pêcheurs de Guet Ndar

10.Posté par Sindoné le 11/12/2018 16:56
Echanges très instructifs de lecteurs avisés! Et dire que les tecno- bureaucrates qui ont pris cette terrible décision avaient l'intention de creuser la berge vers Goxu Mbaac. On frémit d'horreur rien que d'y penser !

11.Posté par Julien le 24/12/2018 09:40
Fins connaisseurs de l'histoire de cette brèche, c'est a vous que je m'adresse.
Nous sommes une association, La Main Ferme, qui contribue a la transition écologique de l'Afrique de l'Ouest. Préoccupés par les conséquences néfastes de la brèche sur la sante socio-économique de la zone agricole, au sud de la brèche, a cause de la salinisation du fleuve, nous développons, aujourd’hui un projet de construction de ferme agroecologique. Ce lieu servira d'espace expérimentale et deviendra un centre de formation pour la jeunesse locale et d'insertion professionnelle afin de fédérer de nouvelles initiatives dans une approche respectueuse de l'environnement.
Ainsi, nous avons besoin d'informations relatives a l'histoire, les raisons de construction et les conséquences de cette brèche.
Voila, si vous êtes interresses d’échanger autour de ce sujet, merci de contacter par mail :
machettojulien@hotmail.fr

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