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Saint-Louis : Comment les Croix-rouge sénégalaise et espagnole comptent préparer les populations contre les catastrophes naturelles

Mardi 8 Janvier 2019

Saint-Louis : Comment les Croix-rouge sénégalaise et espagnole comptent préparer les populations contre les catastrophes naturelles
Le projet CLIMA-RISK, inscrit dans le programme de coopération territoriale  MAC 2014-2020 et dirigé par l’ITC (Institut technologique des Canaries), favorise la  collaboration entre les Croix-Rouge sénégalaises et espagnoles et le Croissant-Rouge  mauritanien afin de renforcer leur capacité de réaction aux catastrophes naturelles qui  mettent en danger la qualité de vie de centaines de foyers. Par ailleurs, l’initiative est en  quête d’outils techniques qui préparent les territoires aux risques de catastrophe. 

Communauté vivant autrefois aisément de la pêche, ses habitants doivent aujourd’hui  subsister avec 1 000 francs CFA par jour (1,50 €). La vie de 54 familles installées dans la  zone côtière de la Langue de Barbarie, située à l’embouchure du fleuve Sénégal à Saint-Louis, s’est vue brisée lorsque la montée du niveau de la mer qui s’est produite en 2015 et 2018 a détruit leurs foyers et fait disparaître leur attirail de pêche. Quelque 260 personnes ont été déplacées à l’intérieur du territoire par la Croix-Rouge sénégalaise et elles se trouvent à présent à 13 kilomètres de leur ancien foyer, dans la communauté de Khar Yalla, « En attendant Dieu » en Wolof. À quelques mètres de la route, 54 tentes s’organisent autour d’une petite salle de prière. Aujourd’hui, au lieu du bord de mer, la communauté vit au milieu de kilomètres de terres, où la chaleur est de plomb et où les risques d’inondation à cause des fortes pluies n’ont pas disparu. 


Ils ont gardé quelques animaux : deux ou trois vaches et surtout des agneaux. Il y a aussi un âne, sur lequel se dresse le petit Bouba, chargé de bidons qu’il remplit avec de l’eau d’un puits pour ensuite les vendre. « C’est inquiétant. Le risque de mortalité infantile augmente à cause de plusieurs maladies et de la grande difficulté pour se rendre à l’hôpital car il est très loin », déplore Abdoulaye Gueye, agent de la Croix-Rouge sénégalaise. La catastrophe a été utilisée comme exemple pour le projet CLIMA-RISK, inscrit dans le programme de  coopération territoriale Interreg MAC 2014-2020, dirigé par l’ITC (Institut technologique des Canaries) et financé à hauteur de plus de 2 millions d’euros, pour former et sensibiliser à l’importance de savoir répondre aux catastrophes provoquées par le changement climatique. 


Ainsi, dans le cadre de cette initiative, 23 techniciens du Croissant-Rouge mauritanien et des Croix-Rouge espagnole, sénégalaise et togolaise se sont réunis à Saint-Louis en  novembre dernier dans le cadre d’une formation sur les effets de la résilience  communautaire grâce au renforcement des capacités d’intervention.
 

Saint-Louis : Comment les Croix-rouge sénégalaise et espagnole comptent préparer les populations contre les catastrophes naturelles
Un territoire à l’essai pour les catastrophes 

Le développement d’outils technologiques comme stratégie d’adaptation et de réaction au changement climatique est précisément l’un des points clés du projet CLIMA-RISK. Il centre également ces actions sur l’élaboration d’études techniques orientées sur la planification stratégique du territoire. À cet égard, il bénéficie de la collaboration de l’Université de Las Palmas de Gran Canaria (ULPGC) et étend sa mission au Cabo Verde.

Les îles Canaries et l’archipel africain sont des territoires entièrement exposés à la mer et à ses phénomènes naturels. C’est pourquoi une planification stratégique du territoire qui garantisse leur résilience est vitale. Une dizaine d’enseignants de l’Université de Las Palmas de Gran Canaria y travaillent actuellement. « La prévention, l’atténuation des risques et la gestion de catastrophes sont les trois branches sur lesquelles se centre l’étude », indique l’enseignante Flora Pescador. Pour ce dernier domaine, l’objectif est de « développer des constructions destinées au refuge et à la protection en cas de catastrophe et de risques ». 

Les experts étudient actuellement différentes zones du sud et du nord de l’île de Grande Canarie qui, selon Flora Pescador, peuvent être utilisées comme zones pilotes pour mettre en pratique la méthodologie de l’atténuation. Ils souhaitent transférer au Cabo Verde l’expérience qu’ils acquerront dans la région en raison des similitudes que partagent les deux territoires. Leur mission ne se limite pas uniquement au périmètre de l’île ; elle concerne également le Sénégal. « Ce sont tous des territoires vulnérables au changement climatique. Les érosions au niveau de la mer, le climat semi-aride et les pluies torrentielles sont des conséquences perceptibles de ce phénomène », constate l’enseignante des Canaries. 

En quête de nouveaux produits marins 

Les changements rapides que connaît actuellement la planète obligent à chercher de 
nouveaux produits et de nouvelles industries. Ainsi, l’Institut technologique des Canaries (ITC) a fait de la grande biodiversité marine de la Macaronésie l’épicentre du projet MACBIOBLUE, une autre initiative inscrite dans le programme de coopération territoriale Interreg MAC 2014-2020 et financée à hauteur de près de 2 millions d’euros. Plusieurs universités et centres de formation des Canaries, du Cabo Verde et du Sénégal développent actuellement des actions de formation qui aideront les entreprises à renforcer les « biotechnologies bleues », lesquelles consistent à identifier et créer de nouveaux produits et procédés industriels dans l’océan. L’un des secteurs potentiels est l’exploitation commerciale des espèces d’algues autochtones. 

Le projet a pour finalité d’atteindre le marché régional et international et de créer de la  richesse et une diversification. Pour cela, il s’appuie sur la technologie comme outil et  développe des actions de démonstration dans les centres de R&D des partenaires. L’idée est de réutiliser et donner une utilisation efficace à la grande quantité d’algues qui s’accumulent dans les océans des territoires de coopération ; certaines d’entre elles peuvent avoir une utilité dans le domaine de l’esthétique mais aussi de la pharmacologie.

Le principe transversal à toutes ces activités est le développement durable ; en effet, MACBIOBLUE défend l’utilisation uniquement d’algues présentant un grand intérêt afin de veiller à la conservation de cette ressource ayant une grande valeur environnementale dont dépendent d’autres activités vitales comme la pêche. 

 


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