Lorsqu’on l’aborde par le flanc
En longeant cet interminable ruban d’asphalte qui pénètre en elle
Comme une couleuvre se glissant dans la verdure d’un jardin
L’on est d’emblée frappé par cette singulière fraîcheur aux relents d’alizé
Qui fait aussi partie de sa légende
Puis au détour d’une très belle courbe
Qui n’est pas sans rappeler celle d’un arc tendu
Voici qu’apparaît dans toute sa majestueuse splendeur
L’île de Saint-Louis, pareille à un joyau dans son écrin…
Saint-Louis ! Saint-Louis la belle ! Saint-Louis la gracieuse !
Je ne peux ni ne veux point évoquer ton nom
Sans invoquer les muses aux yeux ensorceleurs
Car te voir étendue de tout ton long sur le fleuve aux eaux d’émeraude
Où tu reposes parée de tes atours, radieuse,
Auréolée de lumière et d’un charme irrésistible
Fais naître en moi des élans de lyrisme
Et vibrer jusqu’au plus profond de mon être la plus sensible de ses fibres
Pendant qu’un esprit aérien chuchote à mon âme ravie ce vers inoubliable :
« Poète, prends ton luth et me donne un baiser… »
Saint-Louis ! Belle endormie dans tes voiles blancs
Née du mariage de la terre et des eaux du fleuve et de l’océan
Tes allures d’élégante et ta silhouette de naïade
Inspirèrent plus d’un adorateur des muses
Et lorsqu’il abordèrent pour la première fois tes rivages
Ces hommes venus de l’autre côté de la mer
Te baptisèrent du nom de leur plus illustre souverain
En hommage à ta beauté étincelante et noble…
Tel un joyau des tropiques, Saint-Louis, toujours tu fus à la croisée des chemins
Au carrefour de l’Histoire, des races et des cultures
Berceau d’un chatoyant métissage dont les Signares
Ces belles dames au charme incomparable
Furent le plus éloquent des symboles…
Écoutez les langoureuses chansons des fanals
Évoquant les fastes d’antan dans l’atmosphère feutrée du crépuscule
Et vous serez à jamais convaincus qu’autrefois
Des sirènes aux yeux ensorceleurs habitèrent en ces lieux !
Fermez un instant les yeux et des souterrains du temps s’élèveront
L’odeur des parfums musqués du gongo et les accents rythmés du sabar,
Se mêlant aux airs légers de la valse et du tango,
Au tempo nostalgique du jazz revenant au bercail
Fermez encore les yeux et vous verrez la face mythique de Mame Coumba Bang
La déesse tutélaire du fleuve qui veille sur le sommeil de l’île de Ndar
Et dont nul ne sait si elle est une Circé noire
Ou une incarnation de la reine de Saba…
Saint-Louis du Sénégal, carrefour de l’orient et de l’occident
En toi se rencontrent la sagesse orientale et la vitalité nègre
Mais aussi ce sens de l’équilibre auquel invite le Bouddha
Et quand dans la paix du soir résonnent à l’unisson
Le doux tintement de l’angélus et l’harmonieuse modulation des muezzins
L’on ne peut que croire que tu es une vivante fleur de spiritualité…
On a beaucoup médit de toi, île tranquille et sereine,
Te comparant presque à l’antique catin des fleurs du mal
Parce qu’abandonnée, délaissée, livrée à la décrépitude
Tu n'as pas su résister à l’implacable usure du temps
Mais Saint-Louis, ton lit reste fécond
Et tu souris des quolibets et des sarcasmes
car tu sais que cette lumière qui t’habite est éternelle
Tu sais que pareille au phénix tu renaîtras de tes cendres
Et que tous les amoureux de l’art
Tous ceux qui vouent un culte à la beauté viendront à ton chevet
Boire à la source vivifiante de l’inspiration créatrice….
Louis CAMARA, le conteur d’Ifa
Grand prix du président de la république pour les lettres.
En longeant cet interminable ruban d’asphalte qui pénètre en elle
Comme une couleuvre se glissant dans la verdure d’un jardin
L’on est d’emblée frappé par cette singulière fraîcheur aux relents d’alizé
Qui fait aussi partie de sa légende
Puis au détour d’une très belle courbe
Qui n’est pas sans rappeler celle d’un arc tendu
Voici qu’apparaît dans toute sa majestueuse splendeur
L’île de Saint-Louis, pareille à un joyau dans son écrin…
Saint-Louis ! Saint-Louis la belle ! Saint-Louis la gracieuse !
Je ne peux ni ne veux point évoquer ton nom
Sans invoquer les muses aux yeux ensorceleurs
Car te voir étendue de tout ton long sur le fleuve aux eaux d’émeraude
Où tu reposes parée de tes atours, radieuse,
Auréolée de lumière et d’un charme irrésistible
Fais naître en moi des élans de lyrisme
Et vibrer jusqu’au plus profond de mon être la plus sensible de ses fibres
Pendant qu’un esprit aérien chuchote à mon âme ravie ce vers inoubliable :
« Poète, prends ton luth et me donne un baiser… »
Saint-Louis ! Belle endormie dans tes voiles blancs
Née du mariage de la terre et des eaux du fleuve et de l’océan
Tes allures d’élégante et ta silhouette de naïade
Inspirèrent plus d’un adorateur des muses
Et lorsqu’il abordèrent pour la première fois tes rivages
Ces hommes venus de l’autre côté de la mer
Te baptisèrent du nom de leur plus illustre souverain
En hommage à ta beauté étincelante et noble…
Tel un joyau des tropiques, Saint-Louis, toujours tu fus à la croisée des chemins
Au carrefour de l’Histoire, des races et des cultures
Berceau d’un chatoyant métissage dont les Signares
Ces belles dames au charme incomparable
Furent le plus éloquent des symboles…
Écoutez les langoureuses chansons des fanals
Évoquant les fastes d’antan dans l’atmosphère feutrée du crépuscule
Et vous serez à jamais convaincus qu’autrefois
Des sirènes aux yeux ensorceleurs habitèrent en ces lieux !
Fermez un instant les yeux et des souterrains du temps s’élèveront
L’odeur des parfums musqués du gongo et les accents rythmés du sabar,
Se mêlant aux airs légers de la valse et du tango,
Au tempo nostalgique du jazz revenant au bercail
Fermez encore les yeux et vous verrez la face mythique de Mame Coumba Bang
La déesse tutélaire du fleuve qui veille sur le sommeil de l’île de Ndar
Et dont nul ne sait si elle est une Circé noire
Ou une incarnation de la reine de Saba…
Saint-Louis du Sénégal, carrefour de l’orient et de l’occident
En toi se rencontrent la sagesse orientale et la vitalité nègre
Mais aussi ce sens de l’équilibre auquel invite le Bouddha
Et quand dans la paix du soir résonnent à l’unisson
Le doux tintement de l’angélus et l’harmonieuse modulation des muezzins
L’on ne peut que croire que tu es une vivante fleur de spiritualité…
On a beaucoup médit de toi, île tranquille et sereine,
Te comparant presque à l’antique catin des fleurs du mal
Parce qu’abandonnée, délaissée, livrée à la décrépitude
Tu n'as pas su résister à l’implacable usure du temps
Mais Saint-Louis, ton lit reste fécond
Et tu souris des quolibets et des sarcasmes
car tu sais que cette lumière qui t’habite est éternelle
Tu sais que pareille au phénix tu renaîtras de tes cendres
Et que tous les amoureux de l’art
Tous ceux qui vouent un culte à la beauté viendront à ton chevet
Boire à la source vivifiante de l’inspiration créatrice….
Louis CAMARA, le conteur d’Ifa
Grand prix du président de la république pour les lettres.