Monsieur Cissoko, pourquoi une école pour enseigner la Kora ?
A. CISSOKO : J’ai la chance d’avoir été éduqué au sein d’une famille africaine élargie conçue pour préserver et transmettre la connaissance et la technique d’utilisation des instruments traditionnels de musique, dont la Kora.
L’initiation à la Kora y est assumée par les grands-parents, les parents, les oncles, les grands frères et même les cousins un peu plus âgés. L’initiation est assurée au sein de la concession familiale composée de plusieurs familles regroupées sous la direction d’un patriarche dépositaire de la tradition.
Avec l’urbanisation et ses conséquences sur le mode d’habitation, la concession familiale telle qu’était structurée a été supplantée par des maisons à la taille plus réduite. L’urbanisation a eu aussi comme corollaire l’exode rural et la mobilité urbaine désarticulant ainsi les structures familiales traditionnelles ainsi que les villages. De fait, le mode traditionnel de transmission des connaissances nécessaires à la maitrise de la Kora a été très sérieusement perturbé par le développement de la ville.
La mondialisation accentuant les mouvements et les appels vers des rencontres internationales a fini de faire des « patriarches » détenteurs de la tradition de véritables nomades solidement insérés dans le marché mondial de la world –music. Face cette situation, il urge de mettre en place un dispositif intégrant les contraintes du moment et en adéquation avec les opportunités qu’offrent les nouvelles formes d’organisations sociales.
Qui va assurer les enseignements ?
A .CISSOKO : certains anciens ayant une parfaite maitrise de leurs instruments ont été déjà démarchés et vont être mobilisées en fonction de leur disponibilité, certains de mes frères et cousins pourront assurer les cours pour ceux qui débutent. Pour ceux qui viennent pour des cours de perfectionnement et pour les masters classes, trois koristes et moi-même assurerons les cours.
N’avez vous pas l’impression de désacraliser et l’utilisation de cet instrument ?
A .CISSOKO : Je suis l’héritier de deux patriarches maitres de la kora Soundioulou Cissoko mon grand- père paternel et Lalo Keba Dramé mon grand- père maternel, mon ambition est de partager généreusement mon héritage avec le reste du monde, faire de la Kora un instrument de musique accessible à toutes les races sans exclusive. La musique n’ayant pas de frontières a-t-on l’habitude d’entendre, les instruments de musique aussi ne devraient pas en avoir. Qui se souvient du pays d’origine de la guitare ? Qui peut estimer l’économie créée autour de celle-ci, du nombre de personnes qui vivent d’elle et grâce à elle ? L’enjeu se situe à ce niveau.
Devons-nous laisser la kora entre les mains de quelques initiés particulièrement jaloux de leur héritage ou avons-nous l’obligation de la sortir de ce « ghetto » afin qu’elle puisse s’enrichir des courants ascendants des rencontres avec l’autre. Je milite avec le président Senghor qui recommande de s’enraciner dans ses valeurs traditionnelles, mais aussi de s’ouvrir aux souffles enrichissants des autres cultures.
D’ailleurs les moines de Keur Moussa ont déjà apporté une autre lecture de la kora bien différente de la tradition, mais tout aussi intéressante.
NDARINFO.COM
A. CISSOKO : J’ai la chance d’avoir été éduqué au sein d’une famille africaine élargie conçue pour préserver et transmettre la connaissance et la technique d’utilisation des instruments traditionnels de musique, dont la Kora.
L’initiation à la Kora y est assumée par les grands-parents, les parents, les oncles, les grands frères et même les cousins un peu plus âgés. L’initiation est assurée au sein de la concession familiale composée de plusieurs familles regroupées sous la direction d’un patriarche dépositaire de la tradition.
Avec l’urbanisation et ses conséquences sur le mode d’habitation, la concession familiale telle qu’était structurée a été supplantée par des maisons à la taille plus réduite. L’urbanisation a eu aussi comme corollaire l’exode rural et la mobilité urbaine désarticulant ainsi les structures familiales traditionnelles ainsi que les villages. De fait, le mode traditionnel de transmission des connaissances nécessaires à la maitrise de la Kora a été très sérieusement perturbé par le développement de la ville.
La mondialisation accentuant les mouvements et les appels vers des rencontres internationales a fini de faire des « patriarches » détenteurs de la tradition de véritables nomades solidement insérés dans le marché mondial de la world –music. Face cette situation, il urge de mettre en place un dispositif intégrant les contraintes du moment et en adéquation avec les opportunités qu’offrent les nouvelles formes d’organisations sociales.
Qui va assurer les enseignements ?
A .CISSOKO : certains anciens ayant une parfaite maitrise de leurs instruments ont été déjà démarchés et vont être mobilisées en fonction de leur disponibilité, certains de mes frères et cousins pourront assurer les cours pour ceux qui débutent. Pour ceux qui viennent pour des cours de perfectionnement et pour les masters classes, trois koristes et moi-même assurerons les cours.
N’avez vous pas l’impression de désacraliser et l’utilisation de cet instrument ?
A .CISSOKO : Je suis l’héritier de deux patriarches maitres de la kora Soundioulou Cissoko mon grand- père paternel et Lalo Keba Dramé mon grand- père maternel, mon ambition est de partager généreusement mon héritage avec le reste du monde, faire de la Kora un instrument de musique accessible à toutes les races sans exclusive. La musique n’ayant pas de frontières a-t-on l’habitude d’entendre, les instruments de musique aussi ne devraient pas en avoir. Qui se souvient du pays d’origine de la guitare ? Qui peut estimer l’économie créée autour de celle-ci, du nombre de personnes qui vivent d’elle et grâce à elle ? L’enjeu se situe à ce niveau.
Devons-nous laisser la kora entre les mains de quelques initiés particulièrement jaloux de leur héritage ou avons-nous l’obligation de la sortir de ce « ghetto » afin qu’elle puisse s’enrichir des courants ascendants des rencontres avec l’autre. Je milite avec le président Senghor qui recommande de s’enraciner dans ses valeurs traditionnelles, mais aussi de s’ouvrir aux souffles enrichissants des autres cultures.
D’ailleurs les moines de Keur Moussa ont déjà apporté une autre lecture de la kora bien différente de la tradition, mais tout aussi intéressante.
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