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Reportage-Tourisme d'observation à Saint-Louis : Le rush des visiteurs vers Djoudj

D'une superficie de 16.000 hectares, le parc national ornithologique des oiseaux du Djoudj se localise au Nord-Ouest du Sénégal, environ à 60 kilomètres de la capitale du Nord. il est classé en 1971 avec comme objectif principal, la sauvegarde d'un échantillon de l'écosystème du delta du fleuve Sénégal où séjournent des millions d'oiseaux migrateurs.

Actuellement, des centaines de touristes mettent à profit la ballade en pirogue pour aller visiter le site de reproduction du pélican blanc, un bel oiseau qui, d'un vol majestueux, passe le plus clair de son temps à explorer cette nature douce et joviale du Djoudj.

Mardi 19 Juillet 2011

Reportage-Tourisme d'observation à Saint-Louis : Le rush des visiteurs vers Djoudj
Poussive et haletante, cette vieille guimbarde, que nous avons affrétée depuis Saint-Louis, nous conduit vers la communauté rurale de Diama. Aprés le croisement de Ndiawdoun, nous passons ainsi en revue les villages de Mboubène, Taba Térés, Taba Ahmatou et autres localités maures de Diadiem 1, 2 et 3.

Notre chauffeur, caustique et sarcastique, nous fait comprendre qu'il est obligé d'aller jusqu'au village de Diama pour pouvoir emprunter un autre chemin qui mène directement à Djoudj en passant par Maka. Les mouvements du véhicule nous secouent les entrailles sur ces sentiers escarpés et sinueux, ces pistes quasi impraticables et ellipsoïdales qui se relaient à tout moment pour nous promettre de nous acheminer vers Diadiem 3 où nous devons assister impérativement à une grande fête solaire, à un grand rassemblement des populations des sept villages du Djoudj qui se sont retrouvées au campement touristique "Le Ndiagabar" pour assister à la séance de démonstration des techniques d'utilisation des petits fours solaires en carton aluminium que le projet "SOL SUFFIT" veut mettre à leur disposition.

Il fait 12 heures trente. La chaleur est torride, suffocante. Le soleil monte dans un ciel d’un bleu scintillant.Une fine poussière rouge qui nous vient certainement de la Mauritanie, nous fouette sans cesse le corps en nous obstruant les narines.

A quelques encablures de la route de Diama, des champs s’étendent à perte de vue. Disposés en quinconce, les arbustes, dans un savant enchevêtrement, délimitent cette forêt dense d’acacia qui change d’aspect au fur et à mesure que nous progressons vers le barrage. Ici, le paysage invite au dépaysement.

Des hameaux Peulhs aux cases oblongues nous signalent, entre deux villages, de fortes concentrations humaines et de bétail.

Nous sommes ballottés entre des chênes et des genêts qui traversent des bois, croisent des excroissances rocheuses, débouchent sur des plaines très plates, de petites collines ondulantes.

De temps à autre, quelques feuilles mortes d’acacia, comme une toile d'araignée gluante, s'accrochent à nos cheveux, en nous donnant des frissons. Il faut reconnaître tout de même, que le paysage de la nouvelle communauté rurale de Diama, illuminé par le soleil, est d'une beauté admirable.

Il fait 15 heures trente. Nous sommes enfin arrivés à Djoudj. Ici, la nature déploie toute son exubérance, son charme.

Dans cette zone où on mène une vie cloîtrée, le visiteur romantique fait corps avec cette nature envoûtante, qui met en exergue l’effilé, l’énormité, la platitude, l’odeur, la forme, la miniature, la pointe, la masse, le volume, la matière.

A l’entrée du parc, plus précisément, au niveau du poste de commandement, on nous propose des souvenirs authentiques issus de l’artisanat local, et confectionnés par les femmes des villages périphériques.

Selon les premiers témoignages concordants et recueillis sur place, trois principales ethnies, notamment, les ouolofs, les maures et les peulhs, habitent les sept villages de la périphérie immédiate du parc, pour une population d’environ 7000 habitants. Elles ont comme activités essentielles, l’élevage extensif, la pêche continentale, le petit commerce, l’artisanat et l’agriculture avec un développement important de la riziculture irriguée.

Notre quatrième interlocuteur est un vieux touriste français qui présente un visage apoplectique sous un chapeau de paille. Ce sexagénaire que nous avons trouvé sur la berge du fleuve, attend tranquillement son tour pour aller visiter le site de reproduction des oiseaux.

Je ne suis pas ornithologue, précise-t-il, « mais la vie des pélicans blancs m’intéresse, je suis venu admirer ces beaux oiseaux qui ont une manière très particulière de couver leurs petits, qu’ils entretiennent de façon méticuleuse ».

Dieu Le Tout puissant, a-t-il poursuivi, n’a pas donné au pélican blanc la possibilité de pondre plus de trois œufs en général.

Le guide touristique qui l’accompagne, interrompt notre conversation pour nous rappeler que le parc de Djoudj, créé en 1971, est inscrit sur la liste des zones humides d’importance internationale depuis juillet 1977 et sur les sites du patrimoine mondial par l’Unesco depuis octobre 1981.

Nous recevons chaque année des milliers de touristes qui nous viennent de tous les continents, a-t-il souligné, « tous ces visiteurs tiennent vaille que vaille à découvrir ce premier milieu humide après la traversée du Sahara, qui est un refuge pour 360 espèces européennes d’oiseaux migrateurs, dont il constitue l’une des plus importantes concentrations du continent avec près de trois millions de spécimens ».

Le conservateur du parc, le Capitaine Boucar Ndiaye, que nous avons interrogé en marge de la fête solaire, semble confirmer ces propos.

Selon lui, le Djoudj est contigu au Diawling en Mauritanie pour former ensemble un complexe transfrontalier écologiquement important pour l’avifaune sauvage. Ces deux parcs nationaux sont classés Réserve de Biosphère.

Les écosystèmes du Djoudj, a-t-il précisé, sont constitués de quelques dunes de sable et de plaines d’inondation, parcourues par un réseau de mares, marigots et lacs (le lac Lamantin qui couvre 1000 ha, le Grand lac qui s’étend sur 5500 ha et le Lac Khar qui occupe un lit de 1500 ha).

Dans ces écosystèmes, a indiqué le capitaine Ndiaye, 121 espèces végétales, 92 espèces de poissons, 365 espèces d’oiseaux et plusieurs autres espèces de reptiles et de mammifères, sont recensées.

En Afrique de l’ouest, le Djoudj, à en croire le conservateur, constitue la première étape de la migration après la traversée du Sahara, un site d’hivernage pour prés de trois millions d’oiseaux migrateurs d’Europe et d’Afrique. Les pics sont atteints en janvier. C’est aussi un site de reproduction du pélican blanc, du héron pourpré, du héron bihoreau, de la grande aigrette, de l’aigrette gazette, de la spatule d’Afrique.

Le Djoudj, a-t-il fait remarquer, est également le troisième quartier d’hivernage des anatidés (canards) en Afrique sub-saharienne, après le delta intérieur du fleuve-Niger et le lac Tchad, le fief de la plus grande colonie de pélicans blancs en reproduction (22.000 individus), la seule zone d’hivernage connue pour le Phragmite aquatique, passereau en voie de disparition nichant en Europe de l’Est (Hongrie, Pologne, Ukraine).

C’est un sanctuaire naturel pour des espèces locales telles que le lamantin d’Afrique, le crocodile du Nil, le python de séba, le phacochère, la gazelle à front roux, la gazelle dorcas, la grue couronnée.

Le Djoudj, a laissé entendre le capitaine Ndiaye, possède des valeurs écologiques universelles. Situé dans la voie de migration des oiseaux d’eau, il abrite au moins 1% de la population mondiale de plus de 25 espèces d’oiseaux d’eau (critère Ramsar) et offre des spectacles assez originaux pour la découverte et l’éducation. La diversité et la dynamique de son environnement donnent des opportunités pour la recherche scientifique, notamment, avec sa station biologique.