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L'émigration clandestine dépeuple Guet-Ndar .

Samedi 29 Juin 2013

L'émigration clandestine dépeuple Guet-Ndar .
La vague d'émigration vers l'Espagne ne l'aurait jamais laissé sur place si ce n'était son âge, 45 ans, et ses responsabilités de chef de famille. Mamadou Diol, pêcheur de son état, a été trouvé sur le port fluvial en train de réparer son filet pour aller récupérer sa prise du jour empêtrée dans les rochers.

Un de ses cousins a rallié l'Espagne depuis quelques jours par l'intermédiaire de ces pirogues qui ont, depuis le mois de janvier, embarqué plus de 3000 jeunes du quartier des pêcheurs de Guet-Ndar où des craintes réelles se font sur la possibilité de ne pas organiser les navétanes cette année, faute de joueurs.

L'émigration clandestine a fini de faire l'unanimité dans ce quartier où l'essentiel des jeunes qui assuraient de petits boulots ont rallié et continuent de rallier à leurs risques et périls les côtes espagnoles, le nouvel Eldorado. Dans ce quartier, les candidats au départ bénéficient très souvent de la compréhension de leurs parents même si certains, de peur d'être dissuadés, y vont en catimini.

‘'Ils téléphonent à leur arrivée, expliquent leur choix et demandent à leurs parents de prier pour eux'', révèle Djibril Guèye un notable rencontré à Guet-Ndar.

L'explication est simple pour M. Diop qui égrène les multiples difficultés du secteur de la pêche dans la région, aucun investissement significatif n'ayant été noté pour propulser ce secteur frappé par la rareté de la ressource.

Aboubacar Sakho, chef d'une entreprise évoluant dans ce domaine, indexe la précarité dans laquelle vivent les habitants de ce populeux quartier de Saint-Louis, surtout les jeunes qui avaient largement voté pour l'alternance (en mars 2000) dans l'espoir de trouver un emploi.

‘'Malgré les promesses, les jeunes ne peuvent accéder au crédit pour financer leurs projets souvent bien ficelés'', explique Aboubacar Sakho. Il n'oublie pas le besoin d'imiter ces parents partis de Nouadhibou en Mauritanie. Saint-Louis s'est substituée à la ville mauritanienne comme point de départ après les mesures restrictives prises en accord avec les autorités du royaume d'Espagne.

‘'Le téléphone arabe a bien fonctionné et, de bouche à oreille, les échos sont parvenus de la réussite des premiers candidats'', ajoute M. Guèye ancien secrétaire d'ambassade signalant que ‘'même des gens qui gagnaient apparemment bien leur vie, entre 700.000 et un million de francs l'année, ont quitté'.

Les multiples accidents enregistrés avec l'ouverture de la brèche ont été avancés comme un facteur décourageant pour l'activité de pêche qui occupe l'essentiel de la population de Guet-Ndar.

Seulement, concèdent des habitants du quartier, ''ce ne sont pas que des Guet-ndariens qui partent, les candidats viennent de toutes les régions et des autres pays'.

Ces vagues d'émigration n'ont pas fait que des heureux. Des pertes en vies humaines sont souvent enregistrées. ‘'Une vingtaine de candidats ont du y laisser leur vie car depuis leur départ ils n'ont pas donné signe de vie pour un voyage qui dure six jours'', souligne Djibril Guèye.

Selon lui, le pire est à craindre si, après un mois, aucune nouvelle du partant n'est reçue.

Les morts sont consécutives au mal de mer qui occasionne des vomissements et à la déshydratation de la victime, indique-t-il notant que généralement ce sont les originaires des régions du centre du Sénégal qui en souffrent.

APS