Les braves femmes de Ndiawsir passent toute la journée à la borne fontaine du village installée à Keur Demba Sow, pour pouvoir se ravitailler en eau. Le manque criard de ce liquide précieux est à l'origine de tous les problèmes de cette localité fondée depuis deux siècles par le célèbre Diam Bâ, un berger peulh qui venait du Ndiambour, plus précisément de Ndiadiéré.
Cet après-midi à Gandon, la clémence crépusculaire du climat, se substitue gaiement à la douceur matinale. À force d'admirer, de contempler ces images esthétiques de la brousse, une douce chaleur joyeuse circule dans nos veines. Notre vision ne peut pas mesurer cette ampleur de la nature, aux dimensions qui s'étendent à l'infini. Mais, notre mémoire et notre imagination suppléent à la faiblesse de notre vue émoussée. Cette beauté gigantesque nous remplit de satisfaction. Difficile de couver notre fascination croissante qui finit par éclore en un désir irrésistible de demander aux paisibles habitants de ce terroir, comment pourrait-on s'installer définitivement ici ?
Ce samedi, ils convergent tous vers Ndiawsir pour participer à la célébration de l’anniversaire de l’accession du président Macky Sall à la magistrature suprême, organisée par Ibrahima Bâ, coordonnateur de l’Apr dans la zone du Toubé.
A quelques encablures du croisement situé à trois cent mètres du village, la première maison que nous apercevons est en ruines. Ses énormes loquets en fer sont gagnés par la rouille. La porte massive s'ouvre en grinçant : "C'est un ressortissant de Saint-Louis qui vient de la racheter à un de ses parents, il compte la réhabiliter », précise notre guide-éclaireur, un jeune éleveur peulh qui gravit en courant l'escalier en colimaçon. Il règne dans cet endroit une atmosphère inquiétante. Le jour ne pénètre qu'à travers d'étroites fentes de meurtrières, percées avec fantaisie dans l'épaisseur des murs. Les marches usées s'enroulent d'une façon vertigineuse.
Ndiawsir est en train de s’ouvrir timidement au monde extérieur avec l’installation au niveau du village de deux bornes fontaines, d’une ligne électrique haute tension qui alimente actuellement moins de dix foyers et de quelques lignes téléphoniques. Cette faible connexion au réseau téléphonique est tout de même résorbée grâce au développement de la téléphonie cellulaire.
Un chaud soleil éclaire généreusement les grosses dalles d'ardoises du village de Ndiawsir. L'astre étincelant, illumine quelques nouvelles constructions en dur, futuristes, les ruelles antiques, les petites maisons en bois, les cases en paille, ses vieilles chaumières et son paysage enchanteur.
Empoignant à deux mains la corde qui sert à attacher solidement les bidons d’eau de 20 litres aux extrémités d’une charrette vétuste, poussive et brinquebalante, la jeune dame A.M. Sow , qui fait le pied de grue devant la borne fontaine de Keur Samba Sow, accepte sans difficulté de converser avec nous : « Nous sommes obligées de solliciter tous les jours les services d’un charretier moyennant 1000 à 1500 F pour transporter nos bidons d’eau, chaque ménage doit en moyenne disposer quotidiennement de 10 bidons pour satisfaire les besoins en eau de la famille ».
Comme des automates, ces jeunes ménagères, très dégourdies et dynamiques, ont le réflexe chaque matin de se diriger vers cette borne fontaine sans se retourner une seule fois avec pour tout viatique, leurs bassines et leurs bidons. Juste ce qui est nécessaire pour se ravitailler en eau potable.
Âgée d’une quarantaine d’années et mère de neuf enfants, Mme D. B est une veuve qui jure la main sur le cœur qu’elle ne peut plus supporter ce calvaire. Non seulement elle n’a pas de quoi nourrir ses marmots mais son âge ne lui permet plus de passer toute la journée à la borne fontaine pour chercher de l’eau : « sans cette eau potable nous ne pouvons ni faire la cuisine ni laver la vaisselle, la seule chose que nous demandons au président Macky Sall, c’est de nous aider à disposer d’une eau potable abondante pour survivre et faire face aux nombreux problèmes de santé publique, il nous arrive très souvent d’utiliser le peu d’eau dont nous disposons pour nous désaltérer uniquement ».
Ceci, renchérissent Hollèle Bâ et Tacko Bâ, pour éviter de gaspiller ce liquide précieux qu’il faut bien gérer pour entretenir les élèves, les femmes allaitantes et autres malades ayant subi des opérations chirurgicales.
Nos interlocutrices précisent qu’après avoir fait la queue à la borne fontaine de 4 heures à 11 heures du matin, elles sont obligées d’aller prendre le petit-déjeuner pour revenir ensuite en découdre avec celles qui ont eu le toupet de prendre leur place dans cette longue file d’attente. Excédées, hargneuses et belliqueuses, elles finissent par croiser le fer avec ces retardataires récalcitrantes et très arrogantes qui se pointent toujours vers 12 heures pour perturber les rangs et provoquer les vieilles dames qui s’amuseraient à les réprimander.
S’il faut abreuver le bétail, ont-elles poursuivi, il faut débourser une somme d’argent exorbitante : « une bassine remplie d’eau nous coûte 25 F et il nous en faut une centaine pour abreuver une partie du cheptel ».
A les voir pâturer les ânes dans un silence pareil au tumulte, faire la navette entre les concessions et le robinet, nous avons l’impression que l’éparse malédiction est tombée précisément sur elles. Un autre spectacle poignant confirme cette idée. Elles se cramponnent aux planches rugueuses de la charrette, serrant contre leur poitrine le seul bidon d’eau à peine rempli et qu’il faut vaille que vaille utiliser rationnellement pour satisfaire les besoins de la journée.
Rongées par le chagrin, ces femmes ont la lourde charge de lutter pour la survie de la famille. Leur combat donne une idée précise de la féminisation de la pauvreté.
Malgré cette galère et ce calvaire, elles se tiraillent, s’esclaffent, devisent tranquillement et naturellement avec les visiteurs qui n’arriveront jamais à comprendre cette situation pénible et désagréable savamment masquée par des sourires larges et gentils et la belle parade des ovins, caprins et bovins, qui égaie les alentours de la borne fontaine.
Problématique du sous-emploi
Face à la presse, le coordonnateur de l’Apr dans la zone de Toubé, Ibrahima Bâ, a relayé le cri du cœur des populations de son village, invitant les pouvoirs publics à accorder un intérêt particulier aux problèmes de Ndiawsir.
Selon lui, c’est un village qui a besoin d’eau, d’électricité, de poste ou de case de santé, d’une école primaire à six classes bien clôturée, d’une piste de production bien aménagée.
Pour M. Bâ, il n’est plus question que les femmes de Ndiawsir continuent d’accoucher sur les charrettes, de rendre l’âme au cours d’une évacuation sanitaire, de passer le plus clair de leur temps à la borne fontaine pour chercher de l’eau. Il est temps que les proches collaborateurs du chef de l’Etat et les membres du gouvernement mettent tout en œuvre pour satisfaire la demande sociale exponentielle de Ndiawsir.
Une autre doléance tourne essentiellement autour de l’urgence et de la nécessité d’aider les jeunes du village à trouver un emploi décent.
Ces derniers, à en croire Ibrahima Bâ, ne sont pas restés les mains croisées. Pour éviter de sombrer dans le désarroi, ils exercent occasionnellement les métiers de chauffeur, plombier, maçon, peintre, mécanicien, etc.
Ils demandent au gouvernement de les aider à travailler à la Saed, à l’Ugb, aux Gds (Grands Domaines du Sénégal) et dans les services régionaux et départementaux de l’administration déconcentrée.
Les vols de bétail récurrents, la salinité des terres de culture accentuée par la brèche, les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes pour accéder au crédit, la nécessité de disposer de semences de qualité, d’engrais, d’intrants et de matériels agricoles pour mettre en valeur des parcelles maraîchères à Bountou Ndour et à Gouye Réne, l’affluence des populations notée dans certaines maisons connectées au réseau électrique pour regarder le petit écran, recharger les téléphones portables et autres doléances ont été formulées par Djibril Bâ, Abou Kâ et le vieux Djiby Dia.
Conséquences désastreuses du manque d’eau
Selon les archives du centre de recherches et de documentation du Sénégal (Crds), le sort réservé aux enfants en manque d’eau potable et de bonnes conditions d’hygiène, est souvent tragique. Or, les progrès réalisés dans le monde depuis dix ans montrent qu’avec des moyens et une vraie volonté politique, les solutions existent.
La statistique est éloquente. On estime que la grande majorité des 2 000 décès d’enfants de moins de cinq ans qui meurent chaque jour de maladies diarrhéiques dans le monde sont liés à l’eau, l’assainissement et l’hygiène. Dans un contexte d’accroissement de la population mondiale, le nombre de ces décès a considérablement diminué au cours des dix dernières années, passant de 1,2 million par an en 2000 à 760 000 en 2011. Mais ce sont 760 000 victimes de trop, estime l’UNICEF, qui veut intensifier ses efforts en la matière.
D’après les données de l’UNICEF, environ la moitié des décès d’enfants de moins de cinq ans se produisent dans cinq pays : l’Inde et le Nigéria surtout, mais aussi la République démocratique du Congo, le Pakistan et la Chine. Ces pays comptent également un nombre élevé d’habitants n’ayant pas accès à des sources d’eau et installations sanitaires améliorées.
Sur ce dernier point, on compte 814 millions de personnes n’ayant pas accès à des installations sanitaires améliorées en Inde, 477 millions en Chine, 109 millions au Nigéria, 91 millions au Pakistan et 50 millions en RDC. L’amélioration de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement dans ces pays contribuerait pourtant massivement à la réduction de la mortalité des enfants.
Derrière ces chiffres, il y a des vies, ou plutôt des destins tragiques. « Ces chiffres peuvent paraître abstraits mais ils représentent de vraies vies, de vrais enfants, abonde Sanjay Wijesekera, responsable mondial du programme d’eau, d’assainissement et d’hygiène de l’UNICEF. Chaque enfant est important. Chaque enfant a droit à la santé, au droit de survivre et d’avoir un avenir aussi satisfaisant que possible. »
Les progrès impressionnants déjà accomplis par l’UNICEF et ses partenaires depuis les années 1990 montrent qu’avec la volonté politique et les investissements nécessaires, tous les enfants du monde devraient pouvoir accéder à l’eau potable et à des installations sanitaires améliorées. Peut-être même en l’espace d’une seule génération.
L’équation de la pénurie d’eau dans le monde
La pénurie d’eau affecte véritablement tous les continents. Près d’1, 2 milliard de personnes, soit presque un cinquième de la population mondiale, vivent dans une zone où l’eau fait physiquement défaut et 500 millions de personnes sont menacées du même sort. 1,6 million de personnes supplémentaires, soit presque un quart de la population mondiale, sont confrontées à une pénurie d’eau de type économique (les pays ne disposent pas des infrastructures nécessaires pour utiliser l’eau des rivières et des nappes phréatiques).
La pénurie d’eau fait partie des problèmes principaux auxquels de nombreuses sociétés et le monde dans son ensemble sont confrontés au XXIème siècle. La consommation d’eau a augmenté plus de deux fois plus rapidement que la population au cours du siècle dernier et, bien qu’il n’y ait pas de pénurie d’eau mondiale en tant que telle, un nombre croissant de régions subissent un manque d’eau récurrent.
La pénurie d’eau est un phénomène à la fois naturel et d’origine humaine. Il y a suffisamment d’eau douce sur la planète pour six milliards d’êtres humains, mais sa répartition est inégale et trop d’eau est gâchée, polluée et gérée de façon non durable.
Les hydrologues ont l’habitude d’évaluer la pénurie en considérant le rapport population/eau. On parle de stress hydrique lorsque l'approvisionnement annuel en eau d'une région descend en dessous de 1 700 m³ par personne. La population se trouve confrontée à une pénurie d'eau lorsque l'approvisionnement annuel en eau tombe en dessous de 1 000 m³ par personne et à une « pénurie complète » en dessous de 500 m³.
La pénurie d'eau est définie comme étant le point auquel l'impact combiné de tous les utilisateurs empiète sur l'approvisionnement en eau de qualité dans les conditions en vigueur dans la collectivité au point qu'il est impossible de satisfaire complètement les besoins de tous les secteurs, y compris ceux de l'environnement. La pénurie d'eau est un concept relatif et peut se produire à n'importe quel niveau de l'offre et de la demande. La pénurie peut être une construction sociale (dérivant de l'abondance, des exigences ou du comportement coutumier) ou la conséquence de modes d'approvisionnement altérés, notamment en raison des changements climatiques.
Cet après-midi à Gandon, la clémence crépusculaire du climat, se substitue gaiement à la douceur matinale. À force d'admirer, de contempler ces images esthétiques de la brousse, une douce chaleur joyeuse circule dans nos veines. Notre vision ne peut pas mesurer cette ampleur de la nature, aux dimensions qui s'étendent à l'infini. Mais, notre mémoire et notre imagination suppléent à la faiblesse de notre vue émoussée. Cette beauté gigantesque nous remplit de satisfaction. Difficile de couver notre fascination croissante qui finit par éclore en un désir irrésistible de demander aux paisibles habitants de ce terroir, comment pourrait-on s'installer définitivement ici ?
Ce samedi, ils convergent tous vers Ndiawsir pour participer à la célébration de l’anniversaire de l’accession du président Macky Sall à la magistrature suprême, organisée par Ibrahima Bâ, coordonnateur de l’Apr dans la zone du Toubé.
A quelques encablures du croisement situé à trois cent mètres du village, la première maison que nous apercevons est en ruines. Ses énormes loquets en fer sont gagnés par la rouille. La porte massive s'ouvre en grinçant : "C'est un ressortissant de Saint-Louis qui vient de la racheter à un de ses parents, il compte la réhabiliter », précise notre guide-éclaireur, un jeune éleveur peulh qui gravit en courant l'escalier en colimaçon. Il règne dans cet endroit une atmosphère inquiétante. Le jour ne pénètre qu'à travers d'étroites fentes de meurtrières, percées avec fantaisie dans l'épaisseur des murs. Les marches usées s'enroulent d'une façon vertigineuse.
Ndiawsir est en train de s’ouvrir timidement au monde extérieur avec l’installation au niveau du village de deux bornes fontaines, d’une ligne électrique haute tension qui alimente actuellement moins de dix foyers et de quelques lignes téléphoniques. Cette faible connexion au réseau téléphonique est tout de même résorbée grâce au développement de la téléphonie cellulaire.
Un chaud soleil éclaire généreusement les grosses dalles d'ardoises du village de Ndiawsir. L'astre étincelant, illumine quelques nouvelles constructions en dur, futuristes, les ruelles antiques, les petites maisons en bois, les cases en paille, ses vieilles chaumières et son paysage enchanteur.
Empoignant à deux mains la corde qui sert à attacher solidement les bidons d’eau de 20 litres aux extrémités d’une charrette vétuste, poussive et brinquebalante, la jeune dame A.M. Sow , qui fait le pied de grue devant la borne fontaine de Keur Samba Sow, accepte sans difficulté de converser avec nous : « Nous sommes obligées de solliciter tous les jours les services d’un charretier moyennant 1000 à 1500 F pour transporter nos bidons d’eau, chaque ménage doit en moyenne disposer quotidiennement de 10 bidons pour satisfaire les besoins en eau de la famille ».
Comme des automates, ces jeunes ménagères, très dégourdies et dynamiques, ont le réflexe chaque matin de se diriger vers cette borne fontaine sans se retourner une seule fois avec pour tout viatique, leurs bassines et leurs bidons. Juste ce qui est nécessaire pour se ravitailler en eau potable.
Âgée d’une quarantaine d’années et mère de neuf enfants, Mme D. B est une veuve qui jure la main sur le cœur qu’elle ne peut plus supporter ce calvaire. Non seulement elle n’a pas de quoi nourrir ses marmots mais son âge ne lui permet plus de passer toute la journée à la borne fontaine pour chercher de l’eau : « sans cette eau potable nous ne pouvons ni faire la cuisine ni laver la vaisselle, la seule chose que nous demandons au président Macky Sall, c’est de nous aider à disposer d’une eau potable abondante pour survivre et faire face aux nombreux problèmes de santé publique, il nous arrive très souvent d’utiliser le peu d’eau dont nous disposons pour nous désaltérer uniquement ».
Ceci, renchérissent Hollèle Bâ et Tacko Bâ, pour éviter de gaspiller ce liquide précieux qu’il faut bien gérer pour entretenir les élèves, les femmes allaitantes et autres malades ayant subi des opérations chirurgicales.
Nos interlocutrices précisent qu’après avoir fait la queue à la borne fontaine de 4 heures à 11 heures du matin, elles sont obligées d’aller prendre le petit-déjeuner pour revenir ensuite en découdre avec celles qui ont eu le toupet de prendre leur place dans cette longue file d’attente. Excédées, hargneuses et belliqueuses, elles finissent par croiser le fer avec ces retardataires récalcitrantes et très arrogantes qui se pointent toujours vers 12 heures pour perturber les rangs et provoquer les vieilles dames qui s’amuseraient à les réprimander.
S’il faut abreuver le bétail, ont-elles poursuivi, il faut débourser une somme d’argent exorbitante : « une bassine remplie d’eau nous coûte 25 F et il nous en faut une centaine pour abreuver une partie du cheptel ».
A les voir pâturer les ânes dans un silence pareil au tumulte, faire la navette entre les concessions et le robinet, nous avons l’impression que l’éparse malédiction est tombée précisément sur elles. Un autre spectacle poignant confirme cette idée. Elles se cramponnent aux planches rugueuses de la charrette, serrant contre leur poitrine le seul bidon d’eau à peine rempli et qu’il faut vaille que vaille utiliser rationnellement pour satisfaire les besoins de la journée.
Rongées par le chagrin, ces femmes ont la lourde charge de lutter pour la survie de la famille. Leur combat donne une idée précise de la féminisation de la pauvreté.
Malgré cette galère et ce calvaire, elles se tiraillent, s’esclaffent, devisent tranquillement et naturellement avec les visiteurs qui n’arriveront jamais à comprendre cette situation pénible et désagréable savamment masquée par des sourires larges et gentils et la belle parade des ovins, caprins et bovins, qui égaie les alentours de la borne fontaine.
Problématique du sous-emploi
Face à la presse, le coordonnateur de l’Apr dans la zone de Toubé, Ibrahima Bâ, a relayé le cri du cœur des populations de son village, invitant les pouvoirs publics à accorder un intérêt particulier aux problèmes de Ndiawsir.
Selon lui, c’est un village qui a besoin d’eau, d’électricité, de poste ou de case de santé, d’une école primaire à six classes bien clôturée, d’une piste de production bien aménagée.
Pour M. Bâ, il n’est plus question que les femmes de Ndiawsir continuent d’accoucher sur les charrettes, de rendre l’âme au cours d’une évacuation sanitaire, de passer le plus clair de leur temps à la borne fontaine pour chercher de l’eau. Il est temps que les proches collaborateurs du chef de l’Etat et les membres du gouvernement mettent tout en œuvre pour satisfaire la demande sociale exponentielle de Ndiawsir.
Une autre doléance tourne essentiellement autour de l’urgence et de la nécessité d’aider les jeunes du village à trouver un emploi décent.
Ces derniers, à en croire Ibrahima Bâ, ne sont pas restés les mains croisées. Pour éviter de sombrer dans le désarroi, ils exercent occasionnellement les métiers de chauffeur, plombier, maçon, peintre, mécanicien, etc.
Ils demandent au gouvernement de les aider à travailler à la Saed, à l’Ugb, aux Gds (Grands Domaines du Sénégal) et dans les services régionaux et départementaux de l’administration déconcentrée.
Les vols de bétail récurrents, la salinité des terres de culture accentuée par la brèche, les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes pour accéder au crédit, la nécessité de disposer de semences de qualité, d’engrais, d’intrants et de matériels agricoles pour mettre en valeur des parcelles maraîchères à Bountou Ndour et à Gouye Réne, l’affluence des populations notée dans certaines maisons connectées au réseau électrique pour regarder le petit écran, recharger les téléphones portables et autres doléances ont été formulées par Djibril Bâ, Abou Kâ et le vieux Djiby Dia.
Conséquences désastreuses du manque d’eau
Selon les archives du centre de recherches et de documentation du Sénégal (Crds), le sort réservé aux enfants en manque d’eau potable et de bonnes conditions d’hygiène, est souvent tragique. Or, les progrès réalisés dans le monde depuis dix ans montrent qu’avec des moyens et une vraie volonté politique, les solutions existent.
La statistique est éloquente. On estime que la grande majorité des 2 000 décès d’enfants de moins de cinq ans qui meurent chaque jour de maladies diarrhéiques dans le monde sont liés à l’eau, l’assainissement et l’hygiène. Dans un contexte d’accroissement de la population mondiale, le nombre de ces décès a considérablement diminué au cours des dix dernières années, passant de 1,2 million par an en 2000 à 760 000 en 2011. Mais ce sont 760 000 victimes de trop, estime l’UNICEF, qui veut intensifier ses efforts en la matière.
D’après les données de l’UNICEF, environ la moitié des décès d’enfants de moins de cinq ans se produisent dans cinq pays : l’Inde et le Nigéria surtout, mais aussi la République démocratique du Congo, le Pakistan et la Chine. Ces pays comptent également un nombre élevé d’habitants n’ayant pas accès à des sources d’eau et installations sanitaires améliorées.
Sur ce dernier point, on compte 814 millions de personnes n’ayant pas accès à des installations sanitaires améliorées en Inde, 477 millions en Chine, 109 millions au Nigéria, 91 millions au Pakistan et 50 millions en RDC. L’amélioration de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement dans ces pays contribuerait pourtant massivement à la réduction de la mortalité des enfants.
Derrière ces chiffres, il y a des vies, ou plutôt des destins tragiques. « Ces chiffres peuvent paraître abstraits mais ils représentent de vraies vies, de vrais enfants, abonde Sanjay Wijesekera, responsable mondial du programme d’eau, d’assainissement et d’hygiène de l’UNICEF. Chaque enfant est important. Chaque enfant a droit à la santé, au droit de survivre et d’avoir un avenir aussi satisfaisant que possible. »
Les progrès impressionnants déjà accomplis par l’UNICEF et ses partenaires depuis les années 1990 montrent qu’avec la volonté politique et les investissements nécessaires, tous les enfants du monde devraient pouvoir accéder à l’eau potable et à des installations sanitaires améliorées. Peut-être même en l’espace d’une seule génération.
L’équation de la pénurie d’eau dans le monde
La pénurie d’eau affecte véritablement tous les continents. Près d’1, 2 milliard de personnes, soit presque un cinquième de la population mondiale, vivent dans une zone où l’eau fait physiquement défaut et 500 millions de personnes sont menacées du même sort. 1,6 million de personnes supplémentaires, soit presque un quart de la population mondiale, sont confrontées à une pénurie d’eau de type économique (les pays ne disposent pas des infrastructures nécessaires pour utiliser l’eau des rivières et des nappes phréatiques).
La pénurie d’eau fait partie des problèmes principaux auxquels de nombreuses sociétés et le monde dans son ensemble sont confrontés au XXIème siècle. La consommation d’eau a augmenté plus de deux fois plus rapidement que la population au cours du siècle dernier et, bien qu’il n’y ait pas de pénurie d’eau mondiale en tant que telle, un nombre croissant de régions subissent un manque d’eau récurrent.
La pénurie d’eau est un phénomène à la fois naturel et d’origine humaine. Il y a suffisamment d’eau douce sur la planète pour six milliards d’êtres humains, mais sa répartition est inégale et trop d’eau est gâchée, polluée et gérée de façon non durable.
Les hydrologues ont l’habitude d’évaluer la pénurie en considérant le rapport population/eau. On parle de stress hydrique lorsque l'approvisionnement annuel en eau d'une région descend en dessous de 1 700 m³ par personne. La population se trouve confrontée à une pénurie d'eau lorsque l'approvisionnement annuel en eau tombe en dessous de 1 000 m³ par personne et à une « pénurie complète » en dessous de 500 m³.
La pénurie d'eau est définie comme étant le point auquel l'impact combiné de tous les utilisateurs empiète sur l'approvisionnement en eau de qualité dans les conditions en vigueur dans la collectivité au point qu'il est impossible de satisfaire complètement les besoins de tous les secteurs, y compris ceux de l'environnement. La pénurie d'eau est un concept relatif et peut se produire à n'importe quel niveau de l'offre et de la demande. La pénurie peut être une construction sociale (dérivant de l'abondance, des exigences ou du comportement coutumier) ou la conséquence de modes d'approvisionnement altérés, notamment en raison des changements climatiques.