Un groupe d’experts sénégalais, constitué de hauts fonctionnaires d’institutions internationales ou de grandes entreprises pétrolières, vient de publier une analyse sur le contenu local dans le secteur du pétrole et du gaz.
Ils regrettent que le Sénégal ne récolte, pour l’heure, que des miettes. Certes, "une nouvelle loi sur le contenu local est récemment promulguée et ceci constitue une excellente nouvelle pour le Sénégal", estime d'emblée le Groupe des professionnels sénégalais de la Diaspora pour le pétrole et le gaz (GPSOG).
Cependant, il semble bien que cette bonne nouvelle arrive avec un certain retard qui fait que les Sénégalais ne pourront pas en tirer profit, "dans les phases projets pour Tortue GTA et Sangomar", regrettent les auteurs de l’analyse diffusée ce lundi 24 mai 2021.
Ces experts qui sont des hauts fonctionnaires de tous bords, mais également des ingénieurs triés sur le volet et qui occupent des postes de responsabilité au sein de grands groupes pétroliers dans le monde, sont donc dubitatifs quant à l’avantage que les entreprises sénégalaises ou majoritairement détenues par des nationaux vont tirer des contrats de sous-traitance dans le secteur du pétrole, appelés contenu local.
A ce jour, les Sénégalais voient l’argent du pétrole leur passer sous le nez, et bien sûr les emplois et toute la valeur ajoutée qui vont avec.
"Par exemple, le FPSO (plateforme de production, stockage et déchargement du pétrole, Ndlr) de Sangomar, va coûter presque 1 milliard de dollars, lesquels sont quasiment entièrement dépensés en Chine et à l'étranger, presque rien n’a été fabriqué au Sénégal", analyse Ousmane Aïdara, chef du département achats dans l'offshore pétrogazier dans une grande société en Asie, et membre du GPSOG.
En réalité, si ces experts regrettent tant que les Sénégalais ne tirent pas profit de cet aspect du contenu local, c’est parce qu’il n’a pas besoin d’être un spécialiste du pétrole pour tirer profit de l’or noir et du gaz du pays.
En effet, parmi ces services figurent notamment "la logistique onshore, les laboratoires de test, la gestion des déchets, la restauration offshore, la maintenance et réparation, les échafaudages, la préfabrication de structure et tuyauterie, la plongée, HSSE, les équipements de protection…", énumèrent-ils dans leur document d’analyse.
"A titre d’exemple, dans toute cette phase de construction de la plateforme de stockage et déchargement de pétrole (FPSO) de Sangomar, aucun équipement majeur n’est fabriqué au Sénégal. Le contenu local est principalement orienté sur la phase future opérationnelle des bateaux", analysent-ils.
Selon eux, il est crucial que les autorités gouvernementales en fassent une priorité, au-delà de l’encadrement réglementaire, lequel encadrement reste d’ailleurs à parfaire. Il s’agira par exemple de "recommander des entreprises sénégalaises pour chaque service ou équipement qui existe localement".
Car, faut-il le rappeler, ce secteur est dominé par de grandes entreprises qui sont souvent liés aux majors pétrolières par des contrats-cadres. De plus, leur compétence et leur savoir-faire dans les domaines identifiés pour le contenu local leur donnent une certaine longueur d’avance.
Il faut dire que l’enjeu est de taille, si l’on sait qu’un pays comme le Brésil recommande jusqu’à 40% de contenu local, en moyenne pour tous les services. Et d'autres pays avec proportionnellement beaucoup moins de compétences que le Sénégal arrivent à avoir de la fabrication locale.
Toujours selon le GPSOG, il y a un certain nombre d’actions rapides que l’Etat du Sénégal et les entités publiques comme la société pétrolière nationale, la Petrosen, pourraient envisager afin de donner plus d’impulsion au contenu local.
Par exemple, il est crucial d’avoir une base de données de fournisseurs sénégalais qualifiés sur tous les services et produits disponibles dans le pays. De même, il convient d’explorer l’idée d’un partenaire local obligatoire pour répondre à un appel d’offres au Sénégal sur l’offshore. L’Etat peut aussi, imposer un quota de Sénégalais parmi les équipes dirigeantes des sociétés étrangères installées dans le pays.
Evidemment, par-dessus tout, il y a la nécessité d’avoir des experts sénégalais dans tous les organes de l’Etat, car l’offshore est une industrie où les niveaux d’expertise et d’expérience requis sont très élevés.
Enfin, le GPSOG recommande que quelques ingénieurs de Petrosen se rendent sur les chantiers de fabrication des bateaux à Singapour et en Chine pour un séjour d’au moins 6 mois avant la fin des projets. Car, en dehors de l’apport financier, ces projets doivent permettre de capitaliser au maximum de l’expérience et de développer l’expertise sénégalaise.
Enfin, il faut que le Comité de suivi du contenu local mis en place récemment, veille au grain en mesurant les aspects quantitatifs du contenu local. Mais plus important encore, "il faudrait une commission qui valide toutes les dépenses de l'opérateur avant que cela ne soit déduit des coûts d’investissement.
LE360 AFRIQUE
Ils regrettent que le Sénégal ne récolte, pour l’heure, que des miettes. Certes, "une nouvelle loi sur le contenu local est récemment promulguée et ceci constitue une excellente nouvelle pour le Sénégal", estime d'emblée le Groupe des professionnels sénégalais de la Diaspora pour le pétrole et le gaz (GPSOG).
Cependant, il semble bien que cette bonne nouvelle arrive avec un certain retard qui fait que les Sénégalais ne pourront pas en tirer profit, "dans les phases projets pour Tortue GTA et Sangomar", regrettent les auteurs de l’analyse diffusée ce lundi 24 mai 2021.
Ces experts qui sont des hauts fonctionnaires de tous bords, mais également des ingénieurs triés sur le volet et qui occupent des postes de responsabilité au sein de grands groupes pétroliers dans le monde, sont donc dubitatifs quant à l’avantage que les entreprises sénégalaises ou majoritairement détenues par des nationaux vont tirer des contrats de sous-traitance dans le secteur du pétrole, appelés contenu local.
A ce jour, les Sénégalais voient l’argent du pétrole leur passer sous le nez, et bien sûr les emplois et toute la valeur ajoutée qui vont avec.
"Par exemple, le FPSO (plateforme de production, stockage et déchargement du pétrole, Ndlr) de Sangomar, va coûter presque 1 milliard de dollars, lesquels sont quasiment entièrement dépensés en Chine et à l'étranger, presque rien n’a été fabriqué au Sénégal", analyse Ousmane Aïdara, chef du département achats dans l'offshore pétrogazier dans une grande société en Asie, et membre du GPSOG.
En réalité, si ces experts regrettent tant que les Sénégalais ne tirent pas profit de cet aspect du contenu local, c’est parce qu’il n’a pas besoin d’être un spécialiste du pétrole pour tirer profit de l’or noir et du gaz du pays.
En effet, parmi ces services figurent notamment "la logistique onshore, les laboratoires de test, la gestion des déchets, la restauration offshore, la maintenance et réparation, les échafaudages, la préfabrication de structure et tuyauterie, la plongée, HSSE, les équipements de protection…", énumèrent-ils dans leur document d’analyse.
"A titre d’exemple, dans toute cette phase de construction de la plateforme de stockage et déchargement de pétrole (FPSO) de Sangomar, aucun équipement majeur n’est fabriqué au Sénégal. Le contenu local est principalement orienté sur la phase future opérationnelle des bateaux", analysent-ils.
Selon eux, il est crucial que les autorités gouvernementales en fassent une priorité, au-delà de l’encadrement réglementaire, lequel encadrement reste d’ailleurs à parfaire. Il s’agira par exemple de "recommander des entreprises sénégalaises pour chaque service ou équipement qui existe localement".
Car, faut-il le rappeler, ce secteur est dominé par de grandes entreprises qui sont souvent liés aux majors pétrolières par des contrats-cadres. De plus, leur compétence et leur savoir-faire dans les domaines identifiés pour le contenu local leur donnent une certaine longueur d’avance.
Il faut dire que l’enjeu est de taille, si l’on sait qu’un pays comme le Brésil recommande jusqu’à 40% de contenu local, en moyenne pour tous les services. Et d'autres pays avec proportionnellement beaucoup moins de compétences que le Sénégal arrivent à avoir de la fabrication locale.
Toujours selon le GPSOG, il y a un certain nombre d’actions rapides que l’Etat du Sénégal et les entités publiques comme la société pétrolière nationale, la Petrosen, pourraient envisager afin de donner plus d’impulsion au contenu local.
Par exemple, il est crucial d’avoir une base de données de fournisseurs sénégalais qualifiés sur tous les services et produits disponibles dans le pays. De même, il convient d’explorer l’idée d’un partenaire local obligatoire pour répondre à un appel d’offres au Sénégal sur l’offshore. L’Etat peut aussi, imposer un quota de Sénégalais parmi les équipes dirigeantes des sociétés étrangères installées dans le pays.
Evidemment, par-dessus tout, il y a la nécessité d’avoir des experts sénégalais dans tous les organes de l’Etat, car l’offshore est une industrie où les niveaux d’expertise et d’expérience requis sont très élevés.
Enfin, le GPSOG recommande que quelques ingénieurs de Petrosen se rendent sur les chantiers de fabrication des bateaux à Singapour et en Chine pour un séjour d’au moins 6 mois avant la fin des projets. Car, en dehors de l’apport financier, ces projets doivent permettre de capitaliser au maximum de l’expérience et de développer l’expertise sénégalaise.
Enfin, il faut que le Comité de suivi du contenu local mis en place récemment, veille au grain en mesurant les aspects quantitatifs du contenu local. Mais plus important encore, "il faudrait une commission qui valide toutes les dépenses de l'opérateur avant que cela ne soit déduit des coûts d’investissement.
LE360 AFRIQUE