Connaissez-vous Battling Siki ? Mort à 28 ans, Louis Fall alias Battling Siki est le premier africain champion du monde de boxe en 1922. Un titre qui a révélé la puissance sportive des Africains aux yeux du monde entier. Une victoire qui l’a propulsé au sommet de sa gloire mais qui est arrivée trop tôt dans l’histoire pour que les plus jeunes s’en souviennent…
Né à Saint Louis au Sénégal en 1897 durant la colonisation, Louis Fall bénéficie de la citoyenneté française puisque il est né dans l’une des « Quatre Communes » (Dakar, Rufisque, Saint Louis et Gorée). Incapable de s’adapter au monde occidental du début du XXe siècle, il change plusieurs fois de prénom passant de Baye Fall à Louis Fall (ou Louis Phal suivant l’écriture) puis à Amadou M'Barick Fall. Battling Siki nait en 1912 Durant l’adolescence, il passe son temps à sauter d’une falaise pour aller chercher les pièces que les Français jetaient dans la mer avant d’être repéré par une actrice française. Elle l’attire vers l’Europe et la France. C’est alors qu’il prend son indépendance en faisant la plonge chez elle. C’est à 15 ans qu’il découvre la boxe. Sa carrière débute alors en 1912. De 1912 à 1914, il s’affirme en livrant 16 combats avec des performances plus que correctes : 8 victoires, 6 nuls, 2 défaites. C’est durant ces deux années de boxe qu’il prend le surnom de Battling Siki. 1914, début de la première guerre mondiale, sa carrière de boxeur est mise entre parenthèse. Durant les quatre années suivantes, il livrera d’autres combats bien différents aux côtés de la France. A la fin de la guerre, Fall est décoré de la croix de guerre et de la médaille militaire. Il reprend la boxe en 1919. Siki revient presque invincible puisqu’il enchaîne 43 victoires deux nuls et une défaite (au 15è round contre Tom Berry à Rotterdam) en quatre ans. Un combat mythique, le plus beau de sa carrière En 1922, Battling Siki entre en lice au championnat du monde de boxe des poids mi-lourds. Cela faisait sept longues années qu’un boxeur noir n’avait pas disputé une telle compétition. Le 22 septembre, il affronte George Carpentier – sportif préféré des Français mais surtout champion du monde en titre – pour un combat historique qui a lieu au stade Buffalo de Montrouge près de Paris devant 40 000 spectateurs déchaînés les yeux rivés sur les deux adversaires qui se battent pour le titre de champion du monde. Carpentier remet sa ceinture en jeu. Ce match n’a pas été un simple match, c’était du pur spectacle. Avant la rencontre et comme à l’accoutumée, l’entourage des boxeurs fait monter doucement mais sûrement la pression. Le manager du champion du monde en titre, François Deschamps affirme que Battling Siki est un adversaire « à la portée » de Carpentier. Surtout que ce match est synonyme de retour (tant attendu) du boxeur Franco-français dans son pays et Siki représente, selon lui, un bon adversaire en guise de come-back. Le combat commence, les deux premiers rounds sont nettement à l’avantage de Carpentier qui envoie deux fois Battling Siki au tapis. Un début de match qui donne raison à Deschamps. Carpentier, veut en finir vite avec son adversaire, très vite. Il balance même un : « dépêchons nous donc, il va pleuvoir » à son adversaire. Le troisième round commence et d’entrée le Franco-sénégalais rééquilibre le match en envoyant son adversaire au tapis. La rage de vaincre en lui, c’est à ce moment-là que Siki déroule et en profite pour prendre le dessus sur le champion du monde en titre. Il rend coup pour coup à Carpentier. Il se sent mieux, en atteste cette petite phrase qu’il glisse en réponse à la réplique du Franco-français en début de match : « vous ne frappez pas très fort monsieur Georges ! » Une phrase synonyme de retour en force et le combat psychologique des deux adversaires tourne en faveur du Sénégalais. La confrontation ira jusqu’au six round, au bout duquel un uppercut du droit de Battling Siki envoie définitivement le champion du monde au tapis, K.O… Tout le monde pense avoir un nouveau champion du monde mais l’arbitre en décide autrement. Il disqualifie Siki pour une raison encore inconnue aujourd’hui. Mais la foule conspue le troisième homme du ring qui ne peut que revenir sur sa décision. 20 minutes plus tard : Battling Siki est déclaré champion du monde des poids mi-lourds 1922. François Deschamps fait appel le 26 septembre en prétextant une faute de Siki… en vain. Acclamé par tout un peuple après cette victoire, il devient une star qui rassemble les foules. A chacune de ses apparitions publiques dans la capitale française c’est l’attroupement. Malgré cela, Battling Siki n’échappe pas au racisme mais essaye intelligemment de ne pas y prêter attention. Il remet son titre en jeu l’année suivante en Irlande face au boxeur irlandais Mike Mc Tigues, le 17 mars. Le match se déroule dans des conditions hostiles, en pleine guerre civile irlandaise… Au bout de 20 rounds, Battling Siki sera déclaré vaincu. Il perd ton titre de champion du monde lors d’un combat qui sera vivement critiqué par certains pour son « arbitrage-maison ». Par la suite, il perd aussi ses titres de champion de France et d’Europe au profit d’Emile Morelle, par disqualifications. Selon la légende et les « on dit », il lui arrive de se promener avec un lion en laisse, de tirer des coups de feu en l’air après avoir consommé de l’alcool. Deux victoires par K.O plus tard, il s’exile aux Etats-Unis en 1923. Un départ qui ne sera pas franchement une réussite. Sa virée américaine se résume à de nombreuses défaites dont la dernière en 1925, perdue au dixième round face à Paul Berlenbach, l’empêche de nourrir de grandes ambitions et de relancer sa carrière. C’est son ultime combat. Désormais, sa vie hors des rings de boxe fait les choux gras de la presse. Alcool, femmes, bagarres de rue… Voilà ce qui se dit sur lui. Le 25 décembre 1925, Louis Fall sort de chez lui en indiquant à sa femme qu’il part « faire un tour avec des amis ». Il sera retrouvé mort, au pied d’un immeuble de la 41ème rue dans le quartier de "Hell’s Kitchen" à deux pas de chez lui avec deux balles dans le dos tirées à bout portant. Louis Fall dit « Battling Siki » est mort à seulement 28 ans. Dans un livre rédigé par Eduardo Arroyo sur la vie du boxeur, il est écrit que le natif de Saint-Louis est mort parce qu’il aimait « les femmes blanches, les voitures blanches, les chiens blancs, le jazz et le champagne. C’était trop d’insolence et de nargue ». © copyright StarAfrica.com
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