« Du point de vue légal, conventionnel et constitutionnel, le retour de la peine de mort est inenvisageable au Sénégal. Vous savez, le Sénégal a inscrit dans sa Constitution le caractère sacré du droit à la vie. Et l’Etat a l’obligation de protéger le droit à la vie. La peine de mort républicaine, c’est l’Etat qui tue froidement. Et l’Etat ne doit pas être dans cette sorte de violence qui ne pourrait être légalisée sous aucun prétexte ou contexte», dit-il.
«Il s’y ajoute, poursuit-il, que le Sénégal est signataire d’un certain nombre de conventions dont le Traité de Rome qui interdit formellement la peine de mort, surtout que ce traité a amené le Sénégal à internaliser la compétence universelle au sein de son droit. Et qui parle de compétence universelle envisage que d’autres nationalités puissent être jugées au Sénégal. Et imaginez ces citoyens qui sont protégés par des conventions puissent encourir la peine de mort au Sénégal. Ce n’est pas possible. Même d’autres pays comme le Burkina Faso, même pour avoir l’extradition de l’ancien président Compaoré, a été obligé d’abolir la peine de mort. C’est aussi le cas pour la Guinée qui a ambition de juger les événements du 28 septembre, a aboli la peine de mort.»
«Le monde d’aujourd’hui n’admet plus la peine de mort»
«Je pense qu’au-delà de tous ces aspects, il faut comprendre que le monde d’aujourd’hui n’admet plus la peine de mort qui est considérée de façon universelle comme une atteinte à la dignité humaine et qui ne saurait être une loi du Talion, c’est-à-dire si vous tuer on vous tue. Ça, c’est de la vengeance purement et simplement. Or, on cherche évidemment à réprimer de la façon la plus sévère les crimes, à les décourager. Mais on cherche également à miser sur l’homme autant que possible dans le cadre d’un repentir ou d’un amendement. C’est ça la fonction de la justice, ce n’est pas d’humilier ni de porter atteinte à l’intégrité physique ou à la vie, c’est de faire payer une dette à un citoyen quelle que soit par ailleurs la gravité des faits qu’il aurait commis», lâche-t-il.
Le patron de la Ligue sénégalaise des Droits de l’homme soutient : «Dans tous les cas, c’est l’humanité qui est ainsi faite. Je ne vois pas comment le Sénégal pourrait ramer à contre-courant d’un élan universel, d’un mouvement universaliste qui tend vers l’absolution universelle de la peine de mort. Même les pays qui maintiennent la peine de mort dans leur législation appliquent un moratoire sur les exécutions. Même aux États-Unis, la Cour suprême a considéré beaucoup de mécanismes tendant à mettre la mort sous le couvert de la peine de mort comme inconstitutionnelle ou attentatoire à la dignité humaine.»
Et Me Assane Dioma Ndiaye de préconiser «qu’il faut donc qu’on cherche des solutions qui soient durables et compatibles avec la dignité humaine et qui puissent être des solutions de fond. Au lieu de s’attaquer à des feuilles mortes, il vaut mieux s’attaquer aux racines. Nous nous devons d’affronter la réalité et savoir que quand on a la grande responsabilité de gouverner, on doit au moins procurer deux choses à ses concitoyens : la sécurité et le bien-être.»
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