Un peu plus de deux ans après la chute d’Omar el-Béchir, la « conférence des Amis du Soudan » qui se tient à Paris les lundi 17 et mardi 18 mai 2021, montre à quel point le Soudan méconnu est devenu un enjeu majeur de la diplomatie française. Pour cause de lutte acharnée contre l’influence russe en Afrique, une priorité absolue d’Emmanuel Macron.
Après un forum d’affaires organisé dans la matinée du lundi 17 mai par le MEDEF sur le Soudan, une conférence qui réunit quelques dirigeants influents, dont le Prince héritier d’Arabie Saoudite, doit se tenir, l’après-midi même, sur la restructuration de la dette soudanaise.
Le lendemain mardi, un petit-déjeuner d’affaires est organisé par la Chambre de commerce européenne au Soudan au campus de start-ups « Station F » dans la Halle Freyssinet avant qu’une soirée débats « Voix de la révolution soudanaise » ne se tienne à l’Institut du Monde Arabe (IMA), qui joue parfois efficacement l’émissaire discret du Quai d’Orsay.
Plusieurs chefs d’État se réuniront à Paris pour discuter des investissements au Soudan et négocier sa dette afin d’aider le gouvernement du Premier ministre Abdalla Hamdok
La diplomatie du portefeuille
« Emmanuel Macron au chevet du Soudan », titre RFI. Comment expliquer ce soudain intérêt pour un pays si peu connue en France? Pourquoi tant de compassion? La véritable raison, la voici: en mai 2019 et à peine un mois après la chute d’Omar el-Béchir, la Russie avait signé deux accords militaires avec le Soudan, notamment dans le domaine naval.
En novembre 2020, rebelote. Vladimir Poutine obtient concession sur Port Soudan, la porte d’entrée stratégique vers la Mer rouge, et delà, vers le canal de Suez. La Russie ambitionne désormais d’établir une base militaire dans la région, une façon de reprendre pied dans la corne de l’Afrique.
À l’occasion de la levée des sanctions contre le Soudan, Donald Trump accorde un milliard de dollars à ce pays. Sous réserve que régime de transition soudanais reconnaisse Israel. Ce qu’il a fait sans ciller. La France de Macron et Le Drian tente, elle aussi, cette diplomatie du portefeuille, mais avec moins de marges financières, hélas, que les Américains.
La dette, levier essentiel
Quelques mois après être sorti de la liste américaine des États soutenant le terrorisme, le Soudan qui était coupé des marchés financiers depuis plus de vingt ans négocie des accords-cadres avec la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et doit prochainement réintégrer le Fond Monétaire Internationale (FMI).
Le Premier Ministre soudanais Abdallah Hamdok vient aussi à Paris pour obtenir un rééchelonnement de la dette du Soudan qui s’élève à plusieurs dizaines de milliards de dollars et dont la France qui organise cette conférence est l’un des principaux créanciers.
Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France entendent à travers les annulations de créances qui devraient découler de cette restructuration sécuriser une part importante sur le marché soudanais longtemps fermé à toute technologie occidentale.
Un nouveau statut sous-régional.
La position géographique du Soudan (frontalier avec le Tchad, l’Egypte, l’Erythrée, l’Ethiopie, avec un littoral sur la Mer Rouge) en fait un pays stratégique.Les Etats-Unis semblent désormais porter un nouveau regard sur le Soudan.
Après les récentes tensions avec Ethiopie-Soudan dans la zone frontalière d’Al-Fashaqa, le secrétaire d’Etat US Antony Blinken avait durci le ton à l’égard de l’Ethiopie, alliée de longue date tandis que les relations avec le Soudan semblaient elles se réchauffer.
La récente nomination Mary Catherine Phee – qui a passé une large partie de sa carrière au Soudan – comme secrétaire d’Etat adjointe aux affaires africaines est l’illustration du nouveau statut du Soudan dans la sous-région.
Autre signe de cet activisme français dans la corne de l’Afrique, Jean Yves Le Drian, qui s’appuie beaucoup dans la sous-région sur son allié et ami égyptien, le maréchal Sissi, suit de très près le projet de Grand Barrage de la Renaissance, source de tensions entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie.
Nicolas Beau
Après un forum d’affaires organisé dans la matinée du lundi 17 mai par le MEDEF sur le Soudan, une conférence qui réunit quelques dirigeants influents, dont le Prince héritier d’Arabie Saoudite, doit se tenir, l’après-midi même, sur la restructuration de la dette soudanaise.
Le lendemain mardi, un petit-déjeuner d’affaires est organisé par la Chambre de commerce européenne au Soudan au campus de start-ups « Station F » dans la Halle Freyssinet avant qu’une soirée débats « Voix de la révolution soudanaise » ne se tienne à l’Institut du Monde Arabe (IMA), qui joue parfois efficacement l’émissaire discret du Quai d’Orsay.
Plusieurs chefs d’État se réuniront à Paris pour discuter des investissements au Soudan et négocier sa dette afin d’aider le gouvernement du Premier ministre Abdalla Hamdok
La diplomatie du portefeuille
« Emmanuel Macron au chevet du Soudan », titre RFI. Comment expliquer ce soudain intérêt pour un pays si peu connue en France? Pourquoi tant de compassion? La véritable raison, la voici: en mai 2019 et à peine un mois après la chute d’Omar el-Béchir, la Russie avait signé deux accords militaires avec le Soudan, notamment dans le domaine naval.
En novembre 2020, rebelote. Vladimir Poutine obtient concession sur Port Soudan, la porte d’entrée stratégique vers la Mer rouge, et delà, vers le canal de Suez. La Russie ambitionne désormais d’établir une base militaire dans la région, une façon de reprendre pied dans la corne de l’Afrique.
À l’occasion de la levée des sanctions contre le Soudan, Donald Trump accorde un milliard de dollars à ce pays. Sous réserve que régime de transition soudanais reconnaisse Israel. Ce qu’il a fait sans ciller. La France de Macron et Le Drian tente, elle aussi, cette diplomatie du portefeuille, mais avec moins de marges financières, hélas, que les Américains.
La dette, levier essentiel
Quelques mois après être sorti de la liste américaine des États soutenant le terrorisme, le Soudan qui était coupé des marchés financiers depuis plus de vingt ans négocie des accords-cadres avec la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et doit prochainement réintégrer le Fond Monétaire Internationale (FMI).
Le Premier Ministre soudanais Abdallah Hamdok vient aussi à Paris pour obtenir un rééchelonnement de la dette du Soudan qui s’élève à plusieurs dizaines de milliards de dollars et dont la France qui organise cette conférence est l’un des principaux créanciers.
Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France entendent à travers les annulations de créances qui devraient découler de cette restructuration sécuriser une part importante sur le marché soudanais longtemps fermé à toute technologie occidentale.
Un nouveau statut sous-régional.
La position géographique du Soudan (frontalier avec le Tchad, l’Egypte, l’Erythrée, l’Ethiopie, avec un littoral sur la Mer Rouge) en fait un pays stratégique.Les Etats-Unis semblent désormais porter un nouveau regard sur le Soudan.
Après les récentes tensions avec Ethiopie-Soudan dans la zone frontalière d’Al-Fashaqa, le secrétaire d’Etat US Antony Blinken avait durci le ton à l’égard de l’Ethiopie, alliée de longue date tandis que les relations avec le Soudan semblaient elles se réchauffer.
La récente nomination Mary Catherine Phee – qui a passé une large partie de sa carrière au Soudan – comme secrétaire d’Etat adjointe aux affaires africaines est l’illustration du nouveau statut du Soudan dans la sous-région.
Autre signe de cet activisme français dans la corne de l’Afrique, Jean Yves Le Drian, qui s’appuie beaucoup dans la sous-région sur son allié et ami égyptien, le maréchal Sissi, suit de très près le projet de Grand Barrage de la Renaissance, source de tensions entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie.
Nicolas Beau