A chaque nomination à la tête du ministère de la Pêche et de l’Economie maritime, de nouveaux espoirs s’emparent des acteurs locaux de la pêche. En novembre 2019, Alioune Ndoye, nouvellement nommé pour diriger ce département ministériel, en avait suscité. Seulement, lui aussi ne fait guère exception et semble promis à décevoir les quelques ambitieux de son secteur. Six mois après sa mise en place, il s’inscrit déjà dans la voie tracée par certains de ses prédécesseurs empêtrés dans des polémiques d’attribution de licences de pêche à des bateaux étrangers. De sorte qu’au département de la Pêche, les ministres passent et les scandales sur les licences de pêche s’enchainent, au grand dam de la disponibilité de la ressource pour la consommation locale.
Ce n’est pourtant qu’une dizaine de jours après son installation comme ministre de la Pêche et de l’Economie maritime que l’ONG Greenpeace Afrique, dans une lettre ouverte, alertait Alioune Ndoye sur des ‘’choix inappropriés des politiques menées et la non-application des textes réglementaires et documents stratégiques" qui impactent ‘’négativement’’ les communautés de pêcheurs. Ces ‘’choix inappropriés’’ constituent une menace supplémentaire pour les stocks de poisson déjà surexploités, selon les conclusions de la dernière campagne menée par le Centre de recherche océanographique Dakar-Thiaroye (CRODT).
Ces choix concernent, entre autres, l’attribution d’autorisations aux unités de production de farine de poisson qui constituent une réelle menace et surtout celle des licences de pêche à des bateaux étrangers pour pêcher dans les eaux sous juridiction sénégalaise.
Aujourd’hui, l’ONG s’associe au Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal (GAIPES) pour dénoncer une probable attribution de 52 licences de pêche à des bateaux d’origine chinoise et turque. En effet, dans une lettre adressée au ministre, les armateurs s’offusquent de voir ‘’13 demandes de promesses de licences’’ sur des ressources démersales côtières dont l’octroi de nouvelles licences dans le secteur a été gelé depuis 2006, et sur des ressources en petits pélagiques côtiers, déjà surexploitées et réservées aux pêcheurs artisanaux. Plus grave, alerte le GAIPES, les 39 demandes de navires ont été introduites sur l’espèce merlu, avec une ressource à la limite de la surexploitation.
Tout ceci vient s’ajouter au fait qu’entre 2018 et 2019, plusieurs dizaines de licences avaient été accordées dans le plus grand secret et sur un type de pêche (‘’chalutier de pêche démersale profonde option poisson et céphalopode’’) qui n’existe ni dans le Code sénégalais des pêches ni dans son décret d’application. La commission mise en place pour tirer cette histoire au clair n’a toujours pas encore rendu ses conclusions, que de nouvelles licences sont agitées.
La conservation de la ressource jamais priorisée
Ces licences, signées entre 2018 et 2019, l’auraient été sous l’ex-ministre Oumar Guèye. Une démarche d’autant plus incompréhensible que, face à la rareté de plus en plus observée de la ressource, le Sénégal se démerde auprès de ses voisins disposant de côtes maritimes, pour trouver des licences de pêche pour ses ressortissants. Les dernières complications sur de pareils accords avaient débouché sur les scènes de violence survenues le 4 février 2020 à Saint-Louis, au cours d’une manifestation de pêcheurs à Guet-Ndar, réclamant des licences de pêche pour accéder aux eaux maritimes mauritaniennes.
Dans ce contexte, comment comprendre que le Sénégal puisse accorder des licences sur les maigres ressources qu’il lui reste pour nourrir des milliers de citoyens ?
Peut-être avec son prédécesseur. Entre septembre 2013 et juillet 2014, Haïdar El Ali occupe la tête du ministère de la Pêche et de l’Economie maritime. Durant son bref passage, l’écologiste signe avec l’Union européenne (UE) un accord qui autorise désormais 38 navires de l'UE à pêcher le thon dans les eaux territoriales sénégalaises, pour un peu plus de 9 milliards de F CFA sur 5 ans. Acculé par les acteurs du secteur et les ONG, le principal intéressé s’en était expliqué : ‘’Je n’ai fait que régulariser une situation anormale. L’Union européenne, depuis 2006, pêche gratuitement dans nos eaux. Voilà que je prends une compense financière pour régulariser cet accord pour lequel l’Institut international de conservation de la ressource thonière (ICAT) m’autorise à pêcher 50 mille tonnes de thon. Je signe un accord pour 14 000 t de thon et ils ruent dans les brancards.’’
Le directeur de l'Oceanium de Dakar en avait même profité pour révéler un protocole thonier signé en 2006, permettant à des bateaux de l’UE de pêcher 15 000 t de poisson par an dans la ressource sénégalaise et cela dans le plus grand secret, alors que l'accord de pêche entre l'UE et le Sénégal était officiellement suspendu.
15 dollars la tonne de poisson
Considérées parmi les plus poissonneuses au monde, les côtes sénégalaises souffrent beaucoup de cette pêche illicite non déclarée et non réglementée (INN) des navires industriels qui jettent leurs filets sans autorisation dans les eaux sous juridiction nationale. Selon une étude de l’Institut d’études de sécurité (ISS) publiée en 2015, le Sénégal perd chaque année 150 milliards de F CFA, conséquence de l’INN. Rien qu’une surveillance efficace des eaux nationales pourrait faire gagner au gouvernement plus d’argent que ce que l’ensemble des licences de pêche octroyées fournit.
De plus, l’obtention d’une licence ne garantit point la pratique d’une pêche licite. Greenpeace dénonce, depuis plus de 15 ans, les pratiques de navires chinois sur de fausses déclarations de leurs prises au Sénégal, en Guinée-Bissau et en Guinée, pour minimiser les redevances à payer à l’Etat. L’ONG évalue cette perte au Sénégal à 372 millions de F CFA entre 2000 et 2014. Et cette somme pourrait ‘’être revue à la hausse, dans la mesure où certaines fraudes pourraient avoir échappé aux enquêteurs’’ de l’ONG.
Le changement de régime en 2012 avait cependant permis aux pêcheurs de se rassurer sur la concurrence des chalutiers étrangers et sur le renouvellement de la ressource halieutique.
Fraichement installé à la tête du ministère, Pape Diouf annonçait l’annulation des autorisations de pêche accordées jusqu'alors à 29 chalutiers étrangers, lors des deux années précédentes par le gouvernement sortant. Ces accords conclus permettaient à des bateaux européens de pêcher moyennant 15 dollars la tonne de poisson.
La période 2010-2012 correspond au passage de Khouraïchi Thiam au département de la Pêche et de l’Economie maritime. L’homme fut certainement l’un des ministres les plus contestés par les acteurs de la pêche locale. Sa gestion du secteur a été marquée par plusieurs accusations d’octrois illégaux de licences de pêche à des bateaux étrangers. L’on se souvient du rapport ‘’Main basse sur la sardinelle’’ de Greenpeace, publié en 2012, accusant l’ex-ministre d’avoir, par l’octroi de licences de pêche à des bateaux russes, fait perdre au Sénégal plus de 7,5 milliards de F CFA et participé à un bradage des ressources halieutiques.
Plus de 7,5 milliards de F CFA perdus, en plus du pillage de la ressource
Le rapport soulignait que Khouraïchi Thiam a ‘’ignoré le droit sénégalais et signé des accords bradant les droits de pêche dans la Zone économique exclusive (ZEE) à des prix trois fois inférieurs à la norme pratiquée dans les pays voisins et très inférieurs à ceux formulés par les armateurs russes en mars 2011’’. Avec la bénédiction de la présidence, le ministre signe au moins 11 protocoles d’autorisation au bénéfice de 4 ‘’consignataires’’ qui servent d’intermédiaires pour le compte des armateurs de 21 chalutiers.
Les scandales liés à l’attribution des licences de pêche à des bateaux étrangers remontent aussi à la gestion du régime socialiste. Après son accession au pouvoir en 2000, le président de la République Abdoulaye Wade exprimait ses préoccupations par rapport à la gestion de l'argent généré par la vente des licences de pêche qui, selon des enquêtes à l’époque de la Division des investigations criminelles (Dic) était directement versé dans des comptes ouverts par la présidence. Une affaire que des responsables libéraux prenaient un malin plaisir à jeter à la figure des socialistes, notamment Ousmane Tanor Dieng, avant la Présidentielle 2012.
Aujourd’hui, la problématique des licences de pêche revient au-devant de scène. Elle permet de remarquer que malgré les régimes politiques changeants, les pratiques restent les mêmes, dès qu’un besoin pressant d’argent se fait ressentir. Préparation d’élections, entretien d’une clientèle politique ou enrichissement personnel, le large sait entretenir son monde loin des regards. Et pas que des marins.
GUINEE, GUINEE-BISSAU, MAURITANIE, SENEGAL, GAMBIE ET SIERRA LEONE
114 navires chinois ont été mis en cause dans 183 cas de pêche INN
Dans les ‘’Résultats généraux des pêches maritimes 2018’’, rapport publié par le Bureau des statistiques de la Direction des pêches maritimes, les chiffres officiels montrent que ‘’la production de la pêche maritime artisanale et industrielle (nationale et étrangère) s’élève, pour l’année 2018, à 524 851 t pour une valeur commerciale estimée à 272,466 milliards de F CFA, contre 510 596 t pour une valeur commerciale estimée à 222,719 milliards de F CFA en 2017. (…) La part de la pêche artisanale dans la production nationale représente 76 %, soit 398 643 t, et celle de la pêche industrielle 126 209 t, soit 24 % en valeur relative. Les captures de la pêche industrielle sont réalisées, pour l’essentiel, par la flotte nationale à hauteur de 94 % et, dans une moindre mesure, par la flotte étrangère pour 6 %. La production maritime est destinée à la consommation, à la transformation et à l’exportation’’.
Pour avoir une idée de l’importance de ces activités, Greenpeace évalue la contribution de la pêche à environ 70 % des apports nutritionnels en protéines d’origine animale. Ce qui constitue un rôle majeur dans la sécurité alimentaire des Sénégalais. Et c’est bien cette ressource stratégique que les licences de pêche aux grands navires étrangers menacent. L’organisme rapporte également que 114 navires chinois ont été mis en cause dans 183 cas de pêche INN en Gambie, en Guinée, en Guinée-Bissau, en Mauritanie, au Sénégal et en Sierra Leone, pour défaut de licence, utilisation de mailles non-réglementaires et pêche en zones interdites.
Lamine DIOUF
Ce n’est pourtant qu’une dizaine de jours après son installation comme ministre de la Pêche et de l’Economie maritime que l’ONG Greenpeace Afrique, dans une lettre ouverte, alertait Alioune Ndoye sur des ‘’choix inappropriés des politiques menées et la non-application des textes réglementaires et documents stratégiques" qui impactent ‘’négativement’’ les communautés de pêcheurs. Ces ‘’choix inappropriés’’ constituent une menace supplémentaire pour les stocks de poisson déjà surexploités, selon les conclusions de la dernière campagne menée par le Centre de recherche océanographique Dakar-Thiaroye (CRODT).
Ces choix concernent, entre autres, l’attribution d’autorisations aux unités de production de farine de poisson qui constituent une réelle menace et surtout celle des licences de pêche à des bateaux étrangers pour pêcher dans les eaux sous juridiction sénégalaise.
Aujourd’hui, l’ONG s’associe au Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal (GAIPES) pour dénoncer une probable attribution de 52 licences de pêche à des bateaux d’origine chinoise et turque. En effet, dans une lettre adressée au ministre, les armateurs s’offusquent de voir ‘’13 demandes de promesses de licences’’ sur des ressources démersales côtières dont l’octroi de nouvelles licences dans le secteur a été gelé depuis 2006, et sur des ressources en petits pélagiques côtiers, déjà surexploitées et réservées aux pêcheurs artisanaux. Plus grave, alerte le GAIPES, les 39 demandes de navires ont été introduites sur l’espèce merlu, avec une ressource à la limite de la surexploitation.
Tout ceci vient s’ajouter au fait qu’entre 2018 et 2019, plusieurs dizaines de licences avaient été accordées dans le plus grand secret et sur un type de pêche (‘’chalutier de pêche démersale profonde option poisson et céphalopode’’) qui n’existe ni dans le Code sénégalais des pêches ni dans son décret d’application. La commission mise en place pour tirer cette histoire au clair n’a toujours pas encore rendu ses conclusions, que de nouvelles licences sont agitées.
La conservation de la ressource jamais priorisée
Ces licences, signées entre 2018 et 2019, l’auraient été sous l’ex-ministre Oumar Guèye. Une démarche d’autant plus incompréhensible que, face à la rareté de plus en plus observée de la ressource, le Sénégal se démerde auprès de ses voisins disposant de côtes maritimes, pour trouver des licences de pêche pour ses ressortissants. Les dernières complications sur de pareils accords avaient débouché sur les scènes de violence survenues le 4 février 2020 à Saint-Louis, au cours d’une manifestation de pêcheurs à Guet-Ndar, réclamant des licences de pêche pour accéder aux eaux maritimes mauritaniennes.
Dans ce contexte, comment comprendre que le Sénégal puisse accorder des licences sur les maigres ressources qu’il lui reste pour nourrir des milliers de citoyens ?
Peut-être avec son prédécesseur. Entre septembre 2013 et juillet 2014, Haïdar El Ali occupe la tête du ministère de la Pêche et de l’Economie maritime. Durant son bref passage, l’écologiste signe avec l’Union européenne (UE) un accord qui autorise désormais 38 navires de l'UE à pêcher le thon dans les eaux territoriales sénégalaises, pour un peu plus de 9 milliards de F CFA sur 5 ans. Acculé par les acteurs du secteur et les ONG, le principal intéressé s’en était expliqué : ‘’Je n’ai fait que régulariser une situation anormale. L’Union européenne, depuis 2006, pêche gratuitement dans nos eaux. Voilà que je prends une compense financière pour régulariser cet accord pour lequel l’Institut international de conservation de la ressource thonière (ICAT) m’autorise à pêcher 50 mille tonnes de thon. Je signe un accord pour 14 000 t de thon et ils ruent dans les brancards.’’
Le directeur de l'Oceanium de Dakar en avait même profité pour révéler un protocole thonier signé en 2006, permettant à des bateaux de l’UE de pêcher 15 000 t de poisson par an dans la ressource sénégalaise et cela dans le plus grand secret, alors que l'accord de pêche entre l'UE et le Sénégal était officiellement suspendu.
15 dollars la tonne de poisson
Considérées parmi les plus poissonneuses au monde, les côtes sénégalaises souffrent beaucoup de cette pêche illicite non déclarée et non réglementée (INN) des navires industriels qui jettent leurs filets sans autorisation dans les eaux sous juridiction nationale. Selon une étude de l’Institut d’études de sécurité (ISS) publiée en 2015, le Sénégal perd chaque année 150 milliards de F CFA, conséquence de l’INN. Rien qu’une surveillance efficace des eaux nationales pourrait faire gagner au gouvernement plus d’argent que ce que l’ensemble des licences de pêche octroyées fournit.
De plus, l’obtention d’une licence ne garantit point la pratique d’une pêche licite. Greenpeace dénonce, depuis plus de 15 ans, les pratiques de navires chinois sur de fausses déclarations de leurs prises au Sénégal, en Guinée-Bissau et en Guinée, pour minimiser les redevances à payer à l’Etat. L’ONG évalue cette perte au Sénégal à 372 millions de F CFA entre 2000 et 2014. Et cette somme pourrait ‘’être revue à la hausse, dans la mesure où certaines fraudes pourraient avoir échappé aux enquêteurs’’ de l’ONG.
Le changement de régime en 2012 avait cependant permis aux pêcheurs de se rassurer sur la concurrence des chalutiers étrangers et sur le renouvellement de la ressource halieutique.
Fraichement installé à la tête du ministère, Pape Diouf annonçait l’annulation des autorisations de pêche accordées jusqu'alors à 29 chalutiers étrangers, lors des deux années précédentes par le gouvernement sortant. Ces accords conclus permettaient à des bateaux européens de pêcher moyennant 15 dollars la tonne de poisson.
La période 2010-2012 correspond au passage de Khouraïchi Thiam au département de la Pêche et de l’Economie maritime. L’homme fut certainement l’un des ministres les plus contestés par les acteurs de la pêche locale. Sa gestion du secteur a été marquée par plusieurs accusations d’octrois illégaux de licences de pêche à des bateaux étrangers. L’on se souvient du rapport ‘’Main basse sur la sardinelle’’ de Greenpeace, publié en 2012, accusant l’ex-ministre d’avoir, par l’octroi de licences de pêche à des bateaux russes, fait perdre au Sénégal plus de 7,5 milliards de F CFA et participé à un bradage des ressources halieutiques.
Plus de 7,5 milliards de F CFA perdus, en plus du pillage de la ressource
Le rapport soulignait que Khouraïchi Thiam a ‘’ignoré le droit sénégalais et signé des accords bradant les droits de pêche dans la Zone économique exclusive (ZEE) à des prix trois fois inférieurs à la norme pratiquée dans les pays voisins et très inférieurs à ceux formulés par les armateurs russes en mars 2011’’. Avec la bénédiction de la présidence, le ministre signe au moins 11 protocoles d’autorisation au bénéfice de 4 ‘’consignataires’’ qui servent d’intermédiaires pour le compte des armateurs de 21 chalutiers.
Les scandales liés à l’attribution des licences de pêche à des bateaux étrangers remontent aussi à la gestion du régime socialiste. Après son accession au pouvoir en 2000, le président de la République Abdoulaye Wade exprimait ses préoccupations par rapport à la gestion de l'argent généré par la vente des licences de pêche qui, selon des enquêtes à l’époque de la Division des investigations criminelles (Dic) était directement versé dans des comptes ouverts par la présidence. Une affaire que des responsables libéraux prenaient un malin plaisir à jeter à la figure des socialistes, notamment Ousmane Tanor Dieng, avant la Présidentielle 2012.
Aujourd’hui, la problématique des licences de pêche revient au-devant de scène. Elle permet de remarquer que malgré les régimes politiques changeants, les pratiques restent les mêmes, dès qu’un besoin pressant d’argent se fait ressentir. Préparation d’élections, entretien d’une clientèle politique ou enrichissement personnel, le large sait entretenir son monde loin des regards. Et pas que des marins.
GUINEE, GUINEE-BISSAU, MAURITANIE, SENEGAL, GAMBIE ET SIERRA LEONE
114 navires chinois ont été mis en cause dans 183 cas de pêche INN
Dans les ‘’Résultats généraux des pêches maritimes 2018’’, rapport publié par le Bureau des statistiques de la Direction des pêches maritimes, les chiffres officiels montrent que ‘’la production de la pêche maritime artisanale et industrielle (nationale et étrangère) s’élève, pour l’année 2018, à 524 851 t pour une valeur commerciale estimée à 272,466 milliards de F CFA, contre 510 596 t pour une valeur commerciale estimée à 222,719 milliards de F CFA en 2017. (…) La part de la pêche artisanale dans la production nationale représente 76 %, soit 398 643 t, et celle de la pêche industrielle 126 209 t, soit 24 % en valeur relative. Les captures de la pêche industrielle sont réalisées, pour l’essentiel, par la flotte nationale à hauteur de 94 % et, dans une moindre mesure, par la flotte étrangère pour 6 %. La production maritime est destinée à la consommation, à la transformation et à l’exportation’’.
Pour avoir une idée de l’importance de ces activités, Greenpeace évalue la contribution de la pêche à environ 70 % des apports nutritionnels en protéines d’origine animale. Ce qui constitue un rôle majeur dans la sécurité alimentaire des Sénégalais. Et c’est bien cette ressource stratégique que les licences de pêche aux grands navires étrangers menacent. L’organisme rapporte également que 114 navires chinois ont été mis en cause dans 183 cas de pêche INN en Gambie, en Guinée, en Guinée-Bissau, en Mauritanie, au Sénégal et en Sierra Leone, pour défaut de licence, utilisation de mailles non-réglementaires et pêche en zones interdites.
Lamine DIOUF