Je me dois de confesser que le choix, porté sur ma modeste personne pour formuler ce témoignage, m’a installé dans une véritable ambivalence. Autant j’en suis fortement honoré, autant je me suis senti envahi par cette redoutable interrogation : comment réussir la prouesse de résumer en quelques minutes le parcours de votre parrain, un parcours tellement riche que chacune des séquences qui le composent pourrait être l’objet d’un chapitre d’un ouvrage.
Mais comptant sur votre indulgence, je consens me soumettre à ce délicat exercice.
Né quelques années avant l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale, Mame Les Camara vécut très tôt dans une atmosphère familiale qui a beaucoup contribué à lui donner une remarquable personnalité de base. Couvé par des parents des plus affectifs, il n’en apprenait pas moins sur les enjeux et les risques du combat pour les libertés. Pourrait-il en être autrement, en tant que fils de Mamadou Camara dit Doudou qui était cheminot et, de surcroit, militant d’une formation politique estampillée « subversif » ?
Membre actif du Parti Africain de l’Indépendance, ancêtre de l’actuel Parti de l’Indépendance et du Travail, son père avait consenti d’énormes sacrifice, y compris parfois des privations de liberté, pour se mettre au service des justes causes. Ce choix du père était d’autant plus enrichissant que le petit Mame Less croisait déjà, dans l’espace familial, des leaders charismatiques du mouvement national démocratique.
Cette atmosphère militante ne sera certainement sans effet sur sa détermination à réussir dans ses études. Sa formation primaire débuta à l’école Champ de course de Rufisque (aurait-elle contribué à lui donner le sens de l’horizon), puis à l’école Xeer (Pierre ou roc, sens de l’endurance ?) et, enfin, ce qui s’avérera plus tard un signe, à l’école de la Cité de la … radio.
Au cours de cette étape, si déterminante dans l’évolution de tout adolescent, Mame Less Camara bénéficia du concours précieux de sa sœur et non moins complice et amie, Kiné Lo. En véritable perceptrice, elle ne se contentait pas seulement d’un suivi scolaire. Elle lui faisait découvrir le cinéma, le théâtre, mais surtout l’univers exceptionnel et fascinant de ces beaux enfants du savoir que sont les livres. Et quels livres !
À la faveur de cet encadrement de qualité, il fut orienté au mythique lycée Van Vollenhoven, rebaptisé Lamine Guèye. Son séjour dans cet établissement trouvera un de ces moments forts avec sa rencontre avec la philosophie. Il en sera si subjugué qu’il ne lui suffisait pas de flirter avec elle, en terminales. Il lui déclara son amour pour de bon, en méritant son inscription au département de Philosophie de l’université de Dakar qui, depuis 1986, a comme parrain l’illustre Professeur Cheikh Anta Diop.
Dans ce prestigieux Temple du savoir, il fut entre les mains expertes de brillants maîtres, au nombre desquels les Pr Abdoulaye Bara Diop, Alassane Ndao, Abdoulaye Élimane Kane et Mamoussé Diagne.
Le séjour de votre parrain à l’Université fut particulièrement marqué par le brouhaha idéologique des années 1970. Mais, sa sérénité, rarement prise à défaut, attestait de son assimilation de la leçon du rigoureux philosophe allemand Emmanuel Kant. Ce dernier concevait la majorité non pas en termes d’âge, mais d’absence de directeur de conscience. Et, en bon lecteur de Marx, Nietzche et Freud, il sut préserver son autonomie de pensée, non sans s’exercer à jeter le regard oblique du soupçon sur les hommes et leurs actes.
Brillant étudiant, nanti de la maitrise, Mame Less Camara choisit néanmoins de migrer vers le CESTI. Sans doute, sa passion des conquêtes démocratiques, conjuguée à l’urgence à contribuer à libérer toutes les énergies de son peuple, l’avait incité à aller vers le journalisme. Cette hypothèse est confirmée par son option de la radio, instrument tellement stratégique que tous les coups d’État commencent par l’occupation de l’Antenne nationale !
Devenu professionnel de l’information et de la communication, votre parrain fut affecté à Saint-Louis. Cette ville, par son architecture et sa proximité avec l'océan, le renvoyait à sa Rufisque natale. Étant tombé sous le charme de la vieille cité portuaire, il y choisira, par deux fois, les personnes dignes de garder ton cœur !
Cette ville du Nord fut une sorte de laboratoire où Mame Less Camara apprit, avec ses émissions phare « Delta » et « Récit et description », à donner envie d’écouter une station régionale. Une expérience qui lui sert d’un apport indéniable quand il aura l’opportunité de montrer que la décentralisation n’est pas réductible à un slogan.
Son option pour le journalisme s’avéra judicieuse. Très jeune, il suscita respect et admiration dans le landerneau médiatique.
Mais de ce succès, votre parrain ne pouvait se contenter. Sa perspective était beaucoup plus ambitieuse. Assis idéologiquement et adossé à une formation professionnelle de qualité, il s’était engagé, sans atermoiement, à contribuer de manière décisive au renouveau médiatique qui prenait forme dans son pays.
Ce nouveau champ médiatique était circonscrit à partir d’une articulation dialectique entre la professionnalisation de l’exercice du journalisme, la sénégalisation du traitement de l’information, la logistique technologique et des retombées de la mobilisation syndicale. Et ce chantier, des plus exaltant, était ouvert avec le concours de figures prestigieuses dont, entre autres, Babacar Touré, Abdoulaye Ndiaga Sylla, Sidy Gaye, Sidy Lamine Niasse et Mademba N’diaye.
Conscient que le renouveau démocratique ne s‘importe pas, Mame Less Camara commença par balayer devant sa propre porte, la RTS. Ainsi, naitra l’émission « Face à face », expression condensée de son sens de l’innovation, de son professionnalisme, mais surtout de sa redoutable lecture du champ politique sénégalais.
Votre parrain avait compris que la formation socialiste, dont la volonté de rompre d’avec la culture du parti unique avait été hypothéquée par son aile conservatrice, laissait tout de même une petite marge de manœuvre à l’expression démocratique. Toutefois, il était persuadé que la presse ne pouvait en tirer profit qu’à la condition de consentir livrer bataille contre la pire des censures, à savoir l’autocensure.
Soucieux du risque de voir l’auditoire de la RTS fondre comme du beurre au soleil, suite au démarrage programmé de Sud FM Sen Radio, le journaliste posa à sa hiérarchie ces deux exigences majeures : le direct, pour couper l’herbe sous les pieds de la censure, et l’interdiction d’interférence dans l’organisation, dans le choix des invités et des thèmes.
Ces exigences remplies, votre parrain ne fit pas seulement voyager « Face à face » dans quelques régions du Sénégal. Il devint un espace singulier de prise de parole. Pour preuve, Mame Less Camara eut ce courage qui frise la témérité : tendre le micro de la RTS et à une des plus fortes heures d’écoute, à l’Abbé Diamacoune Senghor, connu et reconnu comme Chef historique de l’aile combattante du M.F.D.C !
Cette émission d’août 1994 ne restera pas dans les annales du Sénégal uniquement comme un acte inédit de décentralisation médiatique. Elle ne s’épuise pas, non plus, dans le professionnalisme qui lui est quasi unanimement crédité. Ce singulier « Face à face » participe aussi d’une initiative qui prend sa source dans la conscience républicaine qui enseigne que le pluralisme, qui structure la République, trouve son corollaire dans le dialogue fécond entre les différents protagonistes du jeu politique.
Si on n’ignore, aujourd’hui encore, par quel miracle Mame Less Camara a su convaincre à la fois ses supérieurs et le MFDC, sait-on au moins que cette prise de parole, si inattendue, a été une bouffée d’oxygène pour une démocratie sénégalaise fortement éprouvée par la récurrence des violentes contestations postélectorales.
Loin de dormir sur ses lauriers, votre parrain s’engagea, par la plume, à donner corps au renouveau médiatique en signant, sous le pseudonyme de Abdou Sow, une chronique hebdomadaire dans le quotidien Walfadjiri. Les Sénégalais réalisèrent alors que, en plus de sa voix si captivante, Mame Less Camara avait une plume alerte avec une capacite d’analyse portant sur des sujets qui parlent à ses concitoyens.
Le monde de l’Éducation, très regardant sur les compétences littéraires, lui rendit, à sa façon, un certificat de reconnaissance et d’encouragement. Ainsi, un des textes de Mame Less Camara a été proposé, comme sujet de commentaire, aux épreuves de français du baccalauréat sénégalais de 2007.
Par cette chronique, suivie au plus haut sommet de l’État, le journaliste contribua aussi à relativiser densément le manichéisme qui enveloppe l’antinomie supposée entre presse d’État et presse privée.
Tout en mobilisant sa voix et sa plume pour le triomphe d’une information juste et plurielle, Mame Less Camara milita au SYNPICS avant d’en assurer la direction. Secrétaire général de cette prestigieuse organisation, il parvint, ferme sur les principes, à faire preuve de courtoisie et de souplesse, marques des véritables conducteurs d’hommes.
Votre parrain mettra aussi son expertise au service de la Haute Autorité de la Radio et de la Télévision qu’il considérait comme « une très grande conquête de tous les journalistes ». Il était d’autant plus enthousiaste qu’il estimait que l’installation de cet organe « entérinait la séparation de ce pouvoir d’avec les autres, plus classiques, que sont l’Exécutif, le Législatif et le Judicaire ».
Homme intègre et journaliste intégral, bien des organes de presse ont eu à solliciter son savoir et son savoir-faire : de la RTS à TFM, en passant par Walfadjri, BBC, Envi Fm, Océan Fm, le mensuel Démocraties, le quotidien Le Matin, et j’en oublie certainement.
Journaliste, enseignant-formateur, syndicaliste et sentinelle de l’éthique et de la déontologie, que votre parrain n’a-t-il pas donné à sa corporation et, par ricochet, à son peuple ?
Chers membres de la Promotion Mame Less Camara,
Si le choix d’un parrain est essentiellement dicté par le souci de vous offrir comme modèle une personnalité dont le parcours est d’une exemplarité indéniable, alors vous avez bien de qui tenir.
Conducteur d’homme, courageux dans ses initiatives, orfèvre aussi bien de la voix que de la plume, Mame Less Camara est réputé journaliste au sens éthique élevé !
Malgré les aléas de la vie et son immense lot de privations, malgré les tentatives multiformes, des uns et des autres, de le « capturer » dans leur camp, l’homme est resté égal à toi-même. D’avoir pu préserver ses principes, sur toile de fond d‘une générosité qui a oublié son nom, explique sans doute l’affection de ses collègues qui l’appellent « Père Less », en entendant de le convertir en « Papy Less ».
L’attachement de Mame Less Camara à l’idéal est resté si vivace que ses collègues du Conseil pour l’Observation des Règles d’Éthique et de Déontologie dans les Médias (CORED) ont été suffisamment inspirés pour le charger de prononcer le discours inaugural de l’installation du Tribunal des pairs. Dans cette allocution de 2014, conscient que le respect des Règles d’éthique et de déontologie dans le monde de la communication est devenu une demande sociale », votre parrain, certes avec courtoisie mais aussi fermeté, mis en demeure ses pairs de « travailler avec indépendance et rigueur face à tout groupe de pression, sans agression aucune contre les fondements de l’unité nationale sans parti pris de nature à porter atteinte au droit à la différence ».
Chers membres de la Promotion,
Je vous félicite et vous exhorte à faire de votre mieux pour servir votre pays, votre continent et tous les locataires de la planète terre !
Excellence, Monsieur L’Ambassadeur de l’Allemagne au Sénégal, Monsieur le Représentant Résident de la Friedrich-Ebert, Bureau national Sénégal, je vous remercie d’avoir honoré de si belle manière, et de son vivant, notre frère, ami et compatriote Mame Less Camara.
Mon cher Less,
Toutes mes félicitations, auxquelles j’associe, très chaleureusement, tes enfants et, évidemment, tes deux Doomu Ndar, tes épouses.
Je te remercie de ta confiance et m’honore de ton amitié !
À toutes et à tous, je remercie infiniment de votre aimable attention !
Mais comptant sur votre indulgence, je consens me soumettre à ce délicat exercice.
Né quelques années avant l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale, Mame Les Camara vécut très tôt dans une atmosphère familiale qui a beaucoup contribué à lui donner une remarquable personnalité de base. Couvé par des parents des plus affectifs, il n’en apprenait pas moins sur les enjeux et les risques du combat pour les libertés. Pourrait-il en être autrement, en tant que fils de Mamadou Camara dit Doudou qui était cheminot et, de surcroit, militant d’une formation politique estampillée « subversif » ?
Membre actif du Parti Africain de l’Indépendance, ancêtre de l’actuel Parti de l’Indépendance et du Travail, son père avait consenti d’énormes sacrifice, y compris parfois des privations de liberté, pour se mettre au service des justes causes. Ce choix du père était d’autant plus enrichissant que le petit Mame Less croisait déjà, dans l’espace familial, des leaders charismatiques du mouvement national démocratique.
Cette atmosphère militante ne sera certainement sans effet sur sa détermination à réussir dans ses études. Sa formation primaire débuta à l’école Champ de course de Rufisque (aurait-elle contribué à lui donner le sens de l’horizon), puis à l’école Xeer (Pierre ou roc, sens de l’endurance ?) et, enfin, ce qui s’avérera plus tard un signe, à l’école de la Cité de la … radio.
Au cours de cette étape, si déterminante dans l’évolution de tout adolescent, Mame Less Camara bénéficia du concours précieux de sa sœur et non moins complice et amie, Kiné Lo. En véritable perceptrice, elle ne se contentait pas seulement d’un suivi scolaire. Elle lui faisait découvrir le cinéma, le théâtre, mais surtout l’univers exceptionnel et fascinant de ces beaux enfants du savoir que sont les livres. Et quels livres !
À la faveur de cet encadrement de qualité, il fut orienté au mythique lycée Van Vollenhoven, rebaptisé Lamine Guèye. Son séjour dans cet établissement trouvera un de ces moments forts avec sa rencontre avec la philosophie. Il en sera si subjugué qu’il ne lui suffisait pas de flirter avec elle, en terminales. Il lui déclara son amour pour de bon, en méritant son inscription au département de Philosophie de l’université de Dakar qui, depuis 1986, a comme parrain l’illustre Professeur Cheikh Anta Diop.
Dans ce prestigieux Temple du savoir, il fut entre les mains expertes de brillants maîtres, au nombre desquels les Pr Abdoulaye Bara Diop, Alassane Ndao, Abdoulaye Élimane Kane et Mamoussé Diagne.
Le séjour de votre parrain à l’Université fut particulièrement marqué par le brouhaha idéologique des années 1970. Mais, sa sérénité, rarement prise à défaut, attestait de son assimilation de la leçon du rigoureux philosophe allemand Emmanuel Kant. Ce dernier concevait la majorité non pas en termes d’âge, mais d’absence de directeur de conscience. Et, en bon lecteur de Marx, Nietzche et Freud, il sut préserver son autonomie de pensée, non sans s’exercer à jeter le regard oblique du soupçon sur les hommes et leurs actes.
Brillant étudiant, nanti de la maitrise, Mame Less Camara choisit néanmoins de migrer vers le CESTI. Sans doute, sa passion des conquêtes démocratiques, conjuguée à l’urgence à contribuer à libérer toutes les énergies de son peuple, l’avait incité à aller vers le journalisme. Cette hypothèse est confirmée par son option de la radio, instrument tellement stratégique que tous les coups d’État commencent par l’occupation de l’Antenne nationale !
Devenu professionnel de l’information et de la communication, votre parrain fut affecté à Saint-Louis. Cette ville, par son architecture et sa proximité avec l'océan, le renvoyait à sa Rufisque natale. Étant tombé sous le charme de la vieille cité portuaire, il y choisira, par deux fois, les personnes dignes de garder ton cœur !
Cette ville du Nord fut une sorte de laboratoire où Mame Less Camara apprit, avec ses émissions phare « Delta » et « Récit et description », à donner envie d’écouter une station régionale. Une expérience qui lui sert d’un apport indéniable quand il aura l’opportunité de montrer que la décentralisation n’est pas réductible à un slogan.
Son option pour le journalisme s’avéra judicieuse. Très jeune, il suscita respect et admiration dans le landerneau médiatique.
Mais de ce succès, votre parrain ne pouvait se contenter. Sa perspective était beaucoup plus ambitieuse. Assis idéologiquement et adossé à une formation professionnelle de qualité, il s’était engagé, sans atermoiement, à contribuer de manière décisive au renouveau médiatique qui prenait forme dans son pays.
Ce nouveau champ médiatique était circonscrit à partir d’une articulation dialectique entre la professionnalisation de l’exercice du journalisme, la sénégalisation du traitement de l’information, la logistique technologique et des retombées de la mobilisation syndicale. Et ce chantier, des plus exaltant, était ouvert avec le concours de figures prestigieuses dont, entre autres, Babacar Touré, Abdoulaye Ndiaga Sylla, Sidy Gaye, Sidy Lamine Niasse et Mademba N’diaye.
Conscient que le renouveau démocratique ne s‘importe pas, Mame Less Camara commença par balayer devant sa propre porte, la RTS. Ainsi, naitra l’émission « Face à face », expression condensée de son sens de l’innovation, de son professionnalisme, mais surtout de sa redoutable lecture du champ politique sénégalais.
Votre parrain avait compris que la formation socialiste, dont la volonté de rompre d’avec la culture du parti unique avait été hypothéquée par son aile conservatrice, laissait tout de même une petite marge de manœuvre à l’expression démocratique. Toutefois, il était persuadé que la presse ne pouvait en tirer profit qu’à la condition de consentir livrer bataille contre la pire des censures, à savoir l’autocensure.
Soucieux du risque de voir l’auditoire de la RTS fondre comme du beurre au soleil, suite au démarrage programmé de Sud FM Sen Radio, le journaliste posa à sa hiérarchie ces deux exigences majeures : le direct, pour couper l’herbe sous les pieds de la censure, et l’interdiction d’interférence dans l’organisation, dans le choix des invités et des thèmes.
Ces exigences remplies, votre parrain ne fit pas seulement voyager « Face à face » dans quelques régions du Sénégal. Il devint un espace singulier de prise de parole. Pour preuve, Mame Less Camara eut ce courage qui frise la témérité : tendre le micro de la RTS et à une des plus fortes heures d’écoute, à l’Abbé Diamacoune Senghor, connu et reconnu comme Chef historique de l’aile combattante du M.F.D.C !
Cette émission d’août 1994 ne restera pas dans les annales du Sénégal uniquement comme un acte inédit de décentralisation médiatique. Elle ne s’épuise pas, non plus, dans le professionnalisme qui lui est quasi unanimement crédité. Ce singulier « Face à face » participe aussi d’une initiative qui prend sa source dans la conscience républicaine qui enseigne que le pluralisme, qui structure la République, trouve son corollaire dans le dialogue fécond entre les différents protagonistes du jeu politique.
Si on n’ignore, aujourd’hui encore, par quel miracle Mame Less Camara a su convaincre à la fois ses supérieurs et le MFDC, sait-on au moins que cette prise de parole, si inattendue, a été une bouffée d’oxygène pour une démocratie sénégalaise fortement éprouvée par la récurrence des violentes contestations postélectorales.
Loin de dormir sur ses lauriers, votre parrain s’engagea, par la plume, à donner corps au renouveau médiatique en signant, sous le pseudonyme de Abdou Sow, une chronique hebdomadaire dans le quotidien Walfadjiri. Les Sénégalais réalisèrent alors que, en plus de sa voix si captivante, Mame Less Camara avait une plume alerte avec une capacite d’analyse portant sur des sujets qui parlent à ses concitoyens.
Le monde de l’Éducation, très regardant sur les compétences littéraires, lui rendit, à sa façon, un certificat de reconnaissance et d’encouragement. Ainsi, un des textes de Mame Less Camara a été proposé, comme sujet de commentaire, aux épreuves de français du baccalauréat sénégalais de 2007.
Par cette chronique, suivie au plus haut sommet de l’État, le journaliste contribua aussi à relativiser densément le manichéisme qui enveloppe l’antinomie supposée entre presse d’État et presse privée.
Tout en mobilisant sa voix et sa plume pour le triomphe d’une information juste et plurielle, Mame Less Camara milita au SYNPICS avant d’en assurer la direction. Secrétaire général de cette prestigieuse organisation, il parvint, ferme sur les principes, à faire preuve de courtoisie et de souplesse, marques des véritables conducteurs d’hommes.
Votre parrain mettra aussi son expertise au service de la Haute Autorité de la Radio et de la Télévision qu’il considérait comme « une très grande conquête de tous les journalistes ». Il était d’autant plus enthousiaste qu’il estimait que l’installation de cet organe « entérinait la séparation de ce pouvoir d’avec les autres, plus classiques, que sont l’Exécutif, le Législatif et le Judicaire ».
Homme intègre et journaliste intégral, bien des organes de presse ont eu à solliciter son savoir et son savoir-faire : de la RTS à TFM, en passant par Walfadjri, BBC, Envi Fm, Océan Fm, le mensuel Démocraties, le quotidien Le Matin, et j’en oublie certainement.
Journaliste, enseignant-formateur, syndicaliste et sentinelle de l’éthique et de la déontologie, que votre parrain n’a-t-il pas donné à sa corporation et, par ricochet, à son peuple ?
Chers membres de la Promotion Mame Less Camara,
Si le choix d’un parrain est essentiellement dicté par le souci de vous offrir comme modèle une personnalité dont le parcours est d’une exemplarité indéniable, alors vous avez bien de qui tenir.
Conducteur d’homme, courageux dans ses initiatives, orfèvre aussi bien de la voix que de la plume, Mame Less Camara est réputé journaliste au sens éthique élevé !
Malgré les aléas de la vie et son immense lot de privations, malgré les tentatives multiformes, des uns et des autres, de le « capturer » dans leur camp, l’homme est resté égal à toi-même. D’avoir pu préserver ses principes, sur toile de fond d‘une générosité qui a oublié son nom, explique sans doute l’affection de ses collègues qui l’appellent « Père Less », en entendant de le convertir en « Papy Less ».
L’attachement de Mame Less Camara à l’idéal est resté si vivace que ses collègues du Conseil pour l’Observation des Règles d’Éthique et de Déontologie dans les Médias (CORED) ont été suffisamment inspirés pour le charger de prononcer le discours inaugural de l’installation du Tribunal des pairs. Dans cette allocution de 2014, conscient que le respect des Règles d’éthique et de déontologie dans le monde de la communication est devenu une demande sociale », votre parrain, certes avec courtoisie mais aussi fermeté, mis en demeure ses pairs de « travailler avec indépendance et rigueur face à tout groupe de pression, sans agression aucune contre les fondements de l’unité nationale sans parti pris de nature à porter atteinte au droit à la différence ».
Chers membres de la Promotion,
Je vous félicite et vous exhorte à faire de votre mieux pour servir votre pays, votre continent et tous les locataires de la planète terre !
Excellence, Monsieur L’Ambassadeur de l’Allemagne au Sénégal, Monsieur le Représentant Résident de la Friedrich-Ebert, Bureau national Sénégal, je vous remercie d’avoir honoré de si belle manière, et de son vivant, notre frère, ami et compatriote Mame Less Camara.
Mon cher Less,
Toutes mes félicitations, auxquelles j’associe, très chaleureusement, tes enfants et, évidemment, tes deux Doomu Ndar, tes épouses.
Je te remercie de ta confiance et m’honore de ton amitié !
À toutes et à tous, je remercie infiniment de votre aimable attention !