Malgré la fin de son étape dans l’une des plus grandes universités du monde, Souleymane Bachir Diagne garde le sourire : toujours aussi contagieux et si communicatif. « Je ferme la boucle du troisième chapitre de mon parcours philosophique, rempli d’émotions, et avec le sentiment du devoir accompli », sourit l’intellectuel sénégalais. Entouré de sa famille, venue en grande partie de Dakar, mais aussi de plusieurs dizaines d’amis, chercheurs et universitaires de tous domaines, Diagne a été au cœur de trois jours de conférence, discussions et échanges interdisciplinaires.
« Cet hommage est tout naturel pour un grand professeur, un grand intellectuel qui apporte énormément dans plusieurs champs, et on voulait respecter cette tradition pour Souleymane, qui laisse un héritage immense à Columbia », précise Emmanuelle Saada, responsable du département de français de l’université, qui ajoute : « Il a eu un rôle fondamental dans le renouveau des études françaises sur notre campus. Il a amené une dimension africaine, globalisante par ses études, par ses analyses. C’est un très grand monsieur, et une personne qui a impacté, et impactera encore, par ses travaux ».
Interdisciplinarité
Les discussions et interventions englobent une grande diversité de sujets et de thématiques, de l’histoire à la philosophie, en passant par la sociologie, mais aussi le français et les religions, dont profite pleinement le chercheur sénégalais, qui pose en permanence la question de l’interdisciplinarité au centre de sa réflexion.
« C’est quelque chose qui est très marqué dans la culture universitaire américaine et je pense que cela amène de nouvelles dimensions au débat, car on demande, on analyse des sujets sur plusieurs angles, par différents types de personnes qui sont spécialistes dans des domaines différents. Je pense que c’est très constructif pour la recherche, mais aussi pour les réflexions de chacun, de donner diverses perspectives aux choses », se réjouit-il, au gré des sujets abordés par les intervenants.
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Dans certains rangs, plusieurs groupes d’étudiants ayant suivi les cours du professeur échangent des anecdotes sur les enseignements, mais aussi sur l’impact de leur rencontre avec Souleymane Bachir Diagne dans leur parcours universitaire et personnel.
Pour Martina, actuellement doctorante en philosophie à UCLA, située à Los Angeles, sa rencontre avec lui a été un tournant dans sa vie. « Je suis tout de suite devenu passionnée par ses cours, par son approche, mais aussi par la manière dont il analyse les phénomènes de société », se rappelle-t-elle, « en moins d’un mois, j’ai compris que je voulais emprunter la voie de la recherche en philosophie, et j’ai toujours senti en lui une envie de pousser ses élèves à tenter des choses, à étendre leurs connaissances, à ne jamais se satisfaire du minimum. Il a été LE grand instigateur de ma carrière, sans l’ombre d’un doute ».
Une influence sans frontières
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Malgré une présence aux États-Unis depuis deux décennies, l’impact de Souleymane Bachir Diagne est aussi important de l’autre côté de l’Atlantique, de l’Europe à l’Afrique, et a permis d’ouvrir des voies, et de créer des vocations pour bon nombre de personnes. « En 1996, j’ai obtenu le concours général de philosophie au Sénégal, alors que je m’apprêtais à faire de l’économie à la suite d’études en sciences. Bachir m’a rencontré et m’a félicité, et m’a conseillé de poursuivre la voie philosophique plutôt que de faire de l’économie. Je ne l’ai jamais regretté ! », sourit Mouhamadou El Hady Ba, responsable du département de philosophie à l’université Cheick Anta Diop de Dakar, venu rendre hommage à son mentor, « un pionnier africain qui impacte à l’international, dont l’influence sans frontières inspire aussi le continent et sa jeunesse par son parcours formidable et ses réflexions toujours si constructives ». Toujours assis au premier rang, mais attentif à chaque mot, à chaque intervention et n’hésitant pas à répondre aux très nombreuses questions qui lui sont posées, Souleymane Bachir Diagne profite pleinement de ses derniers jours sur le campus.
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Consacré à Columbia, le Sénégalais n’oubliera pas de si tôt son passage dans cette université historique. « J’ai passé de superbes années ici, des années heureuses. Des années décisives pour ma carrière, aussi, car les publications et les travaux que j’ai réalisés ici ont eu un impact sans commune mesure avec les précédents travaux que j’avais réalisés », explique-t-il.
Le cadre universitaire américain a aussi permis à Souleymane Bachir Diagne de se sentir comme un poisson dans l’eau, et de stimuler une émulation intellectuelle constante et sans limites, ce qu’il valorise pleinement. « L’interdisciplinarité règne véritablement dans les campus américains, c’est un cadre idéal pour travailler et réfléchir sur un grand nombre de sujets, et moi-même étant un grand adepte de cette interdisciplinarité, je me suis senti très à l’aise dans ce milieu. De temps en temps, je ne savais plus où donner de la tête, mais c’était toujours une bonne chose ! », sourit-il.
À presque 70 ans, l’intellectuel se projette déjà sur la suite, lui, qui ne veut pas entendre parler de retraite. « Je ne m’arrête pas ! [Sourire] Je ne vais pas avoir de journées vides, c’est certain. Je travaille sur trois ouvrages, et je suis invité à plusieurs séminaires dans les mois à venir, dont un à Cambridge. Je vais aussi pouvoir passer plus de temps à Dakar, ce qui est toujours un plaisir immense », se réjouit-il.
RFI
« Cet hommage est tout naturel pour un grand professeur, un grand intellectuel qui apporte énormément dans plusieurs champs, et on voulait respecter cette tradition pour Souleymane, qui laisse un héritage immense à Columbia », précise Emmanuelle Saada, responsable du département de français de l’université, qui ajoute : « Il a eu un rôle fondamental dans le renouveau des études françaises sur notre campus. Il a amené une dimension africaine, globalisante par ses études, par ses analyses. C’est un très grand monsieur, et une personne qui a impacté, et impactera encore, par ses travaux ».
Interdisciplinarité
Les discussions et interventions englobent une grande diversité de sujets et de thématiques, de l’histoire à la philosophie, en passant par la sociologie, mais aussi le français et les religions, dont profite pleinement le chercheur sénégalais, qui pose en permanence la question de l’interdisciplinarité au centre de sa réflexion.
« C’est quelque chose qui est très marqué dans la culture universitaire américaine et je pense que cela amène de nouvelles dimensions au débat, car on demande, on analyse des sujets sur plusieurs angles, par différents types de personnes qui sont spécialistes dans des domaines différents. Je pense que c’est très constructif pour la recherche, mais aussi pour les réflexions de chacun, de donner diverses perspectives aux choses », se réjouit-il, au gré des sujets abordés par les intervenants.
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Pour Martina, actuellement doctorante en philosophie à UCLA, située à Los Angeles, sa rencontre avec lui a été un tournant dans sa vie. « Je suis tout de suite devenu passionnée par ses cours, par son approche, mais aussi par la manière dont il analyse les phénomènes de société », se rappelle-t-elle, « en moins d’un mois, j’ai compris que je voulais emprunter la voie de la recherche en philosophie, et j’ai toujours senti en lui une envie de pousser ses élèves à tenter des choses, à étendre leurs connaissances, à ne jamais se satisfaire du minimum. Il a été LE grand instigateur de ma carrière, sans l’ombre d’un doute ».
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Malgré une présence aux États-Unis depuis deux décennies, l’impact de Souleymane Bachir Diagne est aussi important de l’autre côté de l’Atlantique, de l’Europe à l’Afrique, et a permis d’ouvrir des voies, et de créer des vocations pour bon nombre de personnes. « En 1996, j’ai obtenu le concours général de philosophie au Sénégal, alors que je m’apprêtais à faire de l’économie à la suite d’études en sciences. Bachir m’a rencontré et m’a félicité, et m’a conseillé de poursuivre la voie philosophique plutôt que de faire de l’économie. Je ne l’ai jamais regretté ! », sourit Mouhamadou El Hady Ba, responsable du département de philosophie à l’université Cheick Anta Diop de Dakar, venu rendre hommage à son mentor, « un pionnier africain qui impacte à l’international, dont l’influence sans frontières inspire aussi le continent et sa jeunesse par son parcours formidable et ses réflexions toujours si constructives ». Toujours assis au premier rang, mais attentif à chaque mot, à chaque intervention et n’hésitant pas à répondre aux très nombreuses questions qui lui sont posées, Souleymane Bachir Diagne profite pleinement de ses derniers jours sur le campus.
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Consacré à Columbia, le Sénégalais n’oubliera pas de si tôt son passage dans cette université historique. « J’ai passé de superbes années ici, des années heureuses. Des années décisives pour ma carrière, aussi, car les publications et les travaux que j’ai réalisés ici ont eu un impact sans commune mesure avec les précédents travaux que j’avais réalisés », explique-t-il.
Le cadre universitaire américain a aussi permis à Souleymane Bachir Diagne de se sentir comme un poisson dans l’eau, et de stimuler une émulation intellectuelle constante et sans limites, ce qu’il valorise pleinement. « L’interdisciplinarité règne véritablement dans les campus américains, c’est un cadre idéal pour travailler et réfléchir sur un grand nombre de sujets, et moi-même étant un grand adepte de cette interdisciplinarité, je me suis senti très à l’aise dans ce milieu. De temps en temps, je ne savais plus où donner de la tête, mais c’était toujours une bonne chose ! », sourit-il.
À presque 70 ans, l’intellectuel se projette déjà sur la suite, lui, qui ne veut pas entendre parler de retraite. « Je ne m’arrête pas ! [Sourire] Je ne vais pas avoir de journées vides, c’est certain. Je travaille sur trois ouvrages, et je suis invité à plusieurs séminaires dans les mois à venir, dont un à Cambridge. Je vais aussi pouvoir passer plus de temps à Dakar, ce qui est toujours un plaisir immense », se réjouit-il.
RFI