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Gestion du Lac de Guiers:Diagnostic sans complaisance des parlementaires

Mardi 20 Septembre 2011

Pendant deux jours, une forte délégation de la commission du "Développement et de l'Aménagement du Territoire" de l'Assemblée Nationale, conduite par le député Ablaye Sène, a sillonné le delta et la vallée du fleuve Sénégal en vue de s'entretenir avec les différents acteurs qui utilisent le Lac de Guiers.

Dossier réalisé par Mbagnick Kharachi Diagne


Gestion du Lac de Guiers:Diagnostic sans complaisance des parlementaires
Accompagnés du Président du Conseil d'Administration, Chérif Niang et du Directeur Général, Birane Ndiaye Dièye de l'Office du Lac de Guiers (OLAG), ces parlementaires se sont ainsi rendus à la Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS), à Mbane, Keur Momar Sarr (Département de Louga) pour visiter des ouvrages hydrauliques, stations d'alimentation en eau potable et tenir des séances de travail avec les cultivateurs, éleveurs, pêcheurs, professionnels du tourisme, industriels, populations riveraines et plusieurs usagers de cette principale réserve stratégique d'eau douce de notre pays. La principale recommandation formulée par ces députés à l'issue de cette visite à pas de charge, tourne essentiellement autour de l'urgence et de la nécessité pour le gouvernement de revoir à la hausse le budget de l'OLAG et de renforcer l'ensemble des moyens dont dispose cette nouvelle institution sénégalaise créée en janvier 2010.

Dans la capitale industrielle du fleuve, le Directeur Général de la CSS, André Froissard et ses proches collaborateurs ont réffirmé à cette délégation, leur farouche volonté d'aider l'OLAG à mette définitivement un terme à la pollution des eaux du lac, en supprimant progressivement les rejets d'eau de drainage dans cette principale réserve d'eau douce.

Parlant du traitement des eaux usées industrielles, agricoles et pluviales, M. Froissard a précisé que les eaux résiduaires d'origine industrielle sont estimées à 25 millions de litres par jour. Ces eaux subissent un traitement par épuration dans une série de bassins de décantation, d'une capacité totale de 200 millions de litres. Les volumes d'eau récupérées à l'issue de cette opération représentent 40 à 60% et sont réutilisés pour l'irrigation.

Le recyclage des eaux de drainage, a-t-il poursuivi, a aussi démarré au niveau de deux stations de pompage et des études sont en cours pour son extension progressive à d'autres stations d'exhaure. Le traitement des eaux usées et leur réutilisation pour l'irrigation des parcelles de canne, permettent d'atteindre dans les deux cas, des impacts positifs.

Selon M. Froissard, il s'agit de respecter les les dispositions réglermentaires en vigueur régissant le rejet des eaux usées, de contribuer à la protection de l'environnement, sauvegarder les ressources en eau en réduisant les quantités prélevées sur le fleuve, de supprimer progressivement les rejets d'eau de drainage dans le lac de Guiers, d'évacuer 40 millions de mètres cubes/an d'eau pluviale dans le lac, améliorant ainsi la qualité de son eau, de réduire la consommation de fuel utilisé dans les stations de pompage et en conséquence, éviter l'émission de gaz à effet de serre, et enfin, produire à moyen terme du méthane.

Une nouvelle politique, à en croire M. Froissard, a été adoptée et appliquée par la Direction Générale de la CSS, en matière de gestion des pesticides couramment utilisés dans son exploitation agricole, dans le souci d'une meilleure protection de l'homme et de son environnement. Elle consiste à privilégier l'utilisation des pesticides homologués par le comité sahélien des pesticides, participer à des activités de recherche et développement, en collaboration avec des organismes spécialisés pour la production de bio-pesticides, de bio-fertilisants et de composts améliorés, à partir des résidus industriels (bagasse, boues de filtration, cendres de bagasse, rebuts de canne, vinasse) comme matières premières.

A terme, cette pollitique devra permettre une réduction drastique des consommations de pesticides et de fertilisants chimiques, une lutte contre la pollution et une protection des manipulateurs des pesticides dangereux, un respect de la réglementation en vigueur dans ce domaine, une sauvegarde de la bonne image de l'entreprise.

De Richard-Toll à Keur Momar Sarr, en passant par Mbane, Gnith et Yetty Yone, les populations riveraines du lac, notamment, les cultivateurs, éleveurs et pêcheurs, ont demandé aux parlementaires d'intercéder en leur faveur auprès du gouvernement en vue de l'inviter à assainir dans les plus brefs délais cette principale réserve d'eau douce qui demeure incontournable pour leur survie.

Ces différents usagers du lac ont ainsi remis sur le tapis de nombreux problèmes qui tournent autour de l'envahissement du lac par le Typha Australis (Barakh en ouolof) et autres herbes sauvages et plantes aquatiques, des difficultés de mise en valeur des terres de culture à Keur momar Sarr, de la santé animale, de l'abreuvement du bétail, des conséquences désastreuses engendrées par les bilharzioses intestinale et urinaire, de l'insalubrité constatée sur les berges du lac, des tas d'immondices qui sont en contact permanent avec les eaux du lac, de la consommation très dangereuse de ces carpes qui dégagent une odeur nauséabonde et pestilentielle du fait des mauvaises herbes qui constituent leur nourriture principale.

Les conseillers ruraux et populations de Keur Momar Sarr ont laissé entendre qu'ils ne tirent pas largement profit de ce lac qui part de leur localité pour alimenter en eau potable les régions de Louga, Saint-louis, Thiès et Dakar.

Ils ont aussi demandé aux parlementaires d'exhorter l'Etat à aménager des pistes dans leur communauté rurales, qui leur permettront d'évacuer et de convoyer régulièrement la production agricole vers les marchés hebdomadaires.

Au terme de cette tournée, les parlementaires, par la voix d'Ablaye Sène, ont estimé que la situation relative à la problèmatique de la gestion du lac de guiers, est à surveiller. Elle est préoccupante.

Cependant, ont-ils souligné, elle n'est pas alarmante. C'est une situation sous contrôle. Ils ont surtout insisté sur la nécessité de mettre en place, en étroite collaboration avec la SAED, les universités et autres partenaires, des stratégies de valorisation des eaux du lac, d'amener le gouvernement et les partenaires extérieurs à aider l'OLAG à mettre définitivement un terme à la pollution des eaux du lac, d'inviter l'Union Européenne à financer les projets de réhabilitation des ouvrages hydrauliques et digues, qui doivent être mis en oeuvre par l'OLAG.

M. Sène s'est réjoui de l'engagement indéfectible des responsables de la CSS à contribuer efficacement et aux côtés de l'OLAG, à la lutte contre la poluution de cette réserve d'eau douce.

Après avoir invité les populations riveraines et autres usagers à revoir leurs comportements en vue de diminuer cette forte pression qui s'exerce sur le lac, le député Ablaye Sène a rendu un vibrant hommage au gouvernement pour la mise en place de l'OLAG, avant de réitérer la volonté des parlementaires de poursuivre ce plaidoyer pour le renforcement des moyens dont dispose cette institution.

Quant au Directeur Général de cette institution, Birane Ndiaye Dièye, il a rappelé que le premier défi qui interpelle l'office, c'est la communication, qui demeure le nerf de la guerre contre, l'ensablement du lac et cette pollution diffuse induite par les activités agricoles menées régulièrement par des cultivateurs qui utilisent toutes sortes de pesticides qu'on n'arrive pas à identifier facilement.

Pour M. Dièye, cette visite des parlementaires est le résultat d'un vaste programme de communication de l'OLAG qui s'est évertué dans un premier temps à attirer l'attention de tout le monde sur la problèmatique de la gestion de ce lac, qui est un péril, un espace où se côtoient des acteurs et autres usagers dont les objectifs et les intérêts sont opposés et contradictoires.

Ce lac, est d'une importance capitale, dans la mesure où, de l'avis de Birane Ndiaye Dièye, 6/10 litres d'eau consommés à Dakar proviennent de cette réserve d'eau douce principale.

Pour lui, la gestion de ce lac nécessite une approche multidimentionnelle et multisectorielle, qui permet d'associer les ministères concernés, les collectivités locales, les autorités administratives, les cultivateurs, éleveurs, pêcheurs, industriels, etc, à la recherche des solutions les plus adéquates à l'ensemble des problèmes relatifs à l'utilisation abusive et anarchique de ce lac.

Il a, à ce propos, insisté sur la nécessité de créer des groupements d'intérêt communautaire, des ententes entre les sept collectvités locales des régions de Saint-louis et de Louga qui vivent autour du lac. Ceci, pour une utilisation rationnelle, concertée et efficace de cette réserve d'eau douce, qui tiendrait en compte les préoccupations et les intérêts de l'ensemble des usagers.

Notre rôle, a-t-il enfin souligné, est de transformer positivement les relations intimes que ces différents usagers entretiennent avec la ressource depuis très longtemps.b[


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