Get n'dar, c'est autre chose.
Souvent lorsque je parle du Sénégal avec des toubabs qui viennent en vacances , je leur explique qu'il faut reformater le cerveau, oublier les certitudes européennes, que nous sommes sur la même planète mais dans un autre monde : Get n'dar c'est une autre galaxie !!!
Pour ceux qui ne connaissent pas la région de St Louis , en fait la ville est grosso-modo en trois parties : la continentale avec principalement les quartiers populaires et commreçants de Sor et Pikine, une fois passé le pont Faidherbe, l'île centre ville colonial ou ce qu'il en reste avec les grandes institutions : gouvernance, mairie, etc ... et le quartier à touriste que l'on visite avec son charme tranquille et souvent endormi des grandes maisons dont je reparlerai un autre jour.
Et puis l'on passe le "petit bras" du fleuve...
Les grandes pirogues nous tendent les bras mais ne sont que la partie visible de ce quartier de ruelles grouillantes ou la plupart des tâches s''effectuent dans la rue par manque de place et aussi par habitude . Ici tout le monde vit en commun et les familles de pêcheurs s'entassent dans cette étroite bande coincée entre fleuve et océan ( je dirai même de plus en plus coincée)...
Le linge pend dans la rue ou les femmes font la lessive ,les brebis engraissent sans savoir que la tabaski approche et qu'elles vivent leurs dernières semaines....
La population galopante à tous les sens du terme a incité à construire des maisons à l'abri d'un mur illusoire de plus en plus près de l'eau , mais l'océan reprend le terrain perdu et les pirogues jadis stockées sur la plage sont maintenant dans les rues ....
La houle attaque sans cesse le muret ,le lézardant , emportant des bicoques des trous laissent à penser que prochainement il éclatera et que les maisons en dur disparaitront.
Aujourd'hui l'océan était calme et je n'ose imaginer la première tempête d'automne avec un gros coefficient de marée ....
J'aime ce quartier car les gens y sont authentiques et derrière leur carapace sont accueillants et généreux, et étant moi-même homme de mer j'ai toujours eu un faible pour les marins ...
Leur avenir ici s'assombrit jour après jour , je dirai même vague après vague, des beaux discours entendus , mais le temps n'est plus aux discours ni aux études de projets , le temps pour une fois est devenu une notion africaine et il est compté ...
Texte et Photo de Jean-marie Dupart