Plusieurs étudiants en deuxième année de sociologie de l’université de Lorraine, située à Metz (est de la France), ont échangé en décembre 2018 des messages racistes, assortis de photos de leurs camarades de promotion noirs, prises à leur insu. Sous ces insultes, des étudiants ont également publié de nombreux émojis de singes.
Mais ce n’est que jeudi dernier, le 25 avril, que cette conversation de groupe privée a été rendue publique. Le groupe de conversation était intitulé "Oh djadja", reprenant le titre d’une célèbre chanson de l’artiste noire Aya Nakamura. Comme le détaille le quotidien Le Monde, une jeune fille non-identifiée a pris ces captures d’écran de cette conversation avant de les publier sur les réseaux sociaux. Elles ont depuis été partagées des milliers de fois.
Plusieurs noms de profils impliqués apparaissent sur ces captures, la rédaction de France 24 a choisi de les flouter. Par ailleurs, les captures n’indiquent pas combien de personnes participaient à cette conversation.
"Ces personnes refusaient toujours qu’on s’assoie près d’elles"
Interrogée par la rédaction des Observateurs de France 24, une étudiante de la même promotion, victime des propos racistes, se réjouit de voir les soutiens affluer des ONG et des autorités. Elle a choisi de rester anonyme pour des raisons de sécurité.
Je ne figure pas sur les photos qu’on voit dans la conversation, mais j’ai été victime de racisme parce qu’on est dans la même classe. Ces étudiants visaient leurs camarades de promotion noirs, nous étions 11 dans la classe, sur un total de 36 ou 37.
On avait remarqué que ces personnes refusaient toujours qu’on s’assoie près d’elles, et peu à peu une séparation s’est instaurée dans la classe, entre les blancs et les noirs. Quand on a vu ces captures d’écran, on s’est rendu compte de ce qu’ils pensaient au fond. Ça nous a bien sûr choqués, on étudie la sociologie. On s’est senti trahis par ces personnes avec qui on a passé presque deux ans de notre scolarité.
Aujourd’hui on a un soutien énorme, aussi bien des ONG antiracistes que des autorités, on est pacifistes et déterminés dans notre combat contre le racisme à l’université parce que nous sommes dans un pays de droit où ce type de propos est condamné par la loi.
L’un des victimes, Houssainatou Barry, a témoigné auprès de France 2 :
Une autre victime, Fatoumata Diaby, poursuit :
Pour l’université, des "propos ignobles"
Après la publication de ces images, l’université de Lorraine a condamné ces "propos ignobles" dans un communiqué, le 26 avril. Elle a déclaré qu’une enquête avait été lancée et qu’un signalement avait été effectué auprès du procureur de la République. La ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal a appelé sur Twitter à la "tolérance zéro face à ces comportements inacceptables sur nos campus comme ailleurs".
En réaction à cette affaire, une marche contre le racisme à l’université a été organisée ce mardi 30 avril devant le campus Saulcy à Metz. Un groupe d’étudiants en est à l’origine.
"Nous nous sommes constitués en groupe de victimes et de soutien aux victimes le jour où tout a éclaté. Nous avons reçu du soutien d’un peu partout, de la Licra, de la Ligue de défense noire africaine, de SOS Racisme et d’autres. À la suite de cette manifestation, nous pensons créer une association de lutte contre le racisme en milieu universitaire", déclare à notre rédaction Lucien Blemou, étudiant en communication et membre du groupe.
Ces étudiants ont tenté le 26 avril de porter plainte collectivement au commissariat, sans succès. Les commissaires leur ont déclaré que la plainte devait être portée à titre individuel. "Nous sommes en train d’essayer de porter plainte collectivement à nouveau, cette fois avec l’aide de notre avocat", précise Lucien Belmou.
On nous traite de singes, de bonobos… Nous traiter comme ça c'est nous faire honte. Tu as peur de te lever, de parler pour pas qu'on se moque de ton accent. Tu as peur de t'asseoir à côté d'eux pour ne pas qu'on t'asperge de parfum parce que tu pues. C'est inadmissible.
Une autre victime, Fatoumata Diaby, poursuit :
Ils nous montraient carrément qu’ils ne veulent pas s’asseoir avec nous, on a des groupes d’exposés ou autres, ils ne veulent pas se mêler avec nous. C’est pas humain qu’on nous traite de singes, c’est normal qu’on ne soit pas bien et il y a d’autres personnes qui vivent ça, qui vivent pire que ça.
Pour l’université, des "propos ignobles"
Après la publication de ces images, l’université de Lorraine a condamné ces "propos ignobles" dans un communiqué, le 26 avril. Elle a déclaré qu’une enquête avait été lancée et qu’un signalement avait été effectué auprès du procureur de la République. La ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal a appelé sur Twitter à la "tolérance zéro face à ces comportements inacceptables sur nos campus comme ailleurs".
En réaction à cette affaire, une marche contre le racisme à l’université a été organisée ce mardi 30 avril devant le campus Saulcy à Metz. Un groupe d’étudiants en est à l’origine.
"Nous nous sommes constitués en groupe de victimes et de soutien aux victimes le jour où tout a éclaté. Nous avons reçu du soutien d’un peu partout, de la Licra, de la Ligue de défense noire africaine, de SOS Racisme et d’autres. À la suite de cette manifestation, nous pensons créer une association de lutte contre le racisme en milieu universitaire", déclare à notre rédaction Lucien Blemou, étudiant en communication et membre du groupe.
Ces étudiants ont tenté le 26 avril de porter plainte collectivement au commissariat, sans succès. Les commissaires leur ont déclaré que la plainte devait être portée à titre individuel. "Nous sommes en train d’essayer de porter plainte collectivement à nouveau, cette fois avec l’aide de notre avocat", précise Lucien Belmou.
SENEWEB