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Fort de Dagana : Un patrimoine historique, fleuron du tourisme local

Samedi 19 Août 2017

A la fois symbole historique de la domination française et de la fin des puissants royaumes de la vallée du fleuve Sénégal, le Fort de Dagana illustre, à bien des égards, l’histoire de cette partie du Walo. Construit dans les années 1800, ce bâtiment qui servait de protection aux comptoirs de commerce, a été transformé en hôtel, en 2015, par la mairie. Le poste, patrimoine de l’Unesco, est aujourd’hui, par sa position et son site singulier, le fleuron du département en termes de richesse historique et de promotion du tourisme local.


Sur les berges de la vallée du fleuve Sénégal, à Dagana, des maisons centenaires croulent sous le poids des années. De vieux bâtiments, témoignant de la période faste de cette cité, sont sur le point de céder. Avec des murs lézardés où une mousse croisse sur des pierres, des portes et fenêtres défaites, certains de ces bâtis fantômes où s’engouffrent des courants d’air sont complètement en ruine. Le temps n’a épargné que quelques maisons qui continuent de servir d’habitat. Ici, des familles vivent encore au milieu de cette ruine au charme centenaire.


Ce sont ces maisons commerciales du 19ème siècle, alignées le long du fleuve, comportant des magasins au rez-de-chaussée et un logement à l’étage, que protégeait le fort de Dagana. Ensemble, ils donnaient un caractère à la fois imposant et urbanisé au quartier Kaw Dagana de la ville. A la fois patrimoine historique matériel et symbole de l’hégémonie coloniale française dans le Walo, ce poste a été construit dans les années 1800.


Toutefois, l’histoire du fort de Dagana est étroitement liée au traité de Viennes qui stipulait que l’Angleterre rétrocède à la France ses colonies et ses comptoirs qui étaient à Gorée et à Saint-Louis. Mais la condition qu’avait posé l’Angleterre à la France c’est qu’elle abolit la traite négrière. « C’était le début de la révolution industrielle en Angleterre, la machine était en train de remplacer la force de travail humain ou animal. L’Angleterre, puissance dominante, préconisait l’abolition de la traite négrière afin de vendre ses machines », explique Doudou Bakhao Diaw, historien et traditionnaliste.


Ainsi, poursuit-il, en abolissant la traite, la France trouvait plus rentable économiquement d’acquérir des terres de cultures en Afrique et d’y faire cultiver du coton et de la canne à sucre que de transporter des nègres dans les plantations en Amérique. Ce faisant, désigné par la France, le gouverneur Schmaltz, chargé d’appliquer cette politique, porta son choix sur le royaume du Walo pour ses projets de colonisation agricole.


« Après deux jours de négociation, le 8 mai 1819 à bord du navire l’Isère ancrée sur le fleuve Sénégal en face du village de Ndiao, au nom du roi de France, le Colonel Schmaltz signa avec le roi du Walo le Brack Amar Fatim Borso Mbodj et les principaux chefs du pays : le Diawdine Madiaw Xor Aram Bakar Diaw, le Béthio Sakoura Diop, le Maalo Ndiack Ndongo Diaw , le Diogomaye Ndiack Arame Kélar Diaw, le beuk Negg Ndiourbel Birame Coura Diagne le traité dit Traité de Ndiao », renseigne l’historien. Il fallait, à travers ce traité, donner le feu vert à la France pour la construction des forts militaires à Lampsar et à Dagana et sur la rivière Taouey.


Cela, note M. Diaw, afin de les protéger des peuples voisins près du village de Ndioukouck moyennant une redevance annuelle de 11 715,70 francs. Si le traité signé avec le Brak Amar M’Bodj garantissait la sécurité totale au Walo, l’empire fut pourtant le théâtre des guerres étrangères et civiles. En effet, « les Maures, par leurs expéditions punitives sur la rive gauche du fleuve, protestent contre le traité de 1819 favorable à la France ».


Pour le Français, Gilbert Roger, qui prépare actuellement un livre sur l’histoire de Dagana, dans la première moitié du 19ème siècle, de Schmaltz à Faidherbe, l'influence coloniale s'étend dans le Walo qui prend, surtout après le traité de 1819, une importance majeure dans l'action agricole et politique. A l’en croire, c'est justement à 1819 que l'on fait remonter la fondation du Poste de Dagana. Abritant des comptoirs commerciaux, il constituait l’un des plus grands projets d’André Bruë, ancien directeur de la colonie. En 1835, le fort comptait une garnison de 32 sous-officiers et soldats ainsi qu’un lieutenant chirurgien. «Avant d'être nommé Gouverneur, Faidherbe avait été capitaine sous-directeur du Génie, sous les ordres de Protêt, de 1852 à 1854. C'est à ce titre qu'il reconstruisit, en 1853, le poste de Dagana, qui avait été déjà transformé en poste de police d'escale (avec Richard Toll) en 1845 sous l'impulsion de Bourdon de Grammont », renseigne-t-il.


Poursuivant son récit, Gilbert Roger indique qu’après l’annexion du Walo, Faidherbe se heurta aux Trarza alliés aux Brakna et aux Toucouleurs. C’est ainsi que le 31 mai 1857, 1'armée maure, qui était en route vers Podor après avoir tenté une attaque contre le poste de Nder, fut rattrapée un peu en amont de Dagana et battue. La paix fut signée un an après. En 1908, un marabout du nom Aly Yoro Dia, originaire de Fanaye (département de Podor), mène un raid pour prendre possession du fort. Mais il fut repoussé avec ses hommes « après avoir subi de lourdes pertes ».


Pour la préservation de ce patrimoine historique portant les empreintes de l’histoire coloniale, le fort de Dagana a été transformé, en 2015, en hôtel. Pourtant, « en ruine, abandonné une première fois au début du 20ème siècle et définitivement en 1945 par les militaires, il a reçu diverses affectations, toujours provisoires », souligne Gilbert Roger, qui, aujourd’hui, est chargé de la gestion de l’infrastructure.

L’intervention a consolidé l’architecture d’origine ; ce qui permet au bâtiment de garder encore son charme pittoresque. Les aménagements faits à l’intérieur concernent principalement le grand jardin boisé et la construction d’une salle de spectacle. Symbole de la ville et souvenir historique, il est, aujourd’hui, par sa position et son site exceptionnel, le fleuron de toute une région en richesse culturelle et en promotion du tourisme local.
 
Promotion du patrimoine historique : L’Association « Walo-Bi » veut entretenir la mémoire collective du terroir

Dans la commémoration du bicentenaire de la mise en valeur agricole du Walo, à Dagana, l’Association « Walo-Bi » a été portée sur les fonts baptismaux par des hommes de culture et sous la houlette de l’historien et traditionnaliste Doudou Bakhao Diaw. L’objectif principal est de promouvoir le patrimoine historique lié à la mise en valeur agricole du Waalo à travers des activités commémoratives du bicentenaire d’événements qui ont marqué cette zone entre les années 1816 et 1830. En effet, l’histoire du Walo se confond avec l’histoire coloniale française pour avoir été une contrée où la France a expérimenté toutes les phases d’exploitation coloniale, avant de les appliquer au reste de l’Afrique noire. Le collectif « Walo-Bi » célèbre ce bicentenaire à travers des événements ludiques, des colloques, des productions culturelles et des travaux de recherche sur des faits historiques comme le naufrage du navire de la Méduse en 1816, la signature du traité de Ndiao en 1819 ou encore la construction du fort de Dagana.


L’association entend ainsi sensibiliser la population locale sur la nécessité de conserver et de valoriser le patrimoine historique et culturel que ses membres ont hérité du passé, en faisant en sorte qu’ils soient fiers de leur passé pour envisager l’avenir avec plus de sérénité. « Walo-Bi » compte mener un plaidoyer pour la restauration et la préservation de l’ensemble des sites historiques dans le département. Lesquels sont actuellement plus que jamais menacés par l’usure du temps qui passe. D’où l’idée du collectif d’inventorier les lieux et monuments datant de cette période et de mettre en place un circuit de visite pour un tourisme de mémoire.
 
LESOLEIL


 


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1.Posté par paracétamol le 21/08/2017 11:42
Dagana est une ville agréable et intéressante.
il aurait été bien de donner les coordonnées de Walo bi.

2.Posté par Bouba Diop le 21/08/2017 16:05
Celui qui se fait appeler Gilbert Roger (illustre descendant du baron du même nom? Fort peu!) n'est autre que Gilles Le Ouzon, qui tenait la librairie l'Agneau Carnivore à Saint-Louis. Il faut toujours qu'il avance masqué celui-là, on se demande bien pourquoi...

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