C'est sur le conseil de la maîtresse d'école de son quartier que Fatou Niang Siga a été envoyée à l'école primaire par son père. Elle avait sept ans. Plus tard, elle est entrée au Lycée Faidherbe qu'elle a quitté en 1951 au terme du cycle secondaire. Fatou Niang Siga exerça le métier d'institutrice avec passion et participera à la formation de plusieurs générations.
Née en 1932 à Saint-Louis, musulmane et fervente mouride, elle s'est rendue par deux fois en pèlerinage à La Mecque. Originaire de la vallée du fleuve Sénégal et du Djolof, le père de cette grande écrivaine et gardienne des traditions de Ndar, a été le premier archiviste africain du Sénégal.
Parmi ses ouvrages " Reflets de Modes de Traditions de Saint-Louisiennes ". Composé de six parties du livre sont les suivantes titrés de :
"Saint-Louis et sa Méthodologie", tiré à cent exemplaires à l'occasion de la célébration du 10ème anniversaire de la Dimension Féminine de la Francophonie. Une oeuvre qui plonge le lecteur dans la riche panoplie culturelle du Sénégal. Dans une des parties, elle traite du SIMB ou "Jeu du faux-lion", elle informe que parmi les animaux qui composaient l'abondante faune du Sénégal, beaucoup sont devenus symboles en considération de leur espèce qui impressionne ou de leurs dispositions naturelles magnifiées par les récits de veillées. Cependant, aucun d'entre eux n'a autant que le lion marqué le jeu, dans la région du nord.
De nombreuses manifestations ponctuaient la vie de la cité. Certaines propres à chacune des deux saisons qui couvrent l'année animaient davantage les quartiers. Celles qui rassemblaient le plus grand nombre de jeunes étaient les veillées pour les séances de "leeb" et de "fent".
Le "leeb" était organisé en période de grande chaleur quand les flâneurs en tenue légère déambulaient à travers les rues, en quête de fraîcheur.
Dans un décor naturel de ciel constellé et à proximité du lampadaire d'un carrefour du secteur, le "leebkat" se produisait. Ce tribun attirait par son allure, intéressait par son humour, étonnait par sa virtuosité et parfois charmait par sa poésie. Son déguisement confectionné avec du tissu satiné de couleur vive comprenait un pantalon bouffant qui trainait entre ses jambes et une tunique ouverte des deux cotés. L'ensemble, retenu à la taille par une bande toile à laquelle étaient agrafés gris-gris et grelots, scintillait de la réfraction de la lumière par les petits miroirs qui garnissaient la tunique. Cet accoutrement donnait aux troubadours un aspect étrange.
Burlesque, satirique, dénonciateur des travers de la vie courante, il était le maître du verbe. En se servant de la parole comme arme, il s'attribuait le droit à certaines faveurs de la part des habitants de la cité qui, pour la sauvegarde de leur prestige, l'acceuillaient et le comblaient.
Contrairement au "leeb", les "fent" n'avaient lieu qu'au mois de décembre, période pendant laquelle l'humidité et le froid ne favorisaient guère les veillées de plein air. Aussi, les participantes se regroupaient-elles en un lieu protégé des intempéries. Ces artistes n'avaient pas le privilège du spectacle d'un firmament étoilé diffusant une lumière tamisée qui semblait blanchir la cité; mais, elles n'en étaient pas moins inspirées pour autant. Elles se rencontraient des soirées successives dans la maison devenue le siège du Fanal à confectionner pour les fêtes de Noël et du Nouvel An. Et dans une atmosphère de tiédeur et sous l'éclairage de la flamme tremblotante de lampes à pétrole, elles apprenaient, pour les mémoriser, les poèmes dédiés au parrain du joyau et à certains membres du comité d'organisation.
Les "fent" étaient donc l'occasion pour de respectueuses et talentueuses Saint-Louisiennes du Sénégal, de confier les mémoires de leur cité à l'histoire.
A travers des vers sublimes, elles ont prouvé les prouesses et les prodiges du langage mais elles n'ont pas manqué également de maudire "lammiñ" : l'organe par lequel s'opère la transmission des sentiments de l'homme dont l'expression peut être nuisible.
Saint-Louis, la Majestueuse, a vécu
mais son âme reste toujours vivante
à travers un répertoire de poèmes,
à la mémoire de ceux qui firent sa grandeur.
En voici, quelques extraits:
I. Chant dédié au griot
Descendant d'Ali DIALLO et de Fary DER,
Lamine joue, oh! FALL,
Ne pense point dormir.
Lamine Coura joue
Pour que tous nous dansions,
parce que tu es digne de tes bienfaiteurs,
Petit-fils de Madièye Samba,
Originaire de Leybar.
Tu n'as point semé la zizanie,
Dans notre quartier du Nord de Saint-Louis,
En cherchant des acolytes.
Tu ne connais pas la traîtrise,
Tu ignores l'ingratitude.
Et ce n'est pas en frappant sur de vieux estagnons,
que tu as acquis l'art de battre le tam-tam.
Bravo! Bravo à toi!
II et III Chants de défi
Pour ramasser du bois mort,
Il faut aller en brousse,
Pour avoir des bûches,
Il faut se référer à l'Autorité.
On dit que les brindilles flambent;
Mais son feu, vite, s'éteint.
D'autre part, si le loup peut hurler
que dire du lion, sa majesté;
Le roi de la savane, en proie à l'harmattan.
Voyons! Celui qui a le plus profité d'un mets
N'est ce pas celui qui a pu se saisir du contenant?
(avec le contenu, bien sûr)
"Vos salutations sont pour Dieu,
Vos bonnes oeuvres sont pour Dieu"
C'est la prière que nous formulons,
Nous sommes si jeunes.
Prenez une pincée de cendre,
Et jetez la sur les langues vénéneuses.
Quoi qu'elles disent, nous irons de l'avant.
C'est le Tout-Puissant
qui prodigue sa grâce.
Quant à vous!
Vous êtes mauvais.
Pire, vous êtes ignobles,
Vous qui osez piétiner un naja.
Mais...d'ici à la tombée du jour,
Vous courrez jusqu'à l'épuisement
Sans jamais nous atteindre.
NB:
Sens des deux derniers vers:
Quoique vous fassiez
vous ne nous égalerez jamais.
© Adja Niang Siga
Qu'Allah lui accorde le Paradis
Née en 1932 à Saint-Louis, musulmane et fervente mouride, elle s'est rendue par deux fois en pèlerinage à La Mecque. Originaire de la vallée du fleuve Sénégal et du Djolof, le père de cette grande écrivaine et gardienne des traditions de Ndar, a été le premier archiviste africain du Sénégal.
Parmi ses ouvrages " Reflets de Modes de Traditions de Saint-Louisiennes ". Composé de six parties du livre sont les suivantes titrés de :
- Chronique de la coiffure ouolof
- Coiffure et mariage
- Coiffure et baptême
- Coiffure et circoncision
- Il était une fois...LE FANAL
- Sanjay
"Saint-Louis et sa Méthodologie", tiré à cent exemplaires à l'occasion de la célébration du 10ème anniversaire de la Dimension Féminine de la Francophonie. Une oeuvre qui plonge le lecteur dans la riche panoplie culturelle du Sénégal. Dans une des parties, elle traite du SIMB ou "Jeu du faux-lion", elle informe que parmi les animaux qui composaient l'abondante faune du Sénégal, beaucoup sont devenus symboles en considération de leur espèce qui impressionne ou de leurs dispositions naturelles magnifiées par les récits de veillées. Cependant, aucun d'entre eux n'a autant que le lion marqué le jeu, dans la région du nord.
NDARINFO vous propose ce beau récit "Fent", "Leeb" et Grandeur de Saint-Louis La Majestueuse, extraits d'un recueil de chants de fanal
De nombreuses manifestations ponctuaient la vie de la cité. Certaines propres à chacune des deux saisons qui couvrent l'année animaient davantage les quartiers. Celles qui rassemblaient le plus grand nombre de jeunes étaient les veillées pour les séances de "leeb" et de "fent".
Le "leeb" était organisé en période de grande chaleur quand les flâneurs en tenue légère déambulaient à travers les rues, en quête de fraîcheur.
Dans un décor naturel de ciel constellé et à proximité du lampadaire d'un carrefour du secteur, le "leebkat" se produisait. Ce tribun attirait par son allure, intéressait par son humour, étonnait par sa virtuosité et parfois charmait par sa poésie. Son déguisement confectionné avec du tissu satiné de couleur vive comprenait un pantalon bouffant qui trainait entre ses jambes et une tunique ouverte des deux cotés. L'ensemble, retenu à la taille par une bande toile à laquelle étaient agrafés gris-gris et grelots, scintillait de la réfraction de la lumière par les petits miroirs qui garnissaient la tunique. Cet accoutrement donnait aux troubadours un aspect étrange.
Burlesque, satirique, dénonciateur des travers de la vie courante, il était le maître du verbe. En se servant de la parole comme arme, il s'attribuait le droit à certaines faveurs de la part des habitants de la cité qui, pour la sauvegarde de leur prestige, l'acceuillaient et le comblaient.
Contrairement au "leeb", les "fent" n'avaient lieu qu'au mois de décembre, période pendant laquelle l'humidité et le froid ne favorisaient guère les veillées de plein air. Aussi, les participantes se regroupaient-elles en un lieu protégé des intempéries. Ces artistes n'avaient pas le privilège du spectacle d'un firmament étoilé diffusant une lumière tamisée qui semblait blanchir la cité; mais, elles n'en étaient pas moins inspirées pour autant. Elles se rencontraient des soirées successives dans la maison devenue le siège du Fanal à confectionner pour les fêtes de Noël et du Nouvel An. Et dans une atmosphère de tiédeur et sous l'éclairage de la flamme tremblotante de lampes à pétrole, elles apprenaient, pour les mémoriser, les poèmes dédiés au parrain du joyau et à certains membres du comité d'organisation.
Les "fent" étaient donc l'occasion pour de respectueuses et talentueuses Saint-Louisiennes du Sénégal, de confier les mémoires de leur cité à l'histoire.
A travers des vers sublimes, elles ont prouvé les prouesses et les prodiges du langage mais elles n'ont pas manqué également de maudire "lammiñ" : l'organe par lequel s'opère la transmission des sentiments de l'homme dont l'expression peut être nuisible.
Saint-Louis, la Majestueuse, a vécu
mais son âme reste toujours vivante
à travers un répertoire de poèmes,
à la mémoire de ceux qui firent sa grandeur.
En voici, quelques extraits:
I. Chant dédié au griot
Descendant d'Ali DIALLO et de Fary DER,
Lamine joue, oh! FALL,
Ne pense point dormir.
Lamine Coura joue
Pour que tous nous dansions,
parce que tu es digne de tes bienfaiteurs,
Petit-fils de Madièye Samba,
Originaire de Leybar.
Tu n'as point semé la zizanie,
Dans notre quartier du Nord de Saint-Louis,
En cherchant des acolytes.
Tu ne connais pas la traîtrise,
Tu ignores l'ingratitude.
Et ce n'est pas en frappant sur de vieux estagnons,
que tu as acquis l'art de battre le tam-tam.
Bravo! Bravo à toi!
II et III Chants de défi
Pour ramasser du bois mort,
Il faut aller en brousse,
Pour avoir des bûches,
Il faut se référer à l'Autorité.
On dit que les brindilles flambent;
Mais son feu, vite, s'éteint.
D'autre part, si le loup peut hurler
que dire du lion, sa majesté;
Le roi de la savane, en proie à l'harmattan.
Voyons! Celui qui a le plus profité d'un mets
N'est ce pas celui qui a pu se saisir du contenant?
(avec le contenu, bien sûr)
"Vos salutations sont pour Dieu,
Vos bonnes oeuvres sont pour Dieu"
C'est la prière que nous formulons,
Nous sommes si jeunes.
Prenez une pincée de cendre,
Et jetez la sur les langues vénéneuses.
Quoi qu'elles disent, nous irons de l'avant.
C'est le Tout-Puissant
qui prodigue sa grâce.
Quant à vous!
Vous êtes mauvais.
Pire, vous êtes ignobles,
Vous qui osez piétiner un naja.
Mais...d'ici à la tombée du jour,
Vous courrez jusqu'à l'épuisement
Sans jamais nous atteindre.
NB:
Sens des deux derniers vers:
Quoique vous fassiez
vous ne nous égalerez jamais.
© Adja Niang Siga
Qu'Allah lui accorde le Paradis