La Sierra Leone, qui compte 5,7 millions d'habitants, figure parmi les trois pays (avec la Guinée et le Liberia) les plus touchés par la fièvre hémorragique. 491 personnes y sont mortes de cette maladie. Cette mesure de confinement vise à faciliter la détection de malades cachés par leurs proches, alors que le bilan de l'épidémie ne cesse de s'alourdir: elle a tué depuis le début de l'année plus de 2.000 personnes, sur 3.944 cas, dans ces trois pays, a indiqué vendredi l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
"Le confinement signifie que personne, encore moins un véhicule à l'exception de ceux qui sont essentiels pour le service, ne sera autorisé à circuler. La mesure s'appliquera à tout le monde", a affirmé le porte-parole du gouvernement, Abdulai Barratay, joint au téléphone samedi par l'AFP.
"Ainsi, le personnel de santé et celui des organisations non gouvernementales feront du porte-à-porte pour détecter des cas probables de maladie d'Ebola cachés par leurs parents dans les maisons", a-t-il ajouté.
"La mesure sera soutenue par l'arrivée de plusieurs ambulances et quelque 30 véhicules utilitaires. C'est une opération que nous allons organiser périodiquement jusqu'à ce que la maladie d'Ebola soit vaincue", a poursuivi M. Barratay, sans donner de détails.
Cette opération va impliquer "quelque 7.000 équipes de patrouille composées d'agents de santé, de militants de la société civile et d'un membre de la communauté" qui sera passée au crible, "dont la mission sera de surveiller, de retracer les contacts et d'identifier les personnes qui présentent des symptômes de la maladie pour éviter sa transmission", a précisé la présidence dans un communiqué distinct transmis samedi à l'AFP.
"La décision a été prise de mobiliser toute la population dès le 18 septembre", la veille du début de l'application de la mesure, "pour la préparer au confinement", selon la présidence.
Le nombre total de personnes devant participer à cette opération inédite n'a pas été indiqué, pas plus que son coût financier et ses bailleurs, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. Face à une épidémie qui ne faiblit pas, la Côte d'Ivoire, par crainte d'une contagion, a d'abord refusé d'accueillir le match de qualification pour la Coupe d'Afrique des nations 2015 qui devait l'opposer samedi à la Sierra Leone.
La tenue de la rencontre a finalement été autorisée par le gouvernement ivoirien et selon la Fédération ivoirienne de football, elle se jouera à guichets fermés. La Côte d'Ivoire, malgré des frontières avec le Liberia et la Sierra Leone, n'a signalé aucun cas d'Ebola à ce jour.
La Sierra Leone, pays parmi les plus pauvres au monde malgré ses énormes richesses minières dont le diamant, se remet d'une guerre civile ayant fait des dizaines de milliers de morts de 1991 à 2002. A cause du conflit, ses infrastructures, de santé notamment, sont dans un état sommaire.
Pour stopper la progression de la maladie, 48 tonnes de médicaments ont été acheminées vendredi dans le pays, ont annoncé la Banque mondiale et l'Unicef. Ce don d'une valeur de 825.000 dollars comprend notamment des gants en latex, des antibiotiques et des équipements de protection. Il n'existe pas à l'heure actuelle de vaccin homologué contre la maladie ni de traitement spécifique.
L'OMS a annoncé vendredi, à l'issue d'une réunion de près de 200 experts à Genève, que les thérapies à base de sang et les sérums de convalescence pouvaient être utilisés dès "maintenant" dans les pays affectés. Elle a par la même occasion annoncé qu'un vaccin "pourrait être disponible en novembre".
Plus de 20.000 personnes sont menacées par l'actuelle épidémie d'Ebola, d'après les Nations unies, qui estiment à "six à neuf mois" le temps nécessaire pour l'endiguer. L'Union africaine organise lundi une réunion d'urgence pour définir une stratégie continentale contre Ebola.
7sur7.be