En labourant les fonds près des côtes avec leurs engins de pêche, les chalutiers détruisent l’habitat des poissons et les rendent peu à peu stériles. Les pêcheurs artisans voient ainsi leurs prises diminuer de manière catastrophique. La situation de pauvreté de ces pêcheurs mais aussi de tous les acteurs liés à la pêche artisanale, telles que les femmes transformatrices ou commerçantes qui représentent près des 2/3 des emplois, est donc considérablement aggravée par la pêche industrielle illégale. Imaginez la colère de ces communautés côtières qui observent, impuissantes, des chalutiers piller leur poisson sous leurs yeux, à quelques encablures des côtes !
La présence de chalutiers dans la zone artisanale provoque des collisions avec les pirogues qui entrainent régulièrement la disparition de pêcheurs. On déplore aussi souvent des dégâts causés aux engins de pêche des petits pêcheurs.
La chute des captures artisanales, conjuguée avec le non-débarquement à terre des prises illégales, accroissent la vulnérabilité des populations sur le plan de la sécurité alimentaire, une situation dangereuse quand on sait la dépendance des populations africaines par rapport au poisson, principale source de protéines.
Le débarquement dans un port du pays est source de revenus et d’emplois : manutention, stockage, taxes diverses, etc. Lorsque les navires industriels transbordent leurs captures en pleine mer cela représente par conséquent un manque à gagner considérable et un accroissement du chômage. On estime que le montant qu’un Etat peut exiger d’un navire industriel correspond en moyenne à 10% de la valeur des captures. Sachant qu’un bateau-mère peut transporter une valeur en poisson de 7 ou 8 millions USD, on mesure les pertes représentées par la pêche illégale, évaluées à près d’un milliard USD par année pour la seule Afrique sub-saharienne. La zone la plus affectée est l’Afrique de l’ouest avec une moyenne de 40% de captures illégales et, dans certains pays comme la Guinée ou la Guinée Bissau, les captures illégales outrepassant les captures légales.
L’ensemble conjugué de ces conséquences a pour effet d’appauvrir un peu plus des pays parmi les plus pauvres et d’accroitre la vulnérabilité de leurs populations. A terme, cette situation d’injustice et de pauvreté se traduit par des tensions socio-politiques et un sentiment de révolte vis-à-vis des pays qui pratiquent ou qui tolèrent la pêche illégale. Il est difficile pour des pêcheurs locaux de trouver des moyens d’existence alternatifs et nombre d’entre eux entrevoient la migration illégale vers l’Europe comme l’ultime solution à leur désarroi.
Que faire pour endiguer le fléau ?
Renforcer les capacités de surveillance des pays côtiers ouest-africains. En particulier soutenir la volonté des Etats regroupés au sein de la Commission Sous-Régionale des Pêches (CSRP) pour organiser une surveillance concertée de leur ZEE avec des appuis financiers conséquents. Un tel système de surveillance sous-régional permet de réaliser des économies d’échelle et de poursuivre des navires allant se réfugier de l’autre côté d’une frontière. Il a déjà été mis en œuvre avec un succès relatif par la CSRP (Unité de Coordination des Opérations de Surveillance), mais l’arrêt de son financement a stoppé l’initiative.
Faire en sorte qu’une partie significative du montant des amendes soit reversée au financement de la surveillance et à la motivation des équipages.
Organiser et soutenir l’existence de bases réparties sur le littoral avec des équipements performants (vedettes rapides, moyens de communication et d’observation) et des frais de fonctionnement élevés. Ce système de surveillance ne peut fonctionner qu’avec des équipages dédiés, acceptant d’affronter un certain niveau de dangers et protégés des risques de corruption par des motivations conséquentes.
Promouvoir la surveillance participative de la zone artisanale avec la collaboration des pêcheurs locaux. Ces derniers peuvent ainsi participer aux opérations de surveillance en embarquant à bord des vedettes de surveillance ou en transmettant les informations aux autorités compétentes.
Améliorer la communication de l’Union Européenne (et autres pays d’importation) avec les Etats ouest africains pour que l’information aboutisse à mettre sur liste noire les opérateurs illégaux et leur interdise l’accès au marché européen.
Renforcer les inspections dans les ports de débarquement notamment vis-à-vis des navires en provenance de zones où la pêche illégale est la plus développée comme en Afrique de l’Ouest.
Appuyer les efforts de l’Union Européenne pour exiger de l’Espagne une règlementation bannissant le débarquement de captures illégales ainsi que les facilités logistiques accordées aux bateaux de pêche INN. Des efforts ont été réalisés dans ce sens avec le règlement européen destiné à prévenir, décourager et éradiquer la pêche INN (2010) et l’implication d’INTERPOL dans sa mise en œuvre.
Travailler avec les représentants de la pêche artisanale, le Réseau des Parlementaires pour l’environnement et les partenaires du PRCM pour développer des opérations de lobbying au niveau international, régional et national.
Source: Bulletin d’information bimensuel de la zone Côtiére
et Marine en Afrique de l’Ouest n°5/2013
La présence de chalutiers dans la zone artisanale provoque des collisions avec les pirogues qui entrainent régulièrement la disparition de pêcheurs. On déplore aussi souvent des dégâts causés aux engins de pêche des petits pêcheurs.
La chute des captures artisanales, conjuguée avec le non-débarquement à terre des prises illégales, accroissent la vulnérabilité des populations sur le plan de la sécurité alimentaire, une situation dangereuse quand on sait la dépendance des populations africaines par rapport au poisson, principale source de protéines.
Le débarquement dans un port du pays est source de revenus et d’emplois : manutention, stockage, taxes diverses, etc. Lorsque les navires industriels transbordent leurs captures en pleine mer cela représente par conséquent un manque à gagner considérable et un accroissement du chômage. On estime que le montant qu’un Etat peut exiger d’un navire industriel correspond en moyenne à 10% de la valeur des captures. Sachant qu’un bateau-mère peut transporter une valeur en poisson de 7 ou 8 millions USD, on mesure les pertes représentées par la pêche illégale, évaluées à près d’un milliard USD par année pour la seule Afrique sub-saharienne. La zone la plus affectée est l’Afrique de l’ouest avec une moyenne de 40% de captures illégales et, dans certains pays comme la Guinée ou la Guinée Bissau, les captures illégales outrepassant les captures légales.
L’ensemble conjugué de ces conséquences a pour effet d’appauvrir un peu plus des pays parmi les plus pauvres et d’accroitre la vulnérabilité de leurs populations. A terme, cette situation d’injustice et de pauvreté se traduit par des tensions socio-politiques et un sentiment de révolte vis-à-vis des pays qui pratiquent ou qui tolèrent la pêche illégale. Il est difficile pour des pêcheurs locaux de trouver des moyens d’existence alternatifs et nombre d’entre eux entrevoient la migration illégale vers l’Europe comme l’ultime solution à leur désarroi.
Que faire pour endiguer le fléau ?
Renforcer les capacités de surveillance des pays côtiers ouest-africains. En particulier soutenir la volonté des Etats regroupés au sein de la Commission Sous-Régionale des Pêches (CSRP) pour organiser une surveillance concertée de leur ZEE avec des appuis financiers conséquents. Un tel système de surveillance sous-régional permet de réaliser des économies d’échelle et de poursuivre des navires allant se réfugier de l’autre côté d’une frontière. Il a déjà été mis en œuvre avec un succès relatif par la CSRP (Unité de Coordination des Opérations de Surveillance), mais l’arrêt de son financement a stoppé l’initiative.
Faire en sorte qu’une partie significative du montant des amendes soit reversée au financement de la surveillance et à la motivation des équipages.
Organiser et soutenir l’existence de bases réparties sur le littoral avec des équipements performants (vedettes rapides, moyens de communication et d’observation) et des frais de fonctionnement élevés. Ce système de surveillance ne peut fonctionner qu’avec des équipages dédiés, acceptant d’affronter un certain niveau de dangers et protégés des risques de corruption par des motivations conséquentes.
Promouvoir la surveillance participative de la zone artisanale avec la collaboration des pêcheurs locaux. Ces derniers peuvent ainsi participer aux opérations de surveillance en embarquant à bord des vedettes de surveillance ou en transmettant les informations aux autorités compétentes.
Améliorer la communication de l’Union Européenne (et autres pays d’importation) avec les Etats ouest africains pour que l’information aboutisse à mettre sur liste noire les opérateurs illégaux et leur interdise l’accès au marché européen.
Renforcer les inspections dans les ports de débarquement notamment vis-à-vis des navires en provenance de zones où la pêche illégale est la plus développée comme en Afrique de l’Ouest.
Appuyer les efforts de l’Union Européenne pour exiger de l’Espagne une règlementation bannissant le débarquement de captures illégales ainsi que les facilités logistiques accordées aux bateaux de pêche INN. Des efforts ont été réalisés dans ce sens avec le règlement européen destiné à prévenir, décourager et éradiquer la pêche INN (2010) et l’implication d’INTERPOL dans sa mise en œuvre.
Travailler avec les représentants de la pêche artisanale, le Réseau des Parlementaires pour l’environnement et les partenaires du PRCM pour développer des opérations de lobbying au niveau international, régional et national.
Source: Bulletin d’information bimensuel de la zone Côtiére
et Marine en Afrique de l’Ouest n°5/2013