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Des malades d'Ebola emmurés vivants au Liberia

Mardi 12 Août 2014

La peur d'Ebola a transformé Ballajah, au Liberia, en village fantôme, au silence entrecoupé de gémissements, ceux de Fatu Sherrif, 12 ans, cloîtrée une semaine entière avec le corps de sa mère, "sans nourriture ni eau", avant de mourir à son tour.


La fièvre hémorragique a détruit sa famille, raconte Momoh Wile, le chef de la localité, à environ 150 km au nord-est de Monrovia, près de la frontière avec la Sierra Leone. Selon le patriarche septuagénaire à la barbe et aux cheveux blancs, rencontré dimanche par l'AFP, l'adolescente menait une vie sans histoire avec son père Abdulah Sherrif, 51 ans, sa mère Seidia Passawee Sherrif, 43 ans, et son frère aîné, Barnie, 15 ans. Jusqu'au 20 juillet, où le virus mortel a été détecté dans sa famille, suscitant la panique parmi les quelque 500 habitants qui ont pris leurs distances avec les Sherrif et alerté les autorités sanitaires.

Celles-ci tardant à venir, les villageois ont protesté en érigeant des barricades sur la route menant à la Sierra Leone. Quand l'équipe dépêchée par le ministère de la Santé est enfin arrivée, le père avait rendu l'âme depuis cinq jours, la mère et la fille étaient malades, seul le fils a été testé négatif au virus Ebola. Les agents sanitaires ont récupéré et inhumé le corps d'Abdulah, ils "nous ont demandé de ne pas nous approcher de la femme et sa fille", explique Momoh Wile, "ils ont scellé les portes et fenêtres de la maison sur la femme et sa fille".

"Il ne reste plus que la fille, mais elle ne fait que pleurer"
Seidia et Fatu "pleuraient jour et nuit, sans cesse, suppliant la population de leur apporter à manger mais tout le monde avait peur" d'approcher de la maison où elles sont restées "sans nourriture ni eau", ajoute-t-il. La mère est morte le 3 août, la fille est alors restée cloîtrée avec son corps et "c'est le 10 août qu'ils (les agents de santé, NDLR) sont venus" récupérer la dépouille pour l'enterrer, poursuit le patriarche, en fondant en larmes. "Il ne reste plus que la fille, mais elle ne fait que pleurer".

L'intérieur de la maison est invisible depuis la rue, les portes et fenêtres ayant été calfeutrées, a constaté le journaliste de l'AFP. Les gémissements de l'adolescente déchirent de temps en temps le silence dans lequel est désormais plongé le village quasi désert, aux ruelles défoncées et jonchées d'ordures. Des effets personnels ont été abandonnés à la hâte dans certaines habitations aux portes laissées ouvertes.


Leral


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