Ndarinfo : Depuis combien de temps êtes-vous au Sénégal, et pourquoi avoir choisi Saint-Louis?
AMB : Je suis au Sénégal depuis plus de 15 ans. J’ai passé 4 ans à Gorée mais je me suis établie à Saint-Louis par choix. J’ai voyagé dans tout le Sénégal, je me suis rendue en Casamance et je suis même sortie du pays pour aller en Mauritanie. Saint-Louis est une ville de cœur, c’est une ville de souvenirs et d’émotions. La luminosité y est spéciale, elle possède un patrimoine architectural hors du commun et elle est à la frontière à la fois de l’eau et du désert.
Ndarinfo : Comment la ville vous inspire-t-elle ?
AMB : Il y a une harmonie entre cette ville, cette lumière, cette population et mon travail d’artiste. Je ne pourrais pas faire les mêmes tableaux ailleurs, quand je suis à Paris, mes peintures sont toutes autres. Ici, je suis complètement dans l’abstraction.
L’abstraction permet une meilleure communication avec une culture différente car elle n’est pas dirigée. On ne peut pas dire : ‘‘Voici un homme, une femme, un arbre’’.
Aussi, il y a un fort degré d’abstraction dans l’islam car c’est une religion qui interdit toute figure de Dieu. Elle veut que ce soit les couleurs qui déterminent les choses, et pas les choses qui déterminent les couleurs.
Ndarinfo : Vous avez exposé lors de la Biennale OFF de Saint-Louis. Quel était le thème que vous aviez choisi ?
AMB : Il n’y a pas de thème en tant que tel. Il y a des photos derrière mes peintures. Par-dessus, je mets de l’encre et des pigments. L’encre n’est pas complètement opaque, ce qui donne une profondeur et un mouvement à mes toiles. Derrière l’abstraction, il y a le figuratif. La mode ces temps-ci veut que l’art s’explique et se conceptualise, mais je vais à contre-courant et ce n’est pas le cas ici, mes toiles n’ont pas de titre.
Ndarinfo : Vous avez également participé à l’organisation de la Biennale OFF de Saint-Louis. Quelle en est votre appréciation?
AMB : Pour la Biennale OFF, il y a eu 41 lieux d’exposition à Saint-Louis. C’est un événement ouvert à tout le monde, et la Biennale ouvre toutes les possibilités, car elle aide non seulement à la promotion des artistes, mais aussi à mettre en valeur les lieux exposés. On en ressort deux fois gagnant.
C’est la première année où la Biennale OFF est officielle et elle a eu beaucoup de succès, peut-être à cause du Festival de Jazz. On va continuer à faire ce genre de conjonction. Les gens vont voir le Festival de Jazz et du coup la Biennale.
Ce sont les festivals et les événements qui font fonctionner les commerçants donc pour éviter la concurrence, on essaie d’harmoniser les événements. Par respect pour le public aussi, il faut les faire en cohérence.
Ceci dit, la Biennale est un lieu d’interaction ou de consommation pour l’instant. On se promène d’une toile à l’autre pour regarder ce que les artistes font, mais nous allons essayer de la développer pour ouvrir une voie vers l’échange.
Ndarinfo : Quels sont les problèmes que vous rencontrez en tant que gérante d’une galerie d’art à Saint-Louis?
AMB : En tant qu’Occidentaux, nous avons parfois de la difficulté de travailler avec les Sénégalais, puisque c’est un pays où les choses vont doucement. Ici, ce n’est pas l’argent, ni l’efficacité, mais l’inertie qui peut nous poser problème. Pour qu’une chose se fasse, il faut souvent démarrer nous-mêmes et faire suivre le courant.
Aussi, quand on fait de la culture, c’est parce que nos besoins sont comblés. Le Sénégal est un pays en développement, donc la culture est parfois superflue. Petit à petit, on commence à comprendre que le tourisme associé à l’art peut faire travailler les petites boutiques, les petits restaurants et les hôtels. C’est bon pour l’économie locale. Il faut que les gens s’en rendent compte, donc à quelque part, c’est aussi l’éducation qui est à refaire.
Ndarinfo : Vous organisez souvent des rencontres à votre galerie. Ont-elles le succès escompté?
AMB : Les rencontres fonctionnent très bien. L’auditoire est multiculturel, il y a beaucoup d’Africains. D’ailleurs, tous les artistes exposés sont Africains. Nous nous retrouvons dans l’humanité la plus totale.
Il y a un potentiel dans ce pays en développement, en éveil, il y a une qualité d’enseignement dans les hauts niveaux. Les gens sont extrêmement brillants mais il manque de lieux de débats intelligents à Saint-Louis. Nous avons tous besoin de ces échanges-là. Nous organisons des soirées style cabaret avec lecture de poèmes ou de livres, ou encore du théâtre, suivies d’un débat.
Ces soirées permettent la confrontation des cultures et emmènent des échanges nécessaires entre les Occidentaux et les Sénégalais. Ils permettent des explications et une meilleure compréhension de l’autre.
Propos recueillis par Caroline Beauchamp et Elin Carlsson
AMB : Je suis au Sénégal depuis plus de 15 ans. J’ai passé 4 ans à Gorée mais je me suis établie à Saint-Louis par choix. J’ai voyagé dans tout le Sénégal, je me suis rendue en Casamance et je suis même sortie du pays pour aller en Mauritanie. Saint-Louis est une ville de cœur, c’est une ville de souvenirs et d’émotions. La luminosité y est spéciale, elle possède un patrimoine architectural hors du commun et elle est à la frontière à la fois de l’eau et du désert.
Ndarinfo : Comment la ville vous inspire-t-elle ?
AMB : Il y a une harmonie entre cette ville, cette lumière, cette population et mon travail d’artiste. Je ne pourrais pas faire les mêmes tableaux ailleurs, quand je suis à Paris, mes peintures sont toutes autres. Ici, je suis complètement dans l’abstraction.
L’abstraction permet une meilleure communication avec une culture différente car elle n’est pas dirigée. On ne peut pas dire : ‘‘Voici un homme, une femme, un arbre’’.
Aussi, il y a un fort degré d’abstraction dans l’islam car c’est une religion qui interdit toute figure de Dieu. Elle veut que ce soit les couleurs qui déterminent les choses, et pas les choses qui déterminent les couleurs.
Ndarinfo : Vous avez exposé lors de la Biennale OFF de Saint-Louis. Quel était le thème que vous aviez choisi ?
AMB : Il n’y a pas de thème en tant que tel. Il y a des photos derrière mes peintures. Par-dessus, je mets de l’encre et des pigments. L’encre n’est pas complètement opaque, ce qui donne une profondeur et un mouvement à mes toiles. Derrière l’abstraction, il y a le figuratif. La mode ces temps-ci veut que l’art s’explique et se conceptualise, mais je vais à contre-courant et ce n’est pas le cas ici, mes toiles n’ont pas de titre.
Ndarinfo : Vous avez également participé à l’organisation de la Biennale OFF de Saint-Louis. Quelle en est votre appréciation?
AMB : Pour la Biennale OFF, il y a eu 41 lieux d’exposition à Saint-Louis. C’est un événement ouvert à tout le monde, et la Biennale ouvre toutes les possibilités, car elle aide non seulement à la promotion des artistes, mais aussi à mettre en valeur les lieux exposés. On en ressort deux fois gagnant.
C’est la première année où la Biennale OFF est officielle et elle a eu beaucoup de succès, peut-être à cause du Festival de Jazz. On va continuer à faire ce genre de conjonction. Les gens vont voir le Festival de Jazz et du coup la Biennale.
Ce sont les festivals et les événements qui font fonctionner les commerçants donc pour éviter la concurrence, on essaie d’harmoniser les événements. Par respect pour le public aussi, il faut les faire en cohérence.
Ceci dit, la Biennale est un lieu d’interaction ou de consommation pour l’instant. On se promène d’une toile à l’autre pour regarder ce que les artistes font, mais nous allons essayer de la développer pour ouvrir une voie vers l’échange.
Ndarinfo : Quels sont les problèmes que vous rencontrez en tant que gérante d’une galerie d’art à Saint-Louis?
AMB : En tant qu’Occidentaux, nous avons parfois de la difficulté de travailler avec les Sénégalais, puisque c’est un pays où les choses vont doucement. Ici, ce n’est pas l’argent, ni l’efficacité, mais l’inertie qui peut nous poser problème. Pour qu’une chose se fasse, il faut souvent démarrer nous-mêmes et faire suivre le courant.
Aussi, quand on fait de la culture, c’est parce que nos besoins sont comblés. Le Sénégal est un pays en développement, donc la culture est parfois superflue. Petit à petit, on commence à comprendre que le tourisme associé à l’art peut faire travailler les petites boutiques, les petits restaurants et les hôtels. C’est bon pour l’économie locale. Il faut que les gens s’en rendent compte, donc à quelque part, c’est aussi l’éducation qui est à refaire.
Ndarinfo : Vous organisez souvent des rencontres à votre galerie. Ont-elles le succès escompté?
AMB : Les rencontres fonctionnent très bien. L’auditoire est multiculturel, il y a beaucoup d’Africains. D’ailleurs, tous les artistes exposés sont Africains. Nous nous retrouvons dans l’humanité la plus totale.
Il y a un potentiel dans ce pays en développement, en éveil, il y a une qualité d’enseignement dans les hauts niveaux. Les gens sont extrêmement brillants mais il manque de lieux de débats intelligents à Saint-Louis. Nous avons tous besoin de ces échanges-là. Nous organisons des soirées style cabaret avec lecture de poèmes ou de livres, ou encore du théâtre, suivies d’un débat.
Ces soirées permettent la confrontation des cultures et emmènent des échanges nécessaires entre les Occidentaux et les Sénégalais. Ils permettent des explications et une meilleure compréhension de l’autre.
Propos recueillis par Caroline Beauchamp et Elin Carlsson