Saint Louis a la chance d’avoir comme maire le Ministre de l’hydraulique. Mais pourrait-on appeler cela une chance ?
Rappelons les faits : la brèche de la langue de Barbarie n’en est plus une. Elle s’est élargie de près de quatorze kilomètres.
La conséquence est que des dizaines de villages ont été engloutis par la mer, décidément insatiable qui a étendu sa colonisation jusque dans la Commune de Saint Louis maintenant. Des quartiers entiers sont dorénavant menacés par les eaux, et c’est la survie même de Saint Louis qui est engagée.
Pourtant l’Ambassadeur des USA avait initié un « dokhantou » de Potou à Saint-Louis pour alerter sur les dangers liés à une mauvaise gestion des enjeux environnementaux. L’ambassadeur des Pays Bas a été plus loin. Bien avant son départ du Sénégal, il avait chaleureusement proposé l’appui de son pays construit au dessous du niveau de la mer, pour juguler définitivement la menace latente de la disparition de Saint-Louis.
Tous ces appels n’ont pas eu d’échos favorables auprès de nos hautes autorités.
Et pendant que 24 milliards de mètres cubes d’eau douce se déversent annuellement dans l’océan qui devient chaque jour plus destructeur, M. Mansour Faye maire de Saint Louis et Ministre de l’Hydraulique propose des solutions…pour le relogement des victimes de la furie des flots dont les maisons ont été emportées par l’océan, et défend l’ambitieux projet de construction d’une usine de dessalement d’eau de mer pour alimenter Dakar et le Sénégal convenablement en eau potable. Voilà l’archétype d’un projet appelé familièrement PUMA : Projet Utile Mais Ailleurs !
Nous avons suffisamment d’eau douce : nous regardons ces 24 milliards de mètres cubes d’eau douce se perdre dans l’océan, sans réagir.
Que je sache, toutes les études pour la réalisation du Canal du Cayor avaient été bouclées. Et en ce temps-là la menace latente sur Saint Louis qui à terme causera sa disparition n’avait pas été aussi présente. Une usine de dessalement d’eau de mer avec les problèmes environnementaux qu’elle posera n’est pas certainement la solution la mieux indiquée pour étancher la soif des populations sénégalaises. Imaginez combien de milliers de kilomètres de tuyaux il faudrait pour transporter le liquide précieux jusque dans les coins les plus reculés de notre pays. Les pays qui ont eu recours à cette solution couteuse sont des états sans ressources hydriques. Ce n’est pas du tout le cas du Sénégal.
Avec ce Canal par contre qui revitalisera les vallées fossiles, les nappes phréatiques seront régénérées, sans parler des conséquences économiques de sa réalisation.
Mansour Faye a l’occasion historique de servir sa ville en marquant d’une empreinte indélébile son passage au sommet de cette commune tricentenaire.
Il occupe un département ministériel qui le place à la tête du secteur hydraulique, et il dispose de tous les leviers pour sauver Saint Louis des eaux, au lieu de constater chaque jour devant la presse et les populations dépassées l’ampleur du désastre causé par l’avancée inexorable de l’océan, sans proposer une solution radicale pour l’arrêter définitivement.
S’il la trouve et la met en œuvre, Saint Louis pourra alors dire qu’elle a eu la chance, de l’avoir comme maire !
Cissé Kane NDAO
Président A.DE.R