C’est une publication sans précédent qui vient d’être mise en ligne sur le site de la revue américaine Science. Une double première. D’abord, parce qu’elle met en lumière la dynamique génétique intime des innombrables isolats du virus Ebola qui progressent actuellement en Afrique de l’Ouest. Ensuite, parce que cinq de ses signataires sont morts avant de voir leurs noms publiés dans la prestigieuse revue de l’American Association for Advancement of Sciences.
Cinq morts sur cinquante-huit auteurs, cinq morts infectés par le virus contre lequel ils luttaient. L’article avait été adressé pour publication à la rédaction en chef de Science le 5 août. Après relectures par des pairs, il a été accepté le 21 août et est donc publié sept jours plus tard. Quatre auteurs sont morts avant sa rédaction finale, le cinquième pendant la relecture.
Les cinquante-trois auteurs toujours vivants rendent hommage à leurs collègues en fin de publication:
«In memoriam: de manière tragique, cinq des coauteurs, qui ont grandement contribué au maintien de la santé publique et à l'effort de recherche en Sierra Leone, ont contracté le virus Ebola durant leur travail et ont été vaincus par la maladie avant la publication de cette étude. Nous voulons honorer leur mémoire.»
Ils avaient pour noms Mohamed Fullah, Mbalu Fonnie, Alex Moigboi, Alice Kovoma et Humarr Khan. Tous travaillaient à l’hôpital gouvernemental de Kenema, en Sierra Leone. Leurs collègues exercent à l’Université Harvard, à la Harvard Medical School, au Massachusetts Institute of Technology de Cambridge, à l’Université d’Edimbourg, à l’Université Tulane de la Nouvelle Orléans, aux Instituts nationaux américains de la Santé ainsi qu’à la Redeemer’s University du Nigeria et à l’Université de Sierra Leone à Freetown.
Ce travail a été mené sur 99 isolats de virus Ebola obtenus après des prélèvements de sang effectués chez 78 malades de Sierra Leone. Après une série d’analyses génomiques particulièrement sophistiquées effectuées en un temps record, la communauté scientifique internationale dispose, pour la première fois depuis la découverte du virus en 1976, de données sur les mécanismes de reproduction et de mutation du virus.
Les chercheurs confirment pour la première fois avec des preuves moléculaires l’hypothèse avancée par des chercheurs français selon laquelle le virus Ebola qui sévissait jusqu’alors en Afrique centrale a divergé pour donner celui qui frappe aujourd’hui l'Afrique de l’Ouest –sans doute véhicule par des chauves-souris frugivores porteuses saines. Ils confirment également qu’un seul type de virus est à l’origine de l’épidémie actuelle, qui a émergé fin 2013 en Guinée.
«C’est là une tragique première qui, s’il en était besoin, vient démontrer l’indispensable solidarité que nous devons manifester vis-à-vis de tous ceux qui, dans les pays africains aujourd’hui touchés, luttent contre l’Ebola, chercheurs et soignants, déclare à Slate Sylvain Baize, directeur du Centre national français de référence sur les fièvres hémorragiques virales, qui a dirigé le premier travail d’isolement viral qui a permis celui-ci. Les cinq chercheurs qui viennent de mourir ne verront pas les suites de leur travail en termes de progrès diagnostiques et, nous l’espérons tous, thérapeutiques. Pour l’heure, nous songeons à eux.»
Slate.fr
Cinq morts sur cinquante-huit auteurs, cinq morts infectés par le virus contre lequel ils luttaient. L’article avait été adressé pour publication à la rédaction en chef de Science le 5 août. Après relectures par des pairs, il a été accepté le 21 août et est donc publié sept jours plus tard. Quatre auteurs sont morts avant sa rédaction finale, le cinquième pendant la relecture.
Les cinquante-trois auteurs toujours vivants rendent hommage à leurs collègues en fin de publication:
«In memoriam: de manière tragique, cinq des coauteurs, qui ont grandement contribué au maintien de la santé publique et à l'effort de recherche en Sierra Leone, ont contracté le virus Ebola durant leur travail et ont été vaincus par la maladie avant la publication de cette étude. Nous voulons honorer leur mémoire.»
Ils avaient pour noms Mohamed Fullah, Mbalu Fonnie, Alex Moigboi, Alice Kovoma et Humarr Khan. Tous travaillaient à l’hôpital gouvernemental de Kenema, en Sierra Leone. Leurs collègues exercent à l’Université Harvard, à la Harvard Medical School, au Massachusetts Institute of Technology de Cambridge, à l’Université d’Edimbourg, à l’Université Tulane de la Nouvelle Orléans, aux Instituts nationaux américains de la Santé ainsi qu’à la Redeemer’s University du Nigeria et à l’Université de Sierra Leone à Freetown.
Ce travail a été mené sur 99 isolats de virus Ebola obtenus après des prélèvements de sang effectués chez 78 malades de Sierra Leone. Après une série d’analyses génomiques particulièrement sophistiquées effectuées en un temps record, la communauté scientifique internationale dispose, pour la première fois depuis la découverte du virus en 1976, de données sur les mécanismes de reproduction et de mutation du virus.
Les chercheurs confirment pour la première fois avec des preuves moléculaires l’hypothèse avancée par des chercheurs français selon laquelle le virus Ebola qui sévissait jusqu’alors en Afrique centrale a divergé pour donner celui qui frappe aujourd’hui l'Afrique de l’Ouest –sans doute véhicule par des chauves-souris frugivores porteuses saines. Ils confirment également qu’un seul type de virus est à l’origine de l’épidémie actuelle, qui a émergé fin 2013 en Guinée.
«C’est là une tragique première qui, s’il en était besoin, vient démontrer l’indispensable solidarité que nous devons manifester vis-à-vis de tous ceux qui, dans les pays africains aujourd’hui touchés, luttent contre l’Ebola, chercheurs et soignants, déclare à Slate Sylvain Baize, directeur du Centre national français de référence sur les fièvres hémorragiques virales, qui a dirigé le premier travail d’isolement viral qui a permis celui-ci. Les cinq chercheurs qui viennent de mourir ne verront pas les suites de leur travail en termes de progrès diagnostiques et, nous l’espérons tous, thérapeutiques. Pour l’heure, nous songeons à eux.»
Slate.fr